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Construite à partir de [[1979]], la centrale de Flamanville est mise en service en [[1985]] et [[1986]]. Elle a produit 18,9 milliards de kilowattheures en [[2005]], en croissance de 4 % par rapport à [[2004]], correspondant à 4 % de toute l'électricité française, et permettant l'alimentation de la Basse-Normandie, de la Bretagne et des [[îles Anglo-Normandes]].
Construite à partir de [[1979]], la centrale de Flamanville est mise en service en [[1985]] et [[1986]]. Elle a produit 18,9 milliards de kilowattheures en [[2005]], en croissance de 4 % par rapport à [[2004]], correspondant à 4 % de toute l'électricité française, et permettant l'alimentation de la Basse-Normandie, de la Bretagne et des [[îles Anglo-Normandes]].


L'usine évacue sa production par deux lignes haute tension de 400 000 vols chacune, qui se dirigent, l'une vers Rouen (Seine-Maritime), l'autre vers Rennes (Ille-et-Vilaine).
L'usine évacue sa production par deux lignes haute tension de 400 000 volts chacune, qui se dirigent, l'une vers Rouen (Seine-Maritime), l'autre vers Rennes (Ille-et-Vilaine).


La centrale a été construite à l'emplacement d'une ancienne [[Mine de Diélette|mine d'extraction sous-marine du fer]].
La centrale a été construite à l'emplacement d'une ancienne [[Mine de Diélette|mine d'extraction sous-marine du fer]].

Version du 25 novembre 2012 à 11:16

Les travaux de construction vers 1980.

La centrale nucléaire ou plus précisément le centre nucléaire de production d'électricité (CNPE) de Flamanville est située sur le territoire de la commune de Flamanville, près des Pieux.

Construite à partir de 1979, la centrale de Flamanville est mise en service en 1985 et 1986. Elle a produit 18,9 milliards de kilowattheures en 2005, en croissance de 4 % par rapport à 2004, correspondant à 4 % de toute l'électricité française, et permettant l'alimentation de la Basse-Normandie, de la Bretagne et des îles Anglo-Normandes.

L'usine évacue sa production par deux lignes haute tension de 400 000 volts chacune, qui se dirigent, l'une vers Rouen (Seine-Maritime), l'autre vers Rennes (Ille-et-Vilaine).

La centrale a été construite à l'emplacement d'une ancienne mine d'extraction sous-marine du fer.

L'annonce

Le quotidien Le Monde annonce fin 1974 que Flamanville figure parmi les lieux possibles d'implantation d'une centrale nucléaire. La nouvelle passe inaperçue sur place. Il faut que le quotidien local La Presse de la Manche la reprenne pour que la population soit enfin informée de cette possiblité. Même le maire de Flamanville, Henri Varin, n'était pas au courant [1]. Devant l'émoi et les discussions passionnées qui en découlent, le conseil municipal se saisit du projet : 11 voix pour, 1 contre et 1 abstention [1].

Contestation écologiste

L'annonce de la construction de la centrale de Flamanville donne lieu à une forte mobilisation antinucléaire dans tout le canton des Pieux et au-delà, notamment autour de Didier Anger. Une marche antinucléaire sur Flamanville est organisée le 13 avril 1975, suivie d'une fête les 6 et 7 septembre. Mais le projet poursuit son bonhomme de chemin.

En 1975, les Flamanvillais, consultés lors d'un vote organisé par la mairie, se prononcent à 63,7 % en faveur de l'implantation de la centrale : 435 voix pour, 248 contre et 10 bulletins nuls [2]. La participation frôle les 81 %.

En octobre 1975, la maquette de la centrale, qui vient d'être présentée aux élus locaux, est volée dans la mairie de Flamanville. L'enquête publique, close le 24 janvier 1977, a lieu sans incident notable [1]. Il est vrai que la Gendarmerie nationale a été mobilisée pour la surveiller. Quelques jours plus tard, le commissaire enquêteur donne un avis favorable sous certaines conditions.

Le 13 avril 1977, un commando antinucléaire coupe les barbelés qui encerclent le site de la future centrale et incendie des camions et des pelleteuses [1]. L'action est revendiquée par une mystérieuse Brigade anti-nucléaire du Cotentin, le BANC.

