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Église Notre-Dame (Turqueville)

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Église Notre-Dame de Turqueville

L'église Notre-Dame de Turqueville est un édifice catholique de la Manche.

Dédiée à Notre-Dame, elle relève, pour le culte, de la paroisse Notre-Dame-de-la-Paix centrée à Sainte-Mère-Église.

Historique

Au XIIe siècle, Aresfaste ou Herfaste, oncle de Richard II, duc de Normandie, aurait concédé à Saint-Pierre-de-Chartres la tierce partie de Turqueville [1]. L'église est donnée à l'abbaye de Montebourg lors de la dédicace de l'église par Guillaume II de Vernon et Luce, sa mère. Mais cette donation ne comprenait pas la totalité de l'église, l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte partageant le droit de patronage et de présentation [2], l'abbé de Montebourg, le vicaire, l'abbé de Saint-Sauveur, et le prieur de Sainte-Croix de Virandeville se partageant inégalement les revenus de l'église selon le Livre noir les abbés de Montebourg et de Saint-Sauveur. Toujours sous le même double patronage dans le Livre blanc, elle est à partir de 1665 pour le seul abbé de Montebourg, avec une cure de 600 livres [1]. A partir de 1665, l'abbé de Montebourg est seul présentateur. Cette année-là, le curé payait une décime de trente-cinq livres, vingt-neuf livres en 1721 [2]. D'après la légende, un souterrain aurait relié l'ancien château de Bellefond à l'église. La chapelle septentrionale serait seigneuriale. Un enfeu témoigne de la probable présence d'un gisant de ce côté-là.

L'église date en effet certainement du XIIe siècle, s'agissant du chœur à deux travées avec chevet plat et sans collatéraux, et de la croisée du transept, puis du milieu du XIIIe siècle pour la nef à deux travées séparée des collatéraux par des piliers ronds avec chapiteaux à crochets. Elle est agrandie au siècle suivant, par une reprise des croisillons et l'adjonction de deux chapelles ouvertes sur le transept et le chœur antérieur [3]. La nef est agrandie.

La grande fenêtre du croisillon sud présente un réseau à motifs trilobés du XIVe siècle [3].

Probablement suite à une lourde dégradation au début du XVIe siècle, le côté nord est largement remanié par la suppression du croisillon, le revoûtement de la chapelle et la modification des deux piles nord de la croisée du transept [3].

Peintures murales du cycle de l'apocalypse.

À l'occasion de travaux de restauration du chœur, des peintures murales sont découvertes en 2008 dans les quartiers de voûtes du chœur. Les artistes du début du XIVe siècle y ont représenté, peut-être au moment de la réfection de l'église, selon la technique de la demi-fresque quand les couleurs sont posées non sur l'enduit mais sur un badigeon de chaux, le Christ de l'Apocalypse sur le voûtain oriental, entouré des symboles des quatre Évangélistes, et six apôtres sur les trois autres voûtains, dont saint Thomas, saint Pierre, saint André et saint Paul [3].

Le sol est pavé en pierre calcaire blanche, grise et noire au XVIIe et XIXe siècles [4]. Les lambris de bois et de plâtre dans la nef et les collatéraux sont en revanche modernes [3].

Au-dessus de la croisée du transept, le clocher carré au toit en bâtière d'une hauteur inhabituelle est percé de chaque côté par une lucarne étroite au décor flamboyant [3]. Des travaux y sont faits, ainsi qu'à la nef, en 1753.

Le portail ouest élevé à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle présente des portes du XVIIe siècle à deux vantaux en bois de chêne et pentures en fer. L'église a deux cadrans solaires, l'un biface du XVIe siècle, l'autre de la limite XVIe et XVIIe siècles. Le faîtage est orné d'une croix antéfixe de la fin du XVe siècle début XVIe siècle. Sur le côté nord du pignon ouest, un haut-relief en calcaire représente un ange, une fleur de lys et un blason [4].

Après 1840, sous le ministère de Louis Vastel, curé de Turqueville, les autels des chapelles, la chaire et les fonts baptismaux (XVIIe siècle) sont peints et dorés. Les murs du sanctuaire sont lambrissés puis peints et dorés, le maitre-autel et le lutrin sont refaits à neuf, peints et dorés également. Le lambris de la nef et des bas-côtés est refait; la sacristie est construite [5].

Le 18 mai 1881, une cloche pesant 1604 livres est bénie dans l'église par le curé-doyen de Sainte-Mère-Église.

Les couvertures de l'église sont réparées en 1887.

En 1893, le curé restaure le tableau de la Sainte Vierge, le fait encadrer, et le place dans la chapelle du même nom. Il restaure aussi le maître-autel, la chaire et les fonts baptismaux.

En 1896, la commune reçoit un secours de 450 francs pour l'aider à payer la dépense de réparation de son église [5]. En juillet-août 1897, l'église est complètement restaurée sous la direction de MM. Lecerf et Barbey, entrepreneurs à Saint-Lô.

En juillet 1900, quatre vitraux représentant l'Annonciation de la Sainte Vierge, le baptême de Jésus par Jean-Baptiste et autres emblèmes eucharistiques sont placés dans l'église.

Une horloge neuve est placée dans le clocher en 1902.

En novembre 1909, tout le côté sud de la chapelle Saint-Sébastien est refait à neuf, de même que toute la partie nord de la tour.

