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'''Pierre Étienne Quenault''', né à [[Golleville]] le 26 mars [[1754]] et mort le 11 février [[1834]], est une personnalité scientifique de la [[Manche]], chirurgien de profession.
'''Pierre Étienne Quenault''', {{date naissance|26|3|1754|Golleville}} et {{date décès|11|2|1834|Coutances}} <ref name=EC1> - Acte de décès n° 20 [http://www.archives-manche.fr/ark:/57115/a011288085768BKqlNJ/4fd2626e89 ''(lire en ligne)''].</ref>, est une personnalité scientifique de la [[Manche]], chirurgien de profession.


==Biographie==
== Biographie ==
Orphelin à l'âge de 12 ans, il est pris en charge par son oncle M. Vicq d'Azyr , oncle du célèbre [[Félix Vicq d'Azyr]], chirurgien à [[Cherbourg]]. Plus tard, Pierre doit se rendre à [[Coutances]], auprès de son tuteur, procureur et conseiller au présidial de cette ville. Sous ses auspices, il poursuit ses humanités et continue de cultiver la chirurgie.
Orphelin à l'âge de douze ans, il est pris en charge par son oncle M. Vicq d'Azyr, oncle de [[Félix Vicq d'Azyr]], chirurgien à [[Cherbourg]]. Plus tard, Pierre doit se rendre à [[Coutances]], auprès de son tuteur, procureur et conseiller au [[Présidial de Coutances|présidial de cette ville]]. Sous ses auspices, il poursuit ses humanités et continue de cultiver la chirurgie.


M. Deslandes, chirurgien en chef de l'hôpital de Coutances, l'admet au nombre de ses élèves. Ce disciple par ses progrès, mérite sa bienveillance et son amitié.
M. Deslandes, chirurgien en chef de l'[[centre hospitalier de Coutances|hôpital de Coutances]], l'admet au nombre de ses élèves.


Le jeune Quenault doit perfectionner ses talents sous des professeurs plus habiles. À 17 ans, il part suivre à Paris les cours de l'école de médecine et de chirurgie, école déjà célèbre dans l'Europe. Il suit les cours de J.-L. Le Petit, connu par ses traités sur les opérations chirurgicales, et notamment sur les maladies des os ; de Beaudelocque, père, spécialiste des accouchements, et du célèbre Vicq d'Azur.
Le jeune Quenault doit perfectionner ses talents avec des professeurs plus habiles. À dix-sept ans, il part suivre à [[Paris]] les cours de l'école de médecine et de chirurgie. Il suit les cours de J.-L. Le Petit, connu par ses traités sur les opérations chirurgicales, et notamment sur les maladies des os ; de Beaudelocque, père, spécialiste des accouchements, et [[ Félix Vicq d'Azir|Vicq d'Azir]].


Après cinq ans d'études que les distractions de la Capitale n'ont pas ralenties, il revient à Coutances, et emporte au concours la place de chirurgien en chef de l'hôpital de cette ville pour succéder à M.Deslandes, son ancien maître. Il est cité par ses pairs comme un chirurgien qui allie à la théorie de son art une sûreté, une hardiesse de tact qui prouvent que le talent naturel est chez lui encore supérieur aux études.
Après cinq ans d'études, il revient à Coutances, et emporte au concours la place de chirurgien en chef de l'hôpital de cette ville pour succéder à M. Deslandes, son ancien maître. Il est cité par ses pairs comme un chirurgien qui allie à la théorie de son art une sûreté, une hardiesse de tact qui prouvent que le talent naturel est chez lui encore supérieur aux études.


En [[1789]], Quenault est autorisé à professer un cours d'accouchements. Les sages-femmes y accourent et l'élève de Baudelocque se montre digne de son maître.
En [[1789]], Quenault est autorisé à professer un cours d'accouchements.


À la même époque, il se montre le précurseur du célèbre Forlenze. Le premier dans le département de la Manche, il pratique avec succès l'opération délicate de la cataracte Il pratique cette opération jusque dans le Calvados.
À la même époque, il se montre le précurseur du célèbre Forlenze. Le premier dans le département de la Manche, il pratique avec succès l'opération délicate de la cataracte Il pratique cette opération jusque dans le Calvados. Il doit cependant fuir les excès de la Révolution : incarcéré une première fois, relâché, puis menacé à nouveau d'être arrêté, il se réfugie chez des amis à [[Périers]] puis chez sa sœur à [[Valognes]] et enfin au Havre, où il embarque en [[1793]] par l'entremise de M. Drogy à bord de ''La Suffisante'' comme chirurgien-major. Le navire fait partie d'un convoi de 110 voiles qui vient relâcher à [[Cherbourg]]. Là, Quenault se retrouve au sein de sa famille et loge chez sa sœur, Mme Fenard. La corvette ''la Suffisante'', sur laquelle Quenault doit rembarquer, se rend à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Il ne revient à Coutances que deux ans plus tard, recouvrant ses fonctions de chirurgien en chef à l'hôpital et siégeant à partir du mois du [[14 mai|25 floréal]] [[1795|an 3]] au conseil municipal de la  cité, en vertu d'un arrêté du représentant du peuple Bouret. Il occupera ces fonctions jusqu'à la révolution de [[1830]] <ref> « Il était une fois … Le Manchois Pierre Etienne Quenault, chirurgien en chef à l'âge de 24 ans ! », ''La Manche Libre'', site internet, 19 février 2023. </ref>.


