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==Economie==
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La principale industrie est celui de l'énergie, plus particulièrement du nucléaire, avec l'[[usine de retraitement de la Hague]] et le [[centre de stockage de la Hague]] près de [[Beaumont-Hague]], et la [[centrale électronucléaire de Flamanville]] dans le [[canton des Pieux]].
La principale industrie est celui de l'énergie, plus particulièrement du nucléaire, avec l'[[usine de retraitement de la Hague]] et le [[centre de stockage de la Hague]] près de [[Beaumont-Hague]], et la [[centrale électronucléaire de Flamanville]] dans le [[canton des Pieux]].



Version du 24 juin 2007 à 00:23

La presqu'île de la Hague est formée de la pointe nord-ouest du Cotentin.

Son nom signifie haie ou enclos en vieux norrois.

Géographie

Ses limites sont traditionnellement la Divette et la Dielette.

La Hague présente un littoral varié : des falaises abruptes (entre Landemer et Omonville-la-Rogue, et entre Auderville et Vauville), de grandes plages de sable (Urville-Nacqueville et Vauville), des îlots et platiers rocheux (cap de la Hague, pointe de Jardeheu, les Herbeuses…), des massifs dunaires (Biville), grèves de galets (anse Saint-Martin), des marais arrières-littoraux (Mare de Vauville), des vallons boisés (Hubiland, Sabine…). La côte est également agrémentée de petits ports (Goury, le Houguet, Port Racine, Le Hâgle…) et de mouillages.

Le littoral haguais est protégée au titre de la loi du 2 mai 1930 relative à la protection des monuments et sites naturels, depuis la vallée du Hubiland (Urville-Nacqueville) jusqu'aux dunes de Biville, à l'exception de l'anse des Moulinets, où se situent les installations l'usine de retraitement de la Hague.

Faune et flore

La péninsule est principalement un pays de landes sur la côte, et de bocage à l'intérieur des terres.

Les landes sont formées de fougères, bruyères, genêts, ajoncs... Sur la côte, on trouve dans les haies aubépines, chênes, frênes, sycomores et sureaux. Il existe également une concentration d'ormes dans les haies de la côte nord, malheureusement très atteints par la graphiose.

Les falaises sont recouvertes de lichens, noirs et orangés, de salicornes, d'asperge prostrée de statices de l'ouest et de carottes à gomme. Les corniches accueillent pelouse rase, arméries et Silènes maritimes. Aux abords des plages sont présents le chou marin, objet d'une protection, la véronique en épi, l'Œillet de France.

Dans les jardins, on trouve traditionnellement nombres d'hortensias, des camélias, et quelques palmiers.

La Hague possède plusieurs réserves ornithologiques (le Nez de Jobourg, les Herbeuses...), où se côtoient les goélands (argentés et marins), les fous de Bassan, les grands corbeaux, les fulmars boréals, les mouettes tridactiles, les cormorans, les foulques. La mare de Vauville accueille plus de 140 espèces d'oiseaux : migrateurs (comme la fuligule morillon ou le Pipit farlouse), canards (colverts, sarcelles...), gravelots, ou encore hérons. Nichent également dans la Hague quelques rapaces comme le busard des roseaux et le Faucon crécerelle.

Outre les oiseaux, on trouve également des batraciens (crapauds accoucheurs, rainettes vertes) et des petits reptiles (lézards verts, orvets...). Grands dauphins et marsouins sont présents au large.

Depuis une vingtaine d'années, les falaises de Jobourg abritent une harde de chèvres sauvages. Traditionnellement, chaque ferme avait quelques chèvres afin de nettoyer landes et haies. L'usage se perdant avec la mécanisation, ces animaux ont été peu à peu laissés à la vie sauvage, formant un troupeau qui arpente le chemin des douaniers. Elles permettent l'entretien nécessaire de la lande et sont à ce titre, désormais protégées par le Conservatoire du Littoral.

Concernant l'élevage, les vaches omniprésentes comme dans toute la Normandie, partagent les prés avec les moutons roussins, et quelques ânes du Cotentin et ânes normands.

