« Barrage de Vezins » : différence entre les versions

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Le barrage de Vezins est une ancienne infrastructure de la Manche, située à Isigny-le-Buat.

C'est un barrage à voûtes multiples et à contreforts, en béton armé, construit sur la Sélune, sur le territoire de l'ancienne commune de Vezins. Il alimente une centrale hydroélectrique.

Histoire

Les dix millions de kilowatts-heure fournis par la centrale du barrage de la Roche-qui-Boit mis en service en 1920 s'avèrent insuffisants pour satisfaire une demande croissante et fournir en électricité les usines de chaussures de Fougères (Ille-et-Vilaine) ^[1]. Aussi, la Société des forces motrices de la Sélune demande une concession pour édifier une autre centrale en amont.

Les travaux à entreprendre sont déclarés d'utilité publique le 7 décembre 1927, ils entraînent la destruction du barrage du moulin de Vezins, et la submersion des ponts des Biards et de Virey qu'il faudra remplacer. Pour compenser les difficultés aux migrations des poissons, le concessionnaire doit fournir des alevins et si nécessaire établir et entretenir une échelle à poissons ^[2].

Les travaux commencent en 1929 et s'achèvent en 1932. Ils sont dirigés par Louis Pelnard-Considère (1875-1955) et Albert Caquot (1881-1976), ingénieurs, pour le compte de la Société des forces motrices de la Sélune. La construction du barrage et de l'usine hydroélectrique nécessitent 2 000 tonnes de fer, 10 000 tonnes de ciment et plus de 25 000 m³ de pierres ^[1]. Pour franchir la vallée inondée, on construit le pont des Biards et celui de la République en 1930 et 1931.

Le barrage de Vezins joue un rôle stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale puisqu'il fournit en électricité l’arsenal de Cherbourg et sa base de sous-marins. Un contingent de soldats allemands vient donc le protéger ainsi que celui de la Roche-qui-Boit ^[3]. Le barrage subit deux attaques aériennes anglaises l'une en 1942, l'autre en 1943, elles s'avèrent inefficaces ^[3].

Le 15 janvier 1944, des résistants, dont Alphonse et Fernand Davy, sabotent deux transformateurs, retardant ainsi la construction du Mur de l'Atlantique ^[3].

À la Libération de Vezins, le 31 juillet 1944, un avion allemand tente de s'attaquer aux voûtes des barrages pour inonder la basse vallée de la Sélune et retarder l'avancée américaine. Il est abattu par la DCA américaine ^[3].

Fin août 1944, des jeunes des Forces Françaises Intérieures assurent la garde des ouvrages ^[3].

Le barrage est vidangé la première fois en 1952 puis en 1982 et 1993 ^[4].

Le barrage de la Roche-qui-Boit est considéré, pour le barrage de Vezins, comme un barrage « de compensation ».

Description

Le barrage combine une quarantaine de voûtes multiples et des contreforts ^[5]. Il mesure 35 m de haut et 278 m de long. Sa capacité est de 19 millions de mètres cubes ^[6].

Le lac de retenue mesure 19 km de long et couvre 200 hectares. Une base de loisirs y est aménagée.

L'usine est équipée de trois groupes de 4 500 kvA, soit environ 12 000 kW et peut fournir 22 millions de kWh en année moyenne ^[6].

Vue en aval.
La centrale.
Les voûtes en amont.
Le lac de retenue.

Risques

Un plan particulier d'intervention (PPI) a été conçu, qui prend en compte les risques d'une rupture du barrage. Onze communes sont concernées : Céaux, Les Chéris, Ducey, Isigny-le-Buat, Poilley, Pontaubault, Saint-Aubin-de-Terregatte, Saint-Laurent-de-Terregatte, Saint-Martin-des-Champs, Saint-Quentin-sur-le-Homme et Le Val-Saint-Père.

La déconstruction

Le 13 novembre 2009, Chantal Jouanno, secrétaire d'État à l'Écologie, annonce à Lisieux (Calvados) la suppression des barrages de Vezins et de La Roche-qui-boit, dans le cadre d'un « plan d'action national pour la restauration de la continuité écologique des cours d'eau » ^[7]. Elle indique qu'elle a demandé au préfet de la Manche d'« engager des opérations d'effacement des deux barrages et d'établir avec les acteurs locaux un plan d'accompagnement technique et financier des collectivités impactées ». Pour la secrétaire d'État, le barrage de Vezins présente « une impossibilité d'aménagement pour la montaison et la dévalaison des poissons migrateurs, en particulier des saumons, alors que la rivière [la Sélune] est classée en ce sens ».

