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Jules Barbey d’Aurevilly

De Wikimanche

Barbey photographié par Nadar.

Jules Barbey d’Aurevilly, né à Saint-Sauveur-le-Vicomte le 2 novembre 1808[1] et mort à Paris le 23 avril 1889, est un romancier, nouvelliste et journaliste polémiste de la Manche.

Il écrit dans la revue Moniteur de la mode sous le pseudonyme « Maximilienne de Syrène ». Il a été surnommé le « Connétable des lettres ».

Au premier rang

Jules Barbey d’Aurevilly domine de toute sa haute taille les romanciers de notre région écrivait en 1945 Georges Laisney dans son livre irremplaçable La Manche [2].

Aujourd’hui, en province et à l’étranger, Barbey d’Aurevilly passe pour ce qu’il est : un des plus grands écrivains français, un esprit indépendant, un romancier aux créations inoubliables, digne d’être rapproché en plus d’un point de Balzac, son aîné et son maître [2].

Aîné de quatre garçons, Jules-Amédée naît le 2 novembre 1808 à Saint-Sauveur-le-Vicomte où son père Théophile vit de son bien. Sa mère, Ernestine Ango, est la fille de Louis Hector Amédée Ango, ancien député du Tiers-État. La légende veut qu’elle descende d’un bâtard de Louis XV qui avait donné ses lettres de noblesse à la famille Barbey. Le futur écrivain prendra un malin plaisir à ne jamais démentir cette légende. Ce qui est sûr, c’est que le milieu familial demeure viscéralement attaché à l’Ancien Régime. On y porte toujours le deuil de Louis XVI. Bercé d’histoires de chouannerie, le jeune Barbey est profondément marqué par cette atmosphère [2]. Son frère, l'abbé Léon d'Aurevilly (1809-1876), se consacrera à la poésie, et fondera en 1831 avec Alexandre-Auguste de Berruyer, le journal légitimiste Le Momus Normand. Édouard (1811-1854), s'engage dans l'armée et revient mourir à Valognes. Le dernier frère, Ernest Barbey du Motel (1812-?), épouse Théodorine Bouillon de la Lorerie, petite-fille de l'ancien maire de Mortain.

Après avoir achevé ses études secondaires au collège Stanislas, à Paris, le jeune homme s’inscrit en 1831 à la faculté de droit de Caen où il devient l’ami du libraire Guillaume Trébutien. À cette époque, Barbey se déclare républicain et refuse sa particule nobiliaire. Il tombe aussi follement amoureux de la femme d’un de ses cousins, Louise des Costils [2]. Barbey d'Aurevilly et Trébutien fondent l'éphémère Revue de Caen (un seul numéro) dans laquelle il publie sa première nouvelle intitulée Léa [3].

Deux ans plus tard, grâce à une rente du chevalier de Montressel, son grand-oncle et parrain, il retourne à Paris où il commence son roman Germaine ou la pitié. Mais il revient rapidement en Normandie pour des séjours à Valognes et dans le Mortainais [2].

En 1836, il entreprend son « Premier Memorandum », voyage en Touraine et commence à mener sa vie de dandy à Paris, rompt pour longtemps avec sa famille, se met à boire, court les jupons, se fâche une première fois avec son ami Trébutien et fait ses débuts dans le journalisme. Durant quelques années, le « Roi des ribauds » mène une vie qui selon son propre journal intime, est pleine de « sardanapaleries ». L’alcool et l’opium altèrent sa santé. En 1840, il publie néanmoins L’Amour impossible avant de se réconcilier avec Trébutien [2].

En 1846, Barbey revient au catholicisme pur et dur et au royalisme le plus intransigeant [2]. Il devient rédacteur en chef de la Revue du monde catholique [3]. Cette conversion, d’abord intellectuelle, s’approfondira à partir de 1851 sous l’influence de la baronne de Bouglon, surnommée « L’Ange Blanc », avec laquelle il formera même un projet de mariage. C’est au cours de cette même année 1851 que paraissent Une vieille maîtresse, qui fait scandale, et Les Prophètes du passé, violent réquisitoire contre la démocratie et la libre pensée. Ce dernier ouvrage lui vaut une réputation d’écrivain catholique intolérant [2].

L’année suivante, L’Ensorcelée, son roman de terroir par excellence, est publié en feuilleton. En 1856, l’écrivain se réconcilie enfin avec sa famille. En 1858, il se brouille définitivement avec Trébutien et s’installe bientôt à demeure à Paris, 25 rue Rousselet. Entre-temps, Barbey a renoué avec ses vieilles nostalgies royalistes malgré son ralliement politique à l’Empire. C’est en effet à la chouannerie normande qu’il demande désormais son inspiration qui nous vaut Le Chevalier des Touches en 1864. Un an après paraît aussi Un prêtre marié. Simultanément, Barbey mène une activité considérable de critique littéraire « mordante et partiale » qui le fait exclure de nombreuses revues [2].

Au moment de la Commune, il se réfugie dans son Cotentin natal, met la dernière main aux Diaboliques, dont la première édition, en 1874, lui vaudra des poursuites judiciaires. Suivront encore en 1882 Une histoire sans nom, qui connaît un grand succès, Les Ridicules du temps en 1883 et Ce qui ne meurt pas, en 1884 [2].

En 1879, il se lie avec Louise Read.

