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==Histoire==
==Histoire==
Une certaine tradition fait du Cotentin l'une des premières régions cidricoles de Normandie. C'est en tout cas l'opinion de Julien du Paulmier, auteur d'un ''Traité du vin et du sidre'' en [[1589]]  <ref>Julien du Paulmier, ''Traité du vin et du sidre'', Caen, 1589 (rééd. Éditions des Champs, Bricqueboscq, 2003), p. 38.</ref>, où il affirme que ''Les Costentinois en ont cogneu premierement l'usage par deçà, ce qu'on peut entendre par les plus vieilles & antiques fieffes de leurs terres, faites aux charges & conditions de cueillir les pommes, & faire les sidres.''
Le cidre est de consommation courante « depuis la fin du Moyen Âge » <ref name=JQ1>Jean Quellien, '' Le Cotentin : histoire des populations'', éd. Gérard Montfort, 1983, p. 56. </ref>. Les manuels anciens lui attribuent des vertus thérapeutiques : il soigne, dit-on alors, les pleurésies et les fièvres et convient aux femmes en couches <ref name=JQ1/>. On assure également qu'il « donne de l'ardeur aux travailleurs des champs et empêche l'homme d'affaires de se quereller dans ses occupations » <ref name=JQ1/>.


Au XVI{{e}} siècle, [[Guillaume d'Ursus]], seigneur de [[Lestre]] et d'[[Anneville-en-Saire|Anneville]], fabriqua un cidre à base de « pommes d'épice » dont la renommée s'étendit « au-delà de la Normandie, car François I{{er}} l'apprécia au point d'en emporter à sa suite et dont "il usa tant qu'il put durer" » <ref>Claude Blanguernon, ''Gilles de Gouberville, gentilhomme du Cotentin 1522-1578'', impr. Bellée, 1969. </ref>.
Une certaine tradition fait du Cotentin l'une des premières régions cidricoles de Normandie. C'est en tout cas l'opinion de Julien du Paulmier, auteur d'un ''Traité du vin et du sidre'' en [[1589]]  <ref> Julien du Paulmier, ''Traité du vin et du sidre'', Caen, 1589 (rééd. Éditions des Champs, Bricqueboscq, 2003), p. 38. </ref>, où il affirme que ''Les Costentinois en ont cogneu premierement l'usage par deçà, ce qu'on peut entendre par les plus vieilles & antiques fieffes de leurs terres, faites aux charges & conditions de cueillir les pommes, & faire les sidres.''
 
Au XVI{{e}} siècle, [[Guillaume d'Ursus]], seigneur de [[Lestre]] et d'[[Anneville-en-Saire|Anneville]], fabriqua un cidre à base de « pommes d'épice » dont la renommée s'étendit « au-delà de la Normandie, car François I{{er}} l'apprécia au point d'en emporter à sa suite et dont "il usa tant qu'il put durer" » <ref> Claude Blanguernon, ''Gilles de Gouberville, gentilhomme du Cotentin 1522-1578'', impr. Bellée, 1969. </ref>.


== Recette ==
== Recette ==
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Le premier point est de sélectionner ses pommes : les cidres de mono-variété sont quasi-inexistants car déséquilibrés.<br>
Le premier point est de sélectionner ses pommes : les cidres de mono-variété sont quasi-inexistants car déséquilibrés.<br>
Il faut donc associer de multiples variétés issues de trois grandes familles : les acidulées, les douces, les douces-amères… "Belle fille de la Manche, Peau de Chien…" autant de pommes différentes pour faire un bon cidre.<br>
Il faut donc associer de multiples variétés issues de trois grandes familles : les acidulées, les douces, les douces-amères… "Belle fille de la Manche, Peau de Chien…" autant de pommes différentes pour faire un bon cidre.<br>
Il ne vous restera ensuite … qu'à aller prendre conseil auprès des producteurs (nombreux sont ceux qui accueillent le touriste de passage…) et à déguster en leur compagnie !
Il ne vous restera ensuite… qu'à aller prendre conseil auprès des producteurs (nombreux sont ceux qui accueillent le touriste de passage…) et à déguster en leur compagnie !