Une opposition s'organise rapidement contre ce projet, d'un coût estimé « à 170 millions d'euros », qui menacerait « 800 emplois directs ou induits » ^[8]. Une association « Les Amis du barrage de Vezins » est créée, dont John Kaniowski est élu président.

En février 2012, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Écologie, confirme aux élus que les barrages sur la Sélune seront bien détruits ^[9]. Elle précise que les opérations d'accompagnement seront mises en œuvre entre 2013 et 2015 et que les opérations de vidage, de gestion des boues et d'arasement s'étaleront de 2015 à 2018 ^[9].

Le 4 décembre 2014, à Isigny-le-Buat, Ségolène Royal, ministre de l'Écologie et du Développement durable, rencontre les opposants à la destruction ^[10]. Sans remettre en cause la décision de Chantal Jouanno, elle trouve « chers » les « 38 millions d'euros » prévus pour l'arasement, auxquels doivent s'ajouter « 15 millions » pour la restauration du site et annonce qu'elle va lancer de nouvelles études ^[10].

L'Association des amis du barrage organise une consultation auprès de la population locale : 98,9 % des votes sont en faveur du maintien du barrage, alors qu'une enquête publique effectuée à l'automne 2014 n'annonçait que 47 % de votes favorables ; le député [Guénhaël Huet]] remet les résultats à la ministre de l'Écologie Ségolène Royal < ^[11].

Le 14 novembre 2017, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, confirme l'arasement des barrages de la Roche-qui-boit et de Vezins ^[12]. La déconstruction du barrage de Vezins est prévue du printemps 2018 à l'automne 2019 ^[12]. EDF poursuit la gestion des ouvrages pour le compte de l'État jusqu'à la fin des travaux qui sont financés par l'Agence de l'eau Seine-Normandie ^[12].

La vidange du lac, préliminaire à l'arasement du barrage est terminée le 2 septembre 2018 ^[13]. Auparavant, 500 000 m³ de sédiments potentiellement pollués ont été stockés sur place ; en novembre, le barrage est partiellement remis en eau pour une meilleure gestion de la structure en cas de crues hivernales ^[14]. Le 29 octobre 2018, Jean-Marc Sabathé, préfet de la Manche signe les arrêtés autorisant la destruction des barrages de Vezins et de la Roche-qui-Boit. L'Association des amis du barrage s'apprête à former des recours en justice, complétant ceux déjà introduits par Bernard Pinel ^[14].

Le 1^er avril 2019, les premiers engins de chantier viennent installer la base nécessaire à la destruction des bâtiments et du barrage ^[15].

Le 20 mai 2019, la maison des directeurs est déconstruite. Le 22 mai, c'est au tour de la base du barrage d'être perforée, une scie circulaire est mise en place pour découper le bas de la voûte afin d'effectuer la brèche. Des militants interviennent pour faire stopper les travaux qui vont à l'encontre de l'arrêté du préfet de la Manche qui stipule dans son article 2.2 que « les travaux débuteront par la déconstruction du bâtiment de l'usine avant tous travaux sur le barrage lui-même ».

Parallèlement à la démolition du barrage, deux plateformes de concassage sont installées en septembre par l'entreprise Charier TP pour transformer et stocker sur le site 83 000 tonnes de béton ^[16].

En aval (novembre 2019).
En amont (novembre 2019).
Panneaux protestataires.
En janvier 2020.

Initialement prévue en octobre 2019, la démolition ne s'achève qu'à la fin de 2020. C'est alors « le plus grand ouvrage hydroélectrique européen démantelé » ^[5].

Galerie de photographies

Les vidanges du barrage de Vezins
1952, première vidange du lac.
Avril 1982.
Juillet 1982.
Septembre 1982.
Septembre 1982.
Barrage de Vezins printemps, 1993.
1993. Vers la pointe du lac.
1993, le pont Romain.
Avril 1993, le lac vide.
Juillet 1993.
Juillet 1993.
Les 20 ans d'Isigny Son et Lumière, 1993.

