Cance
De Wikimanche
La Cance, ou Canse, est une rivière de la Manche.
Description
La Cance prend sa source au lieu-dit les Fontaines à Ger où son cours supérieur s'appelle ruisseau des Vieux Gués.
Longue de 19,3 km, la Cance est un affluent rive droite de la Sélune.
Elle traverse ou délimite Saint-Clément-Rancoudray, Le Neufbourg, Romagny-Fontenay Mortain, Bion Notre-Dame-du-Touchet (intégrés dans Mortain-Bocage).
La Cance forme la Grande cascade de Mortain.
- Affluents
- le ruisseau de Boutron
- le ruisseau du Gué aux Loups
- le ruisseau de Brefféland
- le Cançon qui forme la petite cascade de Mortain.
Hydronymie
Attestations directes
- Cance 1720 [1], 1753/1785 [2].
- Riviére de Cances, Riviere de Cances 1809 [3].
- la Cance 1825/1866 [4], 1884 [5], 2007 [6].
Attestations indirectes
Elles concernent un ancien pont et hameau sur la Cance, à la limite de Bion et de Notre-Dame-du-Touchet. Ce lieu aujourd'hui disparu devait correspondre au passage de l'actuelle D 47 sur la Cance.
- Cance 1720 [1].
Étymologie
Ce nom a été assimilé par divers spécialistes à un type hydronymique Cance / Canche (Manche, Orne, Eure, Seine-Maritime, Pas-de-Calais, Ardèche, Côte-d'Or, Saône-et-Loire), d’origine très discutée.
- Marcel Baudot [7] se borne à constater la fréquence élevée du type en Normandie, et à le rapprocher d'un appellatif canche, désignant la mare dans le Centre de la France, et une dépression dans un terrain en Anjou.
- Albert Dauzat [8], arguant d'une part du fait que ce nom se relève dans des zones (Orne, Ardèche, sud de la Manche, etc.) où le groupe c + a initial aboutit normalement à [ʃ], ch-, et d'autre part que les premières graphies du nom de la Canche (Pas-de-Calais) sont toutes en qua-, rejette quant à lui l'hypothèse faite antérieurement d'un étymon gaulois canto- « brillant », et propose une « racine pré-latine obscure » °quant- sur laquelle aurait été formée la proto-forme °Quantia.
- Ernest Nègre [9], partant dans une tout autre direction, n'analyse que les deux hydronymes du Pas-de-Calais et de l'Ardèche qu'il explique par une formation latine °cub-antia au sens de (aqua) cubans « eau dormante », rejoignant ainsi l'un des sens de l'appellatif cité par Marcel Baudot, et proposant du même coup l'origine du fameux radical °quant-, qui procède naturellement de °cub-ant-. Il laisse cependant de côté tous les hydronymes normands, sans doute par manque d'attestations anciennes.
Nous avons déjà fait remarquer à l'article Carnet (et indirectement à l'article Carolles) que la conservation de [k] devant [a] est possible, dans une certaine mesure, au sud de la ligne Joret, et qu'en tous cas elle l'est, manifestement, dans l'Orne [10]. C'est pourquoi il semble envisageable de proposer, du moins pour les deux Cance de la Manche et de l'Orne (Caence 1716 [11]), une autre explication qui, à nos yeux, a le mérite de coller à la réalité géographique. La caractéristique commune de ces deux cours d'eau est en effet l'idée de « chute » ou de « disparition » : la Cance de l'Orne disparaît brièvement sous terre entre Boucé et Avoine, et celle de la Manche, comme il a été dit, forme avec le Cançon les cascades du Saut du Diable et du Saut du Puits à Mortain. Le nom de Cance pourrait représenter dans les deux cas le produit du gallo-roman °CADENTIA < latin populaire °cadentia « chute; disparition » (mot dérivé de cadēre « tomber, choir »), qui aboutit à cheance en ancien français et chance en français moderne (le sens primitif de ce mot est « chute (des dés) »). On aurait alors affaire ici à un traitement normano-picard de l’initiale mais non de la finale [12].
Notes et références
- ↑ 1,0 et 1,1 G. Mariette de la Pagerie, Carte topographique de la Normandie; feuille 3 : Fougères, Vire et Avranches, 1720 [BnF, fonds Cartes et Plans, cote Ge DD 2987 (1009, III) B].
- ↑ Carte de Cassini.
- ↑ Cadastre napoléonien, Archives départementales de la Manche.
- ↑ Cartes d’État-Major (relevés de 1825 à 1866, mises à jour jusqu’à 1889).
- ↑ E.-A. Pigeon, Carte du diocèse d’Avranches, A. Herluison, Orléans, 1884 [BnF, GED-1158].
- ↑ Carte IGN au 1 : 25.000.
- ↑ Marcel Baudot, « Stratigraphie hydronymique de la Normandie », in Proceedings of the 9th international congress of onomastic sciences, Londres , 1966, p. 134-150; reproduit dans Marcel Baudot, Études d'onomastique et d'histoire normande, Société parisienne d'histoire et d'archéologie normandes, Nogent-sur-Marne, 1982, p. 81-97; voir en particulier p. 90.
- ↑ Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, Klincksieck, Paris, 1978, p. 32b.
- ↑ Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, p. 298, § 5074.
- ↑ Sur ce sujet, voir en particulier Dominique Fournier, « Si Soccane m’était contée… nous irions planter des saules sur la ligne Joret », in Histoire et Traditions Populaires n° 119 (septembre 2012), p. 62-71.
- ↑ Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
- ↑ Un tel traitement partiellement dialectal est attesté ailleurs en Normandie : ainsi Soquence (ancienne commune aujourd’hui réunie au Mesnil-Mauger dans le Calvados) < °SALIC-ÁNTIA, « l’endroit où il y a des saules » (gaulois salico-)