Musée Thomas-Henry
De Wikimanche
(Redirigé depuis Musée Thomas Henry)
Le musée Thomas-Henry est un musée de beaux-arts situé à Cherbourg-en-Cotentin. Il s'agit du premier musée de beaux-arts de la Manche en terme d'importance des collections [1] et le troisième en Normandie [2]
Installé au sein du centre culturel, le musée municipal regroupe plusieurs collections d'artistes locaux, peintres comme Guillaume Fouace et Jean-François Millet, et sculpteurs tel Armand Le Véel. Il abrite également des œuvres de Fra Angelico, Filippo Lippi, Brueghel, Murillo, et Vernet.
Histoire
Le musée est créé à partir de donations débutées anonymement en 1831 par Thomas Henry, Cherbourgeois devenu critique d'art [3]. Ayant perdu ses deux fils adolescents, il veut permettre l'éducation à l'art des jeunes générations cherbourgeoises [3].
- « En 1831, l'administration fut prévenue qu'une personne qui désirait rester inconnue, avait l'intention de donner à sa ville natale quelques bons tableaux pour servir de modèles à ceux de ses compatriotes qui pourraient avoir le goût de la peinture. On demandait si l'administration municipale voudrait les recevoir et les placer convenablement. La réponse ne pouvait être douteuse. Plusieurs envois ne tardèrent pas à avoir lieu, et bientôt la salle des séances du conseil municipal se trouva remplie. Ce fut alors que le conseil sentit qu'il lui fallait un local approprié à l'importance de cette collection, et que le projet de cette galerie fut arrêté.
- Une année cependant s'était écoulée sans que nous connussions au moins d'une manière certaine le nom de notre bienfaiteur. Malgré les graves présomptions qui nous désignaient celui de M. Henry, et dont la manifestation indirecte arriva plus d'une fois jusqu'à lui, sa modestie le déroba pendant long-temps à l'expression de notre reconnaissance. Il s'aperçut enfin que son secret était pénétré et trop répandu pour qu'il pût en retarder l'aveu.
- Le plan de la galerie projetée lui fut soumis et dès lors il annonça l'intention d'en couvrir tous les murs. L'exécution de cette promesse ne tarda pas à se manifester par de nouveaux envois. Les emplacements manquèrent, et nous fûmes obligés d'entasser ces précieux objets comme des marchandises dans un magasin. » [4].
Le 29 juillet 1835, un musée est constitué à partir de cette donation, composées de 163 peintures de premier ordre, dont les œuvres des primitifs comme Fra Angelico (la Conversion de saint Augustin) et Filippo Lippi (La Mise au tombeau) [3], et de 4 sculptures[5]. On y retrouve Renaissance italienne et flamande, baroque italien, classicisme français, Siècle d'or espagnol, scènes de genre flamandes et hollandaises, paysages néoclassiques, école davidienne[5]... Il est inauguré en l'absence de son bienfaiteur qui, malade, meurt cinq mois plus tard.
Le musée prend place dans une aile de l'hôtel de ville. Quatre ans plus tard, Jean Fleury écrit que « le bienfait de M. Henry commence à porter ses fruits. Une foule de jeunes artistes, qui ignoraient leur vocation ou que le manque de sujets d'étude empêchait de se livrer à la peinture, vont chaque jour travailler au Musée ; ils sont dirigés par des maîtres habiles, et tout fait espérer que les travaux de plusieurs d'entr'eux ne seront pas perdus pour l'art. ». Parmi ses artistes en devenir, on trouve Jean-François Millet qui dès l'inauguration, débute en copiant les toiles du musée [3].
Le fonds est complété par la suite grâce à des dons d’autres Cherbourgeois, dont ceux du capitaine Troude (1844), d'Armand Le Véel, sculpteur et conservateur du musée à partir de 1885 (1906), et la donation de toiles de Millet par la famille Ono (1915). Le musée reçoit également annuellement une œuvre de l'État à partir de 1862 [6]. La municipalité réfléchit en 1905 à déplacer les collections, à l'étroit dans l'hôtel de ville, vers un nouveau bâtiment dans le Parc Emmanuel-Liais, sans mener à bien le projet. En 1906, le don Le Véel prend place dans l'aile gauche du Théâtre de Cherbourg.
