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Roger Marie (1905)

De Wikimanche

Roger Marie.

Roger Auguste Pierre Marie, né à Caen (Calvados) le 16 janvier 1905 et mort à Aunay-sur-Odon (Calvados) le 13 avril 1969 [1], est un résistant de la Manche.

Réseau OCM Centurie du canton de Périers

Pendant la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1942, Roger Marie habite Périers et adhère, sous le pseudonyme Persil [2], au groupe de résistance OCM Centurie. Il est sollicité pour fonder un groupe de résistance dans la localité et recrute quelques camarades sûrs dont il peut disposer ; Paul Hervieu est le premier puis viennent Jean Quarante et son épouse. Ce groupe reste quelques mois à quatre.

Paul Hervieu prend en charge la responsabilité du recrutement de l'organisation dans le canton [3] et Roger Marie décide, sur la demande de Gaston Picot (Celo) de Saint-Sauveur-le-Vicomte, de s'occuper uniquement de la section « Renseignement ». Il centralise tous les renseignements collectés par tous les membres et les transmet lui-même afin d'éviter les indiscrétions et les bavardages. Il est en relation avec le capitaine Lenoir (Maresq) qui organise la résistance dans tout l'arrondissement de Coutances et dispose d'un autre groupe de combat à Agon [4] et d'un autre groupe de renseignement à Saint-Malo-de-la-Lande.

L'organisation de la résistance dans le secteur de Périers comporte deux sections ou groupes

Groupe « Renseignements »
  • Roger Marie, cultivateur, responsable
  • Roger Mougin (Pipez), chef de district de la Société d'électricité du Cotentin
  • Albert Rihouet, éleveur
  • Lecolley
  • Jean Quarante, vétérinaire
  • Roger Flahaux
  • Roger Ledrans
Groupe « Action »
  • Paul Hervieu, agent d'assurance, responsable
  • Henri Clément,
  • André Deméautis, menuisier
  • Adolphe Deméautis, menuisier
  • Raoul Jaillandy
  • Léonord Cousin, cultivateur
  • Roger Delarocque, contrôleur des contributions indirectes
Membres sans affectation
  • Raymond Levavasseur, pharmacien
  • Albert Fouquet, instituteur
  • Marcel Cachet, directeur du Cours complémentaire
  • Paul Cormier, docteur
  • René Motin, industriel
  • Besnard, docteur
  • Louis Bailhache
  • Ferdinand Bailhache

Au fil des années, une trentaines de résistants glanent des renseignements sur les soldats allemands, mènent des actions de sabotage, cachent des parachutistes… [2].

Au mois d'avril 1944, plusieurs signes alertent les résistants sur la possibilité d'une prochaine offensive alliée à travers la Manche : un message donne l'ordre de ne plus tenter de rapatrier en Angleterre les aviateurs alliés tombés sur notre territoire ; deux messages : « Il fait chaud à Suez. » et « Les dés sont sur le tapis. », signifient respectivement l'annonce du débarquement des troupes alliées et la mise en œuvre de la guérilla et du plan vert pour le sabotage des voies ferrées.

Le 30 avril, Yves Gresselin, commandant les groupes « Action » de la Manche, charge Marcel Leblond de prendre la direction des unités de combat du Nord-Cotentin et d'organiser le transport de six tonnes d'armes et d'explosifs, à prendre le 4 mai dans le département de l'Orne. En effet, le commandant Louis Villiers-Moriamé (Delarue) (1877-1960), vient de transmettre au chef départemental un message du 4e Bureau de la région pour récupérer ce matériel.

