Électricité dans la Manche
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Électricité dans la Manche
Histoire
Avant la Première Guerre mondiale, la Manche semble avoir été « l'un des départements les moins avancés » dans l'usage de l'électricité [1]. Certes, l'éclairage public de Cherbourg commence d'être assuré à l'électricité à partir de 1897. Mais « En dehors de Saint-Lô, sa préfecture, deux sous-préfectures seulement sur cinq étaient dotées d'une distribution d'énergie électrique » [1]. Quelques « rares » chefs lieux de canton bénéficient cependant de l'électricité, grâce à la proximité d'une chute d'eau ou à la complaisance d'un industriel [1].
La situation commence à s'améliorer pendant la Première Guerre mondiale. La Société Gaz et eaux de Cherbourg construit une ligne vers le Sud jusqu'à Valognes et Le Ham [1], tandis que la Société des forces motrices de la Sélune, fondée en 1913, crée de toutes pièces des usines hydrauliques et un réseau de distribution pour desservir l'arrondissement d'Avranches et le Mortainais [1]. Mais il n'y a encore rien entre Valognes et Granville [1].
En décembre 1924, les deux sociétés décident de réunir leurs forces en créant L'Électrique de Normandie. Mais la faible densité de la clientèle et sa dissémination compliquent le développement d'un réseau adapté aux besoins qui se font jour. Heureusement, l'intervention financière du Conseil général de la Manche permet de surmonter la difficulté [1]. En 1926, le Conseil général décide d'émettre un emprunt de 7 millions de francs pour l'électrification du département [2].
L'alimentation électrique du département se fait d'abord au moyen de deux lignes principales : Cherbourg-Granville et Cherbourg-Avranches, qui se croisent à Saint-Lô [1]; Granville et Avranches étant déjà reliées entre elles grâce au réseau de la Société des forces motrices de la Sélune. L'ensemble couvre alors 260 km, permettant à « un grand nombre de chefs-lieux de canton » d'être connectés [1]. L'énergie ainsi distribuée est « un courant triphasé à la tension de 30 000 volts » [1].
Consommation
1949 | 1950 | 1951 | 1952 | 1953 | 1954 | 1955 | 1956 | 1957 | 1958 | 1959 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
17 400 | 21 300 | 25 644 | 26 983 | 29 304 | 32 792 | 36 900 | 41 198 | 45 674 | 49 901 | 51 598 |
1949 | 1950 | 1951 | 1952 | 1953 | 1954 | 1955 | 1956 | 1957 | 1958 | 1959 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
28 651 | 31 120 | 34 052 | 35 367 | 37 993 | 40 444 | 44 444 | 49 364 | 54 567 | 61 480 | 65 400 |
Situation en 1960
En 1960, la production électrique haute tension de la Manche se fait selon deux sources [3].
- hydraulique : usine de la Roche-qui-Boit, usine de Vezins, plusieurs petites usines EDF et d'autres appartenant à des personnes privées installées principalement sur la Vire (usine de Candol par exemple) et la Sienne
- thermique : Centrale électrique de Cherbourg
L'ensemble de la production ne couvre que 20 % des besoins du département [3]. Les 80 % manquants sont fournis par le réseau d'interconnexion à partir du poste d'Aube (Orne) qui se trouve à l'intersection des lignes 220 kV reliant, d'une part, la région parisienne à la Bretagne, et, d'autre part, le Nord de la France au Massif central [3].
L'alimentation complémentaire de la Manche est ainsi assurée par les lignes 90 kV Aube-Caen-Cherbourg, passant par Agneaux et Aube-Flers-Vezins et Agneaux [3].
