Bouillon
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Bouillon est une ancienne commune du département de la Manche, aujourd'hui Jullouville.
Toponymie
Attestations anciennes
- Boilon ~1060 [1], 1113 [2].
- Buillun 1154 [2].
- apud Bullum 1158 [3].
- Boillun 1162 [2], 1194 [3].
- Boillon 1218 [2].
- rector de Bullone 1369/1370 [4].
- rector de Boullon 1369/1370 [5].
- ecclesia de Bouillon 1412 [6].
- ecclesiam de Bullone ~1480 [7].
- Le Bouillon 1635 [8].
- Bouillon 1612/1636 [9].
- Boüillon 1677 [10].
- Buhau [sic] 1693 [11]; graphie anglaise.
- Boüillon 1713 [12].
- Bouillon 1716 [13], 1719 [14], 1758 [15], 1753/1785 [16], 1793 [17], 1801 [18], 1804 [19], 1828 [20], 1829 [21], 1854 [22], 1903 [23], 1962 [24], 1972 [25], 1978, 1993 [26].
Étymologie
Ce toponyme apparemment sans mystère a suscité des interprétations diverses :
- Auguste Vincent [27], puis Albert Dauzat et Charles Rostaing [28] n'avaient envisagé pour ce nom qu'une formation gallo-romane °BŬLLIONE, dérivé en -ONE d'un nom de personne gallo-romain Bullius [29]. Ils ont été suivis en cela par Marie-Thérèse Morlet [30].
- Ernest Nègre [31] considère lui aussi que l'on a affaire à la fixation d'un nom de personne gallo-romain, mais préfère y voir l'emploi de l'anthroponyme Bullonius, sans suffixe, légèrement altéré par la suite.
Ces deux interprétations, proches dans leur esprit, se basent principalement sur l'absence d'article défini dans ce toponyme, indice de son ancienneté. Ceci dit, absolument rien n'exclut ici la fixation précoce d'un appellatif roman, sinon la volonté d'y voir une origine gallo-romaine. Plusieurs spécialistes ont opté pour une telle solution :
- Le linguiste belge E. Renard [32] avait dès 1935 proposé de voir dans de tels noms une référence au « bouillon » d'une rivière (ce serait ici le Thar, qui traverse la Mare de Bouillon). C'est aussi vers ce type d'explication que penche François de Beaurepaire [2], avec cette nuance cependant qu'il attribue à l'appellatif roman bouillon le sens de « rivière ». Or, à notre connaissance, l'ancien français bouillon n'a jamais eu ce dernier sens. En outre, on ne voit pas pourquoi le Thar, dont le nom est très ancien (pré-latin ou pré-celtique) et toujours usité aujourd'hui, aurait été appelé autrement au Moyen Âge.
Par contre, le mot bouillon a eu différentes valeurs qui pourraient éventuellement convenir : « endroit de la rivière où l'eau forme un tourbillon ; bouillonnement » (sens retenu par E. Renard); mais surtout « bourbier, lieu humide ou boueux », qui s'est maintenu en Normandie, tant dans les parlers dialectaux que les appellatifs toponymiques : on relève dans la Manche plus près d'une quarantaine de hameaux ou lieux-dits de ce type, le plus souvent avec article, mais parfois sans, ainsi que les appellatifs toponymiques bouillonnet et bouillonnière. On notera aussi la présence d'un ruisseau du Bouillon à Lestre, Ozeville et Vaudreville. La valeur de « bourbier » est en outre celle des noms des communes du Bouillon dans l'Orne et de La Bouille en Seine-Maritime. Le contexte topographique de Bouillon (où le Thar traverse des terres humides et un étang) va parfaitement dans ce sens. Ceci dit, l'explication par un nom de personne gallo-romain ne peut être exclue a priori.
Histoire
Bouillon fusionne avec Carolles, Saint-Michel-des-Loups et Saint-Pair-sur-Mer le 1er janvier 1973 (mise en application de l'arrêté du 25 octobre 1972). La nouvelle commune prend le nom de Jullouville. Saint-Pair-sur-Mer puis Carolles reprennent leur autonomie respectivement le 1er janvier 1978 (arrêté du 20 décembre 1977) et le 1er janvier 2000 (arrêté du 27 décembre 1999).
Bouillon a donné son nom à un large étang situé à l'est de Jullouville : la mare de Bouillon.
Administration
Circonscriptions administratives avant la Révolution
Circonscriptions administratives depuis la Révolution
Les maires
Religion
Circonscriptions ecclésiastiques avant la Révolution
Patronage
- Dédicace de l'église paroissiale : Saint-Jean-Baptiste.
- Patron (présentation) : portion mineure, le chantre de Cléry (Loiret); portion majeure, l'évêque d'Avranches.
- Fête patronale : ?
Lieux et monuments
- Église Saint-Jean-Baptiste : elle a la particularité unique de donner vie à un pommier enraciné dans ses pierres, inaccessible à l'homme. Cette particularité a donné lieu à toutes sortes d'interprétations religieuses et de légendes.
