Actions

« Grand doyenné d'Avranches » : différence entre les versions

De Wikimanche

(→‎Histoire : passage de Jacques II d'Angleterre en 1690)
(situation)
 
(10 versions intermédiaires par 3 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Fichier:Le grand doyenné.jpg|thumb|350px|Le grand doyenné.]]
[[Fichier:Avr-grand-doyenne-facade-nord.jpg|thumb|200px|Façade nord, rue de Lille.]]
Le '''Grand Doyenné''', dit aussi ''manoir de Subligny'', est un [[liste des monuments historiques de la Manche|monument historique]] de la Manche, situé à [[Avranches]], 26 [[Rue d'Auditoire (Avranches)|rue d’Auditoire]].
Le '''Grand Doyenné''', dit aussi ''manoir de Subligny'', est un [[liste des monuments historiques de la Manche|monument historique]] de la Manche, situé à [[Avranches]], 26 [[Rue d'Auditoire (Avranches)|rue d’Auditoire]].
[[Fichier:Le grand doyenné.jpg|thumb|Le grand doyenné]]
[[Fichier:Avr-grand-doyenne-facade-nord.jpg|thumb|200px|Façade nord du Grand Doyenné d'Avranches]]


== Histoire ==
== Histoire ==


Demeure urbaine seigneuriale du milieu du XII{{e}} siècle, elle a pu être construite pour [[Hasculf de Subligny]], seigneur d'Avranches et frère de l'évêque [[Richard de Subligny]]<ref name=merimee>{{Mérimée|PA50000045}}.</ref>.
Demeure urbaine seigneuriale du milieu du XII{{e}} siècle, elle a pu être construite pour [[Hasculf de Subligny]], seigneur d'Avranches et frère de l'évêque [[Richard de Subligny]] <ref name=merimee>{{Mérimée|PA50000045}}</ref>


En [[1172]], le Grand doyenné a probablement accueilli [[Henri II d'Angleterre|Henri II Plantagenêt]] lorsqu'il est venu faire amende honorable sur le seuil de la [[Cathédrale Saint-André (Avranches)|cathédrale]] pour le meurtre de [[Thomas Becket]]<ref name=DNM2>[[David Nicolas-Méry]], ''Le « Grand Doyenné » d'Avranches, une résidence aristocratique au fil des siècles'', dans Monuments et sites de Normandie, 3, éd. Société des antiquaires de Normandie, 2013, p.57-61</ref>.
En [[1172]], le Grand doyenné a probablement accueilli [[Henri II d'Angleterre|Henri II Plantagenêt]] lorsqu'il est venu faire amende honorable sur le seuil de la [[Cathédrale Saint-André (Avranches)|cathédrale]] pour le meurtre de [[Thomas Becket]] <ref name=DNM2>[[David Nicolas-Méry]], ''Le « Grand Doyenné » d'Avranches, une résidence aristocratique au fil des siècles'', dans Monuments et sites de Normandie, 3, éd. Société des antiquaires de Normandie, 2013, p. 57-61.</ref>.


En [[1274]], Jean Paisnel, descendant d'Hasculf, le vend à l'évêque Raoul de Thiéville <ref name=DNM1>David Nicolas-Méry, ''Avranches, capitale du pays du Mont-Saint-Michel'', éd. Orep, 2011, p. 40, 62, 67 et 72. </ref> qui le fait restaurer pour l'hébergement du doyen, deuxième personnage de l'évêché.
En [[1274]], Jean Paisnel, descendant d'Hasculf, le vend à l'évêque Raoul de Thiéville <ref name=DNM1>David Nicolas-Méry, ''Avranches, capitale du pays du Mont-Saint-Michel'', éd. Orep, 2011, p. 40, 62, 67 et 72. </ref> qui le fait restaurer pour l'hébergement du doyen, deuxième personnage de l'évêché.


Le [[26 juillet]] [[1690]], Jacques II d'Angleterre (Jacques Stuart), débarqué à Brest après une défaite en Irlande, fait un passage rapide à Avranches où il se fait offrir le pain et le vin au Grand doyenné devant la bourgeoisie et le clergé de la ville<ref name=DNM2/>.
Le [[26 juillet]] [[1690]], Jacques II d'Angleterre (Jacques Stuart), débarqué à Brest après une défaite en Irlande, fait un passage rapide à Avranches où il se fait offrir le pain et le vin au Grand doyenné devant la bourgeoisie et le clergé de la ville <ref name=DNM2/>.


