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Mur de l'Atlantique

De Wikimanche

Fortifications allemandes à Cherbourg.

Le Mur de l'Atlantique est une construction de défense réalisée par l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale, spécialement le long des côtes de Normandie, et donc tout le long du littoral du département de la Manche.

Histoire

Les Allemands décident en 1941 de construire un système fortifié le long des 6 000 km de côtes de l'Europe, de la Norvège à la frontière franco-espagnole. L'organisation en est précisée dans une directive du 14 décembre, souvent considérée comme l'acte officiel de naissance du Mur de l'Atlantique. La construction proprement dite commença à l'automne 1942 et se poursuivit pratiquement jusqu'au débarquement du 6 juin 1944.

Radar de Goury.
Exemple d'obstacle anti-char disposé sur les plages.

L'ouvrage requiert une grande main-d'œuvre (450 000 hommes) que les autorités allemandes trouvent parmi les prisonniers politiques, tels que les républicains espagnols, militants soviétiques et juifs communistes, et au moyen de réquisitions parmi certaines populations comme les Tchèques, les Polonais et les Nord-Africains. Ceux-ci sont envoyés dans le Nord-Cotentin à partir de 1943 pour l'édification des nombreuses installations côtières, abrités dans de grands camps-dortoirs situés à proximité, et recevant quotidiennement pour leur travail deux soupes, une boule de pain et 150 francs[1].

La direction supérieure de la construction (Oberbauleitung) de Cherbourg est créée en 1942 pour prendre en charge le secteur de Granville à Trouville-sur-Mer (Calvados) [2]. Elle avait son siège dans l'Hôtel Atlantique [3].

Le Mur est constitué de batteries d'artillerie côtières de quatre à six canons tirant vers le large, de Widerstandsnester (nid de résistance) placés entre les batteries pour défendre les plages, et de forteresses (Festungen) qui concentrent un maximum de moyens défensifs dans les points stratégiques comme le port de Cherbourg.

Tétraèdres reconstitués sur la plage de Jullouville.

Rommel complète le Mur par des dispositifs de défenses sur les plages (tétraèdres en béton portant des mines plates), l'inondation des marécages, la plantation de pieux (« asperges de Rommel ») dans les champs pouvant voir atterrir des planeurs, le minage des dunes et de l'arrière pays.

Organisation

En France

  • Secteur AOK 1[4] (de Bayonne, Pyrénées-Atlantiques, à Saint-Nazaire, Loire-Atlantique)
  • Secteur AOK 7 (de Saint-Nazaire, Loire-Atlantique, à Caen, Calvados)
  • Secteur AOK 15 (de Cabourg, Calvados, à la frontière belgo-hollandaise)

AOK 7

La 7e armée se charge de ce secteur. Elle est commandée par le général Dollmann. Le quartier général de l'AOK 7 est situé au Mans (Sarthe).

L'AOK 7 est divisé en trois corps d'armée :

  • 25 AK[5] (de Saint-Nazaire, Loire-Atlantique, à Lesneven, Finistère)
  • 74 AK (de Morlaix, Finistère, à Dinard, Ille-et-Vilaine)
  • 84 AK (du Mont-Saint-Michel, Manche, à Ouistreham, Calvados)

84 AK

Le mur à Gatteville

Le 84 AK est divisé en quatre secteurs côtiers de défense :

J1

Les divisions d'infanterie 243 ID et 709 ID sont en charge du secteur J1. Celui-ci est divisé en six sous-secteurs côtiers de défense :

La 319 ID est stationnée dans les îles Anglo-Normandes.

J2

Le groupe côtier de défense de Granville est le KV-GR.

Dans la Manche

La batterie d'Auderville-Haye détruite.

Détruites par les combats, délestées de leurs éléments métalliques au lendemain de la guerre, disparues lors des aménagements, les fortifications demeurent nombreuses dans le paysage manchois. Certains blockhaus sont « échoués » sur les plages du fait de l'érosion des côtes, quelques installations ont été réutilisées comme habitat ou pour un usage professionnel, d'autres comme réserves d'eau le long du Sentier des douaniers par le Conservatoire du littoral, certains pans de béton délaissés sont tagués. En 2015, la Direction régionale des affaires culturelles de Basse-Normandie (Drac) lance une campagne de recensement avec l'espoir de faire inscrire les plages du débarquement normand au patrimoine de l'humanité par l'Unesco[7].