Localisation

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Bibliographie

Jean-Pierre Buisson, « Faut-il raser le barrage de Vezins ? », Ouest-France, 12 mars 2009
Michel Coupard, « Le barrage de Vezins, œuvre remarquable d'Albert Caquot », Revue de l'Avranchin, t. 88, décembre 2011, p. 553-563

Notes et références

↑ ^1,0 et ^1,1 « Les grands travaux d'électrification du Sud de la Manche et du Nord de l'Ille-et-Vilaine », L'Ouest-Éclair, 13 octobre 1931.
↑ Journal officiel de la République, 7 décembre 1927, p. 12331-12338 (lire en ligne).
↑ ^3,0 ^3,1 ^3,2 ^3,3 et ^3,4 « Comment le barrage de Vezins a survécu à la Seconde Guerre mondiale », La Gazette de la Manche, 6 juin 2018 (lire en ligne).
↑ « Des barrages presque centenaires », Ouest-France, 11 janvier 2012.
↑ ^5,0 et ^5,1 Mauricette Guittard, « Adieu vezins, le plus haut barrage d'Europe démoli en 2019 », Ouest-France, 14 mai 2021.
↑ ^6,0 et ^6,1 André Journaux, « L'électricité en Basse-Normandie - Étude de géographie économique », Norois, n° 6, avril-mai 1955, p. 148.
↑ Mauricette Guittard, « Les barrages du sud-Manche vont être détruits », Ouest-France, 13 novembre 2009.
↑ Mauricette Guittard, « Les barrages du sud-Manche source de conflits », Dimanche Ouest-France, 13 décembre 2009.
↑ ^9,0 et ^9,1 « Barrages sur la Sélune détruits en 2018 », Ouest-France, 22 février 2012.
↑ ^10,0 et ^10,1 Xavier Oriot, « Au Mont, Ségolène Royal démine le terrain », Ouest-France, 5 décembre 2014.
↑ Ouest-France, 2 décembre 2015.
↑ ^12,0 ^12,1 et ^12,2 « Vallée de la Sélune : la mort des barrages est signée », La Gazette de la Manche, 15 novembre 2017.
↑ « La vidange du lac de Vezins est achevée », Ouest-France, 3 septembre 2018.
↑ ^14,0 et ^14,1 Mauricette Guitard, « Arasement : les Amis du barrage iront en justice. », Ouest-France, 2 novembre 2018.
↑ Raphaëlle Besançon, « Les travaux du barrage de Vezins ont finalement commencé », France 3 Normandie, site internet, 1^er avril 2019 (lire en ligne).
↑ « Un site de concassage pour traiter 83 000 tonnes de béton », La Gazette de la Manche, 21 août 2019.

Liens internes

Liens externes

Fonds du barrage de Vezins aux Archives départementales de la Manche
Sur Structurae

[OE-1] 1,0 et ^1,1 « Les grands travaux d'électrification du Sud de la Manche et du Nord de l'Ille-et-Vilaine », L'Ouest-Éclair, 13 octobre 1931.

[2] Journal officiel de la République, 7 décembre 1927, p. 12331-12338 (lire en ligne).

[gazette2018-3] 3,0 ^3,1 ^3,2 ^3,3 et ^3,4 « Comment le barrage de Vezins a survécu à la Seconde Guerre mondiale », La Gazette de la Manche, 6 juin 2018 (lire en ligne).

[4] « Des barrages presque centenaires », Ouest-France, 11 janvier 2012.

[OF4-5] 5,0 et ^5,1 Mauricette Guittard, « Adieu vezins, le plus haut barrage d'Europe démoli en 2019 », Ouest-France, 14 mai 2021.

[Norois1-6] 6,0 et ^6,1 André Journaux, « L'électricité en Basse-Normandie - Étude de géographie économique », Norois, n° 6, avril-mai 1955, p. 148.

[7] Mauricette Guittard, « Les barrages du sud-Manche vont être détruits », Ouest-France, 13 novembre 2009.

[8] Mauricette Guittard, « Les barrages du sud-Manche source de conflits », Dimanche Ouest-France, 13 décembre 2009.

[OF1-9] 9,0 et ^9,1 « Barrages sur la Sélune détruits en 2018 », Ouest-France, 22 février 2012.

[OF2-10] 10,0 et ^10,1 Xavier Oriot, « Au Mont, Ségolène Royal démine le terrain », Ouest-France, 5 décembre 2014.

[11] Ouest-France, 2 décembre 2015.

[LGM1-12] 12,0 ^12,1 et ^12,2 « Vallée de la Sélune : la mort des barrages est signée », La Gazette de la Manche, 15 novembre 2017.

[13] « La vidange du lac de Vezins est achevée », Ouest-France, 3 septembre 2018.

[MG-14] 14,0 et ^14,1 Mauricette Guitard, « Arasement : les Amis du barrage iront en justice. », Ouest-France, 2 novembre 2018.