Il faut distinguer le ''cidre bouché'', mis en bouteille et dont le bouchon est maintenu par un muselet en fil de fer, et le ''cidre ordinaire'' conservé en tonneau, appelé ''boisson'' dans certaines contrées du département et servi en carafe prévue à cet effet.
Il faut distinguer le ''cidre bouché'', mis en bouteille et dont le bouchon est maintenu par un muselet en fil de fer, et le ''cidre ordinaire'' conservé en tonneau, appelé ''boisson'' ou ''pur jus'' dans certaines contrées du département et servi en carafe prévue à cet effet.


==Production==
==Production==
[[Fichier:Gdcidremouss.jpg|thumb|right||Affiche d'[[Eugène Le Mouël]]  pour le Domaine de Valencey à Cérences.]]
[[Fichier:Gdcidremouss.jpg|thumb|right|210px|Affiche d'[[Eugène Le Mouël]]  pour le Domaine de Valencey à Cérences.]]


La Manche produisait environ 1 007 000 hectolitres par an dans les années 1830 <ref>Eusèbe Girault Saint-Fargeau, ''Guide pittoresque du voyageur en France'', 1838. </ref>. Au milieu du 19{{e}} siècle, la production tombe à 854 000 hectolitres de cidre, représentant une valeur de 6 739 520 F <ref>Léon Féret, ''Histoire du pommier et du cidre'', impr. Delos, Caen, 1855.</ref>, loin derrière la Seine-Inférieure (1 622 000 hl), mais proche du Calvados (911 000 hl) et l'Orne (858 000 hl), et devant l'Eure (755 000 hl).
La Manche produisait environ {{unité|1007000|hectolitres}} par an dans les années 1830 <ref> Eusèbe Girault Saint-Fargeau, ''Guide pittoresque du voyageur en France'', 1838. </ref>. Au milieu du XIX{{e}} siècle, la production tombe à {{unité|854000|hectolitres}} de cidre, représentant une valeur de {{unité|6739520|F}} <ref> Léon Féret, ''Histoire du pommier et du cidre'', impr. Delos, Caen, 1855. </ref>, loin derrière la Seine-Inférieure ({{unité|1622000|hl}}), mais proche du Calvados ({{unité|911000|hl}}) et l'Orne ({{unité|858000|hl)}}, et devant l'Eure ({{unité|755000|hl}}).


À la fin du 19{{e}} siècle, elle en produisait 1 340 000 hectolitres <ref> Adolphe Jeanne, ''Géographie de la Manche'', Hachette, 1884. </ref>.
À la fin du XIX{{e}} siècle, elle en produisait {{unité|1340000|hectolitres}} <ref> Adolphe Jeanne, ''Géographie de la Manche'', Hachette, 1884. </ref>.


En [[1925]], « on détient le record pour la production cidricole, avec une moyenne de récolte annuelle de 3 millions d'hectolitres » <ref>Émile Damecour, ''L'Illustration économique et financière'', numéro spécial « La Manche », 1926, p. 10. </ref>.
En [[1901]], la production est de {{unité|2237558|hectolitres}} contre {{unité|2712168|hl}} l'année précédente <ref> ''Journal de Valognes'', 19 janvier 1902. </ref>.
 
En [[1925]], « on détient le record pour la production cidricole, avec une moyenne de récolte annuelle de trois millions d'hectolitres » <ref> Émile Damecour, ''L'Illustration économique et financière'', numéro spécial « La Manche », 1926, p. 10. </ref>.


