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'''L'Ile de Tatihou''' est une île de la [[Manche]], à {{Unité|1,5|km}} au large de la commune de [[Saint-Vaast-la-Hougue]], au nord-est du [[Cotentin]].
'''L'Ile Tatihou''' est une île de la [[Manche]], à {{Unité|1,5|km}} au large de la commune de [[Saint-Vaast-la-Hougue]], au nord-est du [[Cotentin]].


Espace naturel de {{Unité|28◊hectares}} ({{Unité|700|m}} de long sur {{Unité|400|m}} de large) abandonné à partir de [[1984]], l'île est affectée par l’État au [[Conservatoire du littoral]] en [[1988]] qui en confie la gestion, la mise en valeur et l’animation au [[Conseil départemental de la Manche]] en [[1990]]. Les travaux de réhabilitation et de restauration commencent alors et, en [[1992]] à l’occasion du tricentenaire de la [[Bataille de la Hougue]], le musée maritime accueille ses premiers visiteurs.
Espace naturel de {{Unité|28|hectares}} ({{Unité|700|m}} de long sur {{Unité|400|m}} de large) abandonné à partir de [[1984]], l'île est affectée par l’État au [[Conservatoire du littoral]] en [[1988]] (ou [[1989]]) qui en confie la gestion, la mise en valeur et l’animation au [[Conseil départemental de la Manche]] en [[1990]]. Les travaux de réhabilitation et de restauration commencent alors et, en [[1992]] à l’occasion du tricentenaire de la [[Bataille de la Hougue]], le musée maritime accueille ses premiers visiteurs.


L'enceinte, la poudrière, le fort, l'ouvrage fortifié, la redoute, la douane, le puits, l'hôpital, le musée, la cour, le château d'eau, la tour, la porte et le bastion sont inscrits aux [[Liste des monuments historiques de la Manche|monuments historiques]] depuis le {{date|21|décembre|2007}} et classés depuis le {{date|10|avril|2008}} <ref name="merimee">{{Mérimée|PA00110608}}</ref>.
L'enceinte, le magasin à poudre, le fort, l'ouvrage fortifié, la redoute, la douane, le puits, l'hôpital, le musée, la cour, le château d'eau, la tour, la porte et le bastion sont inscrits aux [[Liste des monuments historiques de la Manche|monuments historiques]] depuis le {{date|21|décembre|2007}} et classés depuis le {{date|10|avril|2008}} <ref name="merimee">{{Mérimée|PA00110608}}</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==


=== Un site occupé dès la préhistoire ===
==== Un site occupé dès la préhistoire ====
Les premières traces humaines retrouvées sur l’île de Tatihou, outillage et silex, datent d’il y a 20 000 ans. Des traces de parcellaires et de bâtiments agricoles de l'[[Âge du Bronze dans la Manche|Âge du Bronze]] ( - 1800 à 1000 ans avant JC ) ont été mises au jour : poteries, meules, outillages de pierre et fours.
Les premières traces humaines retrouvées sur l’île Tatihou, outillage et silex, datent d’il y a 20 000 ans. Des traces de parcellaires et de bâtiments agricoles de l'[[Âge du Bronze dans la Manche|Âge du Bronze]] (1800 à 1000 ans avant JC) ont été mises au jour : poteries, meules, outillages de pierre et fours.


Au IX{{e}} siècle, les Vikings s’établissent sur les côtes de Normandie. Ce sont eux qui vont nommer Tatihou : « hou » = terre entourée d’eau et « tat » = nom propre scandinave.
Au IX{{e}} siècle, les Vikings s’établissent sur les côtes de Normandie. Ce sont eux qui vont nommer Tatihou : « hou » = terre entourée d’eau et « tat » = nom propre scandinave.
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Propriété de l'abbaye aux Dames de Caen à partir de [[1082]], l'île porte également le nom d'« Île à Madame » <ref name=littoral>Robert Guégan, ''Île de Tatihou'', coll. Conservatoire du Littoral, Actes sud, 1997. ISBN 2742712550.</ref>.
Propriété de l'abbaye aux Dames de Caen à partir de [[1082]], l'île porte également le nom d'« Île à Madame » <ref name=littoral>Robert Guégan, ''Île de Tatihou'', coll. Conservatoire du Littoral, Actes sud, 1997. ISBN 2742712550.</ref>.


Un des deux retranchements défendant la [[Hougue]] est aménagé sur Tatihou. Il n'empêche pas le débarquement anglais de [[1295]], celui des troupes d'[[Édouard III d'Angleterre]] le [[12 juillet]] [[1346]], ceux du duc d'York, et du duc de Lancaster, ou encore celui des assiégeants de Cherbourg. En 1417, l'amiral Robinet de Braquemont attaque les renforts anglais en chemin vers Harfleur au large de Tatihou <ref name=littoral/>.  
Un des deux retranchements défendant la [[Hougue]] est aménagé sur Tatihou. Il n'empêche pas le débarquement anglais de [[1295]], celui des troupes d'[[Édouard III d'Angleterre]] le [[12 juillet]] [[1346]], ceux du duc d'York, et du duc de Lancaster, ou encore celui des assiégeants de Cherbourg. En [[1417]], l'amiral Robinet de Braquemont attaque les renforts anglais en chemin vers Harfleur au large de Tatihou <ref name=littoral/>.  