[15] Raphaëlle Besançon, « Les travaux du barrage de Vezins ont finalement commencé », France 3 Normandie, site internet, 1^er avril 2019 (lire en ligne).

[16] « Un site de concassage pour traiter 83 000 tonnes de béton », La Gazette de la Manche, 21 août 2019.

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-[[Fichier:Barrage de Vezins.jpg|thumb|right|280px|''Le barrage de Vezins.'']]
+[[Fichier:Barrage de Vezins.jpg|thumb|right|350px|''Le barrage de Vezins.'']]
-Le '''barrage de Vezins''' est une infrastructure de la [[Manche]], située à [[Isigny-le-Buat]].
+Le '''barrage de Vezins''' est une ancienne infrastructure de la [[Manche]], située à [[Isigny-le-Buat]].
-Il s'agit d'un barrage à voûtes multiples et à contreforts, en béton armé.
+C'est un barrage à voûtes multiples et à contreforts, en béton armé, construit sur la [[Sélune]], sur le territoire de l'ancienne commune de [[Vezins]]. Il alimente une centrale hydroélectrique.
-== Historique ==
+== Histoire ==
-Il est construit sur la [[Sélune]], sur le territoire de l'ancienne commune de [[Vezins]]. Il alimente une centrale hydroélectrique.
+Les dix millions de kilowatts-heure fournis par la centrale du [[barrage de la Roche-qui-Boit]] mis en service en [[1920]] s'avèrent insuffisants pour satisfaire une demande croissante et fournir en électricité les usines de chaussures de Fougères (Ille-et-Vilaine) <ref name = OE>« Les grands travaux d'électrification du Sud de la Manche et du Nord de l'Ille-et-Vilaine », ''L'Ouest-Éclair'', 13 octobre 1931.</ref>. Aussi, la [[Société des forces motrices de la Sélune]] demande une concession pour édifier une autre centrale en amont.
-[[Fichier:1952 Pont des Biards avant la vidange.jpg|thumb|right|300px|''Le pont des Biard avant la vidange'']]
-Les travaux commencent en [[1929]] et s'achèvent en [[1932]]. Ils sont dirigés par Louis Pelnard-Considère ([[1875]]-[[1955]]) et Albert Caquot ([[1881]]-[[1976]]), ingénieurs, pour le compte de la Société des forces motrices de la Sélune. Le barrage est mis en eau la même année.
+Les travaux à entreprendre sont déclarés d'utilité publique le [[7 décembre]] [[1927]], ils  entraînent la destruction du barrage du moulin de Vezins, et la submersion des ponts [[Les Biards|des Biards]] et de [[Virey]] qu'il faudra remplacer. Pour compenser les difficultés aux migrations des poissons, le concessionnaire doit fournir des alevins et si nécessaire établir et entretenir une échelle à poissons  <ref>''Journal officiel de la République'', 7 décembre 1927, p. 12331-12338  [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6528870v/f49.image ''(lire en ligne)''].</ref>.
+Les travaux commencent en [[1929]] et s'achèvent en [[1932]]. Ils sont dirigés par Louis Pelnard-Considère ([[1875]]-[[1955]]) et [[Albert Caquot]] ([[1881]]-[[1976]]), ingénieurs, pour le compte de la [[Société des forces motrices de la Sélune]]. La construction du barrage et de l'usine hydroélectrique nécessitent {{unité|2000|tonnes}} de fer, {{unité|10000|tonnes}} de ciment et plus de {{unité|25000|m|3}} de pierres <ref name = OE/>. Pour franchir la vallée inondée, on construit le [[pont des Biards]] et [[Pont de la République|celui de la République]] en [[1930]] et [[1931]].
+Le barrage de Vezins joue un rôle stratégique pendant la [[Seconde Guerre mondiale]] puisqu'il fournit en électricité l’[[arsenal de Cherbourg]] et sa base de sous-marins. Un contingent de soldats allemands vient donc le protéger ainsi que celui de la Roche-qui-Boit <ref name=gazette2018>« Comment le barrage de Vezins a survécu à la Seconde Guerre mondiale », ''La Gazette de la Manche'', 6 juin 2018  [https://actu.fr/normandie/isigny-le-buat_50256/74e-d-day-comment-barrage-vezins-survecu-seconde-guerre-mondiale_17152233.html ''(lire en ligne)''].</ref>. Le barrage subit deux attaques aériennes anglaises l'une en [[1942]], l'autre en [[1943]], elles s'avèrent inefficaces <ref name=gazette2018/>.
