« Reconstruction dans la Manche » : différence entre les versions
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* [[2017]] : comme à sept autres villes, la région Normandie apporte un soutien financier à Avranches et Saint-Lô pour redynamiser leur centre-ville et réhabiliter des bâtiments datant de la Reconstruction<ref>Lucie Thuillet, « Près de 2 millions d'euros de la Région pour rénover le centre-ville d'Avranches », ''France-bleu'', site internet, consulté le 17 mars 2018 [https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/pres-de-2-millions-d-euros-de-la-region-pour-renover-le-centre-ville-d-avranches-1512404382 ''(lire en ligne)''].</ref>. | * [[2017]] : comme à sept autres villes, la région Normandie apporte un soutien financier à Avranches et Saint-Lô pour redynamiser leur centre-ville et réhabiliter des bâtiments datant de la Reconstruction<ref>Lucie Thuillet, « Près de 2 millions d'euros de la Région pour rénover le centre-ville d'Avranches », ''France-bleu'', site internet, consulté le 17 mars 2018 [https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/pres-de-2-millions-d-euros-de-la-region-pour-renover-le-centre-ville-d-avranches-1512404382 ''(lire en ligne)''].</ref>. | ||
* [[2018]] : collecte de témoignages et de documents sur la période de la Reconstruction par les archives départementales. | * [[2018]] : collecte de témoignages et de documents sur la période de la Reconstruction par les archives départementales <ref>« Grande collecte sur la Reconstruction », ''Blog des archives départementales - Maison de l'histoire de la Manche'', 9 février 2018 [http://www.archives-manche.fr/Actualites/p1762/Grande-collecte-sur-la-Reconstruction ''(lire en ligne)''].</ref>. | ||
== Bibliographie == | == Bibliographie == |
Version du 28 mars 2018 à 18:51
La Reconstruction est la période s'étalant de 1944 à 1964 qui suit la Libération de la Manche.
Après les bombardements de 1944, il faut reloger 200 000 sinistrés, restaurer 13 000 maisons et 250 églises ainsi que de nombreux édifices publics[1]. Les villes détruites sont privées d'eau et d'électricité.
Des ruines aux chantiers
- Déblayer
Avant de reconstruire, il faut déminer : deux ans sont nécessaires à 165 démineurs français et 1 850 prisonniers allemands pour nettoyer 8 000 hectares dans le département. Ces opérations coûtent la vie à 13 Français et 53 Allemands[2]. Avant de reconstruire, il faut donner un linceul et un cercueil à toutes les victimes des combats. La recherche des corps cesse en octobre 1944[2]. Avant de reconstruire, il faut déblayer. Les habitants s'y emploient avec les moyens du bord : pelles, pioches et brouettes. Les pierres extraites des décombres sont stockées, elles seront réemployées à la reconstruction.
- S'organiser
Une délégation du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU) créé en octobre 1944 a pour mission d'approuver et contrôler des plans de reconstruction et d'aménagement (PRA) du bâti détruit par fait de guerre. Elle gère les passations de marchés après les appels d'offre, et les crédits affectés aux réparations d'urgence, ainsi que l'établissement de cités provisoires de baraquements pour loger les populations sinistrées[3].
Le problème du logement est au cœur des débats lors des élections cantonales de 1945. Les sinistrés, insatisfaits des secours qui leur sont prodigués, déclarent par voie d'affiche que seuls les candidats s'engageant à inclure dans leur programme « la réparation intégrale des dommages de guerre et le versement rapide d'avances substantielles » auront leurs suffrages[2].
Les sinistrés s'organisent. En mars 1945, la Manche totalise 64 associations ayant pour objectif « le remboursement total des pertes ». Ce n'est qu'en octobre 1946 qu'une loi pose le principe de « l'indemnisation des sinistrés par la réparation intégrale des dommages subis par faits de guerre ». Les conditions du financement ne sont précisées qu'en 1947[2].
À Saint-Lô, « capitale des ruines », on s'interroge pendant un an, avant de décider de relever les murs sur place[2].
En attendant, la solidarité internationale s'organise : des baraques en kit arrivent des États-Unis, de Suisse, du Canada et de Suède. La Croix-Rouge irlandaise fournit 170 t de matériel médical qui débarquent à Cherbourg[2]. C'est l'époque des cités provisoires, comme à Saint-Lô : cité verte, cité Falourdel, cité du Houx, cité Grimouville[4].