Producteurs indépendants
En 2002, une trentaine de petites centrales hydroélectriques indépendantes fonctionnent dans le département [4]. Une dizaine satisfont à leurs propres besoins, à Contrières, Jullouville, Sourdeval-les-Bois... [4]. Une quinzaine d'autres vendent leur surplus à EDF, pour un total de 7 millions de kilowatts-heures, qu'on trouve à Brouains, Cérences, Condé-sur-Vire, Fourneaux, Gavray (Huet), Hamelin, Isigny-le-Buat, Orval, Percy, Saint-James, Saint-Lô, Saint-Martin-de-Landelles, Saint-Pois, Troigots et Villedieu-les-Poêles [4].
L'arrivée du nucléaire
La mise en service de la Centrale nucléaire de Flamanville, à la fin de 1985, change radicalement la donne. Avec en moyenne annuelle de 15 millions de kilowatts-heure, le département devient autonome et même exportateur. À elle seule, en 2010, l'usine assure 3,8 % de la production électrique française d'origine nucléaire [5].
La naissance de l'éolien
- voir l'article détaillé Éolien dans la Manche
L'émergence de l'hydrolien
- voir l'article détaillé Hydrolien dans la Manche
L'émergence du photovoltaïque
- À partir de 2013, des centrales photovoltaïques voient le jour dans la Manche : à Tirepied avec l'écoparc du Chêne-au-Loup et à Benoistville sur les toits des anciennes serres à tomates [6].
- Début 2020, cinq traqueurs photovoltaïques sont installés derrière la Maison du département à Saint-Lô ; pour un coût de 388 000 €, ils viennent en appui des panneaux solaires déjà sur les toits et fournissant 40 000 kWh/an [7]. Ils produiront 185 000 kWh/an soit 15 % de la consommation du site[7]. L'énergie qu'ils fournissent permettra d'alimenter un électrolyseur qui viendra remplacer la station de recharge à hydrogène utilisée par les véhicules de la collectivité [7].
- En 2023, la municipalité de Valognes projette de faire installer une centrale photovoltaïque dans la zone d’activités d’Armanville, sur 7,2 hectares pour une production annuelle de 8,6 gigawatt/heure [8].
Véhicules électriques
De 2016 à 2018, le syndicat départemental d'énergies de la Manche (Sdem 50) et des collectivités locales équipent 77 communes de bornes de recharge électrique. 129 bornes sont réparties sur le département, à raison d'une tous les 30 km, pour un coût total de 1,397 million d'euros.[9]
Au 1er janvier 2019, plus de 1 000 véhicules électriques sont immatriculés dans la Manche[10].
Notes et références
- ↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 et 1,9 « Électrification de la Manche - L'Électrique de Normandie », L'Information économique et financière, « La Manche », numéro spécial, 28 août 1926, pp. 28-29.
- ↑ « Au Conseil général », Journal de Valognes, 15 mai 1926.
- ↑ 3,0 3,1 3,2 et 3,3 « Énergie », Cherbourg Économique, 3e trimestre 1960.
- ↑ 4,0 4,1 et 4,2 Michel Hébert et Jean-Pierre Lehoussu, La Belle histoire des moulins de la Manche à vent et à eau, éd. Charles Corlet, 2002, p. 109.
- ↑ Patrick Bottois, « Le CNPE de Flamanville veut bien vieillir », L'Usine nouvelle, site internet, 21 mars 2011 (lire en ligne).
- ↑ « Près de 1 000 foyers alimentés par le photovoltaïque à Benoistville (Manche) », Ouest-France.fr, 26 septembre 2013 (ire en ligne).
- ↑ 7,0 7,1 et 7,2 « Des "tournesols solaires" sortent de terre », La Manche Libre, 15 février 2020.
- ↑ « Cotentin. Sur plusieurs hectares, un parc photovoltaïque pourrait voir le jour », La Presse de la Manche, site internet, 18 janvier 2023
- ↑ Anthony Moisson, « Les 129 bornes de recharge électrique installées », Ouest-France, 29 août 2018.
- ↑ Sébastien Brêteau, « Sur la route, les bornes alignent les kilomètres », Ouest-France, 17 octobre 2019.