Actions

« Mare de Tourlaville » : différence entre les versions

De Wikimanche

Aucun résumé des modifications
Ligne 2 : Ligne 2 :
La '''Mare de Tourlaville''' est un lieu-dit situé à l'est du [[Port des Flamands]] à [[Tourlaville]], à [[Cherbourg-en-Cotentin]]
La '''Mare de Tourlaville''' est un lieu-dit situé à l'est du [[Port des Flamands]] à [[Tourlaville]], à [[Cherbourg-en-Cotentin]]


==Le « parc aux bois des Flamands »==
==Moyen-âge==
Vers 1845, 10 hectares de marais y sont acquis par l'[[arsenal de Cherbourg]] <ref>Ferdinand François de Bon, ''Les ports militaires de la France'', Cherbourg, 1867, p.93, [https://www.google.fr/books/edition/Cherbourg_Accompagn%C3%A9_d_un_plan_et_de_pl/f6ZWAAAAcAAJ?hl=fr&gbpv=1 ''(lire en ligne)''.]</ref> pour y enfouir les bois de construction des navires. Le procédé peut surprendre, mais il est connu : il s'appelle « enclavation »<ref>Enclavation dans Wikipédia [https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclavation ''(lire en ligne)''.]</ref>. On stocke le bois dans l'eau (ou en l'occurrence dans la vase), l'eau remplace la sève de l'arbre, et de manière contrintuitive le temps de séchage du bois s'en trouve raccourci.
Des pièces en argent figurant Louis de Flandres ont été trouvées près des rochers des Flamands, et des monnaies en cuivre du 14{{e}} siècle de Louis de Crécy et de quelques autres dynasties de Brabant ont été mises au jour en [[1853]] dans un chantier de creusement de la mare <ref> P. Kerfurus, « Sur une chapelle ... », ''Cherbourg-Éclair'', 11 juin 1933. [https://www.normannia.info/ark%3A/86186/z0dd#?c=0&m=0&s=0&cv=4 ''(lire en ligne)''.]</ref>.
 
==XIX{{e}} siècle : le « parc aux bois des Flamands »==
Vers 1845, 10 hectares de marais y sont acquis par l'[[arsenal de Cherbourg]] <ref>Ferdinand François de Bon, ''Les ports militaires de la France'', Cherbourg, 1867, p.93, [https://www.google.fr/books/edition/Cherbourg_Accompagn%C3%A9_d_un_plan_et_de_pl/f6ZWAAAAcAAJ?hl=fr&gbpv=1 ''(lire en ligne)''.]</ref> pour y enfouir les bois de construction des navires. Le procédé peut surprendre, mais il est connu : il s'appelle « enclavation »<ref>Enclavation dans Wikipédia [https://fr.wikipedia.org/wiki/Enclavation ''(lire en ligne)''.]</ref>. On stocke le bois dans l'eau (ou en l'occurrence dans la vase), l'eau remplace la sève de l'arbre, et de manière contrintuitive le temps de séchage du bois s'en trouve considérablement raccourci.


Entre 1848 et 1877, une autre méthode est testée au même endroit, dérivée du « procédé Guibert », proposée par M. de Lapparent. Il s'agissait de placer le bois dans une « atmosphère d'acide sulfureux […] à une température de 50° à 110° » <ref>Jean Baptiste Fonssagrives, ''Traité d'Hygiène navale'', 1877, p.14 [https://books.google.be/books?id=Me33UU2DRvAC&hl=fr&pg=PA14#v=onepage&q=Cherbourg&f=false ''(lire en ligne)''.]</ref>. On imagine bien les conditions d'hygiène infligées aux ouvriers de ce chantier… De plus, le procédé s'est avéré inefficace : au final le bois se fendillait.
Entre 1848 et 1877, une autre méthode est testée au même endroit, dérivée du « procédé Guibert », proposée par M. de Lapparent. Il s'agissait de placer le bois dans une « atmosphère d'acide sulfureux […] à une température de 50° à 110° » <ref>Jean Baptiste Fonssagrives, ''Traité d'Hygiène navale'', 1877, p.14 [https://books.google.be/books?id=Me33UU2DRvAC&hl=fr&pg=PA14#v=onepage&q=Cherbourg&f=false ''(lire en ligne)''.]</ref>. On imagine bien les conditions d'hygiène infligées aux ouvriers de ce chantier… De plus, le procédé s'est avéré inefficace : au final le bois se fendillait.


