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Église Saint-Martin (Réville)

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L'église de Réville.
Le chevet.

L'église Saint-Martin de Réville est un édifice catholique de la Manche.

Dédiée à saint Martin, elle relève, pour le culte, de la paroisse Julie-Postel du Val-de-Saire centrée à Barfleur.

L'église est située sur un promontoire et peut être vue à une quinzaine de kilomètres. Son clocher, accolé au mur nord, sert d'amer aux pêcheurs dans le secteur compris entre la baie de Jonville et les îles Saint-Marcouf.

Histoire

Selon la légende, un marteau lancé par un chef viking aurait atterri sur la butte où devait être construite l'église.

L'édifice a vraisemblablement été fondé par l'abbaye Saint-Martin de Troarn (Calvados) sous le nom de prieuré Saint-Martin. Une charte datée de la seconde moitié du 11e siècle rappelle les droits de l'abbé de Troarn : dîmes de blé, de chanvre, de lin, des poissons et droits d'autel. Ces droits ont couru jusqu'en 1665. À cette époque, la cure valait 830 livres.

La nef romane et les bas côtés datent du 12e siècle et leurs colonnades portent des chapiteaux aux décorés de godrons, d’entrelacs, de figures humaines et d’animaux réels ou fantastiques.

Les deux nefs latérales et un chœur sont élevés au 14e siècle avant que la chapelle Saint-Jacques soit adjointe au sud du chœur le siècle suivant. Au 19e siècle, la chapelle de la Sainte-Vierge est construite au nord du chœur et les baies de la chapelle Saint-Jacques sont modifiées dans un style gothique flamboyant [1].

Charles de Gerville décrit l'église ainsi vers 1819 :

« La nef est saxonne et très curieuse. Le chœur et la tour sont d'un gothique peut-être du 14e siècle.
Toute la nef, contemporaine de celle de Bricquebec, les arches à zigzag ou à crénelures, les colonnes écrasées, leurs chapiteaux chargés d'ornemens [sic] variés et bisarres [sic], le peu de hauteur de la voûte qui pourtant a été encore plus écrasée, ce qu'on voit par les fondements au midi, extérieurement; zigzags à droite, crénelures à gauche, colonnes grouppées, ayant environ six pieds de hauteur. Il y a des bas-côtés à la nef. Croisée ayant à droite une arche semi-circulaire surbaissée. A gauche, on a colonne et arche ogive.
Chœur entièrement à ogives de 1300 ? avec une grande chapelle collatérale à droite encore plus moderne (14 à 1500).
Sous cette chapelle de S. Jacques qui prend toute la longueur du chœur, est une crypte ou chapelle souterraine, aujourd'hui bouchée et remplie d'ossemens [sic] qu'on voit par une petite ouverture au midi.
L'autel de la chapelle S. Jacques a encore des statues, faites probablement au tems [sic] de la construction; celle de S. Jacques le Majeur est en costume de pèlerin. Plusieurs petites figures en costumes contemporains son [sic] agenouillées à ses pieds. Beaucoup d'autres statues de ce tems.
Clocher, flèche refaite depuis 1765, qu'il fut frappé de la foudre, au N. de la croisée, sur la chapelle du Rosaire, où sont inhumés les ancêtres de M. LE TORT d'ANNEVILLE [2].
(Chapelle St. Blaise. Evêque et martir [sic] du prieuré de Réville). La chapelle existe encore. On y tient l'école. Elle a chœur et nef à ogives peu intéressantes. Son cimetière est plein de cercueils en tuf. On n'y dit plus la messe. Des corbeaux et de petites fenêtres bouchées prouvent l'antiquité de cette chapelle. » [3]

La chapelle de la Vierge est construite du côté nord de l'église en 1827-1828, avec des voûtes construites en plâtre sur lattis. Un maître-autel en chêne massif, sculpté par M. Eve, ébéniste, et doré par M. Lerouge, est installé en 1840.

La sacristie est construite en 1850; elle est agrandie et réaménagée en 1854. Une horloge est installée en 1853. Les dix ans qui suivent voient la restauration de nombreuses fenêtres aux différentes chapelles. On installe de nouveaux vitraux colorés en 1863.

