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Jean Fleury

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Jean Fleury.

Jean François Bonaventure Fleury, né à Vasteville le 14 février 1816 [1] et mort à Gréville-Hague le 17 août 1894 [2], est un écrivain régionaliste, littérateur et pédagogue de la Manche.

Il rapporte notamment de nombreuses légendes du Nord-Cotentin.

Biographie

Il est le fils de Sébastien Fleury et de Marie de La Tour.

Né dans une famille modeste de Vasteville, il fait ses études au collège de Cherbourg [3] grâce à une bourse [4]. Grand érudit, il se constitue une grande bibliothèque et apprend en autodidacte les langues étrangères, notamment l'anglais, l'allemand et l'espagnol [3].

Il est professeur à Gisors (Eure). Mais il revient à Cherbourg comme rédacteur en chef au Journal de Cherbourg entre 1837 et 1841. À cette époque, il entre à l'Académie de Cherbourg et publie notamment Traditions populaires des environs de Cherbourg.

Jean Fleury épouse le 27 mai 1843 à Paris, une Cherbourgeoise, Justine Louise Brémont (1817-1868), fille de tonnelier, avec comme témoins Armand de Bricqueville, ami de l'époux, et Jean-François Millet, ami de l'épouse [4].

Devenu professeur à Paris, entre 1842 et 1857, il écrit dans les périodiques fouriéristes Démocratie pacifique et le Journal des mères et des enfants, et participe à l'Encyclopédie du XIXe siècle[5].

Il part à Saint-Pétersbourg, en Russie, avec sa fille en 1857, son épouse, sage-femme restant à Paris où elle meurt en 1868[4]. Il est gouverneur, puis, à partir de 1863, professeur de français et de littérature française, à l'école de droit du 5e collège de Saint-Pétersbourg. Il enseigne également la littérature, l'histoire et la géographie dans plusieurs établissements pour jeunes filles et lycées de la ville. En 1872, il est nommé lecteur en langue et littérature française à l'Université impériale de Russie, poste qu'il garde durant vingt ans. Il publie de nombreux ouvrages largement diffusés, sur la langue et la grammaire françaises, et sur les littératures russe et française.

En parallèle, il écrit à partir de 1873, des critiques théâtrales dans le Journal de Saint-Pétersbourg. ll est aussi correspondant du Figaro, de la Revue internationale et de la Revue universelle. Il publie également dans Les Mémoires de la Société de linguistique et la Revue pédagogique.

Il se remarie en 1875 à Saint-Pétersbourg avec la Grévillaise Henriette Alexandrine Léger (1841-) [4].

Il garde ses attaches normandes, publiant trois ouvrages sur le patrimoine culturel du Cotentin, et plus spécifiquement de la Hague : Traditions populaires des environs de Cherbourg (1840), Essai sur le patois de la Hague (1886) et Littérature orale de Basse-Normandie (1889). La Bibliothèque municipale de Cherbourg-Octeville abrite 22 de ses ouvrages [6]

Il rentre en France en 1892, et meurt le 17 août 1894 chez sa femme, à Gréville. Son décès figure au registre d'état civil de la commune tel quel : « Fleury Jean, François, Bonaventure âgé de 78 ans et demi, né à Vasteville, domicilié en Russie à Saint Pétersbourg, résidant momentanément à Gréville chez son épouse Léger Alexandrine, hameau de Gruchy, lecteur émérite en langues et littérature française à l'université impériale de St-Pétersbourg, conseiller d'État, chevalier de la légion d'honneur, officier d'Académie, commandeur des ordres de saint Stanislas et de sainte Anne, est décédé en la maison de son épouse [7]. »

Sur sa tombe, au cimetière de Gréville-Hague, on peut lire un de ses poèmes :

Quand vous m'aurez conduit au cimetière...
N'entourez mon tombeau que d'objets souriants
De signes de regrets, de cyprès larmoyants
Gardez vous d'attrister ma demeure dernière
Placez-y des lilas aux thyrses ondoyants
Que le zéphyr balance ainsi qu'une crinière
D'humbles fleurs émergeant de ces touffes de lierre
Qui rampe l'hiver même en tapis verdoyant.
Que l'ombre y soit touffue et que l'herbe (y) gazonne,
Que le pinson y chante et la mouche y bourdonne,
Qu'on entende les cris des oiseaux querelleurs.
Loin des prés odorants, loin des coteaux fertiles,
J'ai vécu de longs jours exilé dans les villes,
Laissez moi m'endormir au doux parfum des fleurs

En 1896, sa bibliothèque est léguée à la ville de Cherbourg. Elle comprend 2 100 ouvrages en langue française, 210 en anglais, 87 en italien, 45 en espagnol, 14 en russe et 5 en espagnol [8].

Il est le père de l'écrivaine Henry Gréville (1842-1902).

