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La '''mine de Diélette''' était une mine sous-marine d'extraction du fer de la [[Manche]], située au lieu-dit [[Diélette (hameau)|Diélette]] à [[Flamanville]].
La '''mine de Diélette''' était une mine sous-marine d'extraction du fer de la [[Manche]], située au lieu-dit [[Diélette (hameau)|Diélette]] à [[Flamanville]].


Les limites de la concession formaient un rectangle délimité par le [[port de Diélette]], les rochers de Corbes et deux points en face situés à un kilomètre en mer <ref name= Pithois>[[Claude Pithois]], ''La Hague, terre ignorée...'', Librairie G. Gautier, 1961, p. 55. </ref>. Sa superficie atteignait 345 hectares <ref name= Pithois/>.  
Les limites de la concession formaient un rectangle délimité par le [[port de Diélette]], les rochers de Corbes et deux points en face situés à un kilomètre en mer <ref name= Pithois>[[Claude Pithois]], ''La Hague, terre ignorée...'', Librairie G. Gautier, 1961, p. 55. </ref>. Sa superficie atteignait {{unité|345|hectares}} <ref name= Pithois/>.


==Histoire==
Le minerai extrait, très riche en fer, était constitué principalement de magnétite (oxyde de fer Fe<sub>3</sub>O<sub>4</sub> ainsi dénommé en raison de ses propriétés liées à l'aimantation). 
 
== Histoire ==
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La mine de Diélette a connu une vie tumultueuse. Les habitants prennent conscience qu'il existe un gisement de minerai de fer dans la première moitié du 19{{e}} siècle lorsqu'ils que des entrepreneurs viennent prendre des rochers sur la plage de Diélette <ref name=Gavet>Lise Gavet et Stéphane Jiolle, ''Flamanville - Tranches de vie'', éd. Albin Michel, 1996, pp. 19-42. </ref>. Le 30 juin [[1859]], un arrêté du préfet de la Manche vient y mettre de l'ordre. Il stipule que « l'autorisation d'exploiter pourra être accordée uniquement à condition que des travaux soient exécutés sur proposition du service des Mines » <ref name=Gavet/>. La concession est accordée en [[1860]] à un certain Bérard, ingénieur de formation, qui ouvre un premier puits le 7 juillet [[1860]] <ref name=Gavet/>. Mais la tâche se révèle plus difficile que prévu. En octobre [[1862]], Bérard renonce <ref name=Gavet/>.
La mine de Diélette a connu une vie tumultueuse. Les habitants prennent conscience qu'il existe un gisement de minerai de fer dans la première moitié du 19{{e}} siècle lorsqu'ils s'aperçoivent que des entrepreneurs viennent prendre des rochers sur la plage de Diélette <ref name=Gavet>Lise Gavet et Stéphane Jiolle, ''Flamanville - Tranches de vie'', éd. Albin Michel, 1996, pp. 19-42. </ref>. Le 30 juin [[1859]], un arrêté du préfet de la Manche vient y mettre de l'ordre. Il stipule que « l'autorisation d'exploiter pourra être accordée uniquement à condition que des travaux soient exécutés sur proposition du service des Mines » <ref name=Gavet/>. La concession est accordée en [[1860]] à un certain Bérard, ingénieur de formation, qui ouvre un premier puits le 7 juillet [[1860]] <ref name=Gavet/>. Mais la tâche se révèle plus difficile que prévu. En octobre [[1862]], Bérard renonce <ref name=Gavet/>.