Fermé pendant la Seconde Guerre mondiale, il rouvre ses portes en 1949, non sans avoir auparavant procédé à la restauration de nombreux tableaux [7].
En 1965, la ville de Cherbourg dote le musée d'un budget d'acquisition pour pouvoir développer son catalogue, d'abord vers l'élargissement des œuvres de Millet, puis vers d'autres artistes. Elle est aidée également depuis 2001 par une association, la Société des Amis des musées et monuments de Cherbourg et du Cotentin.
Mais le musée est à l'étroit et les conditions réservées à l'accueil des visiteurs laissent à désirer et se dégradent [8].
En 1982, le musée quitte enfin l'Hôtel de ville pour le nouveau centre culturel, rue Vastel.
En 2003, les musées Thomas-Henry et Emmanuel-Liais deviennent gratuits [9].
Le 7 novembre 2004, une salle dédiée à Guillaume Fouace est ouverte. Le niveau supérieur, lui, est réaménagé en 2006.
Le musée ferme en février 2012 pour une durée de quatre ans.
Afin de faire patienter ses visiteurs pendant sa fermeture pour travaux, le musée Thomas-Henry lance à l'été 2012 l'opération intitulée « Le musée fait le mur » [10]. Du 23 juin 2012 au 30 septembre, les rues de la ville s'ornent de trente-et-un tableaux du musée reproduits grandeur nature et dans des encadrements inspirés des cadres anciens [10]. L'opération, une première pour un musée des beaux-arts français, est inspirée d'une expérience menée en 2007 par la National Gallery à Londres (Angleterre) [10].
Il rouvre ses portes le 19 mars 2016 au sein du Quasar [11]. Le nouvel aménagement permet d'accrochage de 400 œuvres contre 300 auparavant, offre plus de places aux arts graphiques, aux vues de la Hague et au legs Le Véel. L'entrée redevient payante [9].
De décembre 2020 à fin octobre 2021, le musée Thomas-Henry prête vingt-cinq de ses tableaux pour des expositions au Japon, dont plusieurs de Jean-François Millet [12].
Collections
Le musée abrite 500 peintures, 800 dessins et estampes, 300 sculptures, ainsi qu'un fonds d'art décoratif et d'ethnographie normande [5].
Les collections sont exposées sur deux étages, soit un total de 2 000 m2 [5].
Fonds Thomas Henry
Liste établie dans Cherbourg et ses environs : nouveau guide du voyageur à Cherbourg, par Jean Fleury et Hippolyte Vallée, 1839
|
|
Fonds Armand Le Véel
Trois cents objets d'arts, statuettes en bronze sur des sujets historiques réalisés par l'artiste et la collection qu'il avait construite autour de son intérêt pour le Moyen Âge [5], sont légués en 1906, exposés dans l'aile ouest du théâtre de Cherbourg, puis mis en réserve jusqu'à la rénovation du musée en 2015-2016.
