Saint-Pierre-de-Semilly
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Saint-Pierre-de-Semilly est une commune du département de la Manche.
Commune de Saint-Pierre-de-Semilly | Coordonnées géographiques de la mairie 49° 7' 14.31" N, 1° 0' 21.45" W (OSM) | ||||||||||
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Arrondissement | Saint-Lô | ||||||||||
Canton | Pont-Hébert | ||||||||||
Ancien canton | Saint-Clair-sur-l'Elle | ||||||||||
Intercommunalité | CA Saint-Lo Agglo | ||||||||||
Gentilé | Semillais(es) | ||||||||||
Population | 437 hab. (2021) | ||||||||||
Superficie | 4,59 km² | ||||||||||
Densité | 95 hab./km2 | ||||||||||
Altitude | 78 m (mini) - 174 m (maxi) | ||||||||||
Code postal | 50810 | ||||||||||
N° INSEE | 50538 | ||||||||||
Maire | Jean-Claude Braud | ||||||||||
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Géographie
La commune actuelle de Saint-Pierre-de-Semilly se trouve à environ 5 km à l'est de Saint-Lô. Son territoire, délimité de tous côtés presque entièrement par des routes et un cours d'eau, s'imbrique dans celui de la commune voisine à l'ouest, La Barre-de-Semilly, à tel point qu'il est possible, surtout en y ajoutant d'autres observations, de se demander si ces deux centres ne constituaient pas autrefois une seule et même unité, à la frontière occidentale du diocèse de Bayeux.
L'habitat est un habitat dispersé dans le bocage sous la forme d'une douzaine de hameaux et de "villages" d'importances diverses, mais le principal noyau de peuplement, le "village de Semilly", que l'on dénomme encore Le Bourg, se trouve sur le coteau septentrional d'une vallée orientée Est-Ouest où coulent réunies les eaux de quelques sources qui viennent alimenter deux vastes étangs séparés par une chaussée. Saint-Pierre-de-Semilly domine ces étangs et se trouve ainsi placé au commandement d'un passage obligé de la voie Nord-Sud qui, venant d'Isigny, menait à Torigni puis à Vire, à égale distance (700 m environ) de la route de Saint-Lô à Bayeux, au Nord, et de "l'ancien chemin de Saint-Lô à Caen" ou de "l'ancienne grande route de Caen", selon les cadastres, au Sud. Différents indices montrent que plus anciennement, avant l'établissement des étangs et de la chaussée, la voie traversait la vallée à gué au même endroit. À partir de ce passage, une voie en cavée escalade le coteau méridional, passe auprès du "hameau du gibet" et rejoint l'ancienne route de Caen qui forme la frontière de Saint-Pierre-de-Semilly au Sud en longeant Le Parc.
Hormis la disposition particulière de l'ensemble territorial formé par les deux communes voisines et la présence de toponymes significatifs, l'ancienneté de l'occupation de tout ce secteur est attestée par la découverte de monnaies gauloises à La Barre-de-Semilly, la présence attestée par la tradition de deux cimetières, dont un très vraisemblablement antique, l'un à l'Est, l'autre à l'Ouest de Saint-Pierre, la mise au jour, dans Saint-Pierre même, à l'occasion de la construction du presbytère, de nombreuses substructions et monnaies du Haut-Empire, et la présence, dans les collections du Cabinet des Médailles, d'un tiers de sou d'or mérovingien frappé à Semilly.
Histoire
Les premiers seigneurs de Semilly
On connaît plusieurs Semilly depuis 1056, agissant dans l'entourage du duc, dans celui de l'évêque de Bayeux, dans celui du vicomte du Bessin, ou bien comme parents de la famille des du Hommet, connétables de Normandie. Ils possèdent des terres en Cotentin, disposent, on l'a vu, de l'église de La Barre-de-Semilly, se déclarent seigneurs d'Aunay et sont parmi les bienfaiteurs privilégiés de Notre-Dame d'Aunay, mais à aucun moment, et en dépit d'un texte qui serait conservé dans les archives de la famille de Mathan et qui permettrait de placer en 1096 la construction du premier château, on ne peut les rattacher directement au château de Saint-Pierre-de-Semilly. Le premier texte où l'on trouve mention de celui-ci est un acte de l'époque de Henri II par lequel Geoffroi de Clinton, shérif du Warwickshire dans les années 1128-1130, camérier et trésorier peu de temps auparavant, concède à un certain Giffard de Lucerna un bien en Angleterre que le frère de ce dernier, Robert, avait déjà tenu "en raison d'un service spécial qu'il avait exécuté pour le dit Geoffroi dans son château de Semilly". On trouve, à 4 km au Nord-Ouest de Saint-Pierre-de-Semilly, une commune nommée La Luzerne, endroit dont sont très vraisemblablement originaires les personnages en question. Le château de Saint-Pierre-de-Semilly serait donc le chef-lieu des possessions normandes des seigneurs de Kenilworth, leur "château familial".