Une nouvelle concession d'exploitation est accordée en [[1865]] <ref name=Tourisme>Élie Guéné (dir.), ''La Manche au passé et au présent'', éd. Manche-Tourisme, 1984, p. 244.</ref>. Bérard est de retour en avril [[1877]] avec sa Société des mines de Diélette <ref name=Gavet/>. La mine est rachetée en [[1907]] par le géant industriel allemand Thyssen, implanté jusqu'ici dans la Ruhr <ref name=Gavet/>. Alors que la guerre de 1870 est encore dans tous les souvenirs et qu'approche la [[Première Guerre mondiale]], cet achat est mal perçu par la population. Thyssen fait néanmoins construire un transbordeur aérien de 642 m de long, aboutissant à une station de chargement en mer pour les cargos, qui est mis en service le 25 juillet [[1914]] <ref name=Gavet/>. Déjà, la mine emploie 400 ouvriers <ref name=Gavet/>.
Une nouvelle concession d'exploitation est accordée en [[1865]] <ref name=Tourisme>Élie Guéné (dir.), ''La Manche au passé et au présent'', éd. Manche-Tourisme, 1984, p. 244.</ref>. Bérard est de retour en avril [[1877]] avec sa Société des mines de Diélette <ref name=Gavet/>. En [[1896]], la mine est mise en vente au pris de {{unité|50000|F}} <ref>''Le Monde illustré'', 21 novembre 1896. </ref>. La mine est rachetée en [[1907]] par le géant industriel allemand Thyssen, implanté jusqu'ici dans la Ruhr <ref name=Gavet/>. Alors que la [[Guerre franco-allemande de 1870|guerre de 1870]] est encore dans tous les souvenirs et qu'approche la [[Première Guerre mondiale]], cet achat est mal perçu par la population. Thyssen fait néanmoins construire un transbordeur aérien de {{unité|642|m}} de long, aboutissant à une station de chargement en mer pour les cargos, qui est mis en service le 25 juillet [[1914]] <ref name=Gavet/>. Déjà, la mine emploie 400 ouvriers <ref name=Gavet/>.


La déclaration de guerre met fin à l'aventure de Thyssen à Flamanville : ses biens sont mis sous séquestre en octobre, les puits sont noyés en décembre <ref name=LPMa>« 120 ans en Cotentin 1889-2009 », ''La Presse de la Manche'', hors-série, novembre 2009, p. 65. </ref>. En [[1916]] pourtant, un groupe de capitalistes français se fait fort de relancer l'activité <ref name=LPMa/>. Il propose de créer une ligne ferrée jusqu'à la gare de [[Couville]] pour acheminer le minerai <ref name=LPMa/>. Henri Bérenger, membre de la commission sénatoriale de l'Armée, et Claveille, directeur des chemins de fer de l'État, sont sur place, le 13 novembre et se déclarent séduits <ref name=LPMa/>. Un comité de soutien est aussitôt créé. Mais l'entreprise échoue.
La déclaration de guerre met fin à l'aventure de Thyssen à Flamanville : ses biens sont mis sous séquestre en octobre, les puits sont noyés en décembre <ref name=LPMa>« 120 ans en Cotentin 1889-2009 », ''La Presse de la Manche'', hors-série, novembre 2009, p. 65. </ref>. En [[1916]] pourtant, un groupe de capitalistes français se fait fort de relancer l'activité <ref name=LPMa/>. Il propose de créer une ligne ferrée jusqu'à la gare de [[Couville]] pour acheminer le minerai <ref name=LPMa/>. Henri Bérenger, membre de la commission sénatoriale de l'Armée, et Claveille, directeur des chemins de fer de l'État, sont sur place, le 13 novembre et se déclarent séduits <ref name=LPMa/>. Un comité de soutien est aussitôt créé. Mais l'entreprise échoue.


La mine est proposée à la vente en [[1923]], au prix de 3 millions de francs. Le célèbre aviateur François Coli ([[1881]]-[[1927]]) finit par acquérir la mine et les 345 hectares attenants pour 6,1 millions de francs en juin [[1924]] <ref name=ChE1>« L'étonnante histoire des mines de Diélette », ''Cherbourg-Éclair'', 31 mai 1925. </ref>. Un an plus tard, l'argent n'est toujours pas versé. Le [[Conseil général de la Manche]] s'en émeut vivement <ref name=ChE1/>. [[Francis Brière]] dénonce à la tribune les « conditions scandaleuses » dans lesquelles le gouvernement a attribué l'adjudication <ref name=ChE1/>. Une « énergique protestation » est votée à l'unanimité contre le « traitement de faveur » dont a bénéficié l'aviateur <ref name=ChE1/>. L'administration ne verra jamais le paiement <ref>« 120 ans en Cotentin 1889-2009 », ''La Presse de la Manche'', hors-série, novembre 2009, p. 81. </ref>.
La mine est proposée à la vente en [[1923]], au prix de {{unité|3|millions}} de francs. Le célèbre aviateur François Coli ([[1881]]-[[1927]]) finit par acquérir la mine et les {{unité|345|hectares}} attenants pour {{unité|6,1|millions}} de francs en juin [[1924]] <ref name=ChE1>« L'étonnante histoire des mines de Diélette », ''Cherbourg-Éclair'', 31 mai 1925. </ref>. Un an plus tard, l'argent n'est toujours pas versé. Le [[Conseil général de la Manche]] s'en émeut vivement <ref name=ChE1/>. [[Francis Brière]] dénonce à la tribune les « conditions scandaleuses » dans lesquelles le gouvernement a attribué l'adjudication <ref name=ChE1/>. Une « énergique protestation » est votée à l'unanimité contre le « traitement de faveur » dont a bénéficié l'aviateur <ref name=ChE1/>. L'administration ne verra jamais le paiement <ref>« 120 ans en Cotentin 1889-2009 », ''La Presse de la Manche'', hors-série, novembre 2009, p. 81. </ref>.