====Appellation contrôlée====
====Appellation contrôlée====
Le département de la Manche est couvert par l'indication géographique protégée (IGP) « Cidre de Normandie ». En octobre [[2016]], l'Institut national des appellations d'origine (INAO) publie un décret accordant le classement d'appellation d'origine contrôlée (AOC) au « cidre Cotentin » <ref name=OF1>« Cidre du Cotentin : l'Europe dit oui à l'AOP », ''Ouest-France'', 27 août 2018. </ref>. Son comité avait approuvé le cahier des charges définissant cette qualification le [[8 juin]] précédent, à l'unanimité moins une abstention <ref>« Le cidre Cotentin en route vers l'AOP », ''Inao'', site internet, 29 août 2016 [https://www.inao.gouv.fr/Nos-actualites/Le-Cidre-Cotentin-en-route-vers-l-AOP ''(lire en ligne)'']. </ref>.
Le département de la Manche est couvert par l'indication géographique protégée (IGP) « Cidre de Normandie ». En octobre [[2016]], l'Institut national des appellations d'origine (INAO) publie un décret accordant le classement d'appellation d'origine contrôlée (AOC) au « cidre Cotentin » <ref name=OF1> « Cidre du Cotentin : l'Europe dit oui à l'AOP », ''Ouest-France'', 27 août 2018. </ref>. Son comité avait approuvé le cahier des charges définissant cette qualification le [[8 juin]] précédent, à l'unanimité moins une abstention <ref> « Le cidre Cotentin en route vers l'AOP », ''Inao'', site internet, 29 août 2016 [https://www.inao.gouv.fr/Nos-actualites/Le-Cidre-Cotentin-en-route-vers-l-AOP ''(lire en ligne)'']. </ref>.


Il est le troisième cidre français à bénéficier d'une AOC, après le cidre du Pays d'Auge et le cidre de Cornouailles en Bretagne.
Il est le troisième cidre français à bénéficier d'une AOC, après le cidre du Pays d'Auge et le cidre de Cornouailles en Bretagne.


Le [[26 juin]] [[2018]], l'Union européenne valide la demande de « Cidre Cotentin » pour bénéficier cette fois, d'une appellation d'origine protégée (AOP) <ref name=AFP1>« Le cidre du Cotentin devient Appellation d'origine protégée », ''AFP'', 26 juin 2018, 12 h 46. </ref>.
Le [[26 juin]] [[2018]], l'Union européenne valide la demande de « Cidre Cotentin » pour bénéficier cette fois, d'une appellation d'origine protégée (AOP) <ref name=AFP1> « Le cidre du Cotentin devient Appellation d'origine protégée », ''AFP'', 26 juin 2018, 12 h 46. </ref>.


====Crus réputés====
====Crus réputés====


Au 16{{e}} siècle, [[Beuzeville-sur-le-Vey]] (commune actuelle des [[Les Veys|Veys]]) était réputée pour ses pommes à cidre, comme en atteste Julien du Paulmier <ref>Julien du Paulmier, ''op. cit.'', , p. 51. </ref> : ''Les meilleurs sidres de la Normandie se trouvent en Costentin, & en premier lieu à Beuzeville sur le Vé, chez le sieur duquel lieu se trouvent Chevalier, pomme rayee de rouge, grosse comme un œuf ou plus, aigrette comme Passe-pomme : mais plus succulente, de couleur un peu vermeille au dedans. Le pommier est moyen, & de menu bois.''
Au XVI{{e}} siècle, [[Beuzeville-sur-le-Vey]] (commune actuelle des [[Les Veys|Veys]]) était réputée pour ses pommes à cidre, comme en atteste Julien du Paulmier <ref> Julien du Paulmier, ''op. cit.'', , p. 51. </ref> : « Les meilleurs sidres de la Normandie se trouvent en Costentin, & en premier lieu à Beuzeville sur le Vé, chez le sieur duquel lieu se trouvent Chevalier, pomme rayée de rouge, grosse comme un œuf ou plus, aigrette comme Passe-pomme : mais plus succulente, de couleur un peu vermeille au dedans. Le pommier est moyen, & de menu bois ».


* [[Cerisy-la-Salle]]
* [[Cerisy-la-Salle]]
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====Producteurs====
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; ''Particuliers''
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* [[Saint-Aubin-de-Terregatte]] : cave de Mirande (Jacques Daunay) de 2002 à 2017
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**Gaec de la Réussite (Rochard Lecrosnier, ferme de la Motte)
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* [[Saint-Jean-des-Champs]] : [[Ferme de l'Hermitière]] (Jean-Luc Coulombier) jusqu'en 2022
* [[Saint-Joseph]] : Michel Hamel; Cidrerie du Petit Bois ; [[cidrerie de la Brique]]
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* [[Le Val-Saint-Père]] : LG Cidre
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* [[Yvetot-Bocage]] : La Reine du le Vicq (Rachel Mohimont) [http://www.reinedulevicq.fr]
* [[Vesly]] : Mont Viné (Constance Hyest)
* [[Yvetot-Bocage]] : La Reine du le Vicq (Rachel Mohimont)
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* [[Les Celliers associés]], à [[Condé-sur-Vire]]
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* Organisme de défense et de gestion Cidre Cotentin