Le logis se trouve à proximité. Il est détruit au XIX{{e}} siècle <ref name=DNM1/>.
[[Scipion-Jérôme Brigeat de Lambert]], nommé en [[1788]] est le dernier doyen d'Avranches <ref name=DNM2/>.
 
Le grand doyenné est mis en vente comme bien national en [[1790]] <ref name=DNM2/>.  


Le Petit doyenné, extension orientale, est détruit au XVIII{{e}} siècle.  
En [[1794]], la salle basse sert de geôle aux « ex-nobles » de la [[Fournée d'Avranches]] <ref name=DNM1/>.


Vendu comme bien national en [[1790]], le Doyenné passe dans les mains de plusieurs grandes familles de la ville.
La municipalité occupe l'immeuble jusqu'à son achat, le premier germinal de l'an IV, par [[Pierre Louis Pinel|Pierre Pinel]], député de la Manche à la Convention <ref name=DNM2/>.
En décembre [[1899]], le bâtiment est victime d'un important incendie <ref name=DNM1/>. Sophie de Montitier, petite fille de Pierre Pinel, occupe la maison jusqu'à son décès dans les années 1920 <ref name=DNM2/>. Ses héritiers , M. et Mme de Silly gardent la maison avant de la céder au député [[Maxime Fauchon]] en [[1936]] <ref name=DNM2/>.  


En [[1794]], il sert de geôle aux « ex-nobles » de la [[Fournée d'Avranches]]<ref name=DNM1/>.
Entre le [[29 mai]] [[1940]] et juillet [[1941]], quinze caisses de [[Manuscrits du Mont-Saint-Michel|manuscrits]] de la [[Bibliothèque patrimoniale d'Avranches|bibliothèque d'Avranches]] et d'archives municipales sont mises à l'abri dans la salle basse, avant de rejoindre l'[[Hôtel de ville (Avranches)|hôtel de ville]] puis la  chapelle du château d'Ussé en Indre-et-Loire en [[1942]] <ref name=DNM2/>.  


En décembre [[1899]], il est victime d'un important incendie <ref name=DNM1/>.
Au décès de Maxime Fauchon, son fils aîné [[Jacques Fauchon]] hérite de la demeure qui est vendue par sa veuve en [[2002]] à M. et Mme Colet, amateurs de maisons anciennes, qui ouvrent occasionnellement leur demeure au public, aux étudiants et aux scolaires <ref name=DNM2/>.


Protégé par une inscription au titre des [[monuments historiques]] le 13 octobre [[2006]], l'ensemble du bâtiment, avec le sol de la parcelle, est classé par arrêté du 19 octobre [[2007]]<ref name=merimee/>.
Ils obtiennent que l'édifice soit protégé par une inscription au titre des [[monuments historiques]] l'ensemble du bâtiment, avec le sol de la parcelle, est classé par arrêté du [[19 octobre]] [[2007]] <ref name=merimee/>.


M. et Mme Colet propriétaires depuis [[2001]], mettent leur demeure en vente en [[2019]]<ref>« Qui pour poursuivre l'histoire du Grand doyenné ? », ''Ouest-France'', 12 avril 2019.</ref>.
M. et Mme Colet mettent leur demeure en vente en [[2019]] <ref>« Qui pour poursuivre l'histoire du Grand doyenné ? », ''Ouest-France'', 12 avril 2019.</ref>. En [[2021]], Thomas et Elena Bork en deviennent les 47{{e}} propriétaires <ref>« "C'est la maison qui nous a trouvés" », ''La Manche Libre'', 13 novembre 2021.</ref>.


==Description==
==Description==
Son cellier du XII{{e}} est formé de deux nefs et quatre travées de 22,65 mètres de long sur 9,4 mètres de large. Les voûtes, dont le sommet domine à 4,2 mètres, reposent sur des piliers et les murs. Dans les murs de 2,28 mètres d'épaisseur, sont percées des baies à double embrasure.
Son cellier du XII{{e}} est formé de deux nefs et quatre travées de {{unité|22,65|mètres}} de long sur {{unité|9,4|mètres}} de large. Les voûtes, dont le sommet domine à {{unité|4,2|mètres}}, reposent sur des piliers et les murs. Dans les murs de {{unité|2,28|mètres}} d'épaisseur, sont percées des baies à double embrasure.