[[Fichier:Dielette-mine-statel.jpg|thumb|right|230px|La station électrique de Guerfa.]]
[[Fichier:Dielette-mine-statel.jpg|thumb|right|230px|La station électrique de Guerfa.]]


La société Helva Cooper reprend l'affaire et fait redémarrer l'activité. En [[1928]], elle veut installer au bout du warf un caisson flottant en béton armé le long duquel les cargos viendront accoster. Ce caisson est construit en [[1929]]<ref>Installation d'une station de chargement en mer pour les cargos à minerai à [[Diélette]] ([[Manche]]), ''"Le Béton Armé", revue mensuelle des constructions en béton armé Système Hennebique'', n° 280, juin 1931, [consulté le 4 janvier 2018] ([https://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/000/895/607/RUG01-000895607-1931-280_2011_0001_AC.pdf ''lire en ligne''])</ref> par les [[Établissements Sottile (Cherbourg)|Établissements R. Sottile]], en collaboration avec la maison ''Bétons armés Hennebique''<ref>Cité de l'architecture et du patrimoine (ArchiWebture), ''Fonds Bétons armés Hennebique (BAH)'', [consulté le 4 janvier 2018] ([https://archiwebture.citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_BAH07/inventaire/phase-34649 ''lire en ligne''])</ref>. Mais une tempête ruine ses efforts et le caisson coule <ref>''Cherbourg-Éclair'', 29-30 septembre 1928. </ref>. La mine cesse de nouveau son activité en [[1940]], avec la [[Seconde Guerre mondiale]].
La société Helva Cooper reprend l'affaire et fait redémarrer l'activité. En [[1928]], elle veut installer au bout du warf un caisson flottant en béton armé le long duquel les cargos viendront accoster. Ce caisson est construit en [[1929]] <ref>Installation d'une station de chargement en mer pour les cargos à minerai à [[Diélette]] ([[Manche]]), ''"Le Béton Armé", revue mensuelle des constructions en béton armé Système Hennebique'', n° 280, juin 1931, [consulté le 4 janvier 2018] ([https://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/000/895/607/RUG01-000895607-1931-280_2011_0001_AC.pdf ''lire en ligne'']).</ref> par les [[Établissements Sottile (Cherbourg)|Établissements R. Sottile]], en collaboration avec la maison ''Bétons armés Hennebique'' <ref>Cité de l'architecture et du patrimoine (ArchiWebture), ''Fonds Bétons armés Hennebique (BAH)'', [consulté le 4 janvier 2018] ([https://archiwebture.citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_BAH07/inventaire/phase-34649 ''lire en ligne'']).</ref>. Mais une tempête ruine ses efforts et le caisson coule <ref>''Cherbourg-Éclair'', 29-30 septembre 1928. </ref>. La mine cesse de nouveau son activité en [[1940]], avec la [[Seconde Guerre mondiale]].