Sources

Publications

une sélection de ses œuvres :
  • Cherbourg et ses environs : nouveau guide du voyageur à Cherbourg, avec Hippolyte Vallée, Cherbourg, 1839
  • Traditions populaires des environs de Cherbourg, 1840-1841
  • Vie de Bernardin de Saint-Pierre, 1843
  • Krylov et ses fables, Paris, 1862
  • Histoire élémentaire de la littérature française, depuis l'origine jusqu'à nos jours, Paris, Plon, 1867-1890
  • Du caractère spécial de la langue et de la littérature française, Saint-Pétersbourg, 1873
  • Eléments de cosmographie, Géographie de l'Europe, avec Marie Pape-Carpentier, Paris, Hachette, 1877?
  • Rabelais et ses œuvres, Paris, Librairie académique Didier, 1877
  • Marivaux et le marivaudage, Paris, Plon, 1881
  • Littérature orale de Basse-Normandie, Maisonneuve & Leclerc, Paris, 1883
  • Essai sur le patois de la Hague, Maisonneuve & Leclerc, Paris, 1886
  • Mes Délassements, Saint-Petersbourg, 1887
  • Récits et descriptions, Saint-Pétersbourg, 1887 (en russe et en français)
  • Les Savoisiens dans la littérature française, Annecy, 1888
  • Dictionnaire français illustré des mots et des choses, ou Dictionnaire encyclopédique des écoles, des métiers et de la vie pratique, avec Larive, G. Chamerot, Paris, 1888-1889
  • J.F Millet, Cherbourg, 1890
  • La Grammaire en action, Paris, Borrani, 3 vol. : 1, Principes; 2, Orthographe; 3, Syntaxe (9e éd., 1892)
  • Conseils aux maîtres gui enseignent la langue française en Russie, 1892
  • Les Aspects et les temps, la Conjugaison dans les langues romanes et dans les langues slaves, 1893
  • Le livre du maître. Supplément à toutes les grammaires françaises employées en Russie. Les aspects et les temps de la conjugaison russe et la conjugaison du français et des autres langues romanes. Le subjonctif et le participe, Saint-Pétersbourg, chez les principaux libr., 1893
  • Extrait des meilleurs auteurs français par ordre chronologique et Analyse et extraits des chefs d'œuvre de la langue française de 1600 à nos jours, Saint-Pétersbourg
  • Extraits des Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, Cherbourg : « Causerie linguistique à propos de la Hague » (1898), « Un peuple retrouvé par la grammaire », « La presqu'île de la Manche et l'archipel anglo-normand : essai sur le patois de ce pays » (1891), « Hippolyte Vallée » (1891)
  • « Le Pays des Margriettes », « La Fille sans mains », « Jacques le voleur », « Merlicoquet », « Le Pauvre et le riche » et « Le Chien » : six contes dans Le grand livre des contes populaires de France, Omnibus, 2007

Hommages

Rue Jean-Fleury à Cherbourg.

Dans sa séance du 6 février 1907, le conseil municipal de Cherbourg décide d'honorer la mémoire de Jean Fleury en donnant son nom à une rue de Cherbourg [9].

En 2014, un buste de Jean Fleury par Marcel Jacques, don d'Henry Gréville prêté par le Musée Thomas-Henry de Cherbourg-en-Cotentin, est inauguré dans la salle du conseil de la mairie de Gréville-Hague.

Distinctions

  • Il est commandeur des ordres russes de Saint-Stanislas et de Sainte-Anne,
  • Il est officier d’académie en France.
  • Il reçoit la Légion d’honneur en 1891 [4].

Bibliographie

  • Alain Bavay, « Jean Fleury, intellectuel de la Hague », Vikland, n° 19, 2016.
  • « Jean Fleury et les traditions populaires », Vikland, n° 26, 2018.

Notes et références

  1. - Acte de naissance (lire en ligne).
  2. - Tables décennales (lire en ligne).
  3. 3,0 et 3,1 Jean-Louis Vaneille, Les Patoisants bas-normands, 1re série, , éd. de Scripta, sd (1952).
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 Bernard Desmars, « Fleury, Jean (François Bonaventure) », Dictionnaire biographique du fouriérisme, notice mise en ligne en avril 2015, consultée le 17 février 2017 (lire en ligne).
  5. Henri Jouve, Dictionnaire biographique des notabilités de la Manche, 1894.
  6. Selon le Catalogue collectif normand (lire en ligne).
  7. Site officiel de Gréville-Hague, consulté le 16 septembre 2010 (lire en ligne).
  8. Émile Avoine, Centenaire de la bibliothèque de Cherbourg, impr. Périgault, 1932.
  9. Revue de Cherbourg et de la Basse-Normandie, n° 4, 15 février 1907.

Articles connexes

Lien externe