Geoffroi de Clinton devait son ascension à Henri Ier, qui donna des terres en Angleterre à des hommes venus du Cotentin, son domaine antérieur, et fit partie de ce groupe d'hommes que, selon Orderic Vital, "il tira de la poussière" et dont il s'assura ainsi la fidélité. À son tour, il fit bénéficier les membres de sa maison normande de sa faveur et, par exemple, inféoda à Henry de Semilly Radford Semele -qui tient son nom de son détenteur- dans le Warwickshire. On pense généralement que Geoffroi de Clinton, comme il avait édifié dans cette même région les château de Kenilworth et de Brandon , fit construire en pierre le château de Semilly qui présente effectivement des caractères, tant pour ce qui concerne l'implantation que la disposition, très proches de ceux des deux châteaux anglais. Et c'est au fils de Geoffroi que l'on doit, à Kenilworth, le barrage de petits cours d'eau qui encadrent le château et l'aménagement de deux grandes pièces d'eau. La familiarité et faveur du souverain anglais explique sans doute que plusieurs rois (Henri Ier, Henri II et Richard Cœur de Lion) sont dits avoir séjourné à Saint-Pierre-de-Semilly et y avoir daté des chartes (Henri Ier en 1106 et Henri II en 1154).
Quelques éléments historiques
Sur le château
Sans que l'on sache de quelle façon les choses se sont produites -mais en remarquant qu'il en est de même en Angleterre, pour Kenilworth, par exemple, dont Henri II a pris possession aux alentours de 1176, Saint-Pierre-de-Semilly est en la main du roi en 1198, puisqu'à cette date le bailli du Bessin, Guillaume Poignard, rend compte à l'Echiquier de 72 livres pour lui-même et ses associés pour la vente du parc de Semilly, preuve que le fief et ses appartenances qui, selon Stapleton, avaient été concédés par le roi à l'évêque de Bayeux en 1180, avaient été réannexés aux domaines de la couronne.
Le 23 septembre 1199, Thomas Maufiliâtre, qui gardait le château, reçut l'ordre du roi, pour des raisons dont la nature précise nous échappe de le remettre au comte de Chester qui devait le tenir pendant le bon plaisir du roi et fournissait des cautions. Le 11 avril 1203, à Vire, suspect de trahison, Ranulf de Chester dut rendre le château au roi et fournir caution et otages ; avec Robert de Tresgoz, Hugues de Chaucombe fut envoyé à Saint-Pierre-de-Semilly pour en prendre possession, et ayant reçu ordre d'y demeurer avec sa famille et de fortifier solidement la place. Le 8 mai 1203, par lettres patentes datées de Falaise, après avoir reçu des assurances de fidélité et l'engagement de cautions, le roi Jean Sans Terre commande à Hugues de Chaucombe de livrer immédiatement à Ranulf, comte de Chester, le château de Saint-Pierre-de-Semilly. Le fief tomba dans les mains de Philippe Auguste lors de l'annexion de la Normandie et, en 1259, Louis IX le concéda à Richard de Parfouru, à titre de ferme perpétuelle, avec toutes ses dépendances, moulin, four, terres, prés, étangs et les rentes et redevances.
Sur le bourg
Pour ce qui est du bourg lui-même, dont on ignore la date de fondation, beaucoup de pièces de terrain dans l'agglomération portent la dénomination village de Semilly ou le Bourg , et les terres voisines avaient le privilège de franche bourgeoisie, mais, en matière d'attestation textuelle, il faut attendre 1316 et la rédaction du Livre Pelu, registre des revenus du roi dans la vicomté de Bayeux, conservé à la bibliothèque municipale de Bayeux, pour posséder des mentions explicites. Au recto de la page 49, il est question de "Saint-Pierre-du-Chastel", bien différencié de La Barre-de-Semilly, de la "ville de Semilly", du "tenement deu bourgage de Semilly", avec "94 masures et demie et 93 acres et demie et sont les masures en la ville en baille du chastel et les acres joustent la ville", et du "tenement qui est appeley le vilage" dont les habitants doivent, entre autres, des services de boeufs au four et au moulin ou du curage sous la roue du moulin. Cette dualité -village, bourgage-, Lucien Musset l'a montré, se retrouve partout où, au XIIe siècle, un bourg s'est développé.
Il faut signaler également qu'il existait anciennement à Semilly un hôpital qui recevait les pauvres et les passants, et enfin que, jusqu'à une époque récente, une importante foire intéressant toute la région, mais dont on ne peut attester l'origine, se tenait chaque 16 mai dans le village de Saint-Pierre-de-Semilly. On sait -A. Debord a souligné l'importance de ce fait- que le seigneur créant un bourg dote fréquemment celui-ci d'une foire ou d'un marché dont il escompte un profit fiscal. La foire de Saint-Pierre représentait sans doute la continuation d'une pratique plus ancienne attachée à l'existence du bourg et dont on n'a pas conservé d'autre souvenir.