En [[1951]], la Société des mines de May-sur-Orne (Calvados) acquiert la mine et relance l'activité <ref>« 120 ans en Cotentin 1889-2009 », ''La Presse de la Manche'', hors-série, novembre 2009, p. 137. </ref>. Quand le mauvais temps empêche l'approche des navires jusqu'aux wharfs, le minerai est conduit par la route jusqu'à [[Cherbourg]], où il est chargé sur des bateaux qui font escale dans le bassin du commerce. L'activité dure une dizaine d'années. La mine ferme définitivement le 21 juillet [[1962]], alors qu'elle emploie encore 150 personnes, dont la plupart retrouve une place à l'[[Usine de retraitement de la Hague]] en construction<ref name=presse>« Le vestige d'un site unique au monde », ''La Presse de la Manche'', 17 avril 2017</ref>.
En [[1951]], la Société des mines de May-sur-Orne (Calvados) acquiert la mine et relance l'activité <ref>« 120 ans en Cotentin 1889-2009 », ''La Presse de la Manche'', hors-série, novembre 2009, p. 137. </ref>. Quand le mauvais temps empêche l'approche des navires jusqu'aux wharfs, le minerai est conduit par la route jusqu'à [[Cherbourg]], où il est chargé sur des bateaux qui font escale dans le bassin du commerce. L'activité dure une dizaine d'années. La mine ferme définitivement le 21 juillet [[1962]], alors qu'elle emploie encore 150 personnes, dont la plupart retrouve une place à l'[[Usine de retraitement de la Hague]] en construction <ref name=presse>« Le vestige d'un site unique au monde », ''La Presse de la Manche'', 17 avril 2017</ref>.


Les 15 kilomètres de galeries<ref name=presse/> étaient situées sous la mer, de - 90 m à - 150 m, représentant une longueur totale de 10 km <ref name=Tourisme/>. Il y tombait {{formatnum:10 000}} mètres cubes d'eau salée par jour <ref name=Tourisme/>, qui étaient évacués au moyen de puissantes pompes.
Les galeries étaient situées sous la mer, de - {{unité|90|m}} à - {{unité|150|m}}, représentant une longueur totale de {{unité|10|km}} <ref name=Tourisme/>. Il y tombait {{unité|10000|m|3}} d'eau salée par jour <ref name=Tourisme/>, qui étaient évacués au moyen de puissantes pompes.


La mine de Diélette a servi de cadre au roman ''[[La Maison sous la mer]]'', de Paul Vialar, dont Henri Calef a tiré un [[La Maison sous la mer|film]] du même titre, tourné sur place en [[1946]].
La mine de Diélette a servi de cadre au roman ''[[La Maison sous la mer]]'', de Paul Vialar, dont Henri Calef a tiré un [[La Maison sous la mer|film]] du même titre, tourné sur place en [[1946]].
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La construction de la [[centrale nucléaire de Flamanville]] a été réalisée à l'emplacement même où se trouvaient les puits d'accès aux galeries, les bureaux et la zone de stockage de la mine.
La construction de la [[centrale nucléaire de Flamanville]] a été réalisée à l'emplacement même où se trouvaient les puits d'accès aux galeries, les bureaux et la zone de stockage de la mine.


Les mineurs, venus en grande partie d'Italie, de Pologne, d'Espagne, ou des pays de l'Est<ref name=presse/>, habitaient pour la plupart dans le bourg de [[Flamanville]], dans une cité ouvrière construite spécialement pour eux en [[1929]] <ref>Maisons ouvrières construites en [[1929]] par les [[Établissements Sottile (Cherbourg)|Établissements R. Sottile]]. Cité de l'architecture et du patrimoine (ArchiWebture), ''Fonds Bétons armés Hennebique (BAH)'', [consulté le 6 janvier 2018] ([https://archiwebture.citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_BAH07/inventaire/objet-9281 ''lire en ligne''])</ref>, la cité Sainte-Barbe, dite aussi la « cité des corons », qui appartient à la société d'exploitation <ref name=Tourisme/>.
Les mineurs, venus en grande partie d'Italie, de Pologne, d'Espagne, ou des pays de l'Est <ref name=presse/>, habitaient pour la plupart dans le bourg de [[Flamanville]], dans une cité ouvrière construite spécialement pour eux en [[1929]] <ref>Maisons ouvrières construites en [[1929]] par les [[Établissements Sottile (Cherbourg)|Établissements R. Sottile]]. Cité de l'architecture et du patrimoine (ArchiWebture), ''Fonds Bétons armés Hennebique (BAH)'', [consulté le 6 janvier 2018] ([https://archiwebture.citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_BAH07/inventaire/objet-9281 ''lire en ligne'']).</ref>, la cité Sainte-Barbe, dite aussi la « cité des corons », qui appartient à la société d'exploitation <ref name=Tourisme/>.


La plateforme de chargement, le « wharf », visible au large reste le dernier vestige de cette mine<ref name=presse/>.  
La plateforme de chargement, le « wharf », visible au large reste le dernier vestige de cette mine <ref name=presse/>.  


Le [[musée de Flamanville]] retrace l'histoire de la mine de Diélette.
Le [[musée de Flamanville]] retrace l'histoire de la mine de Diélette.


