Actions

Inauguration de la gare maritime de Cherbourg (1933)

De Wikimanche

Cherbourg-Éclair, 31 juillet 1933.

L'inauguration de la gare maritime de Cherbourg est un événement qui a lieu à Cherbourg le 30 juillet 1933.

Albert Lebrun est président de la République depuis un peu plus d'un an lorsqu'il vient inaugurer la nouvelle gare maritime de Cherbourg. Il a 61 ans.

Le Président Lebrun coupe le ruban.

La ville s'est mise en fête pour l'événement [1]. Les rues sont « pavoisées, décorées et fleuries avec autant de goût que d'abondance » [1]. Des arcs de triomphe ont été dressés le long du parcours présidentiel [1]. Des milliers de visiteurs sont accourus de Paris par trains et autobus spéciaux [2].

L'arrivée du Président Lebrun à l'hôtel de ville.

Parti de Paris à 8 h 10, Albert Lebrun arrive en autorail Bugatti en gare de Cherbourg le dimanche 30 juillet 1933 à 11 h 25 [3]. Son automotrice a couvert la distance de 371 km en 3 h 20, soit, souligne la presse, « à une vitesse moyenne de 120 km/h », que le quotidien Le Matin qualifie même de « vertigineuse » [4]. Il a notamment à ses côtés Eugène Frot, ministre de la Marine marchande, le Cherbourgeois Pierre Appell, sous-secrétaire d'État aux Travaux publics et au tourisme, le vice-amiral Georges Durand-Viel, chef d'état-major général représentant le ministre de la Marine, accompagné de l'amiral François Darlan [1]. Au même moment, cent-un coups de canon sont tirés depuis le sommet de la montagne du Roule [1]. Les honneurs sont rendus par un détachement de la Marine nationale tandis que les clairons sonnent « Aux champs » [1]. Le Président est accueilli par Lucien Lachaze, préfet de la Manche, Jules Le Brettevillois, maire de Cherbourg, Charles Delagarde, vice-président du Conseil général de la Manche et le vice-amiral Léon Le Dô, préfet maritime [1].

Le chef de l'État part en cortège automobile jusqu'au monument aux morts du jardin public, où il dépose une « splendide » gerbe de fleurs [1]. Il rejoint ensuite l'hôtel de ville, précédé d'un peloton de gardes-mobiles et de la fanfare du 7e régiment de chasseurs d'Évreux, sous les acclamations d'une foule « énorme » [1]. De nombreuses personnalités l'y attendent, ainsi que Mgr Louvard, évêque de Coutances et Avranches. Le président de la République se réjouit de cette journée passée à Cherbourg « qui doit être pour la France entière sujet de satisfaction et d'orgueil, tant les considérables améliorations apportées à l'équipement de ce port revêtent un caractère national » [4]. L'apparition du Président au balcon de la mairie « provoque une manifestation enthousiaste » [5].

Albert Lebrun gagne ensuite la gare maritime, qu'il découvre par beau temps. Le quotidien Paris-Soir s'enthousiasme : « Elle est ma foi très imposante cette gare blanche et jaune, réalisée grâce aux efforts remarquables d'une Chambre de commerce parmi les plus actives de France, et aussi à la volonté d'un homme, M. Quoniam, son président. C'est au point de vue architectural un chef-d'œuvre moderne, inspiré toutefois des plus beaux thèmes Renaissance. Elle a en outre quelque chose d'agréablement anglais dans l'ordonnance générale des masses. Simple, harmonieuse, elle mérite bien son titre de plus belle gare maritime du monde » [6]. Le chef de l'État coupe le ruban tricolore qui barre l'entrée de l'édifice puis grimpe l'escalier qui l'amène dans le grand hall. Il passe devant « le précieux drakkar du millénaire de Coutances et le buste du bon chansonnier Rossel de Delteil, autour duquel se tiennent quelques Normandes et Normands aux costumes authentiques et aussi des pêcheurs indiscutables comme le très sympathique père Lebrumant (sic) » [1].

