Chérencé représente le toponyme gallo-romain °CARENTIACU, formé avec le suffixe gallo-roman-(I)ACU ajouté à un nom de personne. Le premier élément est l'anthroponyme (nom de personne) gallo-romain d'origine gauloise °Carentius, variante de Carantius[34], d'où le sens global de « (domaine rural) de °Carentius » [35]. L'évolution Char- > Cher- est imputable à l'action fermante de [r] en syllabe initiale au Moyen Âge. Ce type toponymique se rencontre ailleurs en France sous les formes Carency (Pas-de-Calais), Chérancé (Mayenne, Sarthe), Charencey (Côte-d'Or, Orne), Charency (Moselle, Meurthe-et-Moselle), Charensat (Puy-de-Dôme), etc. Dans la Manche, il est également représenté par Chérencé-le-Roussel.
L'ajout du déterminant -le-Héron est attesté dès le 14e siècle. Il a été rendu assez tôt nécessaire par la proximité (environ 17 km) d'un autre Chérencé, devenu par la suite Chérencé-le-Roussel. Il représente le nom de famille Héron, relativement fréquent dans la Manche, qui dut être celui d'un ancien seigneur. C'est initialement un sobriquet reposant sur le nom de l'oiseau, évoquant probablement la maigreur ou de longues jambes.
☞ Aux 17e et 18e siècles, la paroisse de Chérencé-le-Héron est parfois désignée sous le nom de Chérencé-Saint-Martin (Cherence & St. Martin 1612/1636; Cherencey St Martin 1713). Ce nom alternatif fait vraisemblablement référence à la paroisse contiguë de Saint-Martin-le-Bouillant, avec laquelle celle de Chérencé semble avoir été passagèrement réunie (peut-être pour le culte) [36].
Géographie
Histoire
Démographie
Évolution démographique depuis 1793 (Sources : Cassini [37] et INSEE [38])
↑ 1,0 et 1,1François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 101.
↑Comptes du Diocèse d’Avranches, dressés en 1369/1370 et 1371/1372, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 144A.
↑Pouillé du Diocèse d’Avranches, 1412, in Auguste Longnon, op. cit., p. 156C.
↑Siméon Luce, Chronique du Mont-Saint-Michel (1343-1468), Firmin-Didot, Paris, t. I, 1879, p. 101, § VII.
↑Pouillé du Diocèse d’Avranches, ~1480, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 171C.
↑Nicolas Tassin, « Gowernement de Granuille & du mont St Michel », Plans et profilz des principales villes de la province de Normandie, avec la carte générale et les particulières de chascun gouvernement d’icelles, 1631 [Médiathèque de Lisieux].
↑Normandia Ducatus (carte du duché de Normandie), Atlas Van der Hagen, 1635.
↑Jean Bigot sieur de Sommesnil, État des paroisses des élections de Normandie, 1612/1636 [BNF, ms. fr. 4620].
↑Roles par généralités et élections des paroisses de France et de leur imposition aux tailles, 1677 [BNF, cinq cents Colbert, ms. 261 f° 229 à 275].
↑G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
↑Gerard Valk, Normannia Ducatus, tum Superior ad Ortum, tum Inferior ad Occasum, Praefectura Generalis […] Anglici Caesarea sive Jarsey…, Amsterdam, ~1700.
↑Dénombrement des généralités de 1713 [BNF, ms. fr. 11385, f° 1 à 132].
↑Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
↑Bernard Jaillot, Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez, Paris, 1719.
↑G. Mariette de la Pagerie, Carte topographique de la Normandie; feuille 3 : Fougères, Vire et Avranches, 1720 [BNF, fonds Cartes et Plans, cote Ge DD 2987 (1009, III) B].
↑G. Robert de Vaugondy, Carte du gouvernement de Normandie, Paris, 1758.
↑P. Santini, Gouvernement de Normandie avec celui du Maine et Perche, Remondini, Venise, 1777.
↑Bulletin des lois de la République française, Imprimerie Nationale, Paris, 1801-1870.
↑Dictionnaire universel, géographique, statistique, historique et politique de la France, impr. Baudouin, libr. Laporte, vol. I (A-CNO), an XIII (1804), p. 686c.
↑Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 422.
↑Annuaire de la Manche (1829), Statistique de l'arrondissement d'Avranches, p. 127.
↑V. Lavasseur, Atlas National Illustré des 86 départements et des possessions de la France, A. Combette éditeur, Paris, 1854.
↑Cartes d’État-Major (relevés de 1825 à 1866; mises à jour jusqu’à 1889).
↑Abbé Auguste Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances et d'Avranches depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; suivie des actes des saints et d'un tableau historique des paroisses du diocèse, impr. de Salettes, Coutances, t. II, 1878, p. 299.
↑Carte de la Manche, in Adolphe Joanne, Géographie du département de la Manche, Hachette, Paris, 1889.
↑Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903.
↑Anne Vallez, Pierre Gouhier, Jean-Marie Vallez, Atlas Historique de Normandie II (économie, institutions, comportements), Université de Caen, Caen, 1972.
↑Nom attesté plusieurs fois au CIL (Corpus Inscriptionum Latinorum) III et IX. Carantius est un dérivé en -ius du nom de personne gallo-romain Carantus, latinisation du gaulois Carantos. Ce nom représente une formation participiale en -ant- sur le radical car- «aimer» (cf. breton karout, karet, cornique care, gallois caru, caraf « aimer », ancien irlandais caraim « j’aime »). Il signifie littéralement « qui aime, aimant », d’où « ami » et aussi « parent » (cf. gallois ceraint, pluriel de car « parent, ami », cornique kerens, pluriel de car « ami », breton kerent, pluriel de kar « parent »). Le radical celtique că-ro- se rattache, quoique de manière mal définie, à la racine indo-européenne °kā- «aimer, désirer», à l’origine du latin carus « cher, aimé » aussi bien que de l’anglais whore « putain » et du sanskrit kāmaḥ « amour, désir » (d'où le nom du Kama-sutra).
↑Cf. Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, Paris, CNRS, t. III (les noms de personnes contenus dans les noms de lieux), 1985, p. 54b. François de Beaurepaire (op. cit., loc. cit.) et Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, p. 208, § 3284, posent °Carantiacum dérivé de Carantius, qui explique moins bien les formes en -enc- (et non -anc-) de ce toponyme.
↑Les informations manquent pour l'instant à ce sujet.