==Production==
==Production==
La production de la mine était de 500 tonnes par jour <ref name=Tourisme/>. Elle est de 670 tonnes en [[1952]] <ref>« 120 ans en Cotentin 1889-2009 », ''La Presse de la Manche'', hors-série, novembre 2009, p. 137. </ref>.
La production de la mine était de {{unité|500|tonnes}} par jour <ref name=Tourisme/>. Elle est de {{unité|670|tonnes}} en [[1952]] <ref>« 120 ans en Cotentin 1889-2009 », ''La Presse de la Manche'', hors-série, novembre 2009, p. 137. </ref>.


En [[1938]], 69 480 tonnes de minerai sont exportées de Diélette <ref> André Poirier, ''Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg'', vol. XXX, 1987 </ref>.
En [[1938]], {{unité|69480|tonnes}} de minerai sont exportées de Diélette <ref> André Poirier, ''Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg'', vol. XXX, 1987 </ref>.


En [[1957]], la mine produit 127 665 tonnes de minerai, exporté soit à partir de son propre terminal, soit par le [[port de Cherbourg]] <ref>Michel Girard, ''Le Canton des Pieux'', éd. Alan Sutton, 1996, p. 46. </ref>.
En [[1957]], la mine produit {{unité|127665|tonnes}} de minerai, exporté soit à partir de son propre terminal, soit par le [[port de Cherbourg]] <ref>Michel Girard, ''Le Canton des Pieux'', éd. Alan Sutton, 1996, p. 46. </ref>.


==Bibliographie==
==Bibliographie==
; ''Livres''
; ''Livres''
* Michel Giard, ''Diélette : une mine sous la mer'', éd. Alan Sutton, 2007
* [[Michel Giard]], ''Diélette : une mine sous la mer'', éd. Alan Sutton, 2007
* Jean-Yves Noël, ''Diélette 1914-1940 : histoire méconnue d'une mine engloutie'', thèse universitaire, 2008


; ''Articles''
; ''Articles''
* Pasquier, « La mine de Diélette », mémoire de l'[[École normale d'instituteurs de la Manche]] présenté en 1953, manuscrit, 75 pages
* Pasquier, « La mine de Diélette », mémoire de l'[[École normale d'instituteurs de la Manche]] présenté en 1953, manuscrit, 75 pages
* « Les mines de Diélette », ''Études et travaux'', IV{{e}} Région économique, Basse-Normandie, n° 60, 1957-1958, p. 216-219
* « Les mines de Diélette », ''Études et travaux'', IV{{e}} Région économique, Basse-Normandie, n° 60, 1957-1958, p. 216-219
* Albert Desile, « Une mine au fond de la mer : Diélette », ''L'Teimps d'aôt'fais'', tome 1, éd. Ocep/La Manche Libre, 1982
* [[Jean Mabire]], « Diélette, mine sous la mer », ''[[Vikland]]'', n° 1, 1975
* [[Albert Desile]], « Une mine au fond de la mer : Diélette », ''L'Teimps d'aôt'fais'', tome 1, éd. Ocep/La Manche Libre, 1982
* Charles-Henry Groult, « À Diélette, une mine creusée sous la mer », ''Vikland'', n° 14, 2015


==Notes et références==
==Notes et références==
<references/>
<references/>


==Articles connexes==
==Liens internes==
* [[:Catégorie:Mine de Diélette (image)|Galerie d'images]]
* [[:Catégorie:Mine de Diélette (image)|Galerie d'images]]
* [[Carrières de Flamanville]]
* [[Carrières de Flamanville]]


== Voir aussi ==
== Liens externes ==
* [http://www.youtube.com/watch?v=h4teIdMtuzc La mine sous-marine de Diélette, vers 1955], Cinémathèque de Normandie
* [http://www.youtube.com/watch?v=h4teIdMtuzc La mine sous-marine de Diélette, vers 1955], Cinémathèque de Normandie
* [https://www.youtube.com/watch?v=d14XU15iMA0 Diélette, la mine sous la mer], documentaire de Pierre-François Lebrub pour l'émission ''Littoral'' de FR3 Bretagne, 2015


[[Catégorie:Économie de la Manche]]
[[Catégorie:Économie de la Manche]]
[[Catégorie:Diélette]]
[[Catégorie:Diélette]]

Dernière version du 2 juillet 2023 à 14:56

La mine de Diélette à La Cabotière.

