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Charles-François Lebrun

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Charles-François Lebrun.

Charles-François Lebrun, duc de Plaisance, né au village de La Bouchelière, près de Saint-Sauveur-Lendelin, le 19 mars 1739, et mort à Sainte-Mesme (Yvelines), le 14 juin 1824, est une personnalité politique de la Manche.

Il fut Troisième consul et prince-architrésorier du Premier Empire.

Enfance et formation

Charles-François Lebrun.

Fils d'un petit propriétaire exploitant aisé, il est éduqué par un abbé et un parent, puis envoyé au collège de Coutances et aux collèges des Grassins et de Navarre à Paris[1], où il apprend les langues. Il acquiert la connaissance des langues latine et grecque. Il apprend également l'italien, l'anglais et l'espagnol.

Orienté vers la prêtrise par sa famille, il préfère voyager encore jeune (Pays-Bas, Grande-Bretagne), puis continuer ses études à Caen, puis à Paris pour étudier le droit. Son professeur de droit le présente au premier président du parlement de Paris, René Nicolas de Maupéou ; Lebrun devient en 1763 précepteur de son fils.

L'ascension

Charles-François Lebrun.

Sous l'aile de Maupéou, il approche le pouvoir et obtient le poste de censeur du Roi, puis payeur des rentes, puis inspecteur général des biens de la Couronne[2].

Étant en place, il avait connu les faiblesses du pouvoir civil et politique, et avait longuement travaillé à un projet de « Code unifié du Royaume », qui deviendra plus tard la base du « Code civil des Français ».

Maupéou remercié du poste de Garde des Sceaux par Louis XVI en 1776, Lebrun s'installe dans son domaine de Grillon à Dourdan, près de Paris, où il fait construire une manufacture de filature.

Il se tourne vers les lettres et publie une élégante traduction de La Jérusalenm délivrée, écrite deux cents ans plus tôt par l'Italien Le Tasse (Tasso), puis celle de L'Iliade d'Homère[2].

En 1789, Lebrun publie un écrit solide et prophétique, « La Voix du citoyen », qui l'amène à être élu député du Tiers-état la même année[2]. Il défend une monarchie parlementaire et il est le rapporteur de presque toutes les lois de finance[2]. Il prête le serment du Jeu de Paume.

Élu en 1792 dans le département de Seine-et-Oise, président du Directoire, il se trouve arrété en 1793, libéré, puis à nouveau arrété en 1794 sous la Terreur[2]. Sauvé de la guillotine de peu, par la chute de Robespierre, il retrouve la présidence du département de Seine-et-Oise l'année suivante.

Fidèle de Bonaparte

Lebrun est élu en 1795 au Conseil des Anciens[2]. Chargé d'un rapport sur le général Bonaparte, il devient son homme de confiance et celui-ci l'impose comme troisième consul[2] contre Sieyès. Il aura en charge les finances[2].

Devenu empereur des Français en 1804, Bonaparte nomme Lebrun, architrésorier de l'Empire, avec la direction suprême des finances[2]. Il se situe au quatrième rang des grands officiers, derrière le grand électeur (Joseph Bonaparte), l'archichancelier de l'empire (Cambacérès) et l'archichancelier d'État (Eugène de Beauharnais).

Il est opposé à la création d'une noblesse nouvelle, mais accepte le titre de prince et de duc de Plaisance quand il devient en 1805 gouverneur général de la Ligurie[2]. Il participe à l'écriture du Code civil en 1804 et fonde la Cour des comptes en 1807[2].

En 1806, il reçoit la mission d'organiser l'État de Gênes en départements et en 1810, celle d'administrer la Hollande en tant que lieutenant général des Pays-Bas, après l'abdication du roi Louis Bonaparte[2].

Il refuse de voter la déchéance de Napolèon en 1814, mais adhère au rétablissement des Bourbons et fait partie de la Chambre des pairs[2].

Durant la période des Cent jours et jusqu'à la chute de l'Empire, il reste fidèle à Napoléon en refusant de signer la déchéance. L'empereur lui laisse le titre de pair et et lui ajoute celui de grand-maître de l'Université[2].

Épilogue

Le monument funéraire au cimetière du Père Lachaise à Paris.

En 1815, après la chute de Napoléon, il perd son titre de pair de France et se retire sur ses terres. Il ne recouvra la pairie qu'en 1819[2]. Il était membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres depuis 1803, et avait donné une excellente traduction de L'Odyssée en 1819[2].

Il meurt le 14 juin 1824 dans son château de Saint-Mesme et est inhumé au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Charles-François Lebrun est inclus dans la suite des humanistes politiques du Cotentin : Pierre Dubois au XVe siècle, Guillaume Postel au XVIe siècle, l'abbé de Saint Pierre au XVIIIe siècle, Georges Sorel au XXe siècle, et quelques autres dont Alexis de Tocqueville au XIXe siècle.

Son rayonnement dans la Manche

Stèle à Saint-Sauveur-Lendelin.

Le nom de Charles-François Lebrun a été donné au lycée de Coutances.

Sa statue par Antoine Etex se trouve non loin de la cathédrale devant le palais de justice. Elle est inaugurée le 10 octobre 1847[2].

Un vitrail de l'église de Saint-Sauveur-Lendelin, célébrant la participation de Lebrun à l'élaboration du Concordat et à la paix religieuse, est inauguré en septembre 2002, ainsi qu'un monument situé dans le village. Un portrait en habit d'architrésorier est exposé à la mairie dans la salle du conseil ; cette toile est un legs dans lequel il est stipulé que Lebrun trônera dans la salle des délibérations.

Il a été propriétaire du château de Laulne.

Œuvres

  • Traductions en prose, peu fidèles, mais élégantes, de la Jérusalem délivrée, 1774, 2 volumes in-8°, et de L'Illiade, 1776, 2 volumes in-12°
  • La Voix du citoyen, écrit politique publié en 1789 qui le fit nommer député aux États-Généraux.
  • Traduction de L'Odyssée, en 1819.

Sources

  • Robert Sinsolliez, « Fils de paysan normand, Napoléon le fit prince », La Manche Libre, 11 août 2007

Notes et références

  1. Yves Lecouturier, Demeures célèbres de Normandie, OREP, Cully, 2010.
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 2,12 2,13 2,14 2,15 et 2,16 Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, de mythologie, de géographie ancienne et moderne comparée, des antiquités et des institutions grecques, romaines, françaises et étrangères, tome 2, Delagrave et CModèle:Ie, Paris, 1866.

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