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Église Saint-Paterne (Digulleville)

De Wikimanche

L'église de Digulleville.

L'église Saint-Paterne de Digulleville est un édifice catholique de la Manche situé dans la commune de La Hague.

Dédiée à saint Paterne aussi connu sous le nom de saint Pair, elle relève, pour le culte, de la paroisse Bienheureux Thomas-Hélye centrée à Beaumont-Hague.

Histoire

À l'extérieur du village, au sommet d'une colline culminant à 100 mètres, l'église aurait été construite selon la tradition sur un ancien lieu de culte païen. D'après Auguste Lecanu, « l'église Sainte-Paix de Digulleville fut donnée en 1163 au prieuré de Vauville, fondé sous la dépendance de l'abbaye de Cerisy par l'évêque Richard de Bohon. L'église était riche, car la charte dit que ses terres et ses aumônes furent données en même temps. Le curé payait cinquante livres de décimes » [1]. La tour date du 12e siècle et le porche du 15e [2].

« Elle était en cours de construction au moment de la Révolution. Le chœur aurait été bâti, moitié avant, moitié après celle-ci. Et la nef n'avait guère que ses murailles et la couverture lorsqu'éclata la Révolution. » [3]

Édifice roman, dédié à saint Paterne (saint Pair), évêque d'Avranches, l'église se compose d'une nef rectangulaire à quatre travées, contrebutée par des contreforts, et d'un chœur à chevet plat avec contreforts à ressaut et voûtes d'ogives de style gothique tardif [4] qui date de 1785[5], [6], après le prolongement de la nef en 1776-1779 [4].

Sur le flanc nord du chœur, la tour massive de clocher à quatre pans autrefois fortifiée est coiffée d'un toit pyramidal couvert de schiste au-dessus des abat-son en bois. Cette partie la plus ancienne du bâtiment qui présente à l'extérieur des survivances d'appareil en épi typique de l'époque pré-romane, pourrait être le reste d'une vigie romaine [6]. La chapelle du clocher garde la trace du blason des du Bosq[6] ou des Jallot[4] qui ont probablement financé sa construction[6]. Au dessus, on peut lire l'épitaphe de Jacques Le Petit, prêtre du lieu, mort en 1701[7].

De Gerville note en 1819 :

« A small insignifiant church avec un clocher singulier au N. entre chœur et nef.
Rien de curieux.
Au sommet d'une hauteur, dans un pays nud (sic) et peu fertile. Cependant il y a là quelques bons morceaux dans les vallées. Un herbage appartenant à Madame d'HYESVILLE (le Paradis) à peu de distance de l'église, a la réputation du meilleur terrein (sic) du Cotentin. Au moins il ne s'en trouve pas qui se loue plus cher. »

« Le 19 décembre 1940, la porte de l'église est forcée par des soldats allemands. Des ornements sont volés et l'encensoir est endommagé. » [8]

Le 30 juin 1944, la même porte est enfoncée par l' U.S. Army pour y loger 70 à 80 soldats pendant la nuit.

Des travaux de restauration sont réalisés en 1985 : les murs intérieurs sont notamment badigeonnés en blanc. On découvre alors un retable peint en trompe-l'œil sur le mur du chevet, datant de l'époque de la construction de l'église.

Mobilier

L'église a longtemps caché derrière ses plâtres un retable en trompe-l'œil réalisé vers 1785. À l'époque, les finances ne permettant pas d'acquérir un vrai retable, on a peint à même le mur, un manteau royal, deux colonnes et pilastres en marbre à chapiteaux corinthiens portant un entablement et un fronton ornés de godrons et modillons, une peinture figurant l'Agonie du Christ au Jardin des oliviers, les statues de saint Paterne et saint Étienne... Vers 1830, on cache les peintures avec un badigeon et un retable en bois puis en marbre, en même temps que les statues en bois du XVIIIe siècle des deux saints protecteurs sont acquis à l'église de Réville. Les peintures sont redécouvertes au hasard d'une réfection en janvier 1985 et restaurées entre 1988 et 1989 par Jean-Marie Hue [4].

À l'intérieur pend un ex-voto marin représentant le chalutier Patrick qui en remplace un autre, le Stella Maris Cherbourg, trois mâts de commerce de la fin du Second Empire, volé en 1990.

Les fonts baptismaux en granit du premier quart du XIXe siècle portent un couvercle conique en sapin peint[7].

La poutre de gloire, du dernier quart du XVIIIe siècle [7], menaçant de tomber, est dépendue en 2011.

Le cimetière qui l'entoure accueille le monument aux morts, la tombe de Louis-Jacques Quesnel, prêtre du lieu au XVIIe siècle en forme de barque sur le flanc sud du chevet [6].

Fiche technique

  • Contenance cadastrale : 399 m2

Situation

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Bibliographie

  • « L’église Saint-Pair de Digulleville et sa tour de clocher préromane », Vikland, n° 32, février 2020

Notes et références

  1. Auguste Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances depuis les temps les plus reculés ..., vol. II, Coutances, 1878, p. 304.
  2. Daniel Lacotte, Les Églises du Cotentin, éd. Ouest-France, 1980.
  3. Jean Danneville, curé de Digulleville de 1834 à 1869 (A.E.C., C.E. 67). Elle fut terminée après la Révolution.
  4. 4,0 4,1 4,2 et 4,3 Vincent Juhel, « Deux églises de la Hague : Digulleville et Éculleville », Annuaire des cinq départements de la Normandie, Association normande, 2008.
  5. Millésime de la clef de voûte pendante du chœur.
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 Guillaume de Monfreid, Trésors de la Hague, Isoète, 2003.
  7. 7,0 7,1 et 7,2 Conservation des antiquités et objets d'art de la Manche (lire en ligne).
  8. Charles de Gerville et Michel Guibert, Voyage archéologique dans la Manche (1818-1820), vol. I, Arrondissement de Cherbourg, 1999, p. 108.

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