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Histoire de Carentan

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L'origine de Carentan remonte à la haute antiquité. Carantómagos a alors une position stratégique, principal point de passage entre les marais et un carrefour entre Bayeux (Augustodurum), Saint-Lô (Briovera) et Valognes (Alauna)[1].

Moyen âge

Investi par les vikings qui commencent à endiguer le marais, le village devient forteresse de la baie des Veys et des marais au Moyen Âge, protégeant l'entrée du Cotentin. Les remparts de la cité s'ouvrent à l'ouest par la porte de Saint-Côme ou Houlegate, et à l'est, par la porte de Saint-Hilaire. Au sud, le château se tient à l'emplacement de l'actuelle place du Valnoble. Au nord, le long des murailles, l'église romane du XIe siècle est entourée du cimetière. Quelques vestiges médiévaux subsistent encore au XXIe siècle : les arcades, une maison rue Saint-Germain, la cour du 1 rue de l'Arsenal, le 10 rue du Château[1].

La ville accueille le roi Henri Ier Beauclerc à Pâques 1106, Henri II d'Angleterre et Thomas Becket en 1170, Jean Sans Terre qui y apprend la mort de son frère, le roi Richard Cœur de Lion, le 16 août 1199 et y revient les 30 et 31 janvier, puis les 3 mai et 12 septembre 1200. En 1203, Carentan ouvre ses portes au roi Philippe II. Louis IX plus connu sous le nom de saint Louis, y séjourne en 1240 quand il ordonne de fortifier la ville, et au printemps 1256, sur sa route entre Bayeux et Cherbourg[1].


Le 20 juillet 1346, Édouard III d’Angleterre s'empare de la ville malgré la résistance deux jours supplémentaires du château par Roland de Verdun et Nicolas de Grouchey, chevaliers pourtant décapités sur ordre du roi de France pour « traîtrise »[1]. Le roi anglais livre la ville au pillage et ordonne la destruction des remparts, tandis que mille bourgeois sont pris en otages et emmenés en Angleterre.

La cité est occupée par les Navarrais, qui réédifient les remparts, puis reprise en 1364, par Bertrand du Guesclin en faisant creuser un tunnel jusqu'à l'église. Tombée à nouveau aux mains des Anglais et Navarrais, la ville est assiégée par Jean de Vienne et se rend en juillet 1375. Les Anglais reprennent possession de la place, et le roi Henri V ordonne, le 23 février 1419, l'entretien des murailles à la charge des habitants[1].

Les Anglais sont chassés après le siège de septembre 1449. L'église est consacrée en 1470.[1].

Du XVIe au XXe siècle

Plan de Carentan en 1754.

La cité accueille François Ier au printemps de 1532[1].

En 1726 la paroisse est décrite ainsi[2] :

« Chef-lieu d'une Election […] Cette Ville est située auprès des Vé[3], dans le Coutantin : sa proximité de la mer y procure quelque commerce, parce que les barques y remontent avec la marée ; il y a un Bailliage ressortissant à Celui de Coutances & une Amirauté ; il y a un Gouverneur qui l'est aussi du Pont de Doure. Le Teroir de son election est abondant […] son commerce consiste en beure et bestiaux. Il n'y a qu'une paroisse dédiée à Notre-Dame, un couvent de Religieuses, un Hôpital & une Chapelle qui est à l'Ordre des Mathurins ; l'air de cette Ville est mal-sain à cause des eaux des marais voisins. »

En 1745, le chevalier de Caligny fait construire la nouvelle enceinte de Carentan, alors poste militaire important à la base de la presqu'île du Cotentin[4].

Le 12 août 1830, Charles X et sa famille, en route pour l'exil, sont accueillis par le commandant de la place, le capitaine de Busselot, nommé le 21 août 1822. Il est remplacé quelques mois plus tard par le capitaine Alissant[5].

En 1858, Carentan est desservie par le train de la ligne Paris-Cherbourg.

166 soldats originaires de Carentan meurent lors de Première Guerre mondiale. La première pierre du monument aux morts est posée le 2 novembre 1919 place du Valnoble avant que le monument ne soit érigé place de la République.

Libération en 1944

Un obusier américain dans les rues de Carentan, juin 1944.

À la Libération, Carentan est un des premiers objectifs alliés. Sous les bombardements du 6 juin périssent le maire de la ville, le docteur Caillard, ainsi que deux familles dans leurs maisons rue des Villas. Les bombes touchent également les établissements Duval-Lemonnier, dont les voisins en profitent pour piller les stocks [6].

Le pont et les écluses de la Barquette qui permettent d'accéder à Carentan et de maîtriser le niveau d’eau sont pris dès 3 h du matin. Les soldats de la 101e division du général Taylor parvenus, malgré l’acharnement allemand pour les déloger, à conserver cette position permettent, le 10 juin, au général Cole d'avancer [6]. Une bataille meurtrière s'engage entre les soldats allemands du Fallschirmjager Regiment 6 et les Américains, au lieu-dit « Carré de choux » (actuellement zone de Pommenauque). Après cinq jours de furieux combats et la perte de la moitié de ses effectifs, la 101e Airborne Division libère la ville le 12 juin 1944 [7].

La chute de Carentan, place stratégique, permet la jonction de deux unités de l'armée américaine débarquées, l'une à Utah Beach et l'autre à Omaha Beach. Le 13 juin, une violente contre-attaque allemande s'organise, en vain, appuyée par l'arrivée d'une division de Panzer, aux alentours de la colline 30 (Carentan-Méautis).

Le 23 juin 1944, lors d'une cérémonie de remise de la Silver Star aux soldats américains, Danièle Laisney, âgée de 8 ans, est tuée par un éclat d'obus allemand alors qu'elle remet un bouquet de fleurs au général Taylor [6].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 et 1,6 Georges Bernage, « Carentan, capitale des marais », Patrimoine normand n°12, hiver 1996.
  2. Saugrain, Claude-Marin, Dictionnaire universel de la France ancienne et moderne...- Tome 1, Paris, 1726 (lire en ligne)
  3. Les Vé : aujourd'hui on écrirait les Veys
  4. Antoine Marie Augoyat Mémoires inédits du maréchal de Vauban sur Landau, Luxembourg, et divers sujets extraits des papiers des ingénieurs Hüe de Caligny, et précédés d'une notice historique sur ces ingénieurs, siècles de Louis XIV et de Louis XV, J. Corréard, 1841, p. 17.
  5. Alexandre Mazas, Mémoires pour servir à l'histoire de la Révolution de 1830, Urbain-Canel, 1833
  6. 6,0 6,1 et 6,2 « Carentan. La mémoire du D-Day est au coin de la rue », Ouest France, 29 mai 2013 (lire en ligne).
  7. Jean Quellien, La Normandie au cœur de la guerre, éd. Ouest-France-Mémorial de Caen, 1992, p. 130.