Histoire

Une terre isolée

Pendant des siècles, la vie dans la Hague n'a pas énormément évoluer. La ressource principale est l'agriculture (élevage et pluriculture), permettant une relative autarcie. L'industrialisation des techniques ont peu de prise sur les terres divisées en petites parcelles difficiles à travailler, propriétés de nombreux petits exploitants. Il faudra attendre les années 1950 et 1960 pour voir l'apparition des tracteurs et des techniques agricoles modernes, comme l'illustre le film Le Passager de l'été, situé à Digulleville après la Seconde Guerre mondiale. La pêche est souvent une ressource complémentaire aux agriculteurs (on parle des agriculteurs-pêcheurs ou crateurs), rarement un métier à part entière, excepté à Omonville-la-Rogue, Goury et Diélette.

Isolée, la presqu'île est longtemps restée éloignée du tourisme, mise à part la station balnéaire d'Urville-Hague au début du XXe siècle, largement détruite lors des bombardements de 1944.

La marine était alors souvent la seule possibilité d'échapper à la destinée agricole, du fait de la proximité du port militaire de Cherbourg et de son arsenal. Alfred Rossel chantait ainsi à dans Sus la mé, un père dont les deux fils sont engagés dans les colonies (J'i déeuss fis dauns la Marène/Déeuss forts et h(r)ardis gaillards/ L'eun revyint dé Cochinchène/ L'aôtre dé Madagascar).

La presqu'île au nucléaire

Mais les années 1960 ont vu l'implantation de l'usine de retraitement de la Hague qui a bouleversé l'aspect du plateau central. Cette installation fait venir des personnels extérieurs à la région, et apporte des ressources nouvelles que l'agriculture n'aurait pu procurer.

En 1960, des ingénieurs inspectent les landes de Jobourg et Omonville-la-Petite, selon eux pour l'implantation possible d'une usine de plastique puis de casseroles. La décision de construire l'usine atomique du Commissariat à l'énergie atomique sur les hauteurs de la Hague est alors prise, sans la moindre information des élus locaux, laissant les populations locales, sinon dans l'ignorance, au minimum dans le flou, que le classement "secret défense" de l'installation accentue.

L'ancienneté et la stabilité du socle géologique du cap de la Hague, remontant au précambien, met à l'abri ce territoire des tremblements de terre. Le raz Blanchard offre des courants parmi les plus forts d'Europe qui permettent la dispersion la plus efficace des rejets en mer. L'isolement de la péninsule favorise l'implantation d'une installation militaire à haut risque, opération immobilière de plus facilitée la faible densité démographique du plateau. Ainsi, le CEA commence en 1962 à acheter à prix d'or des terrains de landes, parfois labourés au moment de la vente pour en tirer un meilleur prix. Les 190 hectares sont acquis sans aucune expropriation, malgré 150 propriétaires, tant ces fortes sommes ont permis à certains de moderniser leurs exploitations, voire de se reconvertir. Plusieurs de ces propriétaires ont négocié en plus de la valeur des parcelles, leur entrée comme salarié de l'usine de lui ou celle d'un fils.

En parallèle des premiers travaux, le CEA pour être accepté et rassurer, développe une campagne de lobbying, auprès des élus et des élites religieuses. Ainsi les notables du canton ont-ils pu visiter en grandes pompes les sites de Marcoule et de Saclay. La fierté d'accueillir une technologie de pointe, les difficultés du milieu agricole, et le licenciement en 1962 des derniers mineurs à la fermeture de la mine de fer de Flamanville-Dielette finissent de convaincre la population. Ainsi en 1966, les premiers châteaux de combustible irradié en provenance de la centrale nucléaire de Chinon arrivent sans la moindre contestation.

En 1969, Infratome cherche à la demande du CEA un lieu pour l'enfouissement des déchets faiblement radioactifs. Le site de la Hague semble parfait. Mais aucune commune ne veut devenir une décharge. Pourtant, le maire de Digulleville accepte d'accueillir ce qui sera le Centre de stockage de la Manche en bordure de l'usine de retraitement. Passé sous le giron de l'ANDRA en 1991, il a reçu son dernier colis en 1994, et est depuis en phase de surveillance, pour 3 siècles.

Le 1er juin 1976, l'usine atomique du CEA devient usine de retraitement de la COGEMA. La production de plutonium à visée militaire devient recyclage d'uranium civile, sans que les technologies ne changent. Le secret défense se lève un peu, et surtout, la taxe professionnelle et les impôts locaux sont exigibles par les collectivités. Face à cette manne financière sans précédent, qui aurait dû profiter essentiellement aux communes de Jobourg et d'Omonville-la-Petite, et du fait des équipements que nécessitent l'accueil de la nouvelle population, les élus du canton décident la constitution d'un district en 1977.

