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« Embarquement de Charles X à Cherbourg (1830) » : différence entre les versions

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Après trois jours de barricades, dites les "Trois glorieuses", la chute de Charles X est annoncée sur les murs de Paris le 30 juillet [[1830]]. Abandonnant le château de Saint-Cloud, il se réfugie à Rambouillet dans la nuit du 2 au 3 août. Après avoir rejoint Maintenon, il annonce sa décision de rejoindre Cherbourg, afin de s'y embarquer pour l'exil en Angleterre. Son cortège de treize milles hommes mettra deux semaines à attendre le port.
En [[1830]], Charles X, détrôné, fuit la France. Le 16 août, il quitte [[Cherbourg]] pour Portsmouth (Angleterre), à bord du paquebot ''Great Britain'', avec toute sa famille.
 
==Histoire==
Après trois jours de barricades, dites les "Trois glorieuses", la chute de Charles X est annoncée sur les murs de Paris le 30 juillet 1830. Abandonnant le château de Saint-Cloud, il se réfugie à Rambouillet dans la nuit du 2 au 3 août. Après avoir rejoint Maintenon, il annonce sa décision de rejoindre Cherbourg, afin de s'y embarquer pour l'exil en Angleterre. Son cortège de treize milles hommes mettra deux semaines à attendre le port.


Averti de l'intention du roi déchu d'embarquer à Cherbourg, le conseil municipal proclame le 7 août 1830 :   
Averti de l'intention du roi déchu d'embarquer à Cherbourg, le conseil municipal proclame le 7 août 1830 :   
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Le cortège royal couche le 7 à Merlerault, et atteint Argentan le 9. Il traverse ensuite Condé-sur-Noireau le 10, Vire le 11, et [[Saint-Lô]] le 12. Le lendemain, à quelques lieues de [[Carentan]], les commissaires qui précédent les voitures sont avertis d'un rassemblement armé de gardes nationaux et de paysans, avec pour projet de s'emparer du roi et des princes, craignant que l'annonce de l'exil ne soit qu'une feinte. Odilon Barrot parvient à dissiper ces démonstrations. Arrivé à [[Valognes]] le 14 au soir, le roi fait ses adieux le lendemain à ses gardes du corps, et reçoit de la part des officiers, les étendards de chaque compagnie : « Je les reçois sans tache, leur dit-il, et j'espère que le duc de Bordeaux vous les rendra de même un jour. » La plupart l'ont néanmoins accompagné jusqu'à son embarquement.  
Le cortège royal couche le 7 à Merlerault, et atteint Argentan le 9. Il traverse ensuite Condé-sur-Noireau le 10, Vire le 11, et [[Saint-Lô]] le 12. Le lendemain, à quelques lieues de [[Carentan]], les commissaires qui précédent les voitures sont avertis d'un rassemblement armé de gardes nationaux et de paysans, avec pour projet de s'emparer du roi et des princes, craignant que l'annonce de l'exil ne soit qu'une feinte. Odilon Barrot parvient à dissiper ces démonstrations. Arrivé à [[Valognes]] le 14 au soir, le roi fait ses adieux le lendemain à ses gardes du corps, et reçoit de la part des officiers, les étendards de chaque compagnie : « Je les reçois sans tache, leur dit-il, et j'espère que le duc de Bordeaux vous les rendra de même un jour. » La plupart l'ont néanmoins accompagné jusqu'à son embarquement.  


La famille royale arrive le 16 août, vers deux heures, en vue du port de [[Cherbourg]]. Un an plus tôt, le 24 août 1829, le dauphin avait inauguré la mise en eau du bassin qui porte depuis le nom de son père, dans le port militaire. Deux bâtiments de guerre français, désignés pour l'escorter, ont reçu des instructions sévères dans le cas où Charles X voudrait se diriger sur la Hollande ou sur l'une des [[îles de la Manche]]. Ne s'arrêtant pas dans la ville, le roi et son escorte entrent dans une enceinte entourée de grilles qui sépare la place de l'embarcadère de Cherbourg, rapidement refermées sur eux. Une foule immense, mais calme et silencieuse, garnit les quais et les édifices. Le roi est vêtu d'un frac et d'un pantalon bleu et coiffé d'un chapeau. Sa physionomie, comme celle de la dauphine, sont empreint de résignation. Après avoir remercié les commissaires des égards qu'ils avaient eus pour lui, et les avoir entretenu de ses affaires personnelles, il déclare ne pas vouloir être à la charge de la France ni d'aucune puissance étrangère. Dix-huit personnes s'embarquèrent à la suite de la famille royale. Le capitaine Dumont-d'Urville donne le signal du départ et prend la direction de la baie de Portsmouth, où il mouille le 17.  
La famille royale arrive le 16 août, vers deux heures, en vue du port de Cherbourg. Un an plus tôt, le 24 août 1829, le dauphin avait inauguré la mise en eau du bassin qui porte depuis le nom de son père, dans le port militaire. Deux bâtiments de guerre français, désignés pour l'escorter, ont reçu des instructions sévères dans le cas où Charles X voudrait se diriger sur la Hollande ou sur l'une des [[îles de la Manche]]. Ne s'arrêtant pas dans la ville, le roi et son escorte entrent dans une enceinte entourée de grilles qui sépare la place de l'embarcadère de Cherbourg, rapidement refermées sur eux. Une foule immense, mais calme et silencieuse, garnit les quais et les édifices. Le roi est vêtu d'un frac et d'un pantalon bleu et coiffé d'un chapeau. Sa physionomie, comme celle de la dauphine, sont empreintes de résignation. Après avoir remercié les commissaires des égards qu'ils ont eus pour lui, et les avoir entretenus de ses affaires personnelles, il déclare ne pas vouloir être à la charge de la France ni d'aucune puissance étrangère. Dix-huit personnes s'embarquèrent à la suite de la famille royale. Le capitaine Dumont-d'Urville donne le signal du départ et prend la direction de la baie de Portsmouth, où il mouille le 17.  