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793.
À partir du 21e siècle, les recensements réels des communes de moins de 10 000 habitants ont lieu tous les cinq ans, contrairement aux autres communes qui ont une enquête par sondage chaque année[1]. En 2021, la commune comptait 437 habitants.
Administration
Circonscriptions administratives avant la Révolution
- Généralité : Caen.
- Élection : Bayeux (1612/1636, 1677), puis Saint-Lô (1713).
- Sergenterie : Torigni.
Les maires
Mairie
- Horaires d'ouverture
Jours | Matin | Après-midi | Coordonnées de la mairie (Pour envoyer un mail et signaler une erreur cliquez ici) | ||
Lundi | - | 16 h - 19 h |
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Mardi | - | - | |||
Mercredi | - | - | |||
Jeudi | - | - | |||
Vendredi | - | - | |||
Samedi | - | - |
Religion
Circonscriptions ecclésiastiques avant la Révolution
Patronage
- Patron (présentation) :
- Dédicace de l'église paroissiale : Saint-Pierre.
- Fête patronale :
Circonscriptions ecclésiastiques actuelles
- Diocèse : Coutances et Avranches.
- Archidiaconé : Centre.
- Doyenné : Pays Saint-Lois.
- Paroisse : Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus.
Lieux et monuments
- Château médiéval.
- Château Renaissance
- Site de l'étang.
- Église Saint-Pierre
- Presbytère
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Porte d'entrée du château.
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Le château.
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La porterie du château.
-
L'église Saint-Pierre.
Personnalités liées à la commune
Naissances
- Élisabeth de Surville (1682-1718), religieuse
- Joseph Leguédois (1824-1887), homme politique
- André Mesnildrey (1920-1945), déporté
Autres
- Georges 1er de Mathan (1528-1592), gouverneur de la ville et du château de Saint-Lô fait construire l'actuel château de Saint-Pierre-de-Semilly[6].
- Louis de Mathan (17 e siècle), aménage l'avenue du calvaire[6].
- Bernardin de Mathan (18 e siècle), fils de Louis aménage les avenues sud et nord[6].
- Georges de Mathan (1771-1840),selon les inscriptions figurant sur son tombeau dans le cimetière entourant l'église, il est « pair de France, maréchal des camps et armées du roi, commandeur de l'ordre royal de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre royal militaire de Saint-Louis ». Il aménage le territoire de l'ancien château médiéval en parc[6]. Il est mort le 27 juillet 1840.
- Jean-Claude Braud (1948), conseiller municipal et général.
Éducation
- École primaire publique, intégrée dans le RPI Saint-André-de-l'Épine / Saint-Georges-d'Elle / Saint-Pierre-de-Semilly
Sports
- Cyclisme : Amicale cycliste semillaise
- Football : US Semilly Saint-André
Économie
Bibliographie
- Ed. Lepingard, « Saint-Pierre-de-Semilly », La Normandie monumentale et pittoresque, édifices publics, églises, châteaux, manoirs, etc.. Manche 1re partie, éd. Lemale Cie, Le Havre, 1899, p.68-72 (lire en ligne)
- Lucien Musset, « L'église de Saint-Pierre-de-Semilly », Annuaire des cinq départements normands, congrès de Saint-Lô, 1977, pp. 25-26
Notes et références
- ↑ Au début du 21e siècle, les modalités de recensement ont été modifiées par la loi no 2002-276 du 27 février 2002, dite « loi de démocratie de proximité » relative à la démocratie de proximité et notamment le titre V « des opérations de recensement », afin de permettre, après une période transitoire courant de 2004 à 2008, la publication annuelle de la population légale des différentes circonscriptions administratives françaises. Pour les communes dont la population est supérieure à 10 000 habitants, une enquête par sondage est effectuée chaque année, la totalité du territoire de ces communes est prise en compte au terme de la même période de cinq ans. La première population légale postérieure à celle de 1999 et s’inscrivant dans ce nouveau dispositif est entrée en vigueur au 1er janvier 2009 et correspond au recensement de l’année 2006.
- ↑ Population avant le recensement de 1962
- ↑ INSEE : Population depuis le recensement de 1962
- ↑ René Gautier et 54 correspondants, « 601 communes et lieux de vie de la Manche », éd. Eurocibles, 2014, p. 594
- ↑ René Gautier et 54 correspondants, « 601 communes et lieux de vie de la Manche », éd. Eurocibles, 2014, p. 594
- ↑ 6,0 6,1 6,2 et 6,3 Dreal de Dasse-Normandie, « Le château, les abords et une partie du village - Saint Pierre-de-Semilly, La Barre-de-Semilly », 2013 (lire en ligne)
- ↑ Alexandre Martel, « La cantine d'Eugène cuisine la surprise », Ouest-France, 21 août 2020.