+Le [[15 janvier]] [[1944]], des résistants, dont [[Alphonse Davy|Alphonse]] et [[Fernand Davy]], sabotent deux transformateurs, retardant ainsi la construction du [[Mur de l'Atlantique]] <ref name=gazette2018/>.
+À la Libération de Vezins, le [[31 juillet]] [[1944]], un avion allemand tente de s'attaquer aux voûtes des barrages pour inonder la basse vallée de la Sélune et retarder l'avancée américaine. Il est abattu par la DCA américaine <ref name=gazette2018/>.
+Fin août 1944, des jeunes des Forces Françaises Intérieures assurent la garde des ouvrages <ref name=gazette2018/>.
+Le barrage est vidangé la première fois en [[1952]] puis en [[1982]] et [[1993]] <ref>« Des barrages presque centenaires », ''Ouest-France'', 11 janvier 2012. </ref>.
 Le [[barrage de la Roche-qui-Boit]] est considéré, pour le barrage de Vezins, comme un barrage « de compensation ».
-Il est vidangé la première fois [[1952]] puis en  [[1982]] et le 16 avril [[1993]] <ref>« Des barrages presque centenaires », ''Ouest-France'', 11 janvier 2012. </ref>.
 == Description ==
-[[Fichier:FranceNormandieVezinsStLaurentDeTerregatteLac.jpg|thumb|right|220px|''Le lac de retenue.'']]
+Le barrage combine une quarantaine de voûtes multiples et des contreforts <ref name=OF4>Mauricette Guittard, « Adieu vezins, le plus haut barrage d'Europe démoli en 2019 », ''Ouest-France'', 14 mai 2021. </ref>. Il mesure {{unité|35|m}} de haut et {{unité|278|m}} de long. Sa capacité est de {{unité|19|millions}} de mètres cubes <ref name=Norois1>André Journaux, « L'électricité en Basse-Normandie - Étude de géographie économique », ''Norois'', n° 6, avril-mai 1955, p. 148. </ref>.
-Il mesure 35 m de haut et 278 m de long. Sa capacité est de 19 millions de mètres cubes.
-Le lac de retenue mesure 19 km de long et couvre 200 hectares. Une base de loisirs y a été aménagée.
+Le lac de retenue mesure {{unité|19|km}} de long et couvre {{unité|200|hectares}}. Une [[Base de loisirs La Mazure|base de loisirs]] y est aménagée.
-La puissance maxima de la centrale électrique installée est de 12 600 kW.
+L'usine est équipée de trois groupes de {{unité|4500|kvA}}, soit environ {{unité|12000|kW}} et peut fournir {{unité|22|millions}} de kWh en année moyenne <ref name=Norois1/>.
-[[Fichier:Vue du barrage.JPG|thumb|left|220px|]]
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+Fichier:Vezins-barrage4.jpg|Vue en aval.
+Fichier:Vue du barrage.JPG|La centrale.
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+Fichier:FranceNormandieVezinsStLaurentDeTerregatteLac.jpg|Le lac de retenue.
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 == Risques ==
+[[Fichier:Zone submersible commune Ducey.jpg|220px|thumb|right|Ancien plan ORSEC à partir des années 1980 source Archives communales Ducey.]]
+Un plan particulier d'intervention (PPI) a été conçu, qui prend en compte les risques d'une rupture du barrage. Onze communes sont concernées : [[Céaux]], [[Les Chéris]],  [[Ducey]], [[Isigny-le-Buat]], [[Poilley]], [[Pontaubault]], [[Saint-Aubin-de-Terregatte]], [[Saint-Laurent-de-Terregatte]], [[Saint-Martin-des-Champs]], [[Saint-Quentin-sur-le-Homme]] et [[Le Val-Saint-Père]].
-Un plan particulier d'intervention (PPI) a été conçu, qui prend en compte les risques d'une rupture du barrage. Onze communes sont concernées : [[Céaux]], [[Les Chéris]],  [[Ducey]], [[Isigny-le-Buat]], [[Poilley]], [[Pontaubault]], [[Saint-Aubin-de-Terregatte]], [[Saint-Laurent-de-Terregatte]], [[Saint-Martin-des-Champs]], [[Saint-Quentin-sur-le-Homme]] et [[Le Val-Saint-Père]].
+== La déconstruction ==