====Anciennes cidreries====
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* [[Cidrerie Jeanne|Jeanne]] à [[Cherbourg]], fondée en [[1894]]
* [[Grande cidrerie-distillerie de la vallée de la Sée|Cidrerie de la vallée de la Sée]], à [[Brécey]], créée en [[1917]]
* [[Grande cidrerie-distillerie de la vallée de la Sée|Cidrerie de la vallée de la Sée]], à [[Brécey]], créée en [[1917]]
* Cidrerie-distillerie Jardin et Mabit, dans le parc du [[Château des Montgommery (Ducey)|château des Montgommery]] à [[Ducey]], de [[1922]] à [[1968]]
* Cidrerie Marie à [[Quibou]]
* Cidrerie Marie à [[Quibou]]
* Cidrerie Belon à [[Saint-Vaast-la-Hougue]], fondée en [[1897]]
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==Bibliographie==
==Bibliographie==
;''Livres''
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* [[Léon Besnou]], ''Considérations théoriques et pratiques sur la fabrication du cidre artificiel''
* [[Léon Besnou]], ''Considérations théoriques et pratiques sur la fabrication du cidre artificiel'', 1853.
* Bernard Rio, ''Le Cidre'', éd. Hatier, 1997.
* Bernard Rio, ''Le Cidre'', éd. Hatier, 1997.
* Daniel Bordet, ''Les Affiches du cidre : étiquettes et imagerie populaire'', 1999.
* Daniel Bordet, ''Les Affiches du cidre : étiquettes et imagerie populaire'', 1999.
* Michel Hébert, ''La Belle histoire du cidre et du calvados'', éd. Corlet, 2002.
* Michel Hébert, ''La Belle histoire du cidre et du calvados'', éd. Corlet, 2002.
* Julien Le Paulmier, ''Le premier traité du sidre. 1589'', éd. des Champs, 2003
* Julien Le Paulmier, ''Le premier traité du sidre. 1589'', éd. des Champs, 2003.
* Annie Fettu, ''Autour des pommes : images souvenir'', éd. Orep, 2006.
* Annie Fettu, ''Autour des pommes : images souvenir'', éd. Orep, 2006.
* [[Hippolyte Gancel]], ''De la pomme au cidre'' (avec Jean-Claude Teignier), éd. Ouest-France, 2007.
* [[Hippolyte Gancel]], ''De la pomme au cidre'' (avec Jean-Claude Teignier), éd. Ouest-France, 2007.
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;''Articles''
;''Articles''
* [[François Emanuelli]], C. Hubert, « Contribution à l'histoire du pressoir à cidre : I. Une tentative de perfectionnement à la fin du XVIII{{e}} siècle (1770) », ''Revue d'études normandes'', n° 6, avril 1906.
* [[François Emanuelli]], C. Hubert, « Contribution à l'histoire du pressoir à cidre : I. Une tentative de perfectionnement à la fin du XVIII{{e}} siècle (1770) », ''Revue d'études normandes'', n° 6, avril 1906.
* [[Albert Desile]], « Le pur-jus d'aujourd'hui », ''La Manche Libre'', 19 mars 1950
* [[Albert Desile]], « Le pur-jus d'aujourd'hui », ''La Manche Libre'', 19 mars 1950.
* Dominique Escartin, « Pommes, pommiers et cidre en Normandie », ''Viridovix'', n ° 17, juin 1997
* Dominique Escartin, « Pommes, pommiers et cidre en Normandie », ''[[Viridovix (revue)|Viridovix]]'', n ° 17, juin 1997.
*  « Pommes et cidriculture dans la Manche », ''[[Vikland]]'', n° 32, février 2020.