Victime d’une hémorragie, Barbey rend le dernier soupir le 23 avril 1889. Il est enterré au cimetière de Montparnasse à Paris. Ses restes sont transférés à Saint-Sauveur-le-Vicomte le 23 avril 1926, un an après l’inauguration du premier musée que lui consacre sa cité natale. En 1935, le baron de Beaulieu fonde la Société Barbey d'Aurevilly. Un quart de siècle plus tôt, Auguste Rodin avait sculpté son buste en bronze. Cette œuvre sera épargnée sous l’Occupation, mais les combats de la Libération ruinèrent le premier musée. Un autre fut reconstruit en 1956 avant d’être transféré en 1989 à son emplacement actuel [2].

« Cet artiste noble, affamé de grandeur, était hanté par le sentiment de la décadence », dit de lui Michel Mourre dans son grand dictionnaire des auteurs. Et de poursuivre : « Barbey n’est peut-être plus très lu, mais ce qui demeure certainement, c’est sa biographie, son personnage de « Connétable des lettres », qui fait penser à Bernanos encore, avec une superbe, un faste, une vanité assez dannunziennes. « Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly demeure le grand écrivain de la Manche. Il mérite d’être redécouvert car, disait un autre biographe, Jean Canu, « cet homme égaré dans son siècle a préparé le suivant, celui de l’absurde et de l’engagement, de l’angoisse et du salut de l’être et du néant. »[2]. Pour Le Figaro, Barbey d'Aurevilly est « un des plus flamboyants écrivains français » et un « dandy magnifique, monarchiste, catholique, provocateur ("Quand on a des opinions courantes, je les laisse courir"), excentrique, auteur de quelques inoubliables chefs-d'œuvre : Les Diaboliques, L'Ensorcelée, Un prêtre marié ou Une histoire sans nom » [4]

Le buste de bronze du musée Barbey-d'Aurevilly inspire un très beau texte à Léon Bloy, qui le vénérait : La Méduse Astruc [4].

Nombre de ses œuvres ont été adaptées à l’écran : Le Rideau cramoisi et Le Bonheur dans le crime, tirés des Diaboliques, L’Ensorcelée, Le Chevalier des Touches, Une vieille maîtresse, Une histoire sans nom et Un prêtre marié, notamment [2].

Œuvres

Œuvres romanesques

Manuscrit des « Diaboliques ».
  • Le Cachet d'Onyx, 1831.
  • Léa, 1832.
  • L'Amour impossible, 1841.
  • La Bague d'Annibal, 1842.
  • Du Dandysme et de George Brummel (essai), 1844.
  • Le Dessous des cartes d'une partie de whist, 1850.
  • Une vieille maîtresse, 1851.
  • Les Prophètes du passé, 1851.
  • L'Ensorcelée, 1852.
  • Les Œuvres et les hommes, 1860.
  • Le Chevalier des Touches, 1863.
  • Un prêtre marié, 1864.
  • Le Plus bel amour de Don Juan, 1867.
  • Les Diaboliques, 1874.
  • Une histoire sans nom, 1882.
  • Une page d'histoire, 1882.
  • Ce qui ne meurt pas, 1883.

Œuvres journalistiques

Signature.
  • Œuvre critique, vol. I, II, III (Les Œuvres et les hommes), éd. "Les Belles lettres

Correspondance

  • Lettres à Madame de Bouglon, présentées par Jacques Petit et annotées par Andrée Hirschi, éd. Les Belles Lettres, 1978.
  • Correspondance générale, tome 1.
  • Correspondance générale, tome 2 (1845-1850), éd. Les Belles Lettres, 1982.
  • Correspondance générale, tome 3 (1851-1853), éd. Les Belles Lettres, 1983.
  • Correspondance générale, tome 4 (1854-1855), éd. Les Belles Lettres, 1984.

Sur Barbey d'Aurevilly

voir l'article détaillé Bibliographie de Jules Barbey d'Aurevilly

Associations

Barbey d'Aurevilly et la Manche

voir l'article détaillé Jules Barbey d'Aurevilly et la Manche

Hommages

Flamme postale, 1993.
Statue à Valognes.
Plaque à Paris
Plaques commémoratives
  • La maison qu'il occupait à Caen (Calvados) de 1831 à 1834 quand il était étudiant à la faculté de droit
  • Son dernier domicile, au 25 rue Rousselet à Paris [5]
  • Un bâtiment de la résidence Les Hortensias à Cherbourg-Octeville porte également le nom de Barbey d'Aurevilly.
Odonymes

Dans la Manche, une dizaine de communes ont donné le nom de l'écrivain à l'une de leurs voies.

voir l'article détaillé Barbey d'Aurevilly (odonyme)

À l'extérieur du département, on trouve des rues Barbey d'Aurevilly à Paris, Caen (Calvados), Ouistreham (Calvados), Colombelles (Calvados), Rouen (Seine-Maritime), Bernay (Eure), Rennes (Ille-et-Vilaine) et Baillet-en-France (Essonne).

Philatélie
  • Une flamme postale de Saint-Sauveur-le-Vicomte commémore également l'écrivain.

Notes et références

  1. « Acte de naissance », Archives de la Manche, archives communales de Saint-Sauveur-le-Vicomte, registre de l'état-civil des NMD (1807-1808), 3E 551/8, page 164/191.
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 et 2,12 René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, éd. Eurocibles, Marigny.
  3. 3,0 et 3,1 Yves Lecouturier, Célèbres de Normandie, éd. Orep, 2007.
  4. 4,0 et 4,1 Hervé de Saint-Hilaire, Le Figaro, 31 mars 2001.
  5. Lucien Corpechot, « Barbey d'Aurevilly », Le Gaulois, 14 octobre 1923.

Articles connexes

Liens externes