+Le [[13 novembre]] [[2009]], Chantal Jouanno, secrétaire d'État à l'Écologie, annonce à Lisieux (Calvados) la suppression des barrages de Vezins et de La Roche-qui-boit, dans le cadre d'un « plan d'action national pour la restauration de la continuité écologique des cours d'eau » <ref>Mauricette Guittard, « Les barrages du sud-Manche vont être détruits », ''Ouest-France'', 13 novembre 2009. </ref>. Elle indique qu'elle a demandé au préfet de la Manche d'« engager des opérations d'effacement des deux barrages et d'établir avec les acteurs locaux un plan d'accompagnement technique et financier des collectivités impactées ». Pour la secrétaire d'État, le barrage de Vezins présente « une impossibilité d'aménagement pour la montaison et la dévalaison des poissons migrateurs, en particulier des saumons, alors que la rivière [la Sélune] est classée en ce sens ».
+Une opposition s'organise rapidement contre ce projet, d'un coût estimé « à {{unité|170|millions}} d'euros », qui menacerait « 800 emplois directs ou induits » <ref>Mauricette Guittard, « Les barrages du sud-Manche source de conflits », ''Dimanche Ouest-France'', 13 décembre 2009. </ref>. Une association « Les Amis du barrage de Vezins » est créée, dont John Kaniowski est élu président.
+En février [[2012]], [[Nathalie Kosciusko-Morizet]], ministre de l'Écologie, confirme aux élus que les barrages sur la [[Sélune]] seront bien détruits <ref name=OF1>« Barrages sur la Sélune détruits en 2018 », ''Ouest-France'', 22 février 2012. </ref>. Elle précise que les opérations d'accompagnement seront mises en œuvre entre [[2013]] et [[2015]] et que les opérations de vidage, de gestion des boues et d'arasement s'étaleront de 2015 à [[2018]] <ref name=OF1/>.
+Le [[4 décembre]] [[2014]], à [[Isigny-le-Buat]], Ségolène Royal, ministre de l'Écologie et du Développement durable, rencontre les opposants à la destruction <ref name=OF2>Xavier Oriot, « Au Mont, Ségolène Royal démine le terrain », ''Ouest-France'', 5 décembre 2014. </ref>. Sans remettre en cause la décision de Chantal Jouanno, elle trouve « chers » les « {{unité|38|millions}} d'euros » prévus pour l'arasement, auxquels doivent s'ajouter « {{unité|15|millions}} » pour la restauration du site et annonce qu'elle va lancer de nouvelles études <ref name=OF2/>.
-[[Fichier:Zone submersible commune Ducey.jpg|220px|thumb|right|''ancien plan ORSEC à partir des années 80 - sources Archives communales Ducey'']]
+L'Association des amis du barrage organise une consultation auprès de la population locale : 98,9 % des votes sont en faveur du maintien du barrage, alors qu'une enquête publique effectuée à l'automne [[2014]] n'annonçait que 47 % de votes favorables ; le député [Guénhaël Huet]] remet les résultats à la ministre de l'Écologie Ségolène Royal < <ref>''Ouest-France'', 2 décembre 2015.</ref>.
-== Vers sa suppression ==
+Le [[14 novembre]] [[2017]], Nicolas Hulot, ministre  de la Transition écologique et solidaire, confirme  l'arasement des barrages de la Roche-qui-boit et de Vezins <ref name=LGM1>« Vallée de la Sélune : la mort des barrages est signée », ''La Gazette de la Manche'', 15 novembre 2017.</ref>. La déconstruction du barrage de Vezins est prévue du printemps 2018 à l'automne 2019 <ref name=LGM1/>. EDF poursuit la gestion des ouvrages pour le compte de l'État jusqu'à la fin des travaux qui sont financés par l'Agence de l'eau Seine-Normandie <ref name=LGM1/>.
-Le 13 novembre [[2009]], Chantal Jouanno, secrétaire d'État à l'Écologie, annonce à Lisieux (Calvados) la suppression des barrages de Vezins et de La Roche-qui-boit, dans le cadre d'un « plan d'action national pour la restauration de la continuité écologique des cours d'eau » <ref>Mauricette Guittard, « Les barrages du sud-Manche vont être détruits », ''Ouest-France'', 13 novembre 2009. </ref>. Elle indique qu'elle a demandé au préfet de la Manche d'« engager des opérations d'effacement des deux barrages et d'établir avec les acteurs locaux un plan d'accompagnement technique et financier des collectivités impactées ». Pour la secrétaire d'État, le barrage de Vezins présente « une impossibilité d'aménagement pour la montaison et la dévalaison des poissons migrateurs, en particulier des saumons, alors que la rivière [la Sélune] est classée en ce sens ».