L'île est fortifiée par une tour, dotée d'un éperon défensif. Elle est une cible régulière au XVI{{e}} siècle : en [[1562]] les protestants défaits à Valognes par Matignon envoient le capitaine La Fontaine et le corsaire [[François Le Clerc]] dit « Jambe de Bois », soustraient les couleuvrines et la haquebute ; en [[1574]] par Montgommery et six mille hommes protestants et anglais qui se font remettre deux couleuvrines de fonte et deux de fer avant de faire le siège de Valognes ; en [[1594]], par [[François II de la Cour|François de la Cour]] qui l'occupe quinze jours jusqu'au terme du siège par le seigneur de Canisy <ref name=littoral/>.
L'île est fortifiée par une tour, dotée d'un éperon défensif. Elle est une cible régulière au XVI{{e}} siècle : en [[1562]] les protestants défaits à Valognes par Matignon envoient le capitaine La Fontaine et le corsaire [[François Le Clerc]] dit « Jambe de Bois », soustraient les couleuvrines et la haquebute ; en [[1574]] par Montgommery et six mille hommes protestants et anglais qui se font remettre deux couleuvrines de fonte et deux de fer avant de faire le siège de Valognes ; en [[1594]], par [[François II de la Cour|François de la Cour]] qui l'occupe quinze jours jusqu'au terme du siège par le seigneur de Canisy <ref name=littoral/>.


Des fouilles archéologiques, réalisées depuis [[1997]], ont permis de mettre au jour des fondations d'un manoir de grande dimension datant de l’époque médiévale et qui aurait pu subsister jusqu'au XVII{{e}} siècle.
Des fouilles archéologiques, réalisées depuis [[1997]], ont permis de mettre au jour des fondations d'un manoir de grande dimension datant de l’époque médiévale et qui aurait pu subsister jusqu'au XVII{{e}} siècle.
Selon [[Charles Duhérissier de Gerville|Charles de Gerville]], le roi Louis XIV aurait acheté l'île à un nommé Bordemer et y fait construire un fort.


La tour est détruite en [[1666]] sur ordre du roi, mais demeure la question de la fortification de l'île, d'autant plus après l'arasement des remparts de Cherbourg. [[Vauban]] écrit ainsi : « La Hougue, Saint-Vaast et Tatihou sont trois endroits qui devraient se soutenir les uns les autres pour résister conjointement à un ennemi qui voudrait tenter une descente [...] non seulement avec des troupes mais encore avec de l'artillerie pour écarter un ennemi de la rade et l'empêcher de mettre pied à terre ». Aussitôt sont érigés une batterie carrée sur l'îlet et trois redoutes reliées par une enceinte bastionnée sur l'île. Une petite chapelle de moins de 10 m² est également élevée <ref name=littoral/>.
La tour est détruite en [[1666]] sur ordre du roi, mais demeure la question de la fortification de l'île, d'autant plus après l'arasement des remparts de Cherbourg. [[Vauban]] écrit ainsi : « La Hougue, Saint-Vaast et Tatihou sont trois endroits qui devraient se soutenir les uns les autres pour résister conjointement à un ennemi qui voudrait tenter une descente [...] non seulement avec des troupes mais encore avec de l'artillerie pour écarter un ennemi de la rade et l'empêcher de mettre pied à terre ». Aussitôt sont érigés une batterie carrée sur l'îlet et trois redoutes reliées par une enceinte bastionnée sur l'île. Une petite chapelle de moins de 10 m² est également élevée <ref name=littoral/>.


=== La [[bataille de la Hougue]] ===
Après l'incendie du [[18 juillet]] [[2017]] qui endommage gravement le musée maritime, le creusement d'une cuve anti-incendie en novembre [[2020]] met au jour une ancienne douve, liée à la tour circulaire, qui daterait du XVII{{e}} siècle <ref>Romain Le Bris, « Des vestiges militaires du XVIIe siècle découverts lors de fouilles archéologiques sur l'île de Tatihou », ''La Presse de la Manche'', 22 novembre 2020. </ref>.
 
==== La [[bataille de la Hougue]] ====
Louis XIV, souhaitant rétablir sur le trône d'Angleterre son cousin, le catholique Jacques II, chassé par le protestant Guillaume d'Orange, rassemble à partir de [[1691]] des soldats dans le Cotentin en vue d'une invasion. Au printemps [[1692]], {{formatnum:9000}} Français et {{formatnum:12000}} Irlandais sont rassemblés dans le Val de Saire et des chaloupes réquisitionnées sont rassemblées sur la côté est du Cotentin. Pour contrer les Anglais qui ont eu vent du projet et sont alliés aux Hollandais, [[Anne Hilarion de Costentin de Tourville|l’Amiral de Tourville]] quitte Brest (Finistère) avec moitié moins de vaisseaux que ses adversaires <ref name=littoral/>.
Louis XIV, souhaitant rétablir sur le trône d'Angleterre son cousin, le catholique Jacques II, chassé par le protestant Guillaume d'Orange, rassemble à partir de [[1691]] des soldats dans le Cotentin en vue d'une invasion. Au printemps [[1692]], {{formatnum:9000}} Français et {{formatnum:12000}} Irlandais sont rassemblés dans le Val de Saire et des chaloupes réquisitionnées sont rassemblées sur la côté est du Cotentin. Pour contrer les Anglais qui ont eu vent du projet et sont alliés aux Hollandais, [[Anne Hilarion de Costentin de Tourville|l’Amiral de Tourville]] quitte Brest (Finistère) avec moitié moins de vaisseaux que ses adversaires <ref name=littoral/>.


