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Fournée d'Avranches (1794)

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La fournée d'Avranches est le nom donné au renvoi devant le tribunal révolutionnaire par le représentant du peuple Jean-Baptiste Lecarpentier, de suspects contre-révolutionnaires en 1794 dans le district d'Avranches. Elle s'inscrit dans une série d'arrestations du même genre dans le département appelée « fournées de la Manche ».

Libérés en novembre 1793 par l'armée vendéenne, les « ex-nobles », comme on les appelle, sont de nouveau arrêtés par le comité de surveillance d'Avranches [1]. Le grand doyenné leur sert de geôle [1].

Par arrêté du 23 juillet 1794 (5 thermidor an II), Le Carpentier envoie devant le tribunal révolutionnaire les trente-deux citoyens et citoyennes ci-après nommés, dont vingt-neuf nobles, un marchand, un ancien notaire, un prêtre insermenté [2].

  1. Jacques-Antoine Angot, ancien subdélégué, directeur des messageries, ex-noble, âgé de 64 ans ;
  2. Gilles Belle-Étoile du Motet, ex-noble, ex-officier des mousquetaires noirs, chevalier de Saint-Louis, âgé de 60 ans ;
  3. Louise de La Beslière, veuve Lancisse, âgée de 64 ans, ex-noble ;
  4. Marie-Jeanne de La Beslière, veuve Godefroy, ex-noble, âgée de 66 ans ;
  5. Rodolphe-Henry Billeheust de Saint-Georges, ex-seigneur des Loges-sur-Brécey, ex-noble, âgé de 55 ans ;
  6. Louis-Gabriel Boessel-Dubuisson, ancien conseiller au bailliage, ancien maire d'Avranches, âgé de 30 ans ;
  7. Louis-Marie de Bordes de Chalandrey, ex-seigneur de Chalandrey, ex-noble, âgé de 40 ans ;
  8. Louis-Charles de Carbonnel de Canisy, ex-noble, ex-comte de La Lucerne, ex-maréchal de camp ;
  9. Michel-Gilles Carbonnet, marchand, père de douze enfants, âgé de 54 ans ;
  10. Madeleine-Françoise de Clinchamp, veuve Le Breton, ex-noble, âgée de 63 ans ;
  11. Gervais-Marie de la Cornillière, ex-noble, ancien député aux États de Bretagne, chevalier de Saint-Louis, âgé de 82 ans ;
  12. Dubois Delaunay, ex-noble, ex-seigneur de Montviron, âgé de 65 ans ;
  13. Hervé Marie Pierre Ernault de Chantore, ex-noble, ex-seigneur et patron de Bacilly ;
  14. Louise-Marie de Guiton, fille de l'ex-seigneur de Montanel, veuve de Léonor-Pierre de Clinchamp, ex-seigneur de Juvigny, ex-noble ;
  15. Henriette Hellouin, fille de l'ex-seigneur du Mesnilbus, femme de Léonor-Robert Danjou, ancien garde du corps, émigré, âgée de 30 ans ;
  16. Françoise-Marguerite de Kerjégu, veuve de Antoine-Louis-Jacques Boudier de Codeville, ex-noble, âgée de 51 ans ;
  17. Marie-Jeanne Langlois, veuve de la Pigannière-Fumesson, ex-noble, âgée de 67 ans ;
  18. Jean-Baptiste Le Bedel des Acres, prêtre réfractaire ;
  19. Pierre Le Chevalier de la Martre, ancien lieutenant de dragons et major-général des troupes à Saint-Domingue, chevalier de Saint-Louis, ex-noble, âgé de 61 ans, propriétaires du château de Grand-Champ à Tanis ;
  20. François Le Normand de Garat, ex-noble, âgé de 66 ans ;
  21. Marie-Françoise Durand, âgée de 60 ans, sa femme ;
  22. René-Robert Lesplu-Dupré, ancien notaire, âgé de 65 ans ;
  23. Jean-François Toussaint de Lorgeril, ex-seigneur de Parigny, ex-noble, chevalier de Saint-Louis, ancien capitaine de vaisseau, âgé de 43 ans ;
  24. Françoise Lottin de la Peichardière, née Adam, de Lolif ;
  25. Jean-Baptiste-Gabriel-Victor Payen de Chavoy, ex-seigneur de Chavoy, ex-noble, âgé de 50 ans ;
  26. Élisabeth Poret des Biards, femme de La Beslière, ex-seigneur de Vains, émigré ;
  27. Louis-Ambroise Provost, ancien avocat du roi au bailliage, âgé de 62 ans ;
  28. Madeleine de Tesson de la Mancellière, veuve de Jean-Louis de Carbonnel, ex-seigneur de Marcey ;
  29. Marie-Anne Tuffin de Ducy, ex-noble, âgée de 55 ans, parente du Breton Tuffin de la Rouërie ;
  30. François Vallat de Saint-Roman, ex-noble, ex-maréchal de camp, chevalier de Saint-Louis, âgé de 60 ans ;
  31. René-Jean-Baptiste Artur de la Villarmois, âgé de 46 ans, ex-noble, ancien député à la Constituante ;
  32. Marie-Anne de la Motte, fille de l'ancien seigneur de Saint-Planchers, âgée de 40 ans, sa femme.


Cette liste, transmise à Paris le 23 juillet 1794 (5 thermidor an II), compte douze femmes et deux détenus hors d'Avranches, l'ancien député Artur de La Villarmois et sa femme, arrêtés à Amiens. Deux autres suspects, Boëssel du Buisson et de Lorgeril, parviennent à s'évader, ramenant à vingt-huit le nombre de prévenus avranchinais. Ils partent le 25 juillet 1794 (7 thermidor an II) pour Paris dans « trois charrettes couvertes » [1]. Arrivés à destination le 28 juillet 1794 (10 thermidor an II), jour de l’exécution de Robespierre, ils échappent à la guillotine qui leur était promise. Incarcérés dans la prison du Plessis et dans celle de l'Égalité, rue Jacques, ils sont relaxés le 15 octobre 1794 (24 vendémiaire an III) par arrêtés du comité de sûreté générale et de surveillance de la Convention et les scellés apposés sur leurs biens levés les mois suivants.

Le 10 octobre 1794 (19 vendémiaire an III), les administrateurs du district d'Avranches font placarder en ville des affiches par lesquelles ils affirment n'être pas responsables de l'envoi de ces nobles devant le tribunal révolutionnaire [1].

Bibliographie

  • Mgr Joseph Deschamps du Manoir, « Les suspects avranchinais , 1793-1794», Mémoires de la Société d'archéologie, de littérature, sciences et arts d'Avranches, éd. Tostain, Avranches, 1892, p. 238-256 (lire en ligne)

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 David Nicolas-Méry, Avranches, capitale du pays du Mont-Saint-Michel, éd. Orep, 2011, p. 67.
  2. Émile Sarot, La Terreur dans le département de la Manche, Salettes, 1877.

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