En [[1805]], dans la commune du [[Le Lorey|Lorey]], une femme nommée Le Capelain, tombe dans une atonie générale. Plusieurs de ses facultés physiques semblent suspendues comme par enchantement ; elle n'éprouve pas le besoin d'aliments ; elle est, pour ainsi dire, dans l'état mitoyen qui sépare la vie de la mort. Cette maladie qui se prolonge depuis plusieurs années attire la curiosité des foules, l'attention des médecins, la surveillance de l'administration. M. [[Louis Costaz]], préfet de la Manche, charge une commission de cinq médecins de lui dresser un rapport sur les causes de cette maladie. Le rapport est rédigé par Quenault et adressé aux sociétés savantes de la province. Ce travail mérite à Quenault en [[1805]] son admission à l'Académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Caen en qualité d'associé correspondant. Le résultat des observations de ces témoins est que cette femme mystérieuse ne prend pas d'aliments solides, mais des liquides, soit des bouillons ou du lait.
En [[1805]], dans la commune du [[Le Lorey|Lorey]], une femme nommée Le Capelain, tombe dans une atonie générale. Plusieurs de ses facultés physiques semblent suspendues comme par enchantement ; elle n'éprouve pas le besoin d'aliments ; elle est, pour ainsi dire, dans l'état mitoyen qui sépare la vie de la mort. Cette maladie qui se prolonge depuis plusieurs années attire la curiosité des foules, l'attention des médecins, la surveillance de l'administration. M. [[Louis Costaz]], préfet de la Manche, charge une commission de cinq médecins de lui dresser un rapport sur les causes de cette maladie. Le rapport est rédigé par Quenault et adressé aux sociétés savantes de la province. Ce travail vaut à Quenault en [[1805]] son admission à l'Académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Caen en qualité d'associé correspondant. Le résultat des observations de ces témoins est que cette femme mystérieuse ne prend pas d'aliments solides, mais des liquides, soit des bouillons ou du lait.


Quenault s'efforce d'encourager, guide même dans la carrière de la chirurgie, de jeunes élèves dont il stimule les efforts, dirige les études, éclaire les théories par ses observations.
Quenault s'efforce d'encourager, guide même dans la carrière de la chirurgie, de jeunes élèves dont il stimule les efforts, dirige les études, éclaire les théories par ses observations.


Quenault se montre gai et ferme de caractère. À la Révolution, il applaudit aux améliorations qui doivent naître du progrès des Lumières et de la constitution nouvelle qui consacre le principe de l'égalité devant la loi et l'abolition des privilèges.
Il se montre gai et ferme de caractère. À la Révolution, il applaudit aux améliorations qui doivent naître du progrès des Lumières et de la constitution nouvelle qui consacre le principe de l'égalité devant la loi et l'abolition des privilèges.


Après leur chute, Quenault est incarcéré une première fois, relâché, puis menacé à nouveau d'être arrêté. Il trouve refuge chez ses parents et chez ses amis, d'abord à [[Périers]], puis au Havre (Seine-Maritime), où M. Drogy réussit à le faire embarquer sur la corvette ''La Suffisante'' en [[1793]], avec le titre de chirurgien. Le navire fait partie d'un convoi de 110 voiles qui vient relâcher à [[Cherbourg]]. Là, Quenault se retrouve au sein de sa famille et loge chez sa sœur, Mme Fenard. La corvette ''la Suffisante'', sur laquelle Quenault doit rembarquer, se rend à Saint-Malo.
Ami de la monarchie constitutionnelle, il applaudit à la révolution de juillet, favorable aux libertés publiques comme à l'affermissement de la royauté.


Après deux ans de voyages maritimes, Il peut revoir Coutances, qui sollicite son retour. Il reprend ses fonctions de chirurgien en chef à l'hôpital de Coutances. Le 25 floréal an 3 (14 mai [[1795]]), il est appelé à faire partie du conseil municipal en vertu d'un arrêté du représentant du peuple Bouret. Il continuera à en faire partie jusqu'après la révolution de [[1830]]
Il a été marié deux fois mais a perdu plusieurs enfants. Le succès de ses proches et l'affection de son fils lui ont apporté consolation. Il est mort le 11 février [[1834]].


Quenault, ami de la monarchie constitutionnelle, applaudit à la révolution de juillet, favorable aux libertés publiques comme à l'affermissement de la royauté.
{{Notes et références}}


Quenault a été marié deux fois. Il a perdu plusieurs enfants. Le succès de ses proches et l'affection de son fils lui ont apporté consolation. Il est mort le 11 février [[1834]]
==Article connexe==
* [[Quénault]]


==Source==
== Source ==
Julien Le Tertre, ''Annuaire du département de la Manche'',1836, Saint-Lô.
* Julien Le Tertre, ''Annuaire du département de la Manche'',1836, Saint-Lô.