Pendant ce temps, le prince Jules de Polignac, ministre du Roi, cherche à fuir vers [[Jersey]] au départ de [[Granville]] sur une barque, se faisant passer pour le domestique de la marquise de Saint-Fargeau. Dénoncé par des hôteliers granvillais, il est arrêté le 15 août et incarcéré par la municipalité. Lors de son transfert le lendemain à [[Saint-Lô]], la populace, qui attribue à ses agents les incendies qui ont ravagé la Normandie, arrête son convoi à [[Coutances]], pour le tuer. Echappant de peu à la mort, il est ensuite transféré de Saint-Lô à Vincennes, avant d'être jugé devant la Chambre des pairs et condamné à la prison perpétuelle et à la mort civile, commuées en vingt années de bannissement hors de France le 23 novembre [[1836]].
Pendant ce temps, le prince Jules de Polignac, ministre du Roi, cherche à fuir vers [[Jersey]], au départ de [[Granville]], sur une barque, se faisant passer pour le domestique de la marquise de Saint-Fargeau. Dénoncé par des hôteliers granvillais, il est arrêté le 15 août et incarcéré par la municipalité. Lors de son transfert le lendemain à [[Saint-Lô]], la populace, qui attribue à ses agents les incendies qui ont ravagé la Normandie, arrête son convoi à [[Coutances]], pour le tuer. Échappant de peu à la mort, il est ensuite transféré de Saint-Lô à Vincennes, avant d'être jugé devant la Chambre des pairs et condamné à la prison perpétuelle et à la mort civile, commuées en vingt années de bannissement hors de France le 23 novembre [[1836]].


==Source==
==Sources==
* "Charles X", dans ''Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours'', Jean Chrétien Ferdinand Hoefer, Firmin Didot fréres, 1854.
* Jean Chrétien et Ferdinand Hoefer, « Charles X », dans ''Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours'', Firmin Didot fréres, 1854.
* [http://www.cg14.fr/structure/publications/jdc_pdf/pdf81/histoires_81.pdf La Marche funèbre de Charles X], Conseil général du Calvados
* [http://www.cg14.fr/structure/publications/jdc_pdf/pdf81/histoires_81.pdf La Marche funèbre de Charles X], Conseil général du Calvados
*Alexandre Mazas, ''Memoires pour servir à l'histoire de la Révolution de 1830Urbain-Canel, 1833
*Alexandre Mazas, ''Mémoires pour servir à l'histoire de la Révolution de 1830'', Urbain-Canel, 1833


[[Catégorie:Cherbourg-Octeville]]
[[Catégorie:Cherbourg-Octeville]]
[[Catégorie:Histoire de la Manche]]
[[Catégorie:Histoire de la Manche]]

Version du 1 juillet 2008 à 05:49

En 1830, Charles X, détrôné, fuit la France. Le 16 août, il quitte Cherbourg pour Portsmouth (Angleterre), à bord du paquebot Great Britain, avec toute sa famille.

Histoire

Après trois jours de barricades, dites les "Trois glorieuses", la chute de Charles X est annoncée sur les murs de Paris le 30 juillet 1830. Abandonnant le château de Saint-Cloud, il se réfugie à Rambouillet dans la nuit du 2 au 3 août. Après avoir rejoint Maintenon, il annonce sa décision de rejoindre Cherbourg, afin de s'y embarquer pour l'exil en Angleterre. Son cortège de treize milles hommes mettra deux semaines à attendre le port.