==Évolution du site==
==XX{{e}} siècle : disparition du site==
Deux canaux desservaient l'aire d'enfouissement, certainement pour permettre le flottage du bois vers l'arsenal ou seulement jusqu'au port des Flamands. Ils étaient toujours visibles à la fin des années 1960 ou début 1970<ref name=perso>Témoignage personnel</ref>. Leurs berges étaient maçonnées très proprement en [[Granite|granit]] rose.
Deux canaux desservaient l'aire d'enfouissement, certainement pour permettre le flottage du bois vers l'arsenal ou seulement jusqu'au port des Flamands. Ils étaient toujours visibles à la fin des années 1960 ou début 1970<ref name=perso>Témoignage personnel</ref>. Leurs berges étaient maçonnées très proprement en [[Granite|granit]] rose.


En 1914 la connexion des canaux avec le port est déviée pour permettre l'implantation d'installations pétrolière à usage de la marine<ref>''Journal de la Manche et de la Basse-Normandie,'' 6 mai 1914 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2353457k/f4.item.r=reservoirs.zoom ''(lire en ligne)''.]. </ref>.
En 1914 la connexion des canaux avec le port est déviée pour permettre l'implantation d'installations pétrolière à usage de la marine<ref>''Journal de la Manche et de la Basse-Normandie,'' 6 mai 1914 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2353457k/f4.item.r=reservoirs.zoom ''(lire en ligne)''.]. </ref>.


Une mission de photographies aériennes de [[1920]] montre bien l'ensemble des installations subsistante (voir illustration ci contre). À l'est, au-delà de la digue de Collignon on distingue trois ensembles bâtis dont les superstructures circulaires correspondraient bien aux cheminées des fours géant nécessaires au « procédé Guibert ». Les canaux s'étendent jusque-là, les 10 hectares initiaux ont été considérablement étendus.<ref>On ne voit qu'un seul de ces bâtiments sur la photo jointe. Les deux autres sont visibles sur une autre photo de la même mission photographique : Identifiant de la mission : CN20000151_1920_SGA-COTENTIN_0237 - Numéro : 237 [https://remonterletemps.ign.fr/telecharger?x=-1.574350&y=49.656427&z=15&layer=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.PLANIGNV2&demat=DEMAT.PVA$GEOPORTAIL:DEMAT;PHOTOS&missionId=missions.6409472 ''(lire en ligne)''.]</ref>
Une mission de photographies aériennes de [[1920]] montre bien l'ensemble des installations subsistante (voir illustration ci-dessus). À l'est, au-delà de la digue de Collignon on distingue trois ensembles bâtis dont les superstructures circulaires correspondraient bien aux cheminées des fours géant nécessaires au « procédé Guibert ». Les canaux s'étendent jusque-là, les 10 hectares initiaux ont été considérablement étendus, notamment par le chantier de 1853 déjà cité.<ref>On ne voit qu'un seul de ces bâtiments sur la photo jointe. Les deux autres sont visibles sur une autre photo de la même mission photographique : Identifiant de la mission : CN20000151_1920_SGA-COTENTIN_0237 - Numéro : 237 [https://remonterletemps.ign.fr/telecharger?x=-1.574350&y=49.656427&z=15&layer=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.PLANIGNV2&demat=DEMAT.PVA$GEOPORTAIL:DEMAT;PHOTOS&missionId=missions.6409472 ''(lire en ligne)''.]</ref>


Pendant la seconde guerre mondiale, la construction de la batterie des grèves a probablement commencé à détruire le site. Les photos aérienne du 21 juin 1944 <ref>IGN Identifiant de la mission : CA98P00061_1944_106G1024_4169 Numéro : 4169 [https://remonterletemps.ign.fr/telecharger?x=-1.566324&y=49.644425&z=14&layer=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.PLANIGNV2&demat=DEMAT.PVA$GEOPORTAIL:DEMAT;PHOTOS&missionId=missions.6410088 ''(lire en ligne)''.]</ref> montrent que les bâtiments à l'est sont détruits, peut être par bombardement.
Pendant la seconde guerre mondiale, la construction de la batterie des grèves a probablement commencé à détruire le site. Les photos aérienne du 21 juin 1944 <ref>IGN Identifiant de la mission : CA98P00061_1944_106G1024_4169 Numéro : 4169 [https://remonterletemps.ign.fr/telecharger?x=-1.566324&y=49.644425&z=14&layer=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.PLANIGNV2&demat=DEMAT.PVA$GEOPORTAIL:DEMAT;PHOTOS&missionId=missions.6410088 ''(lire en ligne)''.]</ref> montrent que les bâtiments à l'est sont détruits, peut être par bombardement.