Collection Jean-François Millet
Le docteur Pierre Ono, neveu de Millet, lègue en 1915 à la ville de Cherbourg une trentaine de portraits des débuts cherbourgeois du peintre, exposés au théâtre du 16 juin au 25 juillet 1915 au profit des malades militaires puis mis en en réserve jusqu'à l'article de Léonce Vaillat, « Vingt toiles de Millet dans un grenier », paru dans L'Illustration du 11 mars 1922. Cette collection a ensuite été complétée. Elle est composée de [14] :
- Portrait de Javain (1841)
- Moïse (autoportrait) (1841)
- Portrait présumé de Madame Ono (vers 1844-1845)
- Bergers d'Arcadie (vers 1842-1843)
- Portrait de Pauline Ono en bleu (vers 1841-1842)
- Autoportrait (1841)
- Portrait de Amand Ono (vers 1841)
- Portrait de femme, une tante de Pauline Ono (vers 1842)
- Le rocher du Castel Vendon (1848)
- Scène dans un parc (vers 1842)
- Lapidation de Saint-Étienne (vers 1837-1840)
- Petit génie de la peinture (vers 1842)
- Le conteur ou Le Conteur arabe
- Pierre Ono, Beau-père de Jean-François Millet (vers 1841)
- Bergère filant (vers 1842-1843)
- Portrait de Mne Veuve Roumy (vers 1842)
- Pauline Ono en déshabillé (1843-1844)
- Académie d'homme nu (1837-1838)
- La justice (vers 1839-1840)
- Portrait de Catherine Lemaire (vers 1845)
- Mme Deslongchamps et sa fille Mme de Vaudiville (1843-1844)
- Portrait de Maître Valmont (1842)
- Portrait d'Alexandre Langevin (1845)
- Portrait d'Augustin Ambroise Langevin (1845)
- Autoportrait à la casquette de laine (vers 1847-48)
- Tentation de Saint-Antoine
- L’amour vainqueur
- La Charité (1858)
En 2014, le musée envoie au Japon 24 toiles et une estampe pour être exposées dans le musée préfectoral de Yamanashi, au Fuchu City Museum de Tokyo et au musée préfectoral de Miyagi, à l'occasion du bicentenaire de la naissance du peintre [15].
En 2014, la municipalité et la Société des Amis des musées et monuments de Cherbourg et du Cotentin acquièrent L'Église de Gréville, encre de Millet datée entre 1866 et 1871. En février 2023, le musée achète pour 30 000 € à la galerie Ambroise Duchemin à Paris une esquisse peinte entre 1837 et 1839, non signée, intitulée « Joseph vendu par ses frères » [16].
Fonds Félix Buhot
- La Falaise, baie de Saint-Malo, étude à l'huile pour l'eau-forte La Falaise, 1886
- La Falaise, eau-forte, 1886
- Nocturne à l'entrée de l'église de Valognes, v. 1872
- Sans titre, bateaux
- Coin d'atelier au 71 Bd de Clichy, 1886-1889, huile sur panneau, legs Wieviorka, 2008
- Enfant assis sur un rocher, legs Wieviorka, 2008
- Morsalines, legs Wieviorka, 2008
- Joueurs de cricket dans le Kent
- Le Poète et la mer
- Le Vieux cheval, 1881, huile sur toile, legs Wieviorka, 2008
- Deux femmes sur la plage de Trouville, 1876, pastel, don SAMMCC 2012
- Les Parasols, 1876,
- Smoke and Fog, 1879, huile sur panneau, legs Wieviorka, 2008
- Sans titre, une maison
- Spleen et Idéal, dessin sur bois, don SAMCC
Autres œuvres
- Le Pompier de Cherbourg, dessin, Henry Monnier, acquisition 2015
- Le Portrait du notable Joseph-Alfred Liais, dessin, Henry Monnier, acquisition 2015
- Les Femmes priant dans l'église de Périers, dessin, Henry Monnier, acquisition 2015
- Jean-Baptiste Isabey, Escalier de la tourelle du Château d’Harcourt (trois versions : 1820 : planche lithographiée par Godefroy Engelmman, dans le Voyage pittoresque en Normandie ; 1822, miniature pour André Piérard ; 1827, huile sur toile), don SAMCC
- La Grande Bergère de Jean-François Millet (dessin préparatoire à l’eau-forte) ou encore l’impressionnante huile sur toile de
- Gaston Bussière, La Révélation, Brünnhilde découvrant Sieglinde et Siegmund,
- Armand Auguste Fréret, La rade de Cherbourg, huile sur toile, don SAMCC 2010
Fréquentation
Année | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 |
Visiteurs | 5 228 | 4 540 | 18 300 | 21 605 | 14 269 | 18 248 | 18 957 | 18 265 | 30 554 | 28 130 |
Année | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 |
Visiteurs | 23 987 | 4 945 | fermé | fermé | fermé | 18 235 | 20 610 | 12 626 | 27 026 | 11 101 |
Source : « Fréquentation des musées », Ministère de la Culture, data.culture.gouv.fr
Conservateurs
...