+La vidange du lac, préliminaire à l'arasement du barrage est terminée le 2 septembre [[2018]] <ref>« La vidange du lac de Vezins est achevée », ''Ouest-France'', 3 septembre 2018.</ref>. Auparavant, {{unité|500000|m|3}} de sédiments  potentiellement pollués ont été stockés sur place ; en novembre, le barrage est partiellement remis en eau pour une meilleure gestion de la structure en cas de crues hivernales <ref name = MG>Mauricette Guitard, « Arasement : les Amis du barrage iront en justice. », ''Ouest-France'', 2 novembre 2018.</ref>. Le [[29 octobre]] [[2018]], [[Jean-Marc Sabathé]], préfet de la Manche signe les arrêtés autorisant la destruction des barrages de Vezins et [[Barrage de la Roche-qui-Boit|de la Roche-qui-Boit]]. L'Association  des amis du barrage s'apprête à former des recours en justice, complétant ceux déjà introduits par [[Bernard Pinel]] <ref name = MG/>.
-Une opposition s'organise rapidement contre ce projet, d'un coût estimé « à 170 millions d'euros », qui menacerait « 800 emplois directs ou induits » <ref>Mauricette Guittard, « Les barrages du sud-Manche source de conflits », ''dimanche Ouest-France'', 13 décembre 2009. </ref>. Une association « Les Amis du barrage de Vezins » est créée, dont John Kaniowski est élu président
+Le {{Date|1|avril|2019}}, les premiers engins de chantier viennent installer la base nécessaire à la destruction des bâtiments et du barrage <ref>Raphaëlle Besançon, « Les travaux du barrage de Vezins ont finalement commencé », ''France 3 Normandie'', site internet, {{1er}} avril 2019 [https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/travaux-du-barrage-vezins-ont-finalement-commence-1648360.html ''(lire en ligne)''].</ref>.
-En février [[2012]], [[Nathalie Kosciusko-Morizet]], ministre de l'Écologie, confirme aux élus que les barrages sur la [[Sélune]] seront bien détruits <ref name=OF1>« Barrages sur la Sélune détruits en 2018 », ''Ouest-France'', 22 février 2012. </ref>. Elle précise que les opérations d'accompagnement seront mis en œuvre entre [[2013]] et [[2015]] et que les opérations de vidage, de gestion des boues et d'arasement s'étaleront de 2015 à [[2018]] <ref name=OF1/>.
+Le [[20 mai]] 2019, la maison des directeurs est déconstruite. Le [[22 mai]], c'est au tour de la base du barrage d'être perforée, une scie circulaire est mise en place pour découper le bas de la voûte afin d'effectuer la brèche. Des militants interviennent pour faire stopper les travaux qui vont à l'encontre de l'arrêté du préfet de la Manche qui stipule dans son article 2.2 que « les travaux débuteront par la déconstruction du bâtiment de l'usine avant tous travaux sur le barrage lui-même ».
-== Galerie de photographies ==
+Parallèlement à la démolition du barrage, deux plateformes de concassage sont installées en septembre par l'entreprise Charier TP pour transformer et stocker sur le site {{unité|83000|tonnes}} de béton <ref>« Un site de concassage pour traiter 83 000 tonnes de béton », ''La Gazette de la Manche'', 21 août 2019.</ref>.
-<center><gallery perrow="4" caption="Les vidanges du barrage de Vezins." style="text-align:center">
+<gallery mode=packed >
-Fichier:1952 Pont des Biards Lac vidande.jpg|<small>''1952 1ère vidange du lac''</small>
+Barrage-de-Vezins-en-deconstruction-1.jpg|En aval (novembre 2019).
-Fichier:Avril 1982 Barrage de Vezins.jpg|<small>''Avril 1982.''</small>
+Barrage-de-Vezins-en-deconstruction-2.jpg|En amont (novembre 2019).
-Fichier:Juillet 1982 Barrage de Vezins.jpg|<small>''Juillet 1982.''</small>
