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Histoire de Moyon

De Wikimanche

Histoire de la commune de Moyon

La baronnie de Moïon

Moyon est autrefois une importante baronnie. Le nom de Moyon, d'origine celtique ou pré-celtique, laisse penser qu'un village existait déjà à cet endroit à l'époque gauloise.

Sous les premiers ducs de Normandie, Moyon fait partie des biens appartenant à Guillaume le Conquérant, sous le nom de « Cour de Moyon ». Il l'érige en baronnie et la donne à un de ses fidèles compagnons en remerciement de son soutien pour asseoir son pouvoir en Normandie en 1027. Celui-ci prend le titre de Baron Guillaume I de Moyon.

La seigneurie s'étend sur 6 000 hectares sur les communes actuelles de Tessy-sur-Vire, Beaucoudray, Villebaudon, La Haye-Bellefond, Le Mesnil-Herman et Le Mesnil-Opac. Ces bourgs forment des postes frontières, soit au sommet d'une colline, sur un plateau ou encore en bordure de rivière, Moyon étant au centre de ce dispositif de défense naturelle. Un bois de 400 hectares vient compléter l'ensemble. La seigneurie possède également sa propre mesure, un Office royal des poids et mesures, une franche bourgeoisie avec certaines franchises et libertés, un bailliage avec haute, moyenne et basse Justice.

Lors de la conquête de l'Angleterre par les Normands en 1066, Guillaume de Moyon, s'étant particulièrement illustré, reçoit 68 domaines dans les comtés de Dorset et Sommerset, dont un fief qui porta le nom de « Hameau de Moion » et est devenu « Hammoon ». Un château est érigé dans le comté de Sommerset, à Dunster, face à la mer, et il devient le siège des terres de Guillaume de Moyon en Angleterre.

Son fils aîné lui succède sous le nom de Guillaume II, puis ses descendants Guillaume III, Guillaume IV et enfin Renaud I. Lors de l'annexion de la Normandie par la France en 1204, ce dernier, mis en demeure de choisir entre le roi de France et le roi d'Angleterre, renonce à ses biens en Normandie. Ceux-ci étant confisqués, il s'installe définitivement en Angleterre où ses descendants ont un rôle important dans le pays. La lignée directe s'est éteinte en 1404. La baronnie de Moyon revient alors à la couronne de France qui la donne à son Sénéchal en Normandie.

Au 12e siècle, Moyon était une possession des seigneurs de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Au cours de la Guerre de Cent ans, la commune fut occupée par les troupes anglaises et subit de nombreuses destructions. La région de Moyon fut le théâtre de nombreux affrontements entre les armées anglaises et françaises. En 1378, une bataille eut lieu à Moyon entre les troupes françaises commandées par Bertrand du Guesclin et les troupes anglaises dirigées par John Chandos.

Au 16e siècle, Moyon connut une période de prospérité grâce à ses activités agricoles et artisanales, notamment la fabrication de toiles et de tissus en lin. Moyon était également un important centre de production de céramique durant cette période.

Au 17e siècle, la commune comptait plusieurs moulins à eau qui permettaient de produire de la farine pour la fabrication du pain.

Pendant la Révolution française, Moyon fut un centre d'opposition au pouvoir révolutionnaire. La commune accueillit des prêtres réfractaires et des nobles émigrés qui fuyaient les persécutions.

Descendances

Moyon se retrouve dans les familles suivantes : les Paisnel, les d'Estouteville, les Matignon, les Grimaldi.

Les d'Estouteville, vieille souche normande remontant à la fondation du pays, sont les défenseurs du Mont Saint-Michel face aux Anglais en 1421, 1422 et 1424.

Les Matignon dont l'hôtel du même nom est leur résidence parisienne, sont comtes de Thorigny, gouverneurs militaires de Cherbourg, Chausey, Granville, lieutenants généraux de Normandie, barons de Saint-Lô, etc.

Les Grimaldi sont princes de Monaco par mariage de Jacques de Matignon avec Louise Hyppolite Grimaldi, seule héritière de Monaco. C'est la première signature du petit Louis XV et du Régent, pour l'approbation du mariage. Leur fils Honoré III de Monaco, qui vit au château de Thorigny où il élève des chevaux, est dépossédé de ses biens, dont Moyon, lors de la Révolution française. Cependant, le titre reste à la famille princière, le Prince Albert II de Monaco est l'actuel baron de Moyon.

Héraldique

Il s'agit du blason de la famille des barons de Moyon (voir plus haut), mais la commune ne l'utilise pas officiellement.

voir l'article détaillé Blason de Moyon

19e et 20e siècles

De ce passé historique, Moyon n'a gardé que peu de vestiges, mis à part la base du clocher datant du 18e siècle, le mobilier et les statues de l'église du 17e et 18e siècles (une partie sont des reproductions de très bonne qualité) ainsi que les vitraux du chœur qui sont armoriés. L'église fut fortement remaniée au 19e siècle.

On peut voir encore quelques fermes de caractère (fief) des 15e et 16e siècles qui appartenaient au château. Le premier château féodal fut détruit pendant la guerre de Cent Ans (début 14e s.), il en reste une motte et les douves, La Crihère. Le manoir qui le remplaça fut détruit à la Révolution. Il possédait chapelle et colombier.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le bourg, l'église et la partie supérieure du clocher furent partiellement détruits, à la libération de Moyon, au cours de l'offensive de la 29e division US en direction de Vire (Calvados). Selon les vétérans, cette libération fut effectuée par le 116e régiment de l'infanterie US, le 31 juillet 1944. Sa base d'attache est à Baltimore, dans le Maryland.

Aujourd'hui

Malgré la diminution considérable du nombre d'agriculteurs qui entraîne une modification du caractère de la commune, Moyon agrandit son bourg par des constructions pour accueillir de nouveaux habitants, ce qui a entraîne la construction de nouveaux bâtiments pour l'agrandissement de l'école. On y trouve aussi des GAEC, GIE, un marché au cadran, des entreprises, des artisans, des commerçants, une maison de retraite, un médecin, une infirmière, des associations, des terrains de football, de tennis, de boules, une salle des fêtes et des sentiers pédestres.

Réforme territoriale

La commune nouvelle de Moyon-Villages est créée le 1er janvier 2016 par la fusion de trois communes Chevry, Le Mesnil-Opac et Moyon , sous le régime juridique des communes nouvelles instauré par la loi no 2010-1563 du 16 décembre 2010 relative à la réforme des collectivités territoriales [1].

Notes et références

  1. L'arrêté préfectoral fixant les conditions est publié (arrêté n° 2015-067-VL du 28 septembre 2015 modifié par l'arrêté n° 15-93 VL du 15 décembre 2015. « Arrêtés portant création de communes nouvelles. », manche.gouv.fr, décembre 2015 (lire en ligne)).