- 1885- : Armand Le Véel
- 1965-1970 : Lucien Lepoittevin
- 1971-... : Françoise Guéroult
- Blanche Grinbaum
- 1994-2004 : Jean-Luc Dufresne
- 2005-2007 : Émilie Perrier-Robbe
- juillet 2007-2010 : Cécile Binet
- janvier 2010 - ... : Louise Le Gall
- 2020 : Louise Hallet
Biennale du 9e Art
Le musée accueille tous les deux ans la Biennale du 9e art, organisée par l'Artothèque de Cherbourg-Octeville et consacrée chaque fois à un auteur de bandes dessinées.
Les éditions ont été successivement consacrées à Enki Bilal en 2002, François Schuiten et Benoît Peeters en 2004, André Juillard en 2006, Loustal en 2008, Hugo Pratt (2009), Jean Giraud, alias Moebius (2011), Tardi (2013), Winsor McCay (2017), Jack Kirby (2019), Will Eisner (2021) et Nicolas de Crécy (2023).
Bibliographie
- Articles
- « Le tableau de Clouet du musée de Cherbourg », Le Figaro illustré, septembre 1890
- Françoise Guéroult, « Le musée Thomas Henry à Cherbourg », Le Cotentin, éd. Manche-Tourisme, 1977
- Livres
- Notices des tableaux composant le musée de Cherbourg, A. Mouchel, Cherbourg, 1870
- Le musée d’art Thomas-Henry à Cherbourg : les collections et leur histoire, Art de Basse Normandie n°128.
- Thomas Henry, le choix d'un collectionneur : Peintures du musée d'art Thomas-Henry de Cherbourg-Octeville. Honfleur, Musée Eugène Boudin, 2012.
Notes et références
- ↑ « Musée des Beaux-Arts Thomas Henry », Ville de Cherbourg-Octeville, site internet.
- ↑ « Notice n°M0677 », base Museo (musées), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture (voir en ligne)..
- ↑ 3,0 3,1 3,2 et 3,3 France Huser, « Le mécène de la Normandie », Le Nouvel Observateur n° 2022, 6 août 2003.
- ↑ Discours d'inauguration de Nicolas Noël-Agnès, 29 juillet 1895. Cité par Fleury et Vallée, op. cit..
- ↑ 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 Félix Buhot (1847-1898) : Peintre de l’atmosphère, publication du musée Thomas-Henry, 2015.
- ↑ Benjamin Simon, « L'histoire du musée Thomas Henry », www.ville-cherbourg-octeville.fr (lire en ligne) ».
- ↑ «120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009.
- ↑ Lucien Lepoittevin, « Faut-il brûler le musée de Cherbourg ? », Manche, Éditions nouvelles, 1971.
- ↑ 9,0 et 9,1 « Les nouveautés pour l'année 2016 », La Presse de la Manche, 9 février 2016.
- ↑ 10,0 10,1 et 10,2 « Le musée fait le mur », Cherbourg-Octeville Magazine, n° 144, juillet 2012.
- ↑ « Le musée d'art Thomas-Henry a fait peau neuve », Dimanche Ouest-France, 20 mars 2016.
- ↑ Olivier clerc, « Vingt-cinq œuvres du musée Thomas-Henry en partance pour le Japon », Ouest-France, site internet, 4 décembre 2020.
- ↑ Très endommagé, il est mis en réserve dans les années 1950 et restauré en 2015. Il serait d'Antonio dell Castillo ou Juan de Valdès Leal.
- ↑ « Jean-François Millet (1814-1875) », site de la ville de Cherbourg-Octeville.
- ↑ « Le Musée Thomas-Henry prête 25 œuvres de Millet au Japon », Ouest-France, 25 juillet 2014.
- ↑ Émilie Flahaut, « Cherbourg s'enrichit d'une nouvelle toile de Jean-François Millet », France 3-Normandie, site internet, 8 février 2023.
Liens internes
- Peinture dans la Manche
- Catégorie:Tableau du musée Thomas-Henry
- Galerie de tableaux du musée Thomas-Henry
Lien externe
- « Photothèque du Musée », site de la ville de Cherbourg-en-Cotentin