Averti de l'intention du roi déchu d'embarquer à Cherbourg, le conseil municipal proclame le 7 août 1830 :

« Habitants de Cherbourg ,
» Descendu du trône qu'il occupait encore il y a quelques jours, Charles X vient s'embarquer en ce port, pour se rendre avec toute sa famille sur une terre étrangère. Quelles que soient les causes qui ont amené ce mémorable évènement, les habitants de Cherbourg n'oublieront pas que celui qui fut leur Roi va être pour quelques instants leur hôte ; qu'à ce dernier titre seul, il aurait droit à leurs égards, et deviendrait sacré pour eux, lors même que la pitié qui s'attache naturellement à tant de grandeur déchue ne suffirait pas pour inspirer ces sentiments. A la nouvelle qu'elle viendrait s'embarquer à Cherbourg, il n'est aucun citoyen digne de ce nom, qui ne se soit dit qu'insulter à la position de cette famille, lui causer la moindre injure, ne pas même seconder son départ de tous ses moyens, ce serait souiller la grande victoire, si pure de tout excès, que vient de remporter la nation, et dégénérer du caractère généreux qui distingue si éminemment un peuple qui chérit la liberté autant qu'il hait la licence.
» Les autorités et les citoyens qui, dans ces dernières circonstances, ont de concert uni leurs efforts pour maintenir la tranquillité de cette cité, sont pleinement convaincus que tels tranquillité de cette cité, sont pleinement convaincus que tels sont les sentiments qui animent la population tout entière, et ils se bornent à lui annoncer que Charles X et les membres de sa famille arriveront incessamment, accompagnés des commissaires chargés par le gouvernement de protéger leur départ.
» Cherbourg, le 7 août 1830. »
Signé : Collart, Laval-Bohn, Pinel, Noël-Agnès, Bonnissent, Lemansois-Dupré, Asselin
Caricature représentant l'embarquement de Charles X à bord du Great Britain

Le même jour arrive du Havre dans la rade de Cherbourg les deux paquebot américains, le Great-Britain et le Charles-Caroll, affrétés par le capitaine Dumont d'Urville pour la traversée de la Manche par le Roi.

Le cortège royal couche le 7 à Merlerault, et atteint Argentan le 9. Il traverse ensuite Condé-sur-Noireau le 10, Vire le 11, et Saint-Lô le 12. Le lendemain, à quelques lieues de Carentan, les commissaires qui précédent les voitures sont avertis d'un rassemblement armé de gardes nationaux et de paysans, avec pour projet de s'emparer du roi et des princes, craignant que l'annonce de l'exil ne soit qu'une feinte. Odilon Barrot parvient à dissiper ces démonstrations. Arrivé à Valognes le 14 au soir, le roi fait ses adieux le lendemain à ses gardes du corps, et reçoit de la part des officiers, les étendards de chaque compagnie : « Je les reçois sans tache, leur dit-il, et j'espère que le duc de Bordeaux vous les rendra de même un jour. » La plupart l'ont néanmoins accompagné jusqu'à son embarquement.

La famille royale arrive le 16 août, vers deux heures, en vue du port de Cherbourg. Un an plus tôt, le 24 août 1829, le dauphin avait inauguré la mise en eau du bassin qui porte depuis le nom de son père, dans le port militaire. Deux bâtiments de guerre français, désignés pour l'escorter, ont reçu des instructions sévères dans le cas où Charles X voudrait se diriger sur la Hollande ou sur l'une des îles de la Manche. Ne s'arrêtant pas dans la ville, le roi et son escorte entrent dans une enceinte entourée de grilles qui sépare la place de l'embarcadère de Cherbourg, rapidement refermées sur eux. Une foule immense, mais calme et silencieuse, garnit les quais et les édifices. Le roi est vêtu d'un frac et d'un pantalon bleu et coiffé d'un chapeau. Sa physionomie, comme celle de la dauphine, sont empreintes de résignation. Après avoir remercié les commissaires des égards qu'ils ont eus pour lui, et les avoir entretenus de ses affaires personnelles, il déclare ne pas vouloir être à la charge de la France ni d'aucune puissance étrangère. Dix-huit personnes s'embarquèrent à la suite de la famille royale. Le capitaine Dumont-d'Urville donne le signal du départ et prend la direction de la baie de Portsmouth, où il mouille le 17.

Pendant ce temps, le prince Jules de Polignac, ministre du Roi, cherche à fuir vers Jersey, au départ de Granville, sur une barque, se faisant passer pour le domestique de la marquise de Saint-Fargeau. Dénoncé par des hôteliers granvillais, il est arrêté le 15 août et incarcéré par la municipalité. Lors de son transfert le lendemain à Saint-Lô, la populace, qui attribue à ses agents les incendies qui ont ravagé la Normandie, arrête son convoi à Coutances, pour le tuer. Échappant de peu à la mort, il est ensuite transféré de Saint-Lô à Vincennes, avant d'être jugé devant la Chambre des pairs et condamné à la prison perpétuelle et à la mort civile, commuées en vingt années de bannissement hors de France le 23 novembre 1836.

Sources

  • Jean Chrétien et Ferdinand Hoefer, « Charles X », dans Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Firmin Didot fréres, 1854.
  • La Marche funèbre de Charles X, Conseil général du Calvados
  • Alexandre Mazas, Mémoires pour servir à l'histoire de la Révolution de 1830, Urbain-Canel, 1833