L'église est inscrite au titre des monuments historiques le 5 janvier 1925 puis classée en totalité par arrêté du 27 août 2010 [6].

En 1928, le conseil municipal accepte les devis de travaux de réparation de la couverture de la nef [5].

En 1944, lors des combats ayant suivi le Débarquement, des Géorgiens de l'armée allemande se retranchent dans l'église endommagée. Les voûtes de la nef et d'une chapelle septentrionale, le clocher et la toiture son atteints [5]. La cloche est rendue inutilisable.

Le 7 octobre 1953, Mgr Guyot bénit la nouvelle cloche de l'église [7].

Mobilier

Poutre de gloire et maître-autel.

L'église présente une poutre de gloire de 4,3 mètres en bois de sapin taillé, peint et doré, daté du 18e ou 19e siècles, classé objet au titre des monuments historiques le 29 janvier 1982[8].

Les deux ensembles de trois stalles datent du premier quart du XIXe siècle, comme le tableau inspiré d'une Assomption de Rubens du retable du maître-autel. L'église abrite également des fonts baptismaux du XVIIe siècle, deux statues en calcaire de la Vierge à l'Enfant, l'une du XVIIe siècle à la tête rompue, l'autre du XVIIIe siècle peinte (robe verte (!)), un lutrin de la charnière entre XVIIIe et XIXe siècles, réalisé en bois peint et doré entre 1837 et 1850, trois tabourets de chantre en bois de sapin tourné datent du XIXe siècle[4].

Elle possédait également un tableau du Christ enfant couché sur la croix du XIXe siècle, classé le 5 décembre 1908 puis disparu et déclassé le 8 juin 1936[9].

On compte trois autels [4] :

  • le maître-autel en peuplier refait à neuf entre 1837 et 1850, signé par le peintre E. Dutot, actif également à Sainte-Mère-Eglise et peut-être à Tourlaville, avec deux emmarchements, tombeau, deux gradins, tabernacle à ailerons de 1758 en chêne, deux piédestaux, retable à quatre colonnes corinthiennes cannelées, niche centrale, entablement, deux pots-à-feu, une gloire rayonnante soutenue par deux rinceaux, les portes de la sacristie, deux consoles, deux niches latérales, deux petits frontons, deux panneaux de lambris ;
  • un autel de chapelle antérieur à 1850, en bois peint en faux marbre et doré, avec tombeau, gradin, retable à deux pilastres cannelés, niche centrale, entablement, deux pots-à-feu, socle de statue et gloire rayonnante ;
  • l'autre réalisé au deuxième quart du XVIIIe siècle en bois peint en faux marbre et doré avec tombeau et son retable à deux colonnes à chapiteau corinthien en stuc peint en faux marbre et doré, niche centrale, entablement et trois pots-à-feu dont deux déposés dans la tour.

Les deux appliques du maître-autel sont du XIXe siècle mais de style Louis-XVI[4].

Les bancs de la nef sont achetés entre 1837 et 1850 pour vingt-deux d'entre eux, et au XXe siècle pour les deux autres[4].

Les verrières ont été réalisées en 1937 par Maurice Bordereau (Angers) : décors géométriques, avec un cœur, un cœur transpercé par une épée, la Nativité, l'Assomption de la Vierge, et une scène représentant « un prêtre montrant son cœur flamboyant à une jeune mère portant un enfant dans les bras » [4].

Cimetière

  • Dans le cimetière se trouvent des sépultures de la famille Roumy, liée à Pauline Ono, femme de Jean-François Millet.

Situation

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Bibliographie

  • Charles de Gerville, Michel Guibert, Yves Nédélec, Voyage archéologique dans la Manche : 1818-1820 . 1 . Arrondissement de Cherbourg, Saint-Lô, Société d’archéologie et d’histoire de la Manche, 1999, pp. 428-429.
  • Charles de Gerville, Michel Guibert, Yves Nédélec, Voyage archéologique dans la Manche : 1818-1820 . V . Annexes, addenda, index, Saint-Lô, Société d’archéologie et d’histoire de la Manche, 2002, pp. 317-318.
  • Notice de Gabrielle Thibout dans Dictionnaire des églises de France, 1968.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Annuaire du Département de la Manche, 1870.
  2. 2,0 et 2,1 Auguste Lecanu, Histoire du diocèse de Coutances et Avranches, 1878.
  3. 3,0 3,1 3,2 3,3 3,4 et 3,5 Monuments historiques protégés en Basse-Normandie en 2010, Direction régionale des Affaires culturelles de Basse-Normandie, 2011.
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 et 4,6 objet.art.manche.fr
  5. 5,0 5,1 5,2 et 5,3 Charles de Gerville, Michel Guibert, Yves Nédélec, Voyage archéologique dans la Manche : 1818-1820 . 1 . Arrondissement de Cherbourg, Saint-Lô, Société d’archéologie et d’histoire de la Manche, 1999, p. 429.
  6. « Notice n°PA00110388 », base Mérimée (architecture), médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ministère de la Culture. .
  7. Ouest-France, 5 octobre 1953.
  8. « Notice n°PM50001198 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.
  9. « Notice n°PM50001464 », base Palissy (mobilier), plateforme ouverte du patrimoine (POP), ministère de la Culture.

Liens internes

Lien externe