+Barrage-Vezins-Panneaux-protestataires.jpg|Panneaux protestataires.
-Fichier:1982 lac de Vezins vidange 1.jpg|<small>''Septembre 1982.''</small>
+Vezins-barrage-janvier-2020.jpg|En janvier 2020.
-Fichier:1982 lac de Vezins vidange 2.jpg|<small>''Septembre 1982.''</small>
+</gallery>
-Fichier:1993 Barrage de Vezins.jpg|<small>''Barrage de Vezins printemps 1993 ''</small>
-Fichier:1993 vers la pointe du Lac.jpg|<small>''1993 Vers la pointe du lac''</small>
-Fichier:1993 Le pont romain.jpg|<small>''1993 Le pont Romain''</small>
-Fichier:Avril 1993 Lac vide.jpg|<small>''Avril 1993 Lac vide''</small>
-Fichier:1993 Lac de Vezins vidange 2.jpg|<small>''Juillet 1993.''</small>
-Fichier:1993 lac Vezins vidange juillet 3.jpg|<small>''Juillet 1993.''</small>
-Fichier:1993 Lac Vezins vidange spectacle son et lumiere.jpg|<small>''les 20 ans d'Isigny Son et Lumière 4 septembre 1993.''</small>
-</gallery></center>
-== Bibliographie ==
+Initialement prévue en octobre 2019, la démolition ne s'achève qu'à la fin de [[2020]]. C'est alors « le plus grand ouvrage hydroélectrique européen démantelé » <ref name=OF4/>.
-* Jean-Pierre Buisson, « Faut-il raser le barrage de Vezins », ''Ouest-France'', 12 mars 2009
+== Galerie de photographies ==
+<gallery mode="packed" caption="Les vidanges du barrage de Vezins" style="text-align:center">
+Fichier:1952 Pont des Biards Lac vidande.jpg|<small>1952, première vidange du lac.</small>
+Fichier:Avril 1982 Barrage de Vezins.jpg|<small>Avril 1982.''</small>
+Fichier:Juillet 1982 Barrage de Vezins.jpg|<small>Juillet 1982.</small>
+Fichier:1982 lac de Vezins vidange 1.jpg|<small>Septembre 1982.</small>
+Fichier:1982 lac de Vezins vidange 2.jpg|<small>Septembre 1982.</small>
+Fichier:1993 Barrage de Vezins.jpg|<small>Barrage de Vezins printemps, 1993.</small>
+Fichier:1993 vers la pointe du Lac.jpg|<small>1993. Vers la pointe du lac.</small>
+Fichier:1993 Le pont romain.jpg|<small>1993, le pont Romain.</small>
+Fichier:Avril 1993 Lac vide.jpg|<small>Avril 1993, le lac vide.</small>
+Fichier:1993 Lac de Vezins vidange 2.jpg|<small>Juillet 1993.</small>
+Fichier:1993 lac Vezins vidange juillet 3.jpg|<small>Juillet 1993.</small>
+Fichier:1993 Lac Vezins vidange spectacle son et lumiere.jpg|<small>Les 20 ans d'Isigny Son et Lumière, 1993.</small>
+</gallery>
-== Notes et références ==
+==Localisation==
+{{#display_map:48.578772,-1.233645
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+}}
-<references />
+== Bibliographie ==
+* Jean-Pierre Buisson, « Faut-il raser le barrage de Vezins ? », ''Ouest-France'', 12 mars 2009
+* [[Michel Coupard]], « Le barrage de Vezins, œuvre remarquable d'Albert Caquot », ''[[Revue de l'Avranchin]]'', t. 88, décembre 2011, p. 553-563
-== Lien interne ==
+{{Notes et références}}
+== Liens internes ==
 * [[:Catégorie:Barrage de Vezins (image)|Galerie d'images]]
+* [[Liste des centrales électriques de la Manche]]
+* [[Électricité dans la Manche]]
 == Liens externes ==
+* [http://www.archives-manche.fr/search?keywords%5B%5D=GEOLO%3EVezins%2C%20barrage%20de%20%28Isigny-le-Buat%2C%20Manche%20%3B%20ancienne%20commune%29 Fonds du barrage de Vezins] aux Archives départementales de la Manche
+* [http://fr.structurae.de/structures/data/index.cfm?id=s0003917 Sur ''Structurae'']
-* [http://www.developpement-durable.gouv.fr/energie/hydro/donnees/vezins.htm Sur le site du Ministère de l'Industrie]
+[[Catégorie:Article géolocalisé sur une carte]]
-* [http://fr.structurae.de/structures/data/index.cfm?id=s0003917 Sur ''Struturae'']
 [[Catégorie:Économie de la Manche]]
-[[Catégorie:Cours d'eau de la Manche]]
+[[Catégorie:Énergie dans la Manche]]
 [[Catégorie:Techniques et technologies dans la Manche]]
 [[Catégorie:Isigny-le-Buat]]
+[[Catégorie:Sélune]]

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