La mine de Diélette était une mine sous-marine d'extraction du fer de la Manche, située au lieu-dit Diélette à Flamanville.

Les limites de la concession formaient un rectangle délimité par le port de Diélette, les rochers de Corbes et deux points en face situés à un kilomètre en mer [1]. Sa superficie atteignait 345 hectares [1].

Le minerai extrait, très riche en fer, était constitué principalement de magnétite (oxyde de fer Fe3O4 ainsi dénommé en raison de ses propriétés liées à l'aimantation).

Histoire

Chargement d'un vapeur au large.

La mine de Diélette a connu une vie tumultueuse. Les habitants prennent conscience qu'il existe un gisement de minerai de fer dans la première moitié du 19e siècle lorsqu'ils s'aperçoivent que des entrepreneurs viennent prendre des rochers sur la plage de Diélette [2]. Le 30 juin 1859, un arrêté du préfet de la Manche vient y mettre de l'ordre. Il stipule que « l'autorisation d'exploiter pourra être accordée uniquement à condition que des travaux soient exécutés sur proposition du service des Mines » [2]. La concession est accordée en 1860 à un certain Bérard, ingénieur de formation, qui ouvre un premier puits le 7 juillet 1860 [2]. Mais la tâche se révèle plus difficile que prévu. En octobre 1862, Bérard renonce [2].

Une nouvelle concession d'exploitation est accordée en 1865 [3]. Bérard est de retour en avril 1877 avec sa Société des mines de Diélette [2]. En 1896, la mine est mise en vente au pris de 50 000 F [4]. La mine est rachetée en 1907 par le géant industriel allemand Thyssen, implanté jusqu'ici dans la Ruhr [2]. Alors que la guerre de 1870 est encore dans tous les souvenirs et qu'approche la Première Guerre mondiale, cet achat est mal perçu par la population. Thyssen fait néanmoins construire un transbordeur aérien de 642 m de long, aboutissant à une station de chargement en mer pour les cargos, qui est mis en service le 25 juillet 1914 [2]. Déjà, la mine emploie 400 ouvriers [2].

La déclaration de guerre met fin à l'aventure de Thyssen à Flamanville : ses biens sont mis sous séquestre en octobre, les puits sont noyés en décembre [5]. En 1916 pourtant, un groupe de capitalistes français se fait fort de relancer l'activité [5]. Il propose de créer une ligne ferrée jusqu'à la gare de Couville pour acheminer le minerai [5]. Henri Bérenger, membre de la commission sénatoriale de l'Armée, et Claveille, directeur des chemins de fer de l'État, sont sur place, le 13 novembre et se déclarent séduits [5]. Un comité de soutien est aussitôt créé. Mais l'entreprise échoue.

La mine est proposée à la vente en 1923, au prix de 3 millions de francs. Le célèbre aviateur François Coli (1881-1927) finit par acquérir la mine et les 345 hectares attenants pour 6,1 millions de francs en juin 1924 [6]. Un an plus tard, l'argent n'est toujours pas versé. Le Conseil général de la Manche s'en émeut vivement [6]. Francis Brière dénonce à la tribune les « conditions scandaleuses » dans lesquelles le gouvernement a attribué l'adjudication [6]. Une « énergique protestation » est votée à l'unanimité contre le « traitement de faveur » dont a bénéficié l'aviateur [6]. L'administration ne verra jamais le paiement [7].

La station électrique de Guerfa.

La société Helva Cooper reprend l'affaire et fait redémarrer l'activité. En 1928, elle veut installer au bout du warf un caisson flottant en béton armé le long duquel les cargos viendront accoster. Ce caisson est construit en 1929 [8] par les Établissements R. Sottile, en collaboration avec la maison Bétons armés Hennebique [9]. Mais une tempête ruine ses efforts et le caisson coule [10]. La mine cesse de nouveau son activité en 1940, avec la Seconde Guerre mondiale.

En 1951, la Société des mines de May-sur-Orne (Calvados) acquiert la mine et relance l'activité [11]. Quand le mauvais temps empêche l'approche des navires jusqu'aux wharfs, le minerai est conduit par la route jusqu'à Cherbourg, où il est chargé sur des bateaux qui font escale dans le bassin du commerce. L'activité dure une dizaine d'années. La mine ferme définitivement le 21 juillet 1962, alors qu'elle emploie encore 150 personnes, dont la plupart retrouve une place à l'Usine de retraitement de la Hague en construction [12].

