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Douve (fleuve)

De Wikimanche

La Douve entre Carentan et Saint-Côme-du-Mont.
L'Ouve à Pont-l'Abbé.

La Douve (ou Ouve) est un fleuve de la Manche.

Il prend sa source dans la lande de Gravelle à Tollevast et se jette dans la mer de la Manche, dans la baie des Veys après un parcours de 79 km et le passage dans le canal de Carentan à la mer.

À ne pas confondre avec la Douve, affluent de la Sélune, ni avec l'Ouve qui se jette dans le havre de Lessay .
Pour la plante, voir Douve (plante).

Géographie

Elle matérialise les limites communales de Tollevast et Hardinvast, Brix avec les communes de Saint-Martin-le-Gréard, Breuville et Rauville-la-Bigot, Sottevast et Saint-Martin-le-Hébert, .

Elle se mêle à la Taute à Brévands, dans le canton de Carentan, pour former ensuite le Canal de Carentan à la Mer. La Douve est longue de 84 km et navigable.

Elle arrose également Négreville, Bricquebec, Magneville, Golleville, Néhou, Rauville-la-Place, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Varenguebec, Étienville, Les Moitiers-en-Bauptois, Pont-l'Abbé, Picauville, Beuzeville-la-Bastille, Liesville-sur-Douve, Houesville, Appeville, Saint-Côme-du-Mont et Saint-Clément dans les Veys [1].

Crosville et Liesville ont en commun d'avoir ajouté (tardivement) le nom du cours d'eau à leurs dénominations respectives. Beuzeville-la-Bastille s'est également appelée Beuzeville-sur-Douve à la fin du 18e siècle, et Houtteville fut brièvement nommée Houtteville-sur-Douve au 19e siècle.

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Hydronymie

Attestations anciennes

  • Undua [lire Undva] 747/753 [2].
  • de Ponte Unve s.d. [2].
  • Unva ~1080 [2].
  • Ouva 1240 [2], 1241 [3].
  • riviere douve 1366 [2].
  • leaue douve 1399 [2], [4].
  • la riuiere du pont Douue 1608 [5].
  • Ouve R[iviere] 1650 [6], 1661 [7].
  • R[iviere] d'Ouve 1689 [8].
  • Ouve R[iviere] 1692 [9].
  • d'Ouve R[iviere] 1694 [10].
  • Carenten R[iviere] 1695 [11].
  • d'Ouve fl[euve] ~1700 [12].
  • Ouve R[iviere] 1716 [13].
  • Douve R[iviere] 1719 [14].
  • R[iviere] Douve 1736 [15].
  • d'Ouve R[iviere] 1740/1756 [16].
  • R[iviere] d'Ouve 1757 [17].
  • Ouve R[iviere] 1758 [18], 1711 [19], 1777 [20].
  • Douve Riviere 1780 [21].
  • Riviere Douve; la Douve Riv[iere] 1753/1785 [22], Douve R[iviere] 1792 [23].
  • la Douve; Rivière de Douve 1811 [24].
  • la Douve 1828 [25].
  • Rivière de L’Ouve 1835/1845 [26].
  • Douve 1926 [27].
  • la Douve 1978 [28], 2001 [29].
  • la Douve ou l'Ouve 2007 [29].
  • Douve 2009 [30].
  • la Douve 2018 [29].

Étymologie

Les attestations anciennes de cet hydronyme montrent sans ambiguïté que sa forme authentique est Ouve, et que la variante Douve résulte de l'agglutination de la préposition d' à partir de locutions telles que l'eau d'Ouve ou la rivière d'Ouve.

Ces mêmes formes anciennes (Undva / Unva) font apparaître une fluctuation -nd- / -n(n)- bien attestée dans la toponymie et l'hydronymie d'origine pré-latine, et dont on a un autre exemple plus au sud dans le doublet Gironde / Garonne. Il semble que l'on ait affaire ici à un élément hydronymique attesté en gaulois (mais pas obligatoirement d'origine celtique) : en effet, sur la foi du glossaire d’Endlicher [31] qui fournit la glose onno flumen, c'est-à-dire onno « fleuve », on a posé l’existence d’un mot gaulois onno « cours d’eau, fleuve ». Plusieurs spécialistes doutent aujourd’hui de sa réalité, et son identification avec les suffixes hydronymiques féminins -ona et / ou -onna est incertaine [32]. Néanmoins, si l'on accepte l'existence d'un tel appellatif (peut-être simplement transmis par le gaulois et issu d'une autre langue indo-européenne), on le rapproche habituellement du latin unda « eau courante; vague » [33]. Il faudrait donc poser un prototype pré-latin °undu-a « eau courante », de statut ultime incertain, qui pourrait éventuellement représenter le rhabillage gaulois d'une appellation plus ancienne.

La forme moderne Ouve procède d'un plus ancien °Onve < Unva, par le biais d'une dénasalisation de la voyelle [õ] > [o] accompagnée de sa fermeture [o] > [u] : phénomène bien attesté en Normandie, où l’on connnaît les formes dialectales boujou, mouché, moussieu correspondant au français bonjour, monceau, monsieur, etc.

Sur une carte de la fin du 17e siècle, la Douve est nommée « Rivière de Carentan » (Carenten R[iviere]), ce qui en constitue peut-être une ancienne appellation alternative, d'après l'agglomération près de laquelle elle passe avant de rejoindre la Taute. Mais ce nom, sur d'autres documents, désigne le cours d'eau formé par la réunion de la Douve et la Taute en aval de Carentan, ce qui semble plus logique. D'autres cartes encore donnent ce nom à la Taute seule.

