Pont-passerelle du Mont-Saint-Michel
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Le pont-passerelle du Mont-Saint-Michel est un équipement du Mont-Saint-Michel.
Il est construit dans le cadre de l'« Opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel », dont il est un élément essentiel.
Situation
Compris dans l'ensemble « jetée du Mont-Saint-Michel », il remplace la digue-route pour aboutir au Mont-Saint-Michel, à la porte des Fanils, en surplombant les grèves.
Description
Le pont a été conçu à partir de 2002 par Dietmar Feichtinger, architecte autrichien basé à Paris, qui est également l'auteur de la passerelle Michel-Legrand, à Cherbourg [1].
Il a une longueur de 760 mètres. Un gué de 7,30 m permet d'accéder au village. Sa construction sur pilotis permet à la mer, en passant librement dessous, d'emmener sable et limon au large [2][3].
Intentions architecturales
Feichtinger architectes est en fait concepteur de l'ensemble : nouvelle digue d'accès plus pont passerelle, ensemble auquel ils préfèrent donner le nom de « jetée du Mont-Saint-Michel »
- « L’ouvrage d’accès s’inscrit dans la baie par sa géométrie en courbe qui embrasse la baie et accompagne le promeneur. En suivant des lignes dessinées par l’eau il propose des perspectives multiples autour du Mont. Parfaitement horizontal la ligne du tablier se fond dans l’horizon. Le tablier, une lame sur l’eau, est porté par des piliers fins [1]. »
Les membres de l'agence n'ont de cesse de répéter que leur intention est d'être discret. L'idée est d'être le plus horizontal et le plus bas possible au regard de la verticalité du Mont, et de composer la passerelle seulement avec des éléments verticaux et horizontaux. En découle des solutions structurelles extrêmement complexes.
Conséquences structurelles
Le pont-passerelle repose sur 134 poteaux tubulaires en acier, de seulement 25 cm de diamètre extérieur, mais d'une épaisseur considérable (40 à 60 mm suivant les cas) [4]. Il sont ancrés par paires tous les 12 mètres sur d'imposants pieux en béton allant chercher le bon sol de schiste par 17 à 35 mètres de profondeur [5].
- Le tablier est divisé en 64 tronçons tous différents d'environ 12x6 m pesant chacun une quarantaine de tonnes.
- Chaque tronçon est lui-même constitué de quatre sous-ensembles préfabriqués en Alsace. Ces quatre sous-ensembles sont assemblés sur un « banc de montage » proche du Mont, puis chaque tronçon ainsi constitué est gruté à l'emplacement qui lui est dévolu.
- Les tronçons sont soudés tant entre eux que sur les poteaux, par groupes de dix, formant cinq ensembles de 120 mètres en partie courante, et par six pour deux ensembles de 72 mètres aux extrémités [6]. Ces ensembles sont séparés par des joints de dilatations, permettant la déformation du tout sous les effets conjugués des variations thermiques, de la marée et du courant sortant du Couesnon.
Il offre une chaussée centrale de 6,50 m de large pour les navettes à moteur et à cheval, dimensionnée aussi pour permettre le passage des poids-lourds nécessaires au fonctionnement du mont. Elle est flanquée de chaque côté, en porte-à-faux, d'une allée piétonne de 4,50 m à l'ouest et de 1,50 m à l'est [6]. Le pont surplombe de 1,50 m les plus hautes marées [7]. Ce sont des dimensions moyennes, puisqu'elles sont variables tout au long de l'ouvrage.
Travaux
La construction démarre en mars 2012 [5]. La livraison de l'ouvrage a eu lieu dans le courant de l'année 2014.
Les ateliers Aubert-Labansat de Coutances réalisent le platelage en chêne du tablier [8].
La jetée est inaugurée à l'automne 2015.
Distinctions
Le pont-passerelle est lauréat en 2015
- de l'Équerre d'Argent, catégorie Ouvrages d'Art.
- du Trophée Eiffel d'architecture acier, lauréat dans la catégorie Franchir.
- du prix national construction bois où il décroche le premier prix [8].
Notes et références
- ↑ 1,0 et 1,1 Dietmar Feichtinger Architectes, site de l'agence.
- ↑ Reportage produit par Eiffage, fabricant de la charpente métallique - (voir en ligne)
- ↑ Conférence de Jose-Luis Fuentes, architecte au sein de Dietmar Feichtinger architectes, (voir en ligne)
- ↑ Cette « épaisseur » est celle de la peau du tube. Même si elle peut paraître faible, 4 ou 6 centimètres sont tout à fait exceptionnels pour une épaisseur d'acier.
- ↑ 5,0 et 5,1 « La future passerelle prend forme », Ouest-France, 13 octobre 2012.
- ↑ 6,0 et 6,1 Xavier Oriot, « Au Mont, on marchera sur l'eau grâce à la passerelle », Ouest-France, 10 janvier 2013.
- ↑ « Le pont-passerelle va croquer la digue », La Manche Libre, 4 octobre 2012.
- ↑ 8,0 et 8,1 Prix national construction bois, consulté le 27 décembre 2021