Sur la façade nord du XII{{e}} siècle, de 28 mètres, les fenêtres à meneaux des XV{{e}} et XVI{{e}} siècles témoignent de la transformation de l'''aula'' (grand hall) plusieurs pièces sur deux niveaux. La façade sud, sur jardin, est remaniée en [[1762]]<ref name=DNM1/>, avec à l'intérieur des boiseries et lambris. La toiture repose sur une charpente du XV{{e}} et XVI{{e}} siècles de 7 fermes de 8 mètres de haut.  
Sur la façade nord du XII{{e}} siècle, de {{unité|28|mètres}}, les fenêtres à meneaux des XV{{e}} et XVI{{e}} siècles témoignent de la transformation de l'« aula » (grand hall) plusieurs pièces sur deux niveaux. La façade sud, sur jardin, est remaniée en [[1762]] <ref name=DNM1/>, avec à l'intérieur des boiseries et lambris. La toiture repose sur une charpente du XV{{e}} et XVI{{e}} siècles de 7 fermes de {{unité|8|mètres}} de haut.  


L'[[escalier à vis]] du XII{{e}} siècle, dit « de Saint-Gilles », situé dans l'angle nord-est desservait le cellier, l'''aula'', la chambre et le chemin de ronde aujourd'hui remplacé par la toiture.
L'[[escalier à vis]] du XII{{e}} siècle, dit « de Saint-Gilles », situé dans l'angle nord-est desservait le cellier, l'« aula », la chambre et le chemin de ronde aujourd'hui remplacé par la toiture.


Sa salle d'apparat couvre une superficie de 230 mètres carrés et repose sur un vaste cellier voûté où sont entreposées diverses denrées <ref name=DNM1/>.
Le logis se trouve à proximité. Il est détruit au XIX{{e}} siècle <ref name=DNM1/>.
 
Le Petit doyenné, extension orientale, est détruit au XVIII{{e}} siècle.
 
Sa salle d'apparat couvre une superficie de {{unité|230|m|2}} et repose sur un vaste cellier voûté où sont entreposées diverses denrées <ref name=DNM1/>.
 
==Situation==
Le portail est [[Rue d'Auditoire (Avranches)|rue d'Auditoire]], la façade nord est visible [[Rue de Lille (Avranches)|rue de Lille]]
{{Carte flottante droite
| position=auto
| hauteur= 240
| latitude =48.688349
| longitude =-1.363402
| zoom=18
| enablefullscreen = yes
}}


==Bibliograghie==
==Bibliograghie==
Ligne 40 : Ligne 58 :
* [[David Nicolas-Méry]], ''Le « Grand Doyenné » d'Avranches, une résidence aristocratique au fil des siècles'', dans Monuments et sites de Normandie, 3, éd. Société des antiquaires de Normandie, 2013
* [[David Nicolas-Méry]], ''Le « Grand Doyenné » d'Avranches, une résidence aristocratique au fil des siècles'', dans Monuments et sites de Normandie, 3, éd. Société des antiquaires de Normandie, 2013


== Notes et références ==
{{Notes et références}}
<references />


==Lien interne==
==Lien interne==
* [[:Catégorie:Grand doyenné d'Avranches (image)|Galerie d'images]]
* [[:Catégorie:Grand doyenné d'Avranches (image)|Galerie d'images]]
==Lien externe==
* Géolocalisation : {{GeoDMS|48|41|17|N|1|21|49.5|W}}


[[Catégorie:Monument d'Avranches]]
[[Catégorie:Monument d'Avranches]]
[[Catégorie:Monument historique de la Manche]]

Dernière version du 14 décembre 2022 à 11:34

Le grand doyenné.
Façade nord, rue de Lille.

Le Grand Doyenné, dit aussi manoir de Subligny, est un monument historique de la Manche, situé à Avranches, 26 rue d’Auditoire.

Histoire

Demeure urbaine seigneuriale du milieu du XIIe siècle, elle a pu être construite pour Hasculf de Subligny, seigneur d'Avranches et frère de l'évêque Richard de Subligny [1]

En 1172, le Grand doyenné a probablement accueilli Henri II Plantagenêt lorsqu'il est venu faire amende honorable sur le seuil de la cathédrale pour le meurtre de Thomas Becket [2].