La flèche est restaurée en 1864. Trois cloches sont installées en 1866 qui s'ajoutent à celle qui avait survécu à la Révolution (elles sont baptisées Marie-Henriette, Marie-Attale, Marie-Madeleine, Félicie-Victoire).

L'église est mentionnée par Jean de Nivelle en 1880 dans Le Soleil, où il fait la relation de son voyage en Val de Saire :

« L'église, comme toutes les églises de la côte, est perchée sur une hauteur. Mais je croirais volontiers celle-ci faite de main d'homme, car ce n'est qu'un talus très rapide formé seulement par le cimetière. Sur chaque pente, deux escaliers à marches inégales conduisent à l'église, et, sur cette plateforme très étroite, on aperçoit le morceau de mer enfermé entre la pointe et la jetée de Saint-Vaast. » [4]

En 1881, le plafond est restauré et un ouvrier de Cherbourg peint les piliers en couleur pierre. En 1891 ou 1893, la tour est endommagée par a foudre.

L'horloge est supprimée en 1906.

La chapelle du Sacré-Cœur est construite de 1919 à 1921 en hommage aux victimes de la Grande Guerre. En 1922, la charpente et la couverture du versant nord du chœur sont refaites à neuf. Les mêmes travaux sont faits au versant sud en 1924.

L'église (à l'exception des parties modernes) est classée monument historique le 29 janvier 1923 [5].

Une première installation électrique est posée en 1928, sans autorisation des Beaux-Arts et sans tenir compte des normes de sécurité. Elle est modifiée et modernisée en 1934.

La réfection de la charpente et de la couverture du versant sud de la nef est réalisée en 1931; celle des voûtes en bois de la nef principale et des voûtes latérales en 1938.

Le parquet est remplacé en 1941. À cette occasion, on retrouve les anciens fonts baptismaux, enfouis avant la dernière arcade, côté sud. L'église est touchée par un obus de petit calibre à la Libération; la voûte en bois et les vitraux sont principalement touchés. Des tableaux de Guillaume Fouace sont toutefois sauvés. De nouveaux vitraux, réalisés par Jean Gaudin, maître-verrier à Paris, sont installés en 1949. Ils sont bénis le 4 août 1953 par Mgr Guyot.

Le clocher est restauré en 1961.

En 1987, une tempête endommage gravement les pans nord de la nef et du chœur. Entre 1988 et 1992, le beffroi des cloches puis les toitures font l'objet d'une importante rénovation par les ateliers Aubert-Labansat [1]. Tous les intérieurs (enduits, électricité, sols, orgue, statues ...) sont restaurés de 2009 à 2016. Ceci vaut à la commune l'obtention d'un ruban du patrimoine en 2017.

Mobilier

L'arc triomphal est du 13e siècle et supporte une perque de bois doré et sculpté du 18e siècle, avec un Christ en croix du 16e siècle, classée à titre d'objet aux monuments historiques depuis le 19 mai 1959 [6].

Le maître-autel, en sapin taillé, peint, doré, est l’œuvre de l'ébéniste Eve de Cherbourg en 1839. Avec son tabernacle, son retable, les portes de la sacristie qui l'encadrent, et les reliquaires qui les surmontent, il est classé à titre d'objet aux monuments historiques depuis le 19 mai 1959 [7]. Le même jour est également classé l'ensemble en chêne exécuté vers 1840, formé par l'autel latéral nord, son tabernacle, son retable peint en trompe-l’œil, et douze cartouches circulaires représentant les Mystères du Rosaire, avec un emmarchement inférieur en calcaire [8].

La chaire et les confessionnaux sont du 18e.

La tribune en bois supporte un orgue avec console en fenêtre à l'arrière, doté de 7 jeux, d'un clavier de 54 notes, avec pédale en tirasse fixe de 18 notes, un système transpositeur de 12 notes par une manette à crans. Il est réalisé en 1880 à Coutances par le facteur Émile Orange puis relevé en 1933 par Didier de Nancy. En 1972, Deliancourt de Fontenay-le-Comte remplace le Clairon par un Nazard. Il porte les inscriptions Orange, rue de l'Ouest, n° 14, Coutances et A. Deliancourt, facteur d'orgues, Faymoreau-les-Mines, Vendée. La partie instrumentale est classée au titre objet le 21 décembre 2001[9].