Le jeudi de l'Ascension, 18 mai, un camion bâché avec des containers d'armes et munitions à peine camouflés sous un peu de paille arrive à l'ancienne briqueterie de Saint-Martin-d'Aubigny, près de Périers, appartenant à un résistant, Georges Texier. Lucien Renoult (Lallemand), chef du secteur « Action » du Nord-Cotentin, Gaston Picot (Celo) et Roger Marie accueillent le convoi et en déchargent le contenu. Le 20 mai suivant, les chefs des groupes Action du Nord-Est Cotentin, de l'agglomération cherbourgeoise, se réunissent au château de Garnetot à Rauville-la-Place, pour étudier la répartition du stock d'armes et de munitions entre les groupes. Dès le lendemain, à la briqueterie de Saint-Martin-d'Aubigny a lieu l'inventaire du matériel récupéré dans l'Orne. Comprenant deux bazookas ou armes anti-chars, huit mitrailleurs Stein tirant 350 coups par arme, huit lance-grenades, huit fusils mitrailleurs Bren tirant 700 coups, trente grenades à main, un lot suffisant d'explosifs, des crève-pneus et accessoires divers. En revanche, aucune arme individuelle, pistolets ou mousquetons. Très insuffisant pour approvisionner tout le département. La répartition des lots par groupe est difficile et dure deux jours.

Le lot du groupe de Périers, pris en charge par Henri Clément, est transporté, recouvert de paille, dans une vachère, par Albert Rihouet qui le dissimule, partie dans une tranchée couverte, partie dans un plant de pommiers. Henri Clément se charge d'un bazooka, de mines anti-chars et de plastic. Une part de ce matériel est cachée chez André Deméautis, menuisier à Vaudrimesnil. Les grenades sont stockées chez Roger Delaroque, contrôleur des Contributions indirectes.

Quelques jours avant le bombardement de Périers, le groupe est avisé de l'opération prévue sur Périers, nœud stratégique, par les forces américaines.

Le 7 juin, Roger Marie va voir le maire, François Leconte, et lui demande d'avertir la population encore présente dans la commune, mais celui-ci ne le fait pas. Le lendemain, 8 juin et le 13, cent vingt-sept civils trouvent la mort, dont deux membres de sa famille.

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Dans la nuit du 5 au 6 juin, deux opérations de sabotage sont effectuées dans le canton de Périers sous sa direction :

  • à Saint-Martin-d'Aubigny, au pont de la Maune, une des trois opération de sabotage de la ligne téléphonique souterraine qui relie le quartier général allemand de Saint-Lô à l'armée stationnée dans l'île de Jersey est effectuée par plasticage, avec Paul Hervieu et Jean Quarante.
  • à la limite de Périers et Vaudrimesnil, au lieu-dit La Grise-Brèche, derrière l'orphelinat, la Ligne ferroviaire Coutances-Sottevast est coupée par plasticage, avec Moulin et Paul Hervieu.

Mort et hommage

Roger Marie meurt à Aunay-sur-Odon le , âgé de soixante-quatre ans. Ses obsèques sont célébrées le 16 avril suivant en l'église de cette paroisse, suivies, le même jour, de l'inhumation dans le caveau de famille du cimetière de Périers [5].

Le 18 juin 2021, ses quatre fils, Patrick, Guy, Jacques et Pascal, offrent au Normandy Victory Museum de Catz une collection de souvenirs de résistance lui ayant appartenu pour témoigner de son engagement. Il s'agit de ses notes, écrites avec un crayon de bois [6] dans un cahier d'écolier, d'une chemise de documents annotée « Geheim » (secret) dérobée aux Allemands, de son brassard de résistant retrouvé dans un livre du général de Gaulle, d'un pistolet allemand marqué d’une croix gammée et d'un drapeau des Forces françaises de l’intérieur (FFI) de Périers, réalisé à partir de morceaux de toile de parachutes [2].

Notes et références

  1. Naissance et décès en marge : « Acte de naissance 50 » — Archives du Calvados — (naissances) Caen 1905 (4E 11260) — Vue : 14/276.
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Émilie Michel, « Ces quatre frères font don des souvenirs de Résistance de leur père au musée de Catz », Ouest-France, site internet, 18 juin 2021.
  3. « L'organisation civile et militaire (OCM) et son réseau Centurie – Les Groupes », Beaucoudray, site internet, 2004 (voir en ligne).
  4. Michel Pinel, Lessay et son canton à travers les siècles, imp. Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, mars 1984, 560 p., p. 154.
  5. Ouest-France, 15 avril 1969.
  6. La femme de Patrick a été chargée de lire et de saisir sur ordinateur toutes les notes de Résistance rédigées par son beau-père.

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