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Église abbatiale Sainte-Croix (Saint-Lô)

De Wikimanche

Vue de la façade, avec le campanile.
Partie romane d'origine de la nef. Voûtes à arcs-doubleaux et croisées d'ogives.
Portail roman : ourse enchaînée.

L'église abbatiale Sainte-Croix de Saint-Lô est un édifice catholique de la Manche, vestige de l'abbaye Sainte-Croix fondée au XIIe siècle et fermée en 1790.

Historique

La tradition dit que l'empereur Charlemagne aurait fondé en 805 un chapitre de chanoines réguliers, sous le patronage de saint Étienne, mais aucun document n'en conserve de traces [1].

Les chanoines séculiers laissent leur place vers 1139 ou 1145, à des chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin, à la demande de l'évêque de Coutances [1]. Ils entament la construction d'une abbaye.

L’église abbatiale, de pur style roman, reçoit sa dédicace en 1202. Elle abrite les reliques de saint Laud et devient le centre religieux de Saint-Lô, l'autre lieu de culte, Notre-Dame, étant la chapelle du château [1].

Entre 1273 et 1283, l'église est placée sous le vocable de Sainte-Croix en remplacement de Saint-Étienne [1].

L’apogée de Sainte-Croix de Saint-Lô se situe à la fin du XVe siècle, quand l’abbé Vaultier fait prolonger, entre 1488 et 1493, le bâtiment roman d’un chœur gothique, qui équivaut certainement, en splendeur, à celui de Notre-Dame de Saint-Lô. Il est dédié aux offices des religieux, tandis que les paroissiens observent la messe dans la nef.

Comme les autres abbayes de la Manche, Sainte-Croix est soumise à la commende. Vers 1510, son premier abbé commendataire est Louis Herbert, évêque d'Avranches, frère de Geoffroy Herbert, celui de Coutances.

La confrérie de la Charité est fondée en l'église Sainte-Croix et voit ses statuts approuvés en 1520.

En 1646, André Merlet, abbé commendataire à l'origine de la restauration des bâtiments conventuels, meurt [1].

La communauté adhère ensuite, en 1659, à la réforme de la Congrégation de Sainte-Geneviève, fondée en 1624 par François de La Rochefoucauld, cardinal, évêque de Senlis, abbé commendataire de Sainte-Geneviève.

En 1704, le dépôt de remonte [2], plus tard associé au haras, est construit [1].

Alors que la Guerre de Sept ans sévit, l'Intendant utilise en 1758 la nef comme magasins militaires [1]. En 1782, le grave état de délabrement de celle-ci contraint l'évêque à l'interdire aux paroissiens et à transférer les offices dans le chœur.

Le cimetière, initialement sous l'actuelle place de l'Abbaye, est transféré en 1788 dans le Clos à l'Abbé, où il demeure aujourd'hui encore [1].

En 1790, l'abbaye est fermée, et ses cinq chanoines renvoyés. Une dizaine d'année plus tard, vraisemblablement sous le Consulat, le chœur gothique, devenu trop dangereux, est abattu [1].

L'église avec son clocher du XIXe siècle, détruit en 1944. Carte postale ancienne, vers 1900.

L’accroissement de la population urbaine, mais aussi la nécessité de restaurer la partie romane, imposent de nouveaux travaux, sous le Second Empire. On en profite pour allonger la nef et doubler les collatéraux. On dresse, de plus, au mitan du côté Sud, un clocher (1860-1863), détruit en 1944 et remplacé en 1954 par un campanile, œuvre moderne de l'architecte Marcel Mersier.

Dépouille de Thomas Dry Howie en 1944.

En juin 1944, lors des combats pour la libération de Saint-Lô, l'église subit d'importants dommages : la souche de la cheminée du XIIIe siècle est détruite, ainsi que le bas-relief du Christ entre deux anges [1]. En juillet, le corps du major Thomas Dry Howie mort au combat est déposé sur les ruines du clocher de l'église, une plaque en commémore le souvenir.

En 1954, l'architecte Marcel Mersier réalise le nouveau beffroi en béton armé ajouré en treillis et murs pleins en béton lissé [3]. Les trois cloches alors âgées de plus de 90 ans, restées au sol plus de dix ans, sont hissées en haut du nouveau clocher en février 1956 ; elles ne seront électrifiées qu'en mai [4].

L'ensemble est labellisé Patrimoine du XXe siècle.

Mobilier

  • Maître-autel de style néogothique (19e s.) [5]
  • Autel secondaire dédié à la vierge (19e s.) [5]
  • Deux consoles du 18e} siècle, classées monument historique à titre d'objet depuis 1923 [6]
  • Orgue de tribune construit en 1893 par Louis Debierre, inscrit monument historique depuis 1972 [7]
  • Fonts baptismaux (19e s.) à cuve octogonale [5]
  • Deux reliquaires en forme d'édicule [5]
  • Statues de saint Joseph (1957), sainte Thérèse (20 e s.), sainte Marie-Madeleine Postel [5]
  • Les verrières du chœur (20e s.) sont l’œuvre du maître verrier François Chapuis, comme celles de la chapelle au rez-de-chaussée du clocher, datées de 1963 [5]
  • Une plaque rend hommage à 79 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Parmi eux : Marcel Bernard, Adrien Fournier Vergnollet et Gaston Jung.

Curés

Situation

Elle est située Place Sainte-Croix.

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Bibliographie

  • François Dubosc, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Lô, impr. R. Jacqueline fils, Saint-Lô, 1882, 95 p.
  • Yves Nédélec, « Église Notre-Dame », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Saint-Lô, 1998, pp. 17-22
  • Maurice Lantier, « Sainte-Croix de Saint-Lô : une église partagée entre la ville et la campagne (1803-1964) », Revue de la Manche, 1998
  • Maurice Lantier, « L'inventaire de 1786 à Sainte-Croix de Saint-Lô», Revue de la Manche, 2006

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 et 1,9 Dépliant touristique, sd, consulté en 2015.
  2. Le service des remontes était chargé, jusqu’en 1926, de fournir l’armée en chevaux.
  3. Service éducatif des archives départementales de la Manche, Le Didac'doc n° 17, mars 2011, p.3
  4. Ouest-France, 6 mars 1956, cité sur le site Mômes de Grimouville
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 et 5,5 Conservatoire des antiquités et objets d'art de la Manche
  6. « Notice n°PM50001013 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  7. « Notice n°PM50001562 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  8. Intérim de trois mois, de juillet à octobre 1927 (Charles Lepeley, Valcanville, Coutances, Éditions Notre-Dame, 1957, p. 159).

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