==Notes et références==
{{Notes et références}}
<references />


==Articles connexes==
==Articles connexes==
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* [[Chanson du cidre d'or]]
* [[Chanson du cidre d'or]]


[[Catégorie:Économie de la Manche]]
==Lien externe==
[[Catégorie:Gastronomie de la Manche]]
* [https://www.maison-cidricole-normandie.fr/ Maison cidricole de Normandie]
[[Catégorie:Tourisme dans la Manche]]
 
[[Catégorie:Agriculture de la Manche]]
[[Catégorie:Cidre dans la Manche| ]]

Dernière version du 12 septembre 2023 à 10:47

Le pressoir à cidre.

Le cidre est une boisson traditionnelle dans la Manche, comme dans le reste de la Normandie et de l'Ouest de la France.

Il est obtenu par la fermentation de jus de pommes et sert de base pour la conception du pommeau et du calvados.

Histoire

Le cidre est de consommation courante « depuis la fin du Moyen Âge » [1]. Les manuels anciens lui attribuent des vertus thérapeutiques : il soigne, dit-on alors, les pleurésies et les fièvres et convient aux femmes en couches [1]. On assure également qu'il « donne de l'ardeur aux travailleurs des champs et empêche l'homme d'affaires de se quereller dans ses occupations » [1].

Une certaine tradition fait du Cotentin l'une des premières régions cidricoles de Normandie. C'est en tout cas l'opinion de Julien du Paulmier, auteur d'un Traité du vin et du sidre en 1589 [2], où il affirme que Les Costentinois en ont cogneu premierement l'usage par deçà, ce qu'on peut entendre par les plus vieilles & antiques fieffes de leurs terres, faites aux charges & conditions de cueillir les pommes, & faire les sidres.

Au XVIe siècle, Guillaume d'Ursus, seigneur de Lestre et d'Anneville, fabriqua un cidre à base de « pommes d'épice » dont la renommée s'étendit « au-delà de la Normandie, car François Ier l'apprécia au point d'en emporter à sa suite et dont "il usa tant qu'il put durer" » [3].

Recette

« Pressez la pomme, laissez son jus fermenter… et vous obtiendrez une boisson mordorée, rafraîchissante » et « gouleyante » dit-on ici.
La recette est un peu rapide, la pratique plus délicate…
Le premier point est de sélectionner ses pommes : les cidres de mono-variété sont quasi-inexistants car déséquilibrés.
Il faut donc associer de multiples variétés issues de trois grandes familles : les acidulées, les douces, les douces-amères… "Belle fille de la Manche, Peau de Chien…" autant de pommes différentes pour faire un bon cidre.
Il ne vous restera ensuite… qu'à aller prendre conseil auprès des producteurs (nombreux sont ceux qui accueillent le touriste de passage…) et à déguster en leur compagnie !

Il faut distinguer le cidre bouché, mis en bouteille et dont le bouchon est maintenu par un muselet en fil de fer, et le cidre ordinaire conservé en tonneau, appelé boisson ou pur jus dans certaines contrées du département et servi en carafe prévue à cet effet.

Production

Affiche d'Eugène Le Mouël pour le Domaine de Valencey à Cérences.

La Manche produisait environ 1 007 000 hectolitres par an dans les années 1830 [4]. Au milieu du XIXe siècle, la production tombe à 854 000 hectolitres de cidre, représentant une valeur de 6 739 520 F [5], loin derrière la Seine-Inférieure (1 622 000 hl), mais proche du Calvados (911 000 hl) et l'Orne (858 000 hl), et devant l'Eure (755 000 hl).

À la fin du XIXe siècle, elle en produisait 1 340 000 hectolitres [6].

En 1901, la production est de 2 237 558 hectolitres contre 2 712 168 hl l'année précédente [7].

En 1925, « on détient le record pour la production cidricole, avec une moyenne de récolte annuelle de trois millions d'hectolitres » [8].

Appellation contrôlée

Le département de la Manche est couvert par l'indication géographique protégée (IGP) « Cidre de Normandie ». En octobre 2016, l'Institut national des appellations d'origine (INAO) publie un décret accordant le classement d'appellation d'origine contrôlée (AOC) au « cidre Cotentin » [9]. Son comité avait approuvé le cahier des charges définissant cette qualification le 8 juin précédent, à l'unanimité moins une abstention [10].

