Adèle Duchevreuil

Marie Adèle Antoinette Henriette Duchevreuil, en religion sœur Marie, née à Équeurdreville le 18 octobre 1801 et morte à Cherbourg le 17 janvier 1875, est une personnalité catholique de la Manche.

La fondatrice du couvent de la Bucaille

Elle serait le 24^e enfant de François Duchevreuil. Elle est mise en nourrice « chez une respectable femme de Flamanville », où elle reste quatre ans. Sa mère la reprend ensuite à Équeurdreville, où elle lui donne « l'éducation la plus pieuse, aimant à l'emmener à l'église et à l'initier aux choses divines ». Plus grande, elle est envoyée à Cherbourg, à l'école que tient la directrice de l'hôpital. Adèle fait sa première communion le 4 mai 1814 en l'église de la Trinité et perd sa mère dix ans plus tard, en novembre 1824. Ses frères et sœurs quittent alors le domicile familial pour fonder un nouveau foyer ou suivre leur carrière, mais Adèle reste seule avec son père. Elle s'intéresse à ses activités savantes, range son cabinet d'histoire naturelle et, pour l'enrichir, fréquente les boutiques des brocanteurs. Tous les matins, elle assiste à la messe en l'église d'Équeurdreville. La mort de son père en 1830 la décide à entrer en religion; elle demande à être admise chez les sœurs de la Sagesse et y prépare son entrée. Mais elle est appelée à diriger le nouveau bureau de bienfaisance de Cherbourg, et finit par accepter, à la condition que le choix de ses auxiliaires et le régime intérieur de la maison à fonder restent à son entière disposition. Elle inaugure ses fonctions de directrice le 25 octobre 1830 dans un local provisoire, rue de la Marine. Le bureau déménage assez vite en face de la fontaine des Caveliers au 76, rue du Chantier, où une pharmacie et un fourneau sont aménagés. Le 8 novembre, Adèle Duchevreuil a réuni quatre filles autour d'elle et entreprend dès lors de fonder une communauté religieuse. L'évêque donne son approbation le 9 décembre et les premiers vœux sont prononcés le 16, à l'occasion de la bénédiction d'un oratoire à la maison de la rue du Chantier. Mais la communauté grossit et les sœurs manquent de place. Mme Duchevreuil cherche longtemps l'endroit propice à l'installation de sa communauté. Elle finit par acquérir un terrain appartenant à M. de la Martinière nommé « le Closet » ou « les Vaindys », à l'angle des rues de la Polle et de la Bucaille. L'acte est passé le 20 décembre 1832 moyennant la somme de 16 500 francs, frais compris. La première pierre du couvent de la Bucaille est posée le 10 août 1833, « à l'angle sud-est de la maison où devait se trouver la chapelle ». Les travaux commencent aussitôt mais sont retardés par le manque de pierres de taille. En 1834, les sœurs sont souffrantes et l'une d'elles meurt à Surtainville. La mère fondatrice n'échappe pas au mal, sujette à « de fréquentes et graves maladies ». L'abbé Langlois attribue son rétablissement au pèlerinage que firent deux hommes au tombeau du bienheureux Thomas Hélye à Biville. Le 31 août 1834, le curé de Cherbourg procède à la bénédiction du couvent de la Bucaille, bien qu'il ne soit pas terminé. La chapelle provisoire est bénite le 8 septembre par le même homme, et placée sous l'invocation du Sacré Cœur de Jésus et du Très Saint Cœur de Marie.

Frappée d'une attaque le 10 janvier 1876, Adèle Duchevreuil meurt une semaine plus tard. Elle aura été au service des pauvres et des orphelines pendant quarante-cinq ans.

Source

• Noël Langlois, Le Siècle du couvent de Cherbourg. Aperçu historique sur la congrégation des sœurs de la Charité de Jésus et Marie dite de la Bucaille, éd.la Dépêche, 1931.