- Mare de Bouillon
- Monument aux morts
- Pierre du diable ou menhir de Vaumoisson
- Pigeonniers du Rainfray et du Logis [34] (propriétés privées)
Personnalités liées à la commune
Naissances
- Justine Gournay (1827-1892), religieuse institutrice à Genêts
- Louis Forget (1936-2016), personnalité politique
Autre
- Almire Ledoyen (1884-1944), résistant
- Victor Francolon (1887-1944), cultivateur à Bouillon, résistant mort en déportation
Notes et références
- ↑ Jean Adigard des Gautries, “Les noms de lieux de la Manche attestés entre 911 et 1066”, in Annales de Normandie I (1951), p. 9-44.
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 et 2,4 François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 84.
- ↑ 3,0 et 3,1 Édouard Le Héricher, Avranchin monumental et historique, éd. E. Tostain (et H. Tribouillard), Avranches, t. I, 1845, p. 506.
- ↑ Comptes du Diocèse d’Avranches, dressés en 1369/1370, in Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903, p. 142D.
- ↑ Comptes du Diocèse d’Avranches, dressés en 1371/1372, in Auguste Longnon, op. cit., p. 149C.
- ↑ Pouillé du Diocèse d’Avranches, 1412, in Auguste Longnon, op. cit., p. 154D.
- ↑ Pouillé du Diocèse d’Avranches, ~1480, in Auguste Longnon, op. cit., p. 165A.
- ↑ Normandia Ducatus (carte du duché de Normandie), Atlas Van der Hagen, 1635.
- ↑ Jean Bigot sieur de Sommesnil, État des paroisses des élections de Normandie, 1612/1636 [BN, ms. fr. 4620].
- ↑ Roles par généralités et élections des paroisses de France et de leur imposition aux tailles, 1677 [BN, cinq cents Colbert, ms. 261 f° 229 à 275].
- ↑ Greenville Collins, Chart of the channell, Manche, 1693 [BNF, Collection d'Anville, cote 00757].
- ↑ Dénombrement des généralités de 1713 [BN, ms. fr. 11385, f° 1 à 132].
- ↑ Guillaume de l'Isle, Carte de Normandie, Paris, 1716.
- ↑ Bernard Jaillot, Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez, Paris, 1719.
- ↑ G. Robert de Vaugondy, Carte du gouvernement de Normandie, Paris, 1758.
- ↑ Carte de Cassini.
- ↑ Site Cassini.
- ↑ Bulletin des lois de la République française, Imprimerie Nationale, Paris.
- ↑ Dictionnaire universel, géographique, statistique, historique et politique de la France, impr. Baudouin, libr. Laporte, vol. I (A-CNO), an XIII (1804), p. 407a.
- ↑ Louis Du Bois, Itinéraire descriptif, historique et monumental des cinq départements de la Normandie, Mancel, Caen, 1828, p. 403.
- ↑ Annuaire de la Manche (1829), Statistique de l'arrondissement d'Avranches, p. 122.
- ↑ V. Lavasseur, Atlas National Illustré des 86 départements et des possessions de la France, A. Combette éditeur, Paris, 1854.
- ↑ Auguste Longnon, Pouillés de la Province de Rouen, Recueil des Historiens de France, Paris, 1903.
- ↑ Atlas de Normandie, Caen, 1962.
- ↑ Anne Vallez, Pierre Gouhier, Jean-Marie Vallez, Atlas Historique de Normandie II (économie, institutions, comportements), Université de Caen, Caen, 1972.
- ↑ Annuaire officiel des abonnés au téléphone.
- ↑ Auguste Vincent, Toponymie de la France, Bruxelles, 1937, p. 117, § 282.
- ↑ Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Larousse, Paris, 1963, p. 102b.
- ↑ Ce nom semble représenter un dérivé en -ius du latin bulla, qui a d'abord désigné une bulle d'eau, puis tout objet en forme de bulle : boule, tête de clou, bouton, etc. En particulier, la bulle d'or ou de cuir que les jeunes Romains portaient au cou, et dont l'usage était d'origine étrusque. Cf. A. Ernoult et Antoine Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, 4e édition, Klincksieck, Paris, 1985, p. 78a. Le mot bulla repose sur la racine indo-européenne °b(h)eu-, évoquant l'idée de gonflement.
- ↑ Marie-Thérèse Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l’ancienne Gaule du VIe au XIIe siècle, Paris, CNRS, t. III (les noms de personnes contenus dans les noms de lieux), 1985, p. 44a/b.
- ↑ Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I 1990, p. 644, § 10676.
- ↑ Bulletin de la Commission royale de Toponymie et Dialectologie, Bruxelles, année 1935.
- ↑ « 601 communes et lieux de vie de la Manche », René Gautier et 54 correspondants, éd. Eurocibles, 2014, p. 206
- ↑ Michel Carrasco, « Les pigeonniers du Rainfray et du Logis à Bouillon », Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, fasc. 461, t. 96, déc. 2019, p. 325-345.