En 2010, plusieurs associations de défense de l'environnement dénoncent une prochaine augmentation substantielle des rejets radioactifs de la centrale [3].

Construction

Le site de la centrale couvre 120 hectares, dont 36 ont été gagnés sur la mer [1]. Quelque 16,5 millions de déblais rocheux ont été arrachés à la falaise, qui ont nécessité l'utilisation de 1 200 tonnes de dynamite. Une digue de 950 m de long est construite pour protéger le site, ainsi qu'une jetée de 300 m [1]. Au total, 200 000 mètres cubes de béton ont été coulés [1].

Au printemps 1978, le tribunal administratif de Caen, saisi par le CRILAN, décide le sursis à exécution du permis de construire de la centrale [1]. EDF précise son étude d'impact. Un nouveau permis de construire est délivré le 20 juillet [1].

Production

Le 29 septembre 1985, à 19 h 27 précisément, la centrale est mise en marche. Les premiers kilowatt-heures sont produits le 14 décembre [1].

Les deux réacteurs de 1 300 megawatts de la centrale de Flamanville produisent, en moyenne, 17 milliards de kWh par an.

Son record est de 18,9 milliards de kWh en 2005.

En 2008, sa production a été de 11 milliards de kilowatts/heure [4].

La centrale produit 16,03 milliards de kWh en 2010, sensiblement le même chiffre qu'en 2009, ce qui constitue 3,8 % de la production française d'électricité d'origine nucléaire[5].

Réacteur EPR

EDF décide en 2004 d'augmenter la capacité de la centrale. Baptisé « Flamanville 3 », ce projet doit être opérationnel en 2012. Il prévoit la construction d'un réacteur EPR (réacteur à eau pressurisée) d'une capacité de 1 650 mégawatts. Cette réalisation est estimée à 3,3 milliards d'euros.

Après un débat public organisé du 19 octobre 2005 au 18 février 2006, EDF reçoit le feu vert des autorités publiques. Le décret d'autorisation de création (Dac), signé du Premier ministre Dominique de Villepin, est publié au Journal officiel le 11 avril 2007.

Les travaux de préparation du site commencent dès août 2006 et le premier béton est coulé le 3 décembre 2007 (plus de 10 000 tonnes en une journée) [6]. Le chantier emploie 2 900 ouvriers en 2010 [7], puis 3 400 ouvriers au début 2011, avec une pointe à 3 800 ouvriers attendue à l'été 2011 [8]. Cette main d'œuvre est étrangère à 30 %. En période de fonctionnement, l'EPR devrait employer 330 personnes [8].

Le 3 décembre 2008, EDF annonce officiellement une « réévaluation » du prix initial, qu'elle chiffre à 20 %, pour tenir compte « de l'évolution du prix des matières premières, comme l'acier et le béton » [9] . L'augmentation attendue est de 700 millions d'euros, qui porterait le coût global réactualisé à 4 milliards d'euros.

Visitant le chantier le 6 février 2009, Nicolas Sarkozy, président de la République, déclare que « Flamanville est l'appartement-témoin du nucléaire de troisième génération » [10].

Le Premier ministre François Fillon, visitant à son tour le chantier le 26 novembre 2009, affirme que l'objectif, malgré « quelques retards », « est toujours de démarrer le réacteur en 2012 et de commercialiser l'électricité en 2013 [11].

Le 21 janvier 2010, la CGT affirme que le chantier de l'EPR a déjà « deux ans de retard » par rapport à la date annoncée, officiellement fixée à 2012 [12].

Six mois plus tard, EDF reconnaît officiellement que la « première production commercialisable » n'interviendra pas avant 2014 [13]. Du même coup, EDF revoit à la hausse le coût du projet, désormais estimé à 5 milliards d'euros [13]. Les syndicats et les écologistes estiment, eux, que le bilan sera beaucoup plus lourd. Selon la CFDT, le chantier, prévu pour fournir 7 millions d'heures de travail, en nécessitera sans doute « 15 millions » et le Comité de réflexion, d'information et de lutte antinucléaire (Crilan) estime le coût final à « 6 milliards d'euros » [14].