Principaux sites

(à compléter)
D'ouest en est, en suivant la côte
À l'intérieur des terres

Bibliographie

  • Wolfgang Vennegan, De Vauban à Todt, les forteresses de l'Atlantique, impr. ATS -COL, 1943
  • Richard Collier, La Guerre secrète du mur de l'Atlantique, Paris, Presses de la Cité, 1958, 316 p.
  • Rémy Desquesnes, Le Mur de l'Atlantique en Normandie : les batteries d'artillerie côtières allemandes, Bayeux, éd. Heimdal, 1976, 144 p.
  • Yves Barde, La Muraille de Normandie : Le mur de l'Atlantique de Cherbourg au Havre, Charenton, éd. Citédis, 1999, 191 p., rééd. 2003
  • Alain Chazette, Le Mur de l'Atlantique en Normandie, Bayeux, éd. Heimdal, 2001, 80 p.
  • Rémy Desquesnes, 1940-1944, l'histoire secrète du Mur de l'Atlantique : de l'Organisation Todt au débarquement en Normandie, Rouen, éd. des Falaises, 2003, 215 p.
  • Rémy Desquesnes, Le Mur de l'Atlantique du Mont Saint-Michel au Tréport, Rennes, éd. Ouest-France, 2004, 125 p., rééd. 2009
  • Helmut Konrad Von Keusgen, Les Canons de Saint-Marcouf : Les batteries d'Azeville et Crisbecq face à Utah Beach, Bayeux, éd. Heimdal, 2006, 138 p.
  • Philippe Tanne, Batterie de Crisbecq - Album mémorial, Saint-Marcouf, éd. Musée de Crisbecq, 2008, 90 p.
  • Rémy Desquesnes, Le Mur de l'Atlantique, Normandie 1944, Bayeux, OREP, 2008, 32 p.
  • Alain Chazette, Vision du mur de l'Atlantique du Havre à Cherbourg en 80 photos d'exception ou inédites, Vertou, éd. Histoire et fortifications, 2009, 32 p.
  • Alain Chazette, Mur de l'Atlantique - les batteries de côte en Normandie du Havre à Cherbourg, Vertou, éd. Histoire et fortifications, 2011, 272 p.
  • Georges Bernage, Le Mur de l'Atlantique face au débarquement, Bayeux, éd. Heimdal, 2011, 80 p.
  • Alain Chazette, Atlantikwall, Utah Beach - De la baie des Veys à Quinéville, Vertou, éd. Histoire et fortifications, 2012, 80 p.
  • Rémy Desquesnes, Le Mur de l'Atlantique : les batteries d'artillerie, Rennes, éd. Ouest-France, 2012, 143 p.
  • Valentin Schneider, La Batterie d'Azeville - Une garnison allemande en Normandie (1942-1944), Bayeux, éd. OREP, 2014.
  • Rémy Desquesnes, Le Mur de l'Atlantique, Rennes, éd. Ouest-France, 2015, 64 p.
  • Raphaël Deroo, À l'assaut de la Hague. Sur le chemin du mur de l'Atlantique, éd. Isoète,2018

Notes et références

  1. « Requis et forçats du Mur de l'Atlantique », La Presse de la Manche, 2 juin 2009, p. 3.
  2. « L'organisation Todt » (lire en ligne).
  3. Rémy Desquesnes, Le Mur de l'Atlantique en Normandie, éd. Heimdal, 1976.
  4. Armee Ober Kommando : état-major d'armée.
  5. Armee Korps : corps d'armée.
  6. Küsten Verteidigung Untergruppe : sous-groupe côtier de défense.
  7. Ludovic Ameline, La Presse de la Manche, 19 décembre 2015.


Liens internes

Liens externes