Actions

Louis d’Estouteville

De Wikimanche

Louis d’Estouteville, né à Valmont (aujourd'hui Seine-Maritime) en 1400 [1] et mort le 21 août 1464, seigneur de Valmont, sieur d’Ausebecq, est un militaire lié au département de la Manche.

Il fut capitaine du Mont-Saint-Michel et gouverneur de Normandie. Son frère Guillaume d'Estouteville est abbé du Mont-Saint-Michel de 1444 à 1483 [2].

Le héros du Mont-Saint-Michel

Louis d’Estouteville, né au château de Valmont [3], est le fils de Jean, seigneur d'Estouteville (1378-1435) et grand bouteiller de France, et de Marguerite d'Harcourt (1377-1421), dame de Longueville et de Plaines [2].

Ce « horsain » de Haute-Normandie mérite amplement son titre de Manchois d’honneur [4]. Le fantôme de Louis d’Estouteville hante encore, et sans doute pour l’éternité, les grèves de la baie du Mont-Saint-Michel. Avec un soupçon d’imagination, on peut l’apercevoir, certains soirs de juin, entre les bancs de brume que le crépuscule accroche aux herbus.

Nous sommes le 17 juin 1434 [4]. Du haut des murailles, le chevalier d’Estouteville contemple dans le couchant l’étendue des sables rougis par le sang. Elle est jonchée de deux mille cadavres de soldats anglais qui, depuis les aurores, s’étaient lancés à l’assaut du Mont.

Voilà trente ans que les « godons » assiègent la forteresse. Voilà neuf ans que Louis d’Estouteville commande la résistance montoise. Il a à ses côtés sa femme, Jeanne Paisnel, fille du président gouverneur, seigneur de Bricquebec, descendante du fondateur de l'abbaye de Hambye et cent dix-huit autres chevaliers qui ont juré comme lui de conserver cette place au roi de France ou de périr ensevelis sous ses débris.

Au lever du jour, vingt mille Anglais tentent de s’engouffrer dans une brèche ouverte par leur formidable artillerie. Avec l’énergie du désespoir, les chevaliers et le millier de soldats enfermés dans la place forte les taillent en pièces et les poursuivent sur les grèves au cri de Saint-Michel [4]. Ils ne savent pas encore qu’ils ont remporté une bataille décisive. Les Anglais renonceront à jamais à s’emparer de la « Merveille ».

La guerre de Cent Ans touche à sa fin. Louis d’Estouteville, qui s’est déjà distingué en prenant Tombelaine et Granville en 1441, va bientôt faire tomber Saint-James et Avranches [4]. En attendant, ses hommes jubilent en récupérant les canons anglais abandonnés dont on peut toujours voir deux exemplaires à l’entrée du Mont, les michelettes du Mont-Saint-Michel.

C’est l’épilogue sanglant d’une épopée aussi glorieuse que gratuite. Le Mont-Saint-Michel n’avait en effet aucun intérêt stratégique, mais, depuis 1423, il était le symbole de la résistance à l’occupant [4]. Dès 1427, les noms des chevaliers avaient été gravés dans la mémoire de l’Archange.

En 1449, il aide à la prise de Coutances, de Saint-Lô, de Pont-Donne [5] et d'Avranches.[6]

En vertu d'une ordonnance royale, le connétable de Richemond lui restitue son domaine de Bricquebec[5]. Le roi Charles VII n'est pas en reste. Il le fait grand sénéchal de Normandie et gouverneur de Rouen [5]. Le 2 septembre 1461, Louis XI l'investit du titre de lieutenant gouverneur général de Normandie [5].

Louis d'Estouteville et son épouse sont enterrés dans les jardins de l'abbaye de Hambye [4].

Louis d'Estouteville eut de Jeanne Paisnel deux fils, Michel et Jean [5].

Hommages

Bibliographie

  • Eugène Niobey, Louis d’Estouteville, capitaine et défenseur du Mont Saint-Michel et Jeanne Paynel son épouse, inhumés dans le Chœur de l'Abbaye de Hambye, éd. René Jacqueline, Saint-Lô, 1934 (lire en ligne).

Notes et références

  1. En 1397, selon Alphonse Osmond (voir plus haut).
  2. 2,0 et 2,1 Pierfit, Fiche de Louis d'Estouteville, Généanet, site internet (lire en ligne), consulté le 12 décembre 2022.
  3. Alphonse Osmond, En flânant dans les rues d'une petite ville, impr. Oberthur, Rennes, 1948, p. 27.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 et 4,5 Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ISBN : 2-914 541 9 0.
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 P. Lebreton, Bricquebec et ses environs, impr. Hippolyte Cazenave, Bricquebec, 1902, p. 92-100.
  6. Sylvette Gauchet, Michel Coupard, Jack Lecoq, Avranches, promenades et découvertes, éd. Alizé CdJ, 2008, p. 42.

Article connexe