Il est le troisième cidre français à bénéficier d'une AOC, après le cidre du Pays d'Auge et le cidre de Cornouailles en Bretagne.

Le 26 juin 2018, l'Union européenne valide la demande de « Cidre Cotentin » pour bénéficier cette fois, d'une appellation d'origine protégée (AOP) [11].

Crus réputés

Au XVIe siècle, Beuzeville-sur-le-Vey (commune actuelle des Veys) était réputée pour ses pommes à cidre, comme en atteste Julien du Paulmier [12] : « Les meilleurs sidres de la Normandie se trouvent en Costentin, & en premier lieu à Beuzeville sur le Vé, chez le sieur duquel lieu se trouvent Chevalier, pomme rayée de rouge, grosse comme un œuf ou plus, aigrette comme Passe-pomme : mais plus succulente, de couleur un peu vermeille au dedans. Le pommier est moyen, & de menu bois ».

...

Producteurs

Boire frais.
Particuliers

...

Groupes

...

Syndicat
  • Organisme de défense et de gestion Cidre Cotentin

Anciennes cidreries

...

Fêtes du cidre

Musées

Spécialités culinaires

...

Chansons

Bibliographie

Livres
  • Léon Besnou, Considérations théoriques et pratiques sur la fabrication du cidre artificiel, 1853.
  • Bernard Rio, Le Cidre, éd. Hatier, 1997.
  • Daniel Bordet, Les Affiches du cidre : étiquettes et imagerie populaire, 1999.
  • Michel Hébert, La Belle histoire du cidre et du calvados, éd. Corlet, 2002.
  • Julien Le Paulmier, Le premier traité du sidre. 1589, éd. des Champs, 2003.
  • Annie Fettu, Autour des pommes : images souvenir, éd. Orep, 2006.
  • Hippolyte Gancel, De la pomme au cidre (avec Jean-Claude Teignier), éd. Ouest-France, 2007.
Articles
  • François Emanuelli, C. Hubert, « Contribution à l'histoire du pressoir à cidre : I. Une tentative de perfectionnement à la fin du XVIIIe siècle (1770) », Revue d'études normandes, n° 6, avril 1906.
  • Albert Desile, « Le pur-jus d'aujourd'hui », La Manche Libre, 19 mars 1950.
  • Dominique Escartin, « Pommes, pommiers et cidre en Normandie », Viridovix, n ° 17, juin 1997.
  • « Pommes et cidriculture dans la Manche », Vikland, n° 32, février 2020.

Notes et références

  1. ↑ 1,0 1,1 et 1,2 Jean Quellien, Le Cotentin : histoire des populations, éd. Gérard Montfort, 1983, p. 56.
  2. ↑ Julien du Paulmier, Traité du vin et du sidre, Caen, 1589 (rééd. Éditions des Champs, Bricqueboscq, 2003), p. 38.
  3. ↑ Claude Blanguernon, Gilles de Gouberville, gentilhomme du Cotentin 1522-1578, impr. Bellée, 1969.
  4. ↑ Eusèbe Girault Saint-Fargeau, Guide pittoresque du voyageur en France, 1838.
  5. ↑ Léon Féret, Histoire du pommier et du cidre, impr. Delos, Caen, 1855.
  6. ↑ Adolphe Jeanne, Géographie de la Manche, Hachette, 1884.
  7. ↑ Journal de Valognes, 19 janvier 1902.
  8. ↑ Émile Damecour, L'Illustration économique et financière, numéro spécial « La Manche », 1926, p. 10.
  9. ↑ « Cidre du Cotentin : l'Europe dit oui à l'AOP », Ouest-France, 27 août 2018.
  10. ↑ « Le cidre Cotentin en route vers l'AOP », Inao, site internet, 29 août 2016 (lire en ligne).
  11. ↑ « Le cidre du Cotentin devient Appellation d'origine protégée », AFP, 26 juin 2018, 12 h 46.
  12. ↑ Julien du Paulmier, op. cit., , p. 51.

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