On peut y admirer un gisant en marbre blanc de Béatrix Fouace par son père, Guillaume Fouace (vers 1888-1890), classée le 20 janvier 1988[10], une statue de saint Adrien de la 1re moitié 16e siècle, mesurant 101 cm de haut, 32 cm de large et 31 cm de profondeur [11] et un groupe sculpté de la 1re moitié 15e siècle figurant saint Martin (décapité) évêque avec donateur (avec phylactère) en calcaire polychromée (bleu, vert, rouge, rose), doré à la feuille, mesurant sur 89,5 cm de haut, 33,5 de large et 22 de profondeur [12], classés depuis le 19 mai 1959, et un ex-voto marin.

Fouace est également l'auteur de plusieurs toiles :

Un baptême à Réville, tableau de Guillaume Fouace
  • La Marche des rois mages, Le Sermon sur la montagne et L'Ascension, esquisses réalisées vers 1879 des tableaux sur toile marouflée de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de Tamerville, classées à titre d'objet aux monuments historiques le 27 février 1984 [13] ;
  • La Remise des clefs à saint Pierre, copie de 196 cm sur 160 du Guide de Guido Reni, datée de 1868 et classée le 27 février 1984 [13] ;
  • Un Baptême à Réville : le peintre s'y représente vers 1880, peut-être lors du baptême de sa f[[ille ; la toile est donné à la commune en 1919 par Adèle Fouace et classée le]] 27 février 1984 [13] ;
  • La Forge, peinture à l'huile sur toile, de 1,805 mètre sur 2,17, réalisée en 1887, donnée à la commune en 1919 par Adèle Fouace et classée le 27 février 1984 [14] ;
  • L'Assomption, tableau de 101,3 cm sur 75,5, classé le 20 janvier 1988[15].

En 2012, sous l'impulsion de l'association ASPAR, un nouveau chemin de croix est accroché aux murs de l'édifice. Oeuvre de Jacques Bacheley, professeur aux Beaux-Arts de Caen, il s'agit de quinze panneaux peints sur bois de 33 cm sur 33 [16].

Curés

  • 1851-1865 : Auvray
  • 1865-1872 : Leclerc
  • 1872-1900 : Leroy
  • 1900-1922 : Le Bourgeois
  • 1922-1925 : Marie
  • 1925-1928 : Lefillatre
  • 1928-1938 : Bagot
  • ...-... : Pacquet
  • 1955-1988 : Lucien Fichet
  • 1988-1998 : Joseph Chaulieu
  • 1998-2001 : Michel Seigneur
  • 2001-... : Joseph Leparmentier
  • ...

Fiche technique

  • Contenance cadastrale : 760 m2

Situation

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Bibliographie

  • Vincent Carpentier, Emmanuel Ghesquière, Cyril Marcigny, Graffiti marins des églises du Val de Saire (Réville, Quettehou, Morsalines), Saint-Vaast-la-Hougue, musée maritime de l'île Tatihou, 2002.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 « Eglise Saint-Martin de Réville » Fondation du Patrimoine.
  2. Thomas-François Le Tort d'Anneville (1742-1828), conseiller au Parlement de Rouen jusqu'à la Révolution.
  3. Charles de Gerville in Michel Guibert, Voyage archéologique dans la Manche (1818-1820), vol. I, Arrondissement de Cherbourg, 1999, p. 297.
  4. Jean de Nivelle, « Chronique de voyage », Le Soleil, 15 septembre 1880.
  5. « Notice n°PA00110559 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture. , base Mérimée, ministère de la Culture.
  6. « Notice n°PM50000906 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture. .
  7. « Notice n°PM50000909 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  8. « Notice n°PM50000910 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture. .
  9. « Notice n°PM50001578 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture. .
  10. « Notice n°PM50000914 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  11. « Notice n°PM50000908 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture. .
  12. « Notice n°PM50000907 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture. .
  13. 13,0 13,1 et 13,2 « Notice n°PM50000912 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture. .
  14. « Notice n°PM50000913 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture. .
  15. « Notice n°PM50000911 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture. .
  16. La Presse de la Manche, 16 mars 2012.

Liens internes