Les galeries étaient situées sous la mer, de - 90 m à - 150 m, représentant une longueur totale de 10 km [3]. Il y tombait 10 000 m3 d'eau salée par jour [3], qui étaient évacués au moyen de puissantes pompes.

La mine de Diélette a servi de cadre au roman La Maison sous la mer, de Paul Vialar, dont Henri Calef a tiré un film du même titre, tourné sur place en 1946.

La construction de la centrale nucléaire de Flamanville a été réalisée à l'emplacement même où se trouvaient les puits d'accès aux galeries, les bureaux et la zone de stockage de la mine.

Les mineurs, venus en grande partie d'Italie, de Pologne, d'Espagne, ou des pays de l'Est [12], habitaient pour la plupart dans le bourg de Flamanville, dans une cité ouvrière construite spécialement pour eux en 1929 [13], la cité Sainte-Barbe, dite aussi la « cité des corons », qui appartient à la société d'exploitation [3].

La plateforme de chargement, le « wharf », visible au large reste le dernier vestige de cette mine [12].

Le musée de Flamanville retrace l'histoire de la mine de Diélette.

Production

La production de la mine était de 500 tonnes par jour [3]. Elle est de 670 tonnes en 1952 [14].

En 1938, 69 480 tonnes de minerai sont exportées de Diélette [15].

En 1957, la mine produit 127 665 tonnes de minerai, exporté soit à partir de son propre terminal, soit par le port de Cherbourg [16].

Bibliographie

Livres
  • Michel Giard, Diélette : une mine sous la mer, éd. Alan Sutton, 2007
  • Jean-Yves Noël, Diélette 1914-1940 : histoire méconnue d'une mine engloutie, thèse universitaire, 2008
Articles
  • Pasquier, « La mine de Diélette », mémoire de l'École normale d'instituteurs de la Manche présenté en 1953, manuscrit, 75 pages
  • « Les mines de Diélette », Études et travaux, IVe Région économique, Basse-Normandie, n° 60, 1957-1958, p. 216-219
  • Jean Mabire, « Diélette, mine sous la mer », Vikland, n° 1, 1975
  • Albert Desile, « Une mine au fond de la mer : Diélette », L'Teimps d'aôt'fais, tome 1, éd. Ocep/La Manche Libre, 1982
  • Charles-Henry Groult, « À Diélette, une mine creusée sous la mer », Vikland, n° 14, 2015

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Claude Pithois, La Hague, terre ignorée..., Librairie G. Gautier, 1961, p. 55.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 et 2,7 Lise Gavet et Stéphane Jiolle, Flamanville - Tranches de vie, éd. Albin Michel, 1996, pp. 19-42.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 et 3,4 Élie Guéné (dir.), La Manche au passé et au présent, éd. Manche-Tourisme, 1984, p. 244.
  4. Le Monde illustré, 21 novembre 1896.
  5. 5,0 5,1 5,2 et 5,3 « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009, p. 65.
  6. 6,0 6,1 6,2 et 6,3 « L'étonnante histoire des mines de Diélette », Cherbourg-Éclair, 31 mai 1925.
  7. « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009, p. 81.
  8. Installation d'une station de chargement en mer pour les cargos à minerai à Diélette (Manche), "Le Béton Armé", revue mensuelle des constructions en béton armé Système Hennebique, n° 280, juin 1931, [consulté le 4 janvier 2018] (lire en ligne).
  9. Cité de l'architecture et du patrimoine (ArchiWebture), Fonds Bétons armés Hennebique (BAH), [consulté le 4 janvier 2018] (lire en ligne).
  10. Cherbourg-Éclair, 29-30 septembre 1928.
  11. « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009, p. 137.
  12. 12,0 12,1 et 12,2 « Le vestige d'un site unique au monde », La Presse de la Manche, 17 avril 2017
  13. Maisons ouvrières construites en 1929 par les Établissements R. Sottile. Cité de l'architecture et du patrimoine (ArchiWebture), Fonds Bétons armés Hennebique (BAH), [consulté le 6 janvier 2018] (lire en ligne).
  14. « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009, p. 137.
  15. André Poirier, Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. XXX, 1987
  16. Michel Girard, Le Canton des Pieux, éd. Alan Sutton, 1996, p. 46.

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