Les mouvements écologistes ne se font pas entendre à l'époque. Les premières mobilisations répondent au projet d'implanter une centrale électronucléaire à Flamanville. Le site est occupé plusieurs jours à la fin des années 1970. Les manifestations contre les transports nucléaires vers la Cogema se développent au début des années 1980. Le désengagement des militaires délie quelques langues, et la CFDT provoque un mini-scandale en produisant un film critique traitant du travail en milieu confiné.

L'ouverture de l'usine entraine l'arrivée de nouvelles populations. En même temps que l'agrandissement de l'usine (UP3), il est donc décidé de lancer le "grand chantier", pour construire logements, écoles et infrastructures. Alors que le canton vieillissait et vivait d'une petite agriculture autarcique, la population de la Hague en quelques années s'accroît, se rajeunie et se diversifie. Certains villages doublent leur nombre d'habitants en accueillant des cités, comme Coriallo à Beaumont-Hague ou celle des Arbres à Omonville-la-Rogue. Auderville sera distingué en 1984 du prix national de l'habitat pour la bonne gestion de l'arrivée de ces "horsains". Mais le plus souvent, elles sont en périphérie des bourgs, ne facilitant pas le brassage. Pourtant, cet afflux d'une population nombreuse et atypique (beaucoup de cadres, chimistes ou scientifiques arrivent, dans une région constituée essentiellement d'agriculteurs, et de quelques ouvriers, militaires et petits notables locaux) a été digérée sans heurt et sans acculturation.

Aujourd'hui, le débat sur les avantages et les dangers de cette usine est étroitement lié au débat sur l'énergie nucléaire. Les mesures de sécurité en vigueur sur l'usine sont défendues par les "pro", tandis que les "anti" rappellent les nombreux accidents de son homologue anglaise de Sellafield, et l'impact négatif en terme d'image pour la région et ses productions issues de l'agriculture et de la pêche. La population locale est partagée entre la peur d'une pollution invisible, et la reconnaissance envers une industrie qui a transformée l'économie locale et tenu en vie une pointe promise à la désertification.

A la recherche d'une autre identité

Après avoir accueilli comme un soulagement l'usine, les élus locaux ont pris conscience de la lourde contrepartie pour l'image de la région. Ils ont d'abord cherché à protéger la nature de la péninsule, en classant des parties importantes de la côte, interdisant ou réduisant les possibilités de construction. Jusqu'alors, l'isolement et la relative pauvreté de la région avait permis de préserver les paysages et l'habitat traditionnel, en pierre avec des couvertures en lauzes de schiste bleu, regroupé en hameaux blottis au gré des reliefs pour se protéger des vents marins. Ainsi, aujourd'hui, les franges côtières, parsemées de quelques restes de blockhaus du Mur de l'Atlantique, ont gardé un aspect traditionnel, et près de la moitié de la côte haguaise appartient au Conservatoire du littoral.

Depuis quelques années, les Haguards cherchent à accroître l'attrait touristique de la presqu'île, tout en gardant son caractère sauvage. Ils ont créé des équipement tels l'observatoire Ludiver et le centre culturel du Tourp, et tentent de communiquer autour des atouts de la région pour prouver que la Hague est plus que l'usine qui s'étale sur 1% du territoire.

Economie

La principale industrie est celui de l'énergie, plus particulièrement du nucléaire, avec l'usine de retraitement de la Hague et le centre de stockage de la Hague près de Beaumont-Hague, et la centrale électronucléaire de Flamanville dans le canton des Pieux.

Outre le nucléaire, les ressources économiques de la Hague proviennent de l'agriculture (élevage) et de la pêche. Isolée, la presqu'île est longtemps restée éloigné du tourisme, mis à part Urville proche de Cherbourg. Depuis quelques années, les élus locaux cherchent à développer l'attrait touristique de la presqu'île, tout en gardant son caractère sauvage (campagnes de communication nationales, création d'équipement tels l'observatoire Ludiver et le centre culturel du Tourp...).

La communauté de communes a pris en 30 ans une telle importance que la fonction publique territoriale est le deuxième plus gros secteur d'emploi.