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[[Catégorie : Personnalité scientifique de la Manche]]
[[Catégorie:Biographie]]
[[Catégorie:Personnalité médicale de la Manche]]

Dernière version du 7 mars 2024 à 19:56

Pierre Étienne Quenault, né à Golleville le 26 mars 1754 et mort à Coutances le 11 février 1834 [1], est une personnalité scientifique de la Manche, chirurgien de profession.

Biographie

Orphelin à l'âge de douze ans, il est pris en charge par son oncle M. Vicq d'Azyr, oncle de Félix Vicq d'Azyr, chirurgien à Cherbourg. Plus tard, Pierre doit se rendre à Coutances, auprès de son tuteur, procureur et conseiller au présidial de cette ville. Sous ses auspices, il poursuit ses humanités et continue de cultiver la chirurgie.

M. Deslandes, chirurgien en chef de l'hôpital de Coutances, l'admet au nombre de ses élèves.

Le jeune Quenault doit perfectionner ses talents avec des professeurs plus habiles. À dix-sept ans, il part suivre à Paris les cours de l'école de médecine et de chirurgie. Il suit les cours de J.-L. Le Petit, connu par ses traités sur les opérations chirurgicales, et notamment sur les maladies des os ; de Beaudelocque, père, spécialiste des accouchements, et Vicq d'Azir.

Après cinq ans d'études, il revient à Coutances, et emporte au concours la place de chirurgien en chef de l'hôpital de cette ville pour succéder à M. Deslandes, son ancien maître. Il est cité par ses pairs comme un chirurgien qui allie à la théorie de son art une sûreté, une hardiesse de tact qui prouvent que le talent naturel est chez lui encore supérieur aux études.

En 1789, Quenault est autorisé à professer un cours d'accouchements.

À la même époque, il se montre le précurseur du célèbre Forlenze. Le premier dans le département de la Manche, il pratique avec succès l'opération délicate de la cataracte Il pratique cette opération jusque dans le Calvados. Il doit cependant fuir les excès de la Révolution : incarcéré une première fois, relâché, puis menacé à nouveau d'être arrêté, il se réfugie chez des amis à Périers puis chez sa sœur à Valognes et enfin au Havre, où il embarque en 1793 par l'entremise de M. Drogy à bord de La Suffisante comme chirurgien-major. Le navire fait partie d'un convoi de 110 voiles qui vient relâcher à Cherbourg. Là, Quenault se retrouve au sein de sa famille et loge chez sa sœur, Mme Fenard. La corvette la Suffisante, sur laquelle Quenault doit rembarquer, se rend à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Il ne revient à Coutances que deux ans plus tard, recouvrant ses fonctions de chirurgien en chef à l'hôpital et siégeant à partir du mois du 25 floréal an 3 au conseil municipal de la cité, en vertu d'un arrêté du représentant du peuple Bouret. Il occupera ces fonctions jusqu'à la révolution de 1830 [2].

En 1805, dans la commune du Lorey, une femme nommée Le Capelain, tombe dans une atonie générale. Plusieurs de ses facultés physiques semblent suspendues comme par enchantement ; elle n'éprouve pas le besoin d'aliments ; elle est, pour ainsi dire, dans l'état mitoyen qui sépare la vie de la mort. Cette maladie qui se prolonge depuis plusieurs années attire la curiosité des foules, l'attention des médecins, la surveillance de l'administration. M. Louis Costaz, préfet de la Manche, charge une commission de cinq médecins de lui dresser un rapport sur les causes de cette maladie. Le rapport est rédigé par Quenault et adressé aux sociétés savantes de la province. Ce travail vaut à Quenault en 1805 son admission à l'Académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Caen en qualité d'associé correspondant. Le résultat des observations de ces témoins est que cette femme mystérieuse ne prend pas d'aliments solides, mais des liquides, soit des bouillons ou du lait.

Quenault s'efforce d'encourager, guide même dans la carrière de la chirurgie, de jeunes élèves dont il stimule les efforts, dirige les études, éclaire les théories par ses observations.

Il se montre gai et ferme de caractère. À la Révolution, il applaudit aux améliorations qui doivent naître du progrès des Lumières et de la constitution nouvelle qui consacre le principe de l'égalité devant la loi et l'abolition des privilèges.

Ami de la monarchie constitutionnelle, il applaudit à la révolution de juillet, favorable aux libertés publiques comme à l'affermissement de la royauté.

Il a été marié deux fois mais a perdu plusieurs enfants. Le succès de ses proches et l'affection de son fils lui ont apporté consolation. Il est mort le 11 février 1834.

Notes et références

  1. - Acte de décès n° 20 (lire en ligne).
  2. « Il était une fois … Le Manchois Pierre Etienne Quenault, chirurgien en chef à l'âge de 24 ans ! », La Manche Libre, site internet, 19 février 2023.

Article connexe

Source

  • Julien Le Tertre, Annuaire du département de la Manche,1836, Saint-Lô.