- Reconstruire
Le 10 juin 1945, le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la France libre, fait la « tournée des ruines » : Coutances, Saint-Lô, Saint-Hilaire-du-Harcouët, Mortain et Sourdeval. Il inaugure à Saint-Hilaire-du-Harcouët la première maison reconstruite du département[2].
Lors de la fête de la Reconstruction, le 1er mai 1950, Mgr Guyot,évêque de Coutances et d'Avranches, le maire René Lecocq et Albert Le Grand conseiller général posent la première pierre de la future mairie de Lessay[2].
En septembre 1946, à Saint-Lô comme dans les principales villes sinistrées les architectes esquissent les plans de la ville qu'ils imaginent[2].
En juin 1948, le président Vincent Auriol parcourt le département pour poser des premières pierres, toute la Manche est en chantier. L'aide américaine (plan Marshall) devient perceptible, les voies de communication sont progressivement rétablies, favorisant l'acheminement des matériaux et des hommes.[2] En novembre de la même année, les baraquements de l'Organisation nationale du cantonnement des ouvriers de la reconstruction (Oncor) s'installent à Saint-Lô ; ils y resteront jusqu'en 1957[2]. Saint-Lô devient capitale de la Reconstruction.
Le 6 juin 1954, le président de la République René Coty est dans la Manche : il inaugure des stèles commémoratives et le musée de la Libération de Cherbourg.
La fin des années 1950 voit l'inauguration des églises reconstruites ou restaurées. La restructuration des villes et le confort apporté par les logements neufs amènent de nouveaux modes de vie dans les années 1960. À Saint-Lô, la dissolution de l'association syndicale de la reconstruction n'intervient qu'en juin 1964. Les derniers baraquements ne seront détruits qu'en 1994[2].
Personnalités et entreprises de la Reconstruction
Des hommes politiques orchestrent la Reconstruction, des fonctionnaires mettent son financement en place. Architectes, ingénieurs, entrepreneurs et artistes expriment leur créativité qui donnera le « style des années cinquante ».
- Louis Arretche (1905-1991) et Roman Karasinsky architectes à Coutances
- Paul et Adeline Bony , verriers vitraillistes
- Raymond Burckart (1911), atchitecte et maire de Périers
- André Cheftel (1901-1980), architecte de la reconstruction d'Avranches et Saint-Hilaire-du-Harcouët
- Laurent Clément (1921-2004), chef de cabinet de la préfecture
- Henri Cornat (1903-1968), « l'artisan principal de la reconstruction de Valognes »
- Auguste Cousin (1903-1982), maire de Saint-Sauveur-le-Vicomte
- Daniel Cuche (1912- 1983), maire de Saint-Hilaire-du-Harcouët, prend en charge la reconstruction de sa commune
- Pierre Duprat (1919-2002), architecte
- Georges Fatôme (1919-2006), maire de Tourlaville
- Fernand Finel (1923-1995), maire de Lessay
- Raymond Fleury (1895-1984), ingénieur des Ponts-et-Chaussées
- Yves-Marie Froidevaux (1905-1983) architecte à Valognes
- Auguste Grandin (1907-1985), maire de Condé-sur-Vire, industriel
- Marcel Hélie (†1962), maire de Coutances
- Pierre Hénault (1892-1971), député dans la commission de la reconstruction et des dommages de guerre
- André Hilt (1906-1946), architecte
- Charles Lainé (1906-1983), ingénieur à Cherbourg
- Angèle Lamoureux (1884-1964), maire de Saint-Jean-des-Baisants
- Alfred Lanchon (1889-1971), dirige le bureau de la reconstruction et du logement de Valognes
- Georges Lavalley (1894-1959), maire de Saint-Lô
- Pierre-André Le Breton, architecte basé à Cherbourg
- Édouard Lebas (1897-1975), « le préfet des ruines »
- Jeanne Letenneur (1894-1968), présidente de l’Association syndicale de reconstruction de Saint-Lô
- Henri Liébard (1909-1986), maire de Saint-Lô