Version du 14 mai 2023 à 11:23

Mare de Tourlaville - photo aérienne - 1920
On distingue clairement les deux canaux qui raccordait la marre au port des Flamands. La connexion directe au port a cependant déjà été coupée par la construction des « citernes à mazout ».

La Mare de Tourlaville est un lieu-dit situé à l'est du Port des Flamands à Tourlaville, à Cherbourg-en-Cotentin

Moyen-âge

Des pièces en argent figurant Louis de Flandres ont été trouvées près des rochers des Flamands, et des monnaies en cuivre du 14e siècle de Louis de Crécy et de quelques autres dynasties de Brabant ont été mises au jour en 1853 dans un chantier de creusement de la mare [1].

XIXe siècle : le « parc aux bois des Flamands »

Vers 1845, 10 hectares de marais y sont acquis par l'arsenal de Cherbourg [2] pour y enfouir les bois de construction des navires. Le procédé peut surprendre, mais il est connu : il s'appelle « enclavation »[3]. On stocke le bois dans l'eau (ou en l'occurrence dans la vase), l'eau remplace la sève de l'arbre, et de manière contrintuitive le temps de séchage du bois s'en trouve considérablement raccourci.

Entre 1848 et 1877, une autre méthode est testée au même endroit, dérivée du « procédé Guibert », proposée par M. de Lapparent. Il s'agissait de placer le bois dans une « atmosphère d'acide sulfureux […] à une température de 50° à 110° » [4]. On imagine bien les conditions d'hygiène infligées aux ouvriers de ce chantier… De plus, le procédé s'est avéré inefficace : au final le bois se fendillait.

XXe siècle : disparition du site

Deux canaux desservaient l'aire d'enfouissement, certainement pour permettre le flottage du bois vers l'arsenal ou seulement jusqu'au port des Flamands. Ils étaient toujours visibles à la fin des années 1960 ou début 1970[5]. Leurs berges étaient maçonnées très proprement en granit rose.

En 1914 la connexion des canaux avec le port est déviée pour permettre l'implantation d'installations pétrolière à usage de la marine[6].

Une mission de photographies aériennes de 1920 montre bien l'ensemble des installations subsistante (voir illustration ci-dessus). À l'est, au-delà de la digue de Collignon on distingue trois ensembles bâtis dont les superstructures circulaires correspondraient bien aux cheminées des fours géant nécessaires au « procédé Guibert ». Les canaux s'étendent jusque-là, les 10 hectares initiaux ont été considérablement étendus, notamment par le chantier de 1853 déjà cité.[7]

Pendant la seconde guerre mondiale, la construction de la batterie des grèves a probablement commencé à détruire le site. Les photos aérienne du 21 juin 1944 [8] montrent que les bâtiments à l'est sont détruits, peut être par bombardement.

Au début des années 1970, le tout a été recouvert par une décharge publique, à nouveau recouverte de terre, le tout aménagé plus tard en camping, ce qui a encore posé quelques problèmes d'hygiène[5].

Les aménagements de ce qui devient un quartier depuis les années 1980, continuent à faire disparaître toutes traces de l'installation, notamment Intechmer, l'espace loisir de Collignon, la rue des Crustacés etc.

Au final le tout est tranché par la nationale 13 (déviation est de Tourlaville et Barreau des Flamands) qui dessert maintenant le port de Cherbourg. Tout cela est lisible sur la carte ci-dessous.

Situation

Chargement de la carte...

Notes et références

  1. P. Kerfurus, « Sur une chapelle ... », Cherbourg-Éclair, 11 juin 1933. (lire en ligne).
  2. Ferdinand François de Bon, Les ports militaires de la France, Cherbourg, 1867, p.93, (lire en ligne).
  3. Enclavation dans Wikipédia (lire en ligne).
  4. Jean Baptiste Fonssagrives, Traité d'Hygiène navale, 1877, p.14 (lire en ligne).
  5. 5,0 et 5,1 Témoignage personnel
  6. Journal de la Manche et de la Basse-Normandie, 6 mai 1914 (lire en ligne)..
  7. On ne voit qu'un seul de ces bâtiments sur la photo jointe. Les deux autres sont visibles sur une autre photo de la même mission photographique : Identifiant de la mission : CN20000151_1920_SGA-COTENTIN_0237 - Numéro : 237 (lire en ligne).
  8. IGN Identifiant de la mission : CA98P00061_1944_106G1024_4169 Numéro : 4169 (lire en ligne).