Le 20 juillet 2011, EDF annonce que le réacteur EPR ne sera pas mis en service avant 2016, pour un coût total « de l'ordre de 6 milliards d'euros » [15]. Le chantier subira donc un retard supplémentaire de deux ans par rapport à la dernière prévision et de quatre ans sur le calendrier initial. Quant au coût, il a presque déjà doublé comparé aux 3,3 milliards d'euros de départ. Pour EDF, ce nouveau retard est à mettre au compte des analyses qui doivent être menées dans le cadre des audits lancés après la catastrophe de Fukushima au Japon et d'une « nouvelle organisation du chantier ».

Le 30 août 2011, Le Canard Enchaîné révèle que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a dénoncé ces derniers mois diverses malfaçons dans le gros œuvre du futur réacteur EPR [16]. Selon l'hebdomadaire, l'ASN a adressé à l'exploitant (EDF), entre octobre 2010 et août 2011, « quatre lettres au vitriol qui mettent en cause la qualité de plusieurs constructions vitales pour la sécurité du futur réacteur EPR », dont la construction est assurée par Bouygues [16]. « Des trous dans des piliers en béton ou des défauts dans les parois de piscines destinées à recevoir le combustible nucléaire irradié », ont été détectés [16].

Le 16 mars 2012, EDF annonce qu'elle a été contrainte, fin février, d'interrompre « plusieurs mois » les travaux de bétonnage du bâtiment abritant le réacteur EPR pour permettre le remplacement des éléments défectueux [17]. L'opérateur maintient toutefois « la mise en service en 2016 » [17].

voir aussi l'article détaillé Ligne THT Cotentin-Maine

Emploi

En 1983, au plus fort de son activité, le chantier de construction mobilise 2 776 personnes [1].

En 2009, la centrale emploie 870 personnes, dont 650 sous statut EDF [18].

En mars 2011, elle compte 820 salariés (662 d'EDF et 158 d'entreprises prestataires), mais prévoit le recrutement d'une cinquantaine de personnes, dont 12 apprentis, qui seront formés durant deux ans [5].

Risques

La centrale de Flamanville « peut supporter un séisme de 5,7 sur l'échelle de Richter » [19]. Elle est protégée d'un raz-de-marée jusqu'à « 17 mètres » [19].

Accidents

  • 3 octobre 1999 : un ouvrier de l'entreprise sous-traitante Kaefer Wanner meurt par asphyxie alors qu'il intervient pour une opération de maintenance en secteur contaminé, le tuyau de son masque qui l'alimentait en oxygène s'étant détaché. Le 28 septembre 2010, le tribunal de grande instance de Cherbourg relaxe l'entreprise, désormais dénommée W Industries, qui était poursuivie pour homicide involontaire [20].
  • 24 janvier 2011 : un ouvrier de l'entreprise sous-traitante Normétal est tué sur le chantier de construction de l'EPR, après une chute d'une quinzaine de mètres [21].
  • 11 juin 2011 : un ouvrier de l'entreprise sous-traitante Endel décède à l'hôpital Louis-Pasteur à Cherbourg-Octeville, où il avait été transporté après avoir fait une chute d'une dizaine de mètres sur le chantier [22].
  • 24 juin 2011 : le quotidien communiste L'Humanité révèle que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a constaté une « démarche intentionnelle » de sous-déclaration d'accidents du travail sur le chantier de l'EPR [23]. Le journal publie le fac-simile d'un procès verbal daté du 6 juin dernier dans lequel l'ASN recense 112 accidents en 2010, dont 38 accidents « à déclarer n'ayant pas fait l'objet d'une déclaration ». Le parquet de Cherbourg ouvre une enquête préliminaire pour « travail dissimulé » [24]. À la suite de cette révélation, Bouygues, qui pilote le génie civil du chantier, se sépare d'un de ses sous-traitants, la société Atlanco, basée à Chypre, qui emploie 72 personnes [25].

Mesures

Suite à la catastrophe de Fukushima (Japon), plusieurs mesures sont prises pour minimiser les risques extérieurs et élever le niveau de sécurité des centrales : deux ingénieurs spécialisés dans les risques sismiques et la sécurité sont embauchés ; une pompe autonome et un Diesel d'ultime secours équiperont la centrale. D'ici à 2016, une tour de contrôle de 1 000 m² sera construite sur la falaise pour abriter un centre de crise local[26].

Poids économique

En 2010, la centrale passe 67 millions d'euros de commandes, dont le quart profite aux entreprises locales [27].