En 1274, Jean Paisnel, descendant d'Hasculf, le vend à l'évêque Raoul de Thiéville [3] qui le fait restaurer pour l'hébergement du doyen, deuxième personnage de l'évêché.

Le 26 juillet 1690, Jacques II d'Angleterre (Jacques Stuart), débarqué à Brest après une défaite en Irlande, fait un passage rapide à Avranches où il se fait offrir le pain et le vin au Grand doyenné devant la bourgeoisie et le clergé de la ville [2].

Scipion-Jérôme Brigeat de Lambert, nommé en 1788 est le dernier doyen d'Avranches [2].

Le grand doyenné est mis en vente comme bien national en 1790 [2].

En 1794, la salle basse sert de geôle aux « ex-nobles » de la Fournée d'Avranches [3].

La municipalité occupe l'immeuble jusqu'à son achat, le premier germinal de l'an IV, par Pierre Pinel, député de la Manche à la Convention [2]. En décembre 1899, le bâtiment est victime d'un important incendie [3]. Sophie de Montitier, petite fille de Pierre Pinel, occupe la maison jusqu'à son décès dans les années 1920 [2]. Ses héritiers , M. et Mme de Silly gardent la maison avant de la céder au député Maxime Fauchon en 1936 [2].

Entre le 29 mai 1940 et juillet 1941, quinze caisses de manuscrits de la bibliothèque d'Avranches et d'archives municipales sont mises à l'abri dans la salle basse, avant de rejoindre l'hôtel de ville puis la chapelle du château d'Ussé en Indre-et-Loire en 1942 [2].

Au décès de Maxime Fauchon, son fils aîné Jacques Fauchon hérite de la demeure qui est vendue par sa veuve en 2002 à M. et Mme Colet, amateurs de maisons anciennes, qui ouvrent occasionnellement leur demeure au public, aux étudiants et aux scolaires [2].

Ils obtiennent que l'édifice soit protégé par une inscription au titre des monuments historiques : l'ensemble du bâtiment, avec le sol de la parcelle, est classé par arrêté du 19 octobre 2007 [1].

M. et Mme Colet mettent leur demeure en vente en 2019 [4]. En 2021, Thomas et Elena Bork en deviennent les 47e propriétaires [5].

Description

Son cellier du XIIe est formé de deux nefs et quatre travées de 22,65 mètres de long sur 9,4 mètres de large. Les voûtes, dont le sommet domine à 4,2 mètres, reposent sur des piliers et les murs. Dans les murs de 2,28 mètres d'épaisseur, sont percées des baies à double embrasure.

Sur la façade nord du XIIe siècle, de 28 mètres, les fenêtres à meneaux des XVe et XVIe siècles témoignent de la transformation de l'« aula » (grand hall) plusieurs pièces sur deux niveaux. La façade sud, sur jardin, est remaniée en 1762 [3], avec à l'intérieur des boiseries et lambris. La toiture repose sur une charpente du XVe et XVIe siècles de 7 fermes de 8 mètres de haut.

L'escalier à vis du XIIe siècle, dit « de Saint-Gilles », situé dans l'angle nord-est desservait le cellier, l'« aula », la chambre et le chemin de ronde aujourd'hui remplacé par la toiture.

Le logis se trouve à proximité. Il est détruit au XIXe siècle [3].

Le Petit doyenné, extension orientale, est détruit au XVIIIe siècle.

Sa salle d'apparat couvre une superficie de 230 m2 et repose sur un vaste cellier voûté où sont entreposées diverses denrées [3].

Situation

Le portail est rue d'Auditoire, la façade nord est visible rue de Lille

Chargement de la carte...

Bibliograghie

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 « Notice n°PA50000045 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6 2,7 et 2,8 David Nicolas-Méry, Le « Grand Doyenné » d'Avranches, une résidence aristocratique au fil des siècles, dans Monuments et sites de Normandie, 3, éd. Société des antiquaires de Normandie, 2013, p. 57-61.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 et 3,5 David Nicolas-Méry, Avranches, capitale du pays du Mont-Saint-Michel, éd. Orep, 2011, p. 40, 62, 67 et 72.
  4. « Qui pour poursuivre l'histoire du Grand doyenné ? », Ouest-France, 12 avril 2019.
  5. « "C'est la maison qui nous a trouvés" », La Manche Libre, 13 novembre 2021.

Lien interne