Affluents

La Douve et ses principaux affluents

Du nord au sud (rd pour rive droite, rg pour rive gauche, longueur en km) :

Pollutions

Le 1er juillet 2009, une pollution entraîne la destruction de la faune aquatique entre Bricquebec et Valognes [34]. Trois ans sont nécessaires pour rétablir la situation [34].

En juillet 2013, plusieurs centaines de poissons morts flottent à la surface de la rivière, à peu près au même endroit [34]. Un incident technique survenu le 30 juin à la station d'épuration de l'usine de Sottevast des Maîtres laitiers du Cotentin, la chaleur et une pluviométrie inexistante sont mis en cause [34].

Notes et références

  1. Annuaire du département de la Manche, 1833, p. 32.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 111.
  3. Léopold Delisle, Les cartulaires de la baronnie de Bricquebec, impr. F. Le Tual, Saint-Lô, 1899, p. 8, n° 54.
  4. Ces deux dernières attestations sont données par François de Beaurepaire avec des apostrophes (sans parler des accents : rivière d'Ouve, l'eaue d'Ouve), qui facilitent certes la lecture moderne mais sont anachroniques (l'apostrophe apparaît vers 1530 en France) et donnent l'impression d'une segmentation qui n'existe pas. Nous les avons enlevées ici.
  5. François Des Rues, Description contenant les antiquitez, fondations et singularitez des plus célèbres villes, chasteaux et places remarquables du royaume de France : avec les choses plus mémorables advenues en iceluy, Coutances, 1608, p. 369.
  6. M. Merian, Duché et Gouvernement de Normandie, Francfort, 1650.
  7. N. Sanson et P. Mariette cartographes, R. Cordier graveur, Duche et Gouvernement de Normandie, Paris, 1661.
  8. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BnF, Collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  9. Nicolas Sanson, Carte de la Manche faite par ordre du Roy pour le service des armees de mer. Reveue et corrigee par le Sr. Sanson a Paris chez Hubert Jaillot, Paris, 1692.
  10. Jean-Baptiste Nolin, Le duche et gouvernement de Normandie Divisé en Haute et Basse Normandie, en Divers Pays, et par Evechez, Paris, 1694 [BnF, IFN-7710251].
  11. P. Mortier / H. Jaillot, Le Duché et Gouvernement de Normandie divisée en Haute et Basse Normandie, Amsterdam, 1695.
  12. Gerard Valk, Normannia Ducatus, tum Superior ad Ortum, tum Inferior ad Occasum, Praefectura Generalis […] Anglici Caesarea sive Jarsey…, Amsterdam, ~1700.
  13. Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
  14. Bernard Jaillot, Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez, Paris, 1719.
  15. Bernard Jaillot, Carte topographique du diocèse de Bayeux, Paris, 1736 [BnF, Collection d’Anville, cote 00260 B].
  16. G. Albrizzi, Carta geografica del governo della Normandia, Venise, 1740/1754.
  17. L. Brion de la Tour, Recueil des Côtes Maritimes de France, Desnos, Paris, 1757, carte n° 10.
  18. G. Robert de Vaugondy, Carte du gouvernement de Normandie, Paris, 1758.
  19. Alexis-Hubert Jaillot, La Généralité de Tours divisée en ses seize elections, aux Deux globes, Paris, 1711 [BnF, collection d'Anville, cote 00729 B].
  20. P. Santini, Gouvernement de Normandie avec celui du Maine et Perche, Remondini, Venise, 1777.
  21. Anonyme, Plan des Départemens de Caen Bayeux et Saint Lo suivant la Marche que les Ambulants Tiennnent lors de Leurs Recouvremens [de la taille], 1780 [BnF département Cartes et plans, GE AA-3798 (RES)].
  22. Carte de Cassini.
  23. Les Auteurs de l’Atlas National de France, Atlas National Portatif de la France, Bureau de l’Atlas National, Paris, 1792.
  24. Cadastre napoléonien, Archives départementales de la Manche.
  25. Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 278.
  26. Cartes d’État-Major (relevés de 1820 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889; Basse-Normandie cartographiée entre 1835 et 1845).
  27. Carte du département de la Manche, L’Illustration économique et financière, 28 août 1926.
  28. Carte IGN au 1 : 100.000.
  29. 29,0 29,1 et 29,2 Carte IGN au 1 : 25.000.
  30. Cadastre moderne.
  31. Dit aussi glossaire de Vienne; il fut compilé par une main anonyme au 4e ou 5e siècle, et donne la traduction en latin tardif de dix-sept mots censés être gaulois, mais dont certains ne le sont manifestement pas.
  32. Cf. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2001, p. 204.
  33. De l'indo-européen °u-n-d-ā-, forme suffixée et nasalisée du degré zéro °ud- de la racine °wed- « eau », à laquelle se rattachent entre autres l'anglais water « eau » et wet « mouillé », le grec ὕδωρ (húdōr) « eau » (d'où les mots en hydro-), le russe вода (vodá) « eau », d'où водка (vódka) « petite eau », et l'irlandais uisge « eau », d'où le mot whisk(e)y.
  34. 34,0 34,1 34,2 et 34,3 « Des centaines poissons morts dans la Douve », Ouest-France, site internet, 9 juillet 2013.

Liens internes

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