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Cette rivière est un affluent rive gauche de la [[Sienne]] à [[Gavray]]. Elle prend sa source vers le hameau de l’Hôtel Troussel à [[Fleury]].
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== Hydronymie ==
== Hydronymie ==
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* Ce nom semble se rattacher à la longue série des [[hydronyme]]s en ''-ance'' ou ''-ence'', finale d'origine pré-latine issue d'un suffixe ''-antia'' où l'on pense reconnaître un élément pré-indo-européen ''°ant-''. Ce dernier avait été identifié comme tel par Alfredo Trombetti dès 1925, dans la toponymie méditerranéenne <ref>Alfredo Trombetti, « Saggio di antica onomastica mediterranea », ''Arkiv za arbanasku starinu, jesik i etnologiju'', t. III, 1925, p. 1-116; voir en particulier, p. 16.</ref>. Dauzat en fait état en tant que racine hydronymique pour expliquer par exemple le nom de l’Ante, affluent de l’Aisne dans la Marne (''Antre'' 1153), et affluent de la Dives dans le Calvados <ref>Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, ''op. cit.'', p. 20b.</ref>. Cet élément apparaît fréquemment en France sous la forme °''ant-ia'' (avec une désinence probablement celtique, représentant un ajout plus tardif), soit seul (°''Antia'' > Ance, nom de trois rivières du centre de la France), soit en tant que suffixe ou second élément d’un composé, avec le sens probable de « rivière, cours d’eau » : ainsi, °''-ant-ia'' > ''-ance'', ''-ence'' dans les hydronymes français Alance, Aurance, Auzance, Avance, Calence, Colance, Couzance, Cuisance, Druance, Durance, Irance, Semence, etc.).
* Ce nom semble se rattacher à la longue série des [[hydronyme]]s en ''-ance'' ou ''-ence'', finale d'origine pré-latine issue d'un suffixe ''-antia'' où l'on pense reconnaître un élément pré-indo-européen ''°ant-''. Ce dernier avait été identifié comme tel par Alfredo Trombetti dès 1925, dans la toponymie méditerranéenne <ref>Alfredo Trombetti, « Saggio di antica onomastica mediterranea », ''Arkiv za arbanasku starinu, jesik i