La centrale de Flamanville verse 28,4 milions d'euros de taxes, dont 11 millions de taxe foncière et 7,9 millions de taxe forfaitaire de production [27] (25,2 millions d'euros de taxe professionnelle et 6,7 millions de taxe foncière en 2008 [18]).

Dans le cadre du seul « grand chantier de l'EPR », EDF investit « quelque 30 millions d'euros dans des équipements liés à l'aménagement du territoire (écoles, voiries, etc.) » [28].

Durée d'activité

Mise en service en 1986, la centrale de Flamanville était prévue de rester en fonctionnement pendant 40 ans minimum. Le directeur de la centrale, Alain Morvan espère prolonger cette durée de vie à 60 ans : « Elle est très saine et notre mission est de la maintenir à son meilleur niveau d’activité et de fiabilité, en l’adaptant au référentiel d’EDF concernant ses installations nucléaires[5]. »

Pour cela, EDF investit en 2011 environ 70 millions d’euros pour préparer la prochaine visite en 2016 qui doit déboucher sur une autorisation de continuité d'activité de dix ans pour les deux réacteurs 1 et 2.

Notes et références

  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 et 1,10 Lise Gavet et Stéphane Jiolle, Flamanville - Tranches de vie, éd. Albin Michel, 1996.
  2. Roland Godefroy, » Flamanville : c'est oui à 63 % », La Presse de la Manche, 7 avril 1975.
  3. AFP, 16 février 2010, 16 h 12.
  4. Ouest-France, 4 mars 2009.
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Patrick Bottois, « Le CNPE de Flamanville (1 et 2) veut bien vieillir », usinenouvelle.com, 21 mars 2011.
  6. AFP, 4 décembre 2007.
  7. Xavier Oriot, « EPR : première production électrique en 2013 », Ouest-France, 17 juin 2010.
  8. 8,0 et 8,1 Thierry Dubillot, « EPR à Flamanville : la moitié du chemin parcouru », Ouest-France, 24 février 2011.
  9. Ouest-France, 4 décembre 2008.
  10. Jean-Pierre Buisson, Ouest-France, 7-8 février 2009.
  11. AFP, 26 novembre 2009, 14 h 49 ; Reuters, 26 novembre 2009, 16 h 31.
  12. AFP, 21 janvier 2010.
  13. 13,0 et 13,1 Martin de Montvalon, « Nouveau coup dur pour l'EPR qui aura deux ans de retard à Flamanville », AFP, 30 juillet 2010, 14 h 24.
  14. Erwan Pastol, « L'atome de la discorde », Ouest-France, 31 juillet 2011.
  15. Martin de Montvalon, « EDF : deux ans de retard supplémentaires pour le chantier EPR à Flamanville », AFP, 20 juillet 2011, 18 h 48 ; Thierry Dubillot, « Flamanville : deux ans de retard de plus pour l'EPR », Ouest-France, 21 juillet 2011.
  16. 16,0 16,1 et 16,2 « EPR Flamanville : des malfaçons dans le gros œuvre révélées par l'ASN », AFP, 30 août 2011, 21 h 37.
  17. 17,0 et 17,1 « EPR de Flamanville : interruption pour plusieurs mois du bétonnage », AFP, 16 mars 2012, 17 h 39.
  18. 18,0 et 18,1 Ouest-France, 15 octobre 2009.
  19. 19,0 et 19,1 Manuel Sanson, « Nucléaire : quels sont les risques en Normandie ? », L'Express, n° 3 159, 18-24 janvier 2012.
  20. AFP, 28 septembre 2010, 20 h 14.
  21. AFP, 24 janvier 2011, 18 h 53.
  22. Dimanche Ouest-France, 12 juin 2011.
  23. L'Humanité, 24 juin 2011 ; AFP, 24 juin 2011, 04 h 42.
  24. Jean-Christophe Lalay, « Travailleurs de l'EPR : une enquête est en cours », Ouest-France, 2-3 juillet 2011.
  25. AFP, 27 juin 2011, 11 h 26.
  26. Ouest-France, 9 novembre 2012
  27. 27,0 et 27,1 Ouest-France, 25 février 2011.
  28. Libie Cousteau, « Flamanville : stress sur le nucléaire », L'Express, n° 3 124, 18 mai 2011.

Liens internes

Liens externes