Actions

Abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte

De Wikimanche

L'abbaye bénédictine.

L'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte est un édifice religieux catholique de la Manche, situé à Saint-Sauveur-le-Vicomte.

L'abbaye bénédictine

L'abbaye : vue d'ensemble.

À la fin du Xe siècle, une église est fondée à Saint-Sauveur par Roger, vicomte du Cotentin sous le duc de Normandie Richard Ier. On ne sait pas où est bâti ce premier sanctuaire, peut-être dans l'enceinte du château, lui-même de construction récente à cette époque. En 998, Hugues Ier, évêque de Coutances, érige l'église en collégiale[1].

En 1049, les chanoines sont remplacés par des moines venant de l'abbaye de Jumièges (Seine-Maritime)[1]. Ils entreprennent la construction de l'abbaye à l'emplacement actuel, en 1067. Consacrée vers 1165, l'abbatiale romane n'est pas encore tout à fait terminée à la fin du XIIe siècle. Les travaux sont largement financés par les dons des trois familles qui se succèdent à la seigneurie de Saint-Sauveur, les Néel, la Roche-Taisson et d'Harcourt.

Ruines de l'ancienne église abbatiale, 1822.

Selon Jean Blanchelande, l'abbatiale « avait à peu près les mêmes dimensions que celle de Montebourg, soit une longueur de 66 mètres. L'abside se composait de trois lobes semi-circulaires ; le transept était surmonté d'un clocher central à bâtière et le chœur primitif comportait certainement des collatéraux. Ceux-ci devaient se terminer par un chevet plat à hauteur de l'amorce de l'hémicycle de l'abside. » On peut encore constater aujourd'hui que la nef romane était munie de bas-côtés.

La Guerre de Cent ans met fin à la longue période de prospérité que l'abbaye a connue depuis sa création, grâce notamment à ses généreux donateurs. À proximité immédiate du château, elle devient une place forte qui subit les attaques alternativement françaises et anglo-navarraises. Les religieux sont contraints de se réfugier à Cherbourg, puis à Jersey[1].

Le chœur et le transept ayant été détruits pendant le conflit, ils sont reconstruits dans le style gothique flamboyant[2].

Dès 1472, le régime de la commende est instauré à Saint-Sauveur, déléguant la tête de l'abbaye à des hommes plus intéressés par les revenus qu'elle peut leur apporter personnellement que par la gestion morale et religieuse de la communauté. L'abbaye décline et ne compte plus qu'un seul religieux en 1774[1].

Lors de la Révolution, les terres et les bois de l'abbaye sont vendus comme biens nationaux le 4 juin 1791, tandis que l'abbatiale est achetée en 1793 comme carrière[1]. Elle est laissée à l'abandon et tombe en ruines.

Les sœurs des Écoles chrétiennes de la miséricorde et la restauration de l'abbaye

Tombeau de sainte Marie-Madeleine Postel dans l'abbatiale.

En 1832, Marie-Madeleine Postel achète l'ancienne abbaye bénédictine pour abriter la congrégation qu'elle a fondé en 1807[1]. Les religieuses s'installent dans l'ancien logis abbatial et, en 1839, Marie-Madeleine Postel confie la reconstruction de l'abbatiale aux « mains plus pieuses que familières avec l'architecture ancienne d'un artisan, très doué et entièrement dévoué à son œuvre délicate, François Halley »[2].

En 1842, le clocher récemment reconstruit s'effondre sous l'assaut d'une tempête, entraînant dans sa chute le transept et les premières travées du chœur. Les religieuses ne renoncent pas et les travaux se poursuivent. Ils ne sont pas interrompus non plus par le décès de la fondatrice de la congrégation en 1846. L'abbaye est consacrée en 1856 mais les travaux ne sont pas encore terminés lorsque François Halley meurt en 1862, avant d'avoir pu achever son œuvre.

Troisième restauration

La nef de l'église.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les lieux sont occupés par les Allemands qui y établissent un hôpital et des baraquements ; ils laissent des plaquettes incendiaires à leur départ en juin 1944. Alors que les troupes américaines progressent vers l'ouest du Cotentin, des bombardements alliés provoquent l'incendie des toitures de l'abbaye et l'écroulement des voutes de la nef de l'abbatiale[2].

Un arrêté de 1945 inscrit partiellement l'abbaye aux monuments historiques[3]. Après la Libération, l'église est entièrement restaurée sous la direction des Monuments historiques, Paul Bony y réalise les vitraux.

Situation

Elle est bâtie au bord de la Douve.

Chargement de la carte...

Bibliographie

par ordre chronologique de parution
Livres
  • F.T.M. Bourgeoise, Aperçu historique sur l'ancienne abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche), 1850
  • Auguste Lerosey, Histoire de l'abbaye bénédictine de Saint-Sauveur-le-Vicomte, éd. Paillart, Abbeville, 1894 (lire en ligne)
  • Pierre Leberruyer, L'Abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche) des origines à nos jours, éd. Notre-Dame, Coutances, 1959
  • Jean Blanchelande, L'Abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, éd. Arnaud Bellée, Coutances, 1976
  • Pierre Leberruyer, L'Abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte, éd. La Dépêche, Cherbourg, 1990
Articles
  • Léopold Delisle, « Une charte altérée introduite dans le cartulaire de Saint-Sauveur-le-Vicomte », Annuaire de la Manche, 1909
  • Marcel Lelégard, « Le cycle de la Nativité, cinq bas-reliefs de l'église abbatiale de Saint-Sauveur-le-Vicomte », Art de Basse-Normandie, n° 4, hiver 1956-1957, p. 32-35
  • Albert Bruno, « L'Abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte », La Normandie bénédictine au temps de Guillaume le Conquérant, Facultés catholiques de Lille, 1967, p. 323-356
  • « Rasage hebdomadaire chez les moines de Saint-Sauveur-le-Vicomte (1669) », Revue de la Manche, n° 39, 1968.
  • « Un moine scandaleux à Saint-Sauveur-le-Vicomte (1675-1682) », Revue de la Manche, n° 108, octobre 1985

Administration

Adresse : 11, route de l'Abbaye
50390 Saint-Sauveur-le-Vicomte
Tél. 02 33 21 63 20
Fax 02 33 41 61 21

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 et 1,5 Michel Hébert et André Gervaise, « Les 15 abbayes de la Manche », éd. Corlet, 2002.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 André Rostand, Monuments meurtris du Cotentin libéré, 1948.
  3. « Notice n°PA00110602 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.

Liens internes

Lien externe