Du [[29 mai]] au [[3 juin]] [[1692]], les batailles [[bataille de Barfleur (1692)|de Barfleur]] et [[Bataille de la Hougue (1692)|de la Hougue]] voient s’affronter la France et une coalition anglo-hollandaise. Douze vaisseaux français sont échoués puis brûlés entre Tatihou et la pointe de la Hougue : ''Le Magnifique'', ''L'Ambitieux'', ''Le Merveilleux'', ''Le Foudroyant'' et ''Le Saint-Philippe'' s'échouent devant Tatihou, ''Le Terrible'' sur un rocher, et six vaisseaux devant le [[fort de la Hougue]] <ref name=littoral/>.
Du [[29 mai]] au [[3 juin]] [[1692]], les batailles [[bataille de Barfleur (1692)|de Barfleur]] et [[Bataille de la Hougue (1692)|de la Hougue]] voient s’affronter la France et une coalition anglo-hollandaise. Douze vaisseaux français sont échoués puis brûlés entre Tatihou et la pointe de la Hougue : ''Le Magnifique'', ''L'Ambitieux'', ''Le Merveilleux'', ''Le Foudroyant'' et ''Le Saint-Philippe'' s'échouent devant Tatihou, ''Le Terrible'' sur un rocher, et six vaisseaux devant le [[fort de la Hougue]] <ref name=littoral/>.


===Le fort Vauban===
====Le fort Vauban====
[[Fichier:Tatihou-fort1.jpg|thumb|right|280px|Le fort.]]
[[Fichier:Tatihou-fort1.jpg|thumb|right|280px|Le fort.]]


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La tour fait partie du réseau des sites majeurs de Vauban <ref>Site internet Les Fortifications de Vauban [http://www.sites-vauban.org/ ''(lire en ligne)].</ref><ref>Wikipédia, « Sites majeurs de Vauban [https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_des_sites_majeurs_de_Vauban ''(lire en ligne)''].</ref>, réseau de 12 sites français qui a été inscrit par l'Unesco le [[7 juillet]] [[2008]] au patrimoine mondial de l'humanité.
La tour fait partie du réseau des sites majeurs de Vauban <ref>Site internet Les Fortifications de Vauban [http://www.sites-vauban.org/ ''(lire en ligne)].</ref><ref>Wikipédia, « Sites majeurs de Vauban [https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_des_sites_majeurs_de_Vauban ''(lire en ligne)''].</ref>, réseau de 12 sites français qui a été inscrit par l'Unesco le [[7 juillet]] [[2008]] au patrimoine mondial de l'humanité.


===Le lazaret===
====Le lazaret====
[[Fichier:Tatihou-hopital.JPG|thumb|right|''L'ancien hôpital.'']]
[[Fichier:Tatihou-hopital.JPG|thumb|right|''L'ancien hôpital.'']]
Afin d’éviter de propager la peste de Marseille de [[1720]], le Roi décide de créer un lazaret à Tatihou pour protéger le nord-ouest du Royaume. Pendant les « quarantaines », marchandises et équipages venant de la mer du Nord ou de la Méditerrannée bénéficient de fumigations de bruyères, de baies de genièvre, de vieux cuirs… En [[1804]], les risques de propagation de la fièvre jaune sévissant en Espagne amènent l'administration à revoir l'architecture du l'établissement. Pour réduire les risques de contamination, on construit des petits pavillons cernés par une double enceinte et finalement un hôpital. Cet ensemble sanitaire fonctionnera jusque dans les années [[1860]].
Afin d’éviter de propager la peste de Marseille de [[1720]], le roi décide de créer un lazaret à Tatihou pour protéger le nord-ouest du royaume. L'établissement aurait été bâti en [[1721]] <ref name=OF6> ''Ouest-France'', 21 mai 1992. </ref> ou [[1723]] <ref name=LVC/><ref> ''Ouest-France'', 25 avril 1991. </ref>. Il accueille les marins des navires en quarantaine repoussés des ports de Cherbourg, Honfleur et du Havre. Pendant les « quarantaines », marchandises et équipages venant de la mer du Nord ou de la Méditerranée bénéficient de fumigations de bruyères, de baies de genièvre, de vieux cuirs… En [[1804]], les risques de propagation de la fièvre jaune sévissant en Espagne amènent l'administration à revoir l'architecture du l'établissement. Pour réduire les risques de contamination, on construit des petits pavillons cernés par une double enceinte et finalement un hôpital. En [[1860]], il est question de démolir et d'abandonner l'établissement, mais la Chambre de commerce de Cherbourg s'y oppose et son avis est écouté <ref name=LVC/>. De « grands travaux d'aménagement » sont opérés en [[1867]] <ref name=LVC> ''La Vigie de Cherbourg'', 24 février 1867. </ref>. À cette époque, le lieu est divisé en trois parties :
: « la première contient un bâtiment destiné à une chapelle, dont la partie inférieure est destinée à une pharmacie; un autre bâtiment sert de demeure au concierge; auprès est une buanderie. Dans cette même partie est encore un bâtiment carré contenant six vastes chambres au premier étage, destinées aux passagers de navires en quarantaine; le second étage, qui est bien éclairé, contient de vastes mansardes destinées à des logements de marins. Une charmante maison sert de logement au directeur de l'établissement. Enfin, dans cette dernière partie, il existe un grand magasin couvert en zinc, d'environ 50 mètres de longueur.</br> Dans la deuxième partie sont de vastes magasins, au nombre de trois, disposés de manière à recevoir et pouvoir ventiler, quinze cents tonneaux de marchandises. Tous les bâtiments compris dans la deuxième et troisième partie sont munis d'un mobilier convenable qui a dû coûter vingt cinq à trente mille francs.</br> La troisième partie, qui entoure les deux autres, est close par un mur. Elle présente une surface de deux hectares environ à ciel ouvert, qui peut servir de promenoir, de jardins et de cimetière; il s'y trouve des puits disposés de manière à fournir de l'eau potable à tous les besoins de l'établissement et un petit port ou cirque servant d'accession facile pour les débarquements.</br> Le gouvernement a dépensé pour créer ce lazaret un capital d'environ 300,000 francs. » <ref name=LVC/>