À 13 h, Albert Lebrun préside un banquet dans le grand hall qui réunit 700 convives [1]. De nombreuses personnalités étrangères y assistent, notamment Philippe Roy, ministre du Canada, et le comte Oldenburg, ministre du Danemark, ainsi que M. Keena, consul général des États-Unis et le conseiller commercial général des États-Unis et le maire de Southampton [1]. Ouvrant une série de cinq discours, le chef de l'État se félicite de voir Cherbourg doté d'un port de commerce « supérieurement équipé », qui en fait un « magnifique port d'escale et de vitesse » [1]. Il estime que cette réalisation « à la fois audacieuse et magnifique, est un défi lancé à la dureté même des temps » [6]. Le président de la Chambre de commerce Camille Théodore Quoniam, rend hommage, lui, à tous ceux qui ont œuvré pour la réalisation de la gare maritime, et en tout premier à l'architecte René Levavasseur [1]. Les autres discours sont prononcés par Jules Le Brettevillois, maire de Cherbourg, Émile Damecour, doyen du Sénat, Charles Delagarde, vice-président du Conseil général, et Pierre Appell [1], qui souligne le coût du nouvel équipement, « plus de 200 millions de francs, dont l'État supporte moins du quart » [4].

Le banquet terminé, le président de la République se rend dans les galeries extérieures de la gare maritime. De là, « il jette un coup d'œil admiratif sur le port en eau profonde » [3]. C'est l'occasion de mesurer l'importance des travaux engagés pour amener la darse transatlantique jusqu'à une profondeur de 12 m. Il embarque ensuite sur le contre-torpilleur Vauban afin de passer en revue la 2e escadre qui mouille dans la grande rade [1]. Il y a un croiseur, trois torpilleurs, cinq contre-torpilleurs et onze sous-marins [1]. Une salve de vingt-et-un coups de canons est tirée, à laquelle répond la batterie du Homet [1]. Au passage du navire présidentiel, les équipages lancent sept fois le rituel « Vive la République » [1].

À 17 h 45, Albert Lebrun quitte la gare maritime ferroviaire en train pour Paris, salué par la musique du 8e régiment d'infanterie qui joue une dernière fois La Marseillaise, tandis que la batterie du Roule donne une nouvelle salve de 101 coups de canon [1]. « La traversée, à allure ralentie, de la ville de Cherbourg par le train qui longe les quais noirs de monde donne lieu aux ultimes manifestations de la population en l'honneur du chef de l'État » [5]. Le train arrive à Paris, en gare des Invalides, à 23 h 30.

Pendant la visite présidentielle, les Cherbourgeois sont conviés à plusieurs concerts donnés par l'Union lyrique de Cherbourg place de la République, par la musique municipale de Saint-Lô place de la Fontaine et par la musique municipale d'Évreux place du Château [1]. Un concours d'élégance automobile, marqué par la présence de Josette Cortez, Mademoiselle Paris 1933, attire la foule place Napoléon. Le public est également convié à une présentation de mode et à un spectacle donné au théâtre municipal avec la comédienne Suzy Vernon. La journée se conclut par un feu d'artifice tiré depuis la place Napoléon « noire de monde » , suivi par un bal au casino [1].

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 1,15 1,16 1,17 1,18 1,19 1,20 et 1,21 « Chaleureusement acclamé par les populations normandes, le chef de l'État inaugurait hier la gare maritime », L'Ouest-Éclair, 31 juillet 1933.
  2. « Au lendemain des grandes fêtes cherbourgeoises », L'Ouest-Éclair, 1er août 1933.
  3. 3,0 et 3,1 Denys Gardanne, « Albert Lebrun a inauguré hier la gare maritime de Cherbourg, son nouveau port en eau profonde et passé l'escadre en revue », Excelsior, 31 juillet 1933.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 « Le président de la République a inauguré hier les nouveaux bassins et la nouvelle gare maritime de Cherbourg », Le Matin, 31 juillet 1933.
  5. 5,0 et 5,1 Urbain Falaize, « M. Albert Lebrun inaugure les grands travaux de Cherbourg et passe l'escadre en revue », Le Petit Journal, 31 juillet 1933.
  6. 6,0 et 6,1 René Barotte, « M. Albert Lebrun inaugure la gare maritime de Cherbourg et le bassin en eau profonde », », Paris-Soir, 31 juillet 1933.

Lien interne