- Gabriel Loire (1904-1996), maître-verrier
- Jean Maline (1919-2001), cheminot
- Marcel Mersier (1910-1974) et Jean Dubuisson, architectes à Saint-Lô
- Paul Nelson (1895-1979), architecte de l'hôpital mémorial de Saint-Lô
- Jacques Prioleau (1921-2005), architecte à Saint-Lô
- Jean Poupard (1921-2009), architecte à Saint-Lô
- Prevosto, entreprise en bâtiment
- Étienne Rebuffet (1922-1995), sculpteur
- André Robinne (1893-1990), architecte à Coutances
- René Schmitt (1907-1968), maire de Cherbourg, œuvre à la reconstruction de la ville
- Sorapel, entreprise en réseaux électriques
- Jacques Traverse (1920), architecte des Monuments historiques
- Établissements Zanello, entreprise en bâtiment
Réalisations emblématiques
- à Auxais
- Ferme de la Maugerie
- Ferme de la Bésarderie
- Ferme des Landes
- Ferme du château d'Auxais
- Ferme de la Palisserie
- à Avranches
- Rue de la Constitution à Avranches
- Monument Patton
- Rue du Pot-d’Étain
- Le Star, cinéma
- Quartier de la Turfaudière
- à Cherbourg
- à Coutances
- à Granville
- à Lessay
- à Percy
- à Raids
- à Sainteny
- à Saint-Hilaire-du-Harcouët
- Hôtel de ville
- à Saint-Lô
- Hôpital irlandais de Saint-Lô (éphémère)
- Hôtel de la préfecture de la Manche
- Hôpital mémorial France-États-Unis
- Hôtel de ville de Saint-Lô
- Lycée Le Verrier
- Majestic, cinéma
- Beffroi de Saint-Lô
- Gare de Saint-Lô
- Clocher de l'Église abbatiale Sainte-Croix
- Théâtre Roger-Ferdinand
- Rue Torteron à Saint-Lô
- à Saint-Sauveur-le-Vicomte
- à Valognes
70 ans plus tard
L'architecture de la Reconstruction, planifiée mais née dans l'urgence, commence à se dégrader et souffre d'un manque de reconnaissance. Des actions locales visent à réhabiliter ce patrimoine et changer le regard des habitants sur leur environnement.
- 2011 : exposition du Caue « Une Renaissance au XXe siècle : la reconstruction de la Manche, 1944-1964 ».
- 2012 : campagne de colorisation des façades à Saint-Lô.
- 2017 : comme à sept autres villes, la région Normandie apporte un soutien financier à Avranches et Saint-Lô pour redynamiser leur centre-ville et réhabiliter des bâtiments datant de la Reconstruction[5].
- 2018 : collecte de témoignages et de documents sur la période de la Reconstruction par les archives départementales [6].
Bibliographie
- Caue de la Manche, L'architecture de la reconstruction. Manche 1944-1960, entre tradition et modernité. Étude des typologies architecturales de la région du saint-lois., 1999
- Caue de la Manche, L'architecture de la reconstruction, dépliant de la collection découverte, 1999 (lire en ligne)
- Archives départementales de la Manche, Catalogue de l'exposition « Une Renaissance au XXe siècle : la reconstruction de la Manche, 1944-1964 », éd. Orep, 2011
- Maurice Lantier (étude collective menée sous la direction de), Du provisoire au définitif : la reconstruction de Saint-Lô, Université inter-âges de Saint-Lô, 2000
Notes et références
- ↑ Invitation de la presse à l'exposition « Une Renaissance au XXe siècle » aux Archives départementales de la Manche, 2011 (lire en ligne).
- ↑ 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 et 2,11 Manche 1944-1956. Le retour à la vie, Hors série Ouest-France, 2004.
- ↑ Wikipedia
- ↑ « Saint-Lô : Ils vivent dans les dernières baraques en bois », La Manche Libre, site internet, 5 septembre 2011 (lire en ligne).
- ↑ Lucie Thuillet, « Près de 2 millions d'euros de la Région pour rénover le centre-ville d'Avranches », France-bleu, site internet, consulté le 17 mars 2018 (lire en ligne).
- ↑ « Grande collecte sur la Reconstruction », Blog des archives départementales - Maison de l'histoire de la Manche, 9 février 2018 (lire en ligne).