===Le laboratoire scientifique===
====Le laboratoire scientifique====
En [[1887]], le Museum d’histoire naturelle de Paris occupe les bâtiments du lazaret. Les chercheurs y installent un laboratoire maritime avec un château d’eau de mer pour étudier principalement les algues et le plancton et y expérimenter l’élevage du turbot. En [[1925]], ce laboratoire est transféré à Saint-Servan, puis à Dinard.
Vers [[1888]], le Museum d’histoire naturelle de Paris occupe les bâtiments du lazaret. Les chercheurs y installent un laboratoire maritime avec un château d’eau de mer pour étudier principalement les algues et le plancton et y expérimenter l’élevage du turbot. En [[1925]], ce laboratoire est transféré à Saint-Servan, puis à Dinard.


===La [[Première Guerre mondiale]]===
====La [[Première Guerre mondiale]]====
Par peur de l'espionnage, en novembre [[1914]] près de 650 ressortissants de pays  « ennemis » (allemands et austro-hongrois) sont internés à Tatihou, à [[Granville]] et aux îles [[Chausey]] <ref>''La Grande Guerre des Manchois'', Galerie des archives de la Manche [http://recherche.archives.manche.fr/?id=expositions_virtuelles ''(lire en ligne)''].</ref>
Par peur de l'espionnage, en novembre [[1914]] près de 650 ressortissants de pays  « ennemis » (allemands et austro-hongrois) sont internés à Tatihou, à [[Granville]] et aux îles [[Chausey]] <ref>''La Grande Guerre des Manchois'', Galerie des archives de la Manche [http://recherche.archives.manche.fr/?id=expositions_virtuelles ''(lire en ligne)''].</ref>


===Le centre pour enfants===
====Le centre pour enfants====
En [[1926]], les enfants sont les nouveaux occupants de l’île. L’aérium, « école de plein air » et de l’ « hygiène par l’exemple » reste sur l’île jusqu’à la [[Seconde Guerre mondiale]].
En [[1926]], les enfants sont les nouveaux occupants de l’île. L’aérium, « école de plein air » et de l’ « hygiène par l’exemple » reste sur l’île jusqu’à la [[Seconde Guerre mondiale]].


En [[1948]], un [[Centre de rééducation de Tatihou|centre de rééducation]] y est créé par le pédagogue [[Camille Belliard]]. Il fonctionne jusqu'en [[1984]].
En [[1948]], un [[Centre de rééducation de Tatihou|centre de rééducation]] y est créé par le pédagogue [[Camille Belliard]]. Il fonctionne jusqu'en [[1984]].
====La [[Seconde Guerre mondiale]]====
L’île est réquisitionnée par l'occupant allemand en avril [[1942]], ses fortifications sont intégrées dans le [[Mur de l'Atlantique|système défensif allemand]], on leur ajoute trois casemates flanquées de postes de tirs rapprochés et reliées entres elles par des tranchées<ref name = CM>Vincent Giard, « Partez à la découverte des vestiges de la Seconde Guerre mondiale de l’île Tatihou », ''Côté Manche'', site internet, 10 juin 2020.</ref>.
Le [[6 juin]] [[1944]], Tatihou est la cible de navires des forces alliées qui tirent plus de 100 obus pour anéantir les batteries côtières<ref name = CM/>.
Libérée le [[21 juin]] 1944, l’île est occupée ensuite  par une section d’artillerie américaine ; son déminage se termine en [[1946]]<ref name = CM/>.


== Culture et tourisme ==
== Culture et tourisme ==
L’île de Tatihou est accessible à bord d’un bateau amphibie, le « Tatihou II ». À marée basse, il serpente à travers les parcs à huîtres, sur le Rhun. A marée haute, il relie les jetées de Tatihou et de Saint-Vaast en environ 5 minutes. On peut aussi se rendre sur l’île à pied à marée basse.
L’île Tatihou est accessible à bord d’un bateau amphibie, le « Tatihou II », remplacé à partir du printemps 2023 par le « Tatihou III » <ref> « Efinor-Allais livre le nouveau navire amphibie « Tatihou III »», ''Le marin'', site internet, 14 décembre 2022 [https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/shipping/efinor-allais-livre-le-nouveau-navire-amphibie-tatihou-iii-45737 (''lire en ligne'')].</ref>. À [[marée]] basse, il serpente à travers les parcs à huîtres, sur le Rhun. À marée haute, il relie les jetées de Tatihou et de Saint-Vaast en environ 5 minutes. On peut aussi se rendre sur l’île à pied à marée basse.


=== Faune et flore ===
=== Faune et flore ===
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=== Un atelier de charpente ===
=== Un atelier de charpente ===
Depuis la création du musée maritime de l'île de Tatihou en [[1992]], le Conseil général de la Manche a constitué, par le biais d'acquisitions, dons, cessions ou reconstructions, une collection d'une vingtaine d'embarcations, présentées à flot dans le port de Saint-Vaast ou en exposition sur l'île. Ces bateaux sont représentatifs des activités du littoral bas-normand au cours du 20{{e}} siècle, la petite pêche étant la plus présente, parmi quelques unités de pêche-plaisance ou de pêche côtière. Pour les besoins d'entretien et de restauration de cette collection, un atelier de charpente navale a été créé en 1994.
Depuis la création du musée maritime de l'île Tatihou en [[1992]], le Conseil général de la Manche a constitué, par le biais d'acquisitions, dons, cessions ou reconstructions, une collection d'une vingtaine d'embarcations, présentées à flot dans le port de Saint-Vaast ou en exposition sur l'île. Ces bateaux sont représentatifs des activités du littoral bas-normand au cours du 20{{e}} siècle, la petite pêche étant la plus présente, parmi quelques unités de pêche-plaisance ou de pêche côtière. Pour les besoins d'entretien et de restauration de cette collection, un atelier de charpente navale a été créé en 1994.


== « Les Traversées de Tatihou » ==
== « Les Traversées de Tatihou » ==
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==Accès==
==Accès==
On accède à l'île de Tatihou par le [[port de Saint-Vaast-la-Hougue]] par un bateau amphibie d'une capacité de 43 places. Il est également possible de rejoindre l'île à pied à marée basse.
On accède à l'île Tatihou par le [[port de Saint-Vaast-la-Hougue]] par un bateau amphibie d'une capacité de 43 places. Il est également possible de rejoindre l'île à pied à marée basse à travers le [[Run]] et les [[Ostréiculture dans la Manche|parcs à huîtres]].


Par souci de protection de l'environnement, une limite de 500 visiteurs par jour a été instaurée.
Par souci de protection de l'environnement, une limite de 500 visiteurs par jour a été instaurée.


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== Hébergement ==
== Hébergement ==
L'île de Tatihou dispose d'une capacité d'accueil de {{Unité|34|chambres}}. Les aménagements comprennent également une salle de conférences et un centre de documentation. Ces chambres sont à la disposition de groupes professionnels, scolaires pour des classes de découverte, agences de voyages, associations mais également d'individuels. Des week-ends à thèmes sont régulièrement proposés aux visiteurs pour les initier à la cuisine de la mer, l’astronomie ou encore à l’architecture des fortifications.
L'île Tatihou dispose d'une capacité d'accueil de {{Unité|34|chambres}}. Les aménagements comprennent également une salle de conférences et un centre de documentation. Ces chambres sont à la disposition de groupes professionnels, scolaires pour des classes de découverte, agences de voyages, associations mais également d'individuels. Des week-ends à thèmes sont régulièrement proposés aux visiteurs pour les initier à la cuisine de la mer, l’astronomie ou encore à l’architecture des fortifications.


==Fréquentation==
==Fréquentation==
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* « Le Tour de l'île en quelques mots », ''Livre / échange'', n° 47, juillet 2009.
* « Le Tour de l'île en quelques mots », ''Livre / échange'', n° 47, juillet 2009.
* « Tatihou, île en rade, île en vogue », ''Détours en France'', n° 143, mai 2010.
* « Tatihou, île en rade, île en vogue », ''Détours en France'', n° 143, mai 2010.
* Jeannine Bavay, « Tatihou », ''[[Vikland]]'', n° 10, 2014.


==Administration==
==Administration ==
''Adresse'' : Quai Vauban <br>
''Adresse'' : Quai Vauban <br>
50550 Saint-Vaast-la-Hougue <br>
50550 Saint-Vaast-la-Hougue <br>
Tél. 02 33 23 19 92 <br>
Tél. 02 14 29 03 30 <br>
Fax : 02 33 54 33 47 <br>
Courriel : ile.tatihou@manche.fr
Courriel : ile.tatihou@manche.fr


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* [[:Catégorie:Tatihou (image)|Galerie d'images]]
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* [[Les Traversées de Tatihou]] (festival musical annuel)
* [[Les Traversées de Tatihou]] (festival musical annuel)
* [[Run]]


== Liens externes ==
== Liens externes ==
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* [https://www.manche.fr/patrimoine/ile-tatihou-N.aspx Sites et musées de la Manche]
* [https://www.manche.fr/patrimoine/ile-tatihou-N.aspx Sites et musées de la Manche]
* [http://www.sites-vauban.org Réseau des sites majeurs de Vauban]
* [http://www.sites-vauban.org Réseau des sites majeurs de Vauban]
* [https://www.facebook.com/MancheCD50/videos/287920502585277/?t=76 Visite Virtuelle - vestiges de la Seconde Guerre mondiale Tatihou], vidéo du conseil départemental


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Dernière version du 8 février 2024 à 01:44

Vue aérienne.
Le fort Vauban.

L'Ile Tatihou est une île de la Manche, à 1,5 km au large de la commune de Saint-Vaast-la-Hougue, au nord-est du Cotentin.

Espace naturel de 28 hectares (700 m de long sur 400 m de large) abandonné à partir de 1984, l'île est affectée par l’État au Conservatoire du littoral en 1988 (ou 1989) qui en confie la gestion, la mise en valeur et l’animation au Conseil départemental de la Manche en 1990. Les travaux de réhabilitation et de restauration commencent alors et, en 1992 à l’occasion du tricentenaire de la Bataille de la Hougue, le musée maritime accueille ses premiers visiteurs.

L'enceinte, le magasin à poudre, le fort, l'ouvrage fortifié, la redoute, la douane, le puits, l'hôpital, le musée, la cour, le château d'eau, la tour, la porte et le bastion sont inscrits aux monuments historiques depuis le 21 décembre 2007 et classés depuis le 10 avril 2008 [1].

Histoire

Un site occupé dès la préhistoire

Les premières traces humaines retrouvées sur l’île Tatihou, outillage et silex, datent d’il y a 20 000 ans. Des traces de parcellaires et de bâtiments agricoles de l'Âge du Bronze (1800 à 1000 ans avant JC) ont été mises au jour : poteries, meules, outillages de pierre et fours.

Au IXe siècle, les Vikings s’établissent sur les côtes de Normandie. Ce sont eux qui vont nommer Tatihou : « hou » = terre entourée d’eau et « tat » = nom propre scandinave.

Propriété de l'abbaye aux Dames de Caen à partir de 1082, l'île porte également le nom d'« Île à Madame » [2].

Un des deux retranchements défendant la Hougue est aménagé sur Tatihou. Il n'empêche pas le débarquement anglais de 1295, celui des troupes d'Édouard III d'Angleterre le 12 juillet 1346, ceux du duc d'York, et du duc de Lancaster, ou encore celui des assiégeants de Cherbourg. En 1417, l'amiral Robinet de Braquemont attaque les renforts anglais en chemin vers Harfleur au large de Tatihou [2].

L'île est fortifiée par une tour, dotée d'un éperon défensif. Elle est une cible régulière au XVIe siècle : en 1562 les protestants défaits à Valognes par Matignon envoient le capitaine La Fontaine et le corsaire François Le Clerc dit « Jambe de Bois », soustraient les couleuvrines et la haquebute ; en 1574 par Montgommery et six mille hommes protestants et anglais qui se font remettre deux couleuvrines de fonte et deux de fer avant de faire le siège de Valognes ; en 1594, par François de la Cour qui l'occupe quinze jours jusqu'au terme du siège par le seigneur de Canisy [2].

Des fouilles archéologiques, réalisées depuis 1997, ont permis de mettre au jour des fondations d'un manoir de grande dimension datant de l’époque médiévale et qui aurait pu subsister jusqu'au XVIIe siècle.

Selon Charles de Gerville, le roi Louis XIV aurait acheté l'île à un nommé Bordemer et y fait construire un fort.

La tour est détruite en 1666 sur ordre du roi, mais demeure la question de la fortification de l'île, d'autant plus après l'arasement des remparts de Cherbourg. Vauban écrit ainsi : « La Hougue, Saint-Vaast et Tatihou sont trois endroits qui devraient se soutenir les uns les autres pour résister conjointement à un ennemi qui voudrait tenter une descente [...] non seulement avec des troupes mais encore avec de l'artillerie pour écarter un ennemi de la rade et l'empêcher de mettre pied à terre ». Aussitôt sont érigés une batterie carrée sur l'îlet et trois redoutes reliées par une enceinte bastionnée sur l'île. Une petite chapelle de moins de 10 m² est également élevée [2].

Après l'incendie du 18 juillet 2017 qui endommage gravement le musée maritime, le creusement d'une cuve anti-incendie en novembre 2020 met au jour une ancienne douve, liée à la tour circulaire, qui daterait du XVIIe siècle [3].

La bataille de la Hougue

Louis XIV, souhaitant rétablir sur le trône d'Angleterre son cousin, le catholique Jacques II, chassé par le protestant Guillaume d'Orange, rassemble à partir de 1691 des soldats dans le Cotentin en vue d'une invasion. Au printemps 1692, 9 000 Français et 12 000 Irlandais sont rassemblés dans le Val de Saire et des chaloupes réquisitionnées sont rassemblées sur la côté est du Cotentin. Pour contrer les Anglais qui ont eu vent du projet et sont alliés aux Hollandais, l’Amiral de Tourville quitte Brest (Finistère) avec moitié moins de vaisseaux que ses adversaires [2].

Du 29 mai au 3 juin 1692, les batailles de Barfleur et de la Hougue voient s’affronter la France et une coalition anglo-hollandaise. Douze vaisseaux français sont échoués puis brûlés entre Tatihou et la pointe de la Hougue : Le Magnifique, L'Ambitieux, Le Merveilleux, Le Foudroyant et Le Saint-Philippe s'échouent devant Tatihou, Le Terrible sur un rocher, et six vaisseaux devant le fort de la Hougue [2].

Le fort Vauban

Le fort.

Dès 1694, afin de défendre la baie de Saint-Vaast, la tour de Tatihou et celle de la Hougue sont construites par un élève de Vauban, Benjamin de Combes. Vauban constatera en 1699 que « la rade de la Hougue est la meilleure de France ». Les fortifications se poursuivent jusqu’au XIXe siècle par l’édification d’un fort et d’importants magasins à poudre.

La tour fait partie du réseau des sites majeurs de Vauban [4][5], réseau de 12 sites français qui a été inscrit par l'Unesco le 7 juillet 2008 au patrimoine mondial de l'humanité.

Le lazaret

L'ancien hôpital.

Afin d’éviter de propager la peste de Marseille de 1720, le roi décide de créer un lazaret à Tatihou pour protéger le nord-ouest du royaume. L'établissement aurait été bâti en 1721 [6] ou 1723 [7][8]. Il accueille les marins des navires en quarantaine repoussés des ports de Cherbourg, Honfleur et du Havre. Pendant les « quarantaines », marchandises et équipages venant de la mer du Nord ou de la Méditerranée bénéficient de fumigations de bruyères, de baies de genièvre, de vieux cuirs… En 1804, les risques de propagation de la fièvre jaune sévissant en Espagne amènent l'administration à revoir l'architecture du l'établissement. Pour réduire les risques de contamination, on construit des petits pavillons cernés par une double enceinte et finalement un hôpital. En 1860, il est question de démolir et d'abandonner l'établissement, mais la Chambre de commerce de Cherbourg s'y oppose et son avis est écouté [7]. De « grands travaux d'aménagement » sont opérés en 1867 [7]. À cette époque, le lieu est divisé en trois parties :

« la première contient un bâtiment destiné à une chapelle, dont la partie inférieure est destinée à une pharmacie; un autre bâtiment sert de demeure au concierge; auprès est une buanderie. Dans cette même partie est encore un bâtiment carré contenant six vastes chambres au premier étage, destinées aux passagers de navires en quarantaine; le second étage, qui est bien éclairé, contient de vastes mansardes destinées à des logements de marins. Une charmante maison sert de logement au directeur de l'établissement. Enfin, dans cette dernière partie, il existe un grand magasin couvert en zinc, d'environ 50 mètres de longueur.
Dans la deuxième partie sont de vastes magasins, au nombre de trois, disposés de manière à recevoir et pouvoir ventiler, quinze cents tonneaux de marchandises. Tous les bâtiments compris dans la deuxième et troisième partie sont munis d'un mobilier convenable qui a dû coûter vingt cinq à trente mille francs.
La troisième partie, qui entoure les deux autres, est close par un mur. Elle présente une surface de deux hectares environ à ciel ouvert, qui peut servir de promenoir, de jardins et de cimetière; il s'y trouve des puits disposés de manière à fournir de l'eau potable à tous les besoins de l'établissement et un petit port ou cirque servant d'accession facile pour les débarquements.
Le gouvernement a dépensé pour créer ce lazaret un capital d'environ 300,000 francs. » [7]

Le laboratoire scientifique

Vers 1888, le Museum d’histoire naturelle de Paris occupe les bâtiments du lazaret. Les chercheurs y installent un laboratoire maritime avec un château d’eau de mer pour étudier principalement les algues et le plancton et y expérimenter l’élevage du turbot. En 1925, ce laboratoire est transféré à Saint-Servan, puis à Dinard.

La Première Guerre mondiale

Par peur de l'espionnage, en novembre 1914 près de 650 ressortissants de pays « ennemis » (allemands et austro-hongrois) sont internés à Tatihou, à Granville et aux îles Chausey [9]

Le centre pour enfants

En 1926, les enfants sont les nouveaux occupants de l’île. L’aérium, « école de plein air » et de l’ « hygiène par l’exemple » reste sur l’île jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

En 1948, un centre de rééducation y est créé par le pédagogue Camille Belliard. Il fonctionne jusqu'en 1984.

La Seconde Guerre mondiale

L’île est réquisitionnée par l'occupant allemand en avril 1942, ses fortifications sont intégrées dans le système défensif allemand, on leur ajoute trois casemates flanquées de postes de tirs rapprochés et reliées entres elles par des tranchées[10].

Le 6 juin 1944, Tatihou est la cible de navires des forces alliées qui tirent plus de 100 obus pour anéantir les batteries côtières[10].

Libérée le 21 juin 1944, l’île est occupée ensuite par une section d’artillerie américaine ; son déminage se termine en 1946[10].

Culture et tourisme

L’île Tatihou est accessible à bord d’un bateau amphibie, le « Tatihou II », remplacé à partir du printemps 2023 par le « Tatihou III » [11]. À marée basse, il serpente à travers les parcs à huîtres, sur le Rhun. À marée haute, il relie les jetées de Tatihou et de Saint-Vaast en environ 5 minutes. On peut aussi se rendre sur l’île à pied à marée basse.

Faune et flore

Tatihou est une île protégée, trois hectares aux limites du fort y ont été établis en réserve ornithologique. Sa gestion est confiée au Groupe ornithologique normand. D'avril à juillet, on peut y voir des oiseaux nicheurs : goélands argentés, bruns et marins, tadornes de Belon… Autour de l'île, les cormorans sont présents constamment et les eiders à duvet le sont en hiver. En été et à l'automne, sternes caugek et pierregarin labbes pêchent aux abords de l'île. De nombreux limicoles vivent sur l'estran. En hiver, d'autres espèces s'installent : bernaches, grèbes, petits pingouins, pipits maritimes… Plus de 150 espèces différentes au fil de l’année.

À l’abri des murs du lazaret, trois types de jardins présentent, sur quatre hectares, la flore des bords de mer. Un jardin des découvertes ou « jardin des milieux » regroupe plusieurs centaines d'espèces du littoral, réparties selon leur milieu (dune, vase salée, rocher, landes, prairie). Le jardin maritime de trois hectares, est un lieu de promenade à l'abri des murs, qui est aussi ouvert sur le large. Les plantes endémiques de Manche Atlantique y dominent mais alternent avec certaines espèces horticoles. Dans le jardin d'acclimatation, des massifs et parterres présentent des espèces exotiques pourtant adaptées à la rigueur du climat marin.

Le 10 septembre 2014, un plancton envahissant, le mnemioposis leidyi, est découvert par hasard sur l'île à l'occasion d'une récolte organisée par l'Université Paris VII, en formation sur place [12]. Appelé couramment « noix de mer », ce plancton, de 3 à 10 cm, originaire de l'Atlantique nord-américain, est un parent proche des méduses [12].

Le musée maritime

voir l'article détaillé Musée maritime de Tatihou

Un atelier de charpente

Depuis la création du musée maritime de l'île Tatihou en 1992, le Conseil général de la Manche a constitué, par le biais d'acquisitions, dons, cessions ou reconstructions, une collection d'une vingtaine d'embarcations, présentées à flot dans le port de Saint-Vaast ou en exposition sur l'île. Ces bateaux sont représentatifs des activités du littoral bas-normand au cours du 20e siècle, la petite pêche étant la plus présente, parmi quelques unités de pêche-plaisance ou de pêche côtière. Pour les besoins d'entretien et de restauration de cette collection, un atelier de charpente navale a été créé en 1994.

« Les Traversées de Tatihou »

Le festival des Traversées de Tatihou voit le jour en 1994 et se tient chaque année, à la mi-août. Pendant quatre jours, on rejoint l’île à pied à marée basse pour y écouter une programmation choisie de musiques traditionnelles des rivages du monde.

voir l'article détaillé Les Traversées de Tatihou

Accès

On accède à l'île Tatihou par le port de Saint-Vaast-la-Hougue par un bateau amphibie d'une capacité de 43 places. Il est également possible de rejoindre l'île à pied à marée basse à travers le Run et les parcs à huîtres.

Par souci de protection de l'environnement, une limite de 500 visiteurs par jour a été instaurée.

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Hébergement

L'île Tatihou dispose d'une capacité d'accueil de 34 chambres. Les aménagements comprennent également une salle de conférences et un centre de documentation. Ces chambres sont à la disposition de groupes professionnels, scolaires pour des classes de découverte, agences de voyages, associations mais également d'individuels. Des week-ends à thèmes sont régulièrement proposés aux visiteurs pour les initier à la cuisine de la mer, l’astronomie ou encore à l’architecture des fortifications.

Fréquentation

L'île accueille environ 60 000 visiteurs chaque année [13].

Bibliographie

Jules Octave Triquet (1867-1914), Tatihou.
par ordre chronologique de parution
Livres
  • Marie-Jo Audouard, L'Enfant du bagne, 1996
  • Fabrice Moireau, L'Île de Tatihou, éd. Gallimard, 1997
  • Catherine Téphany, Saint-Vaast-la-Hougue-Tatihou autrefois, Les Cahiers du temps, 1997
  • Robert Guégan (illustrations de Fabrice Moireau), Île de Tatihou, Cotentin, Actes Sud, 1997
  • Paul Cailly, Tatihou pour mémoire, éd. Isoète, 2000
Articles
  • A.-E. Malard, « Le Laboratoire maritime du muséum à l'île Tatihou », Cherbourg et le Cotentin, Le Maout, 1905.
  • Robert Guégan, « Tatihou, l'île aux trésors », Pays de Normandie, n° 19, mars-avril 1999, pp. 26-41.
  • « Le Tour de l'île en quelques mots », Livre / échange, n° 47, juillet 2009.
  • « Tatihou, île en rade, île en vogue », Détours en France, n° 143, mai 2010.
  • Jeannine Bavay, « Tatihou », Vikland, n° 10, 2014.

Administration

Adresse : Quai Vauban
50550 Saint-Vaast-la-Hougue
Tél. 02 14 29 03 30
Courriel : ile.tatihou@manche.fr

Notes et références

  1. « Notice n°PA00110608 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 Robert Guégan, Île de Tatihou, coll. Conservatoire du Littoral, Actes sud, 1997. ISBN 2742712550.
  3. Romain Le Bris, « Des vestiges militaires du XVIIe siècle découverts lors de fouilles archéologiques sur l'île de Tatihou », La Presse de la Manche, 22 novembre 2020.
  4. Site internet Les Fortifications de Vauban (lire en ligne).
  5. Wikipédia, « Sites majeurs de Vauban (lire en ligne).
  6. Ouest-France, 21 mai 1992.
  7. 7,0 7,1 7,2 et 7,3 La Vigie de Cherbourg, 24 février 1867.
  8. Ouest-France, 25 avril 1991.
  9. La Grande Guerre des Manchois, Galerie des archives de la Manche (lire en ligne).
  10. 10,0 10,1 et 10,2 Vincent Giard, « Partez à la découverte des vestiges de la Seconde Guerre mondiale de l’île Tatihou », Côté Manche, site internet, 10 juin 2020.
  11. « Efinor-Allais livre le nouveau navire amphibie « Tatihou III »», Le marin, site internet, 14 décembre 2022 (lire en ligne).
  12. 12,0 et 12,1 « Découverte d'un plancton invasif à Tatihou», Ouest-France, 18 septembre 2014 ; « Un plancton vorace repéré à Tatihou », Ouest-France, 23 septembre 2014.
  13. « Petite escapade sur l'île de Tatihou », Dimanche Ouest-France, supplément « Balades en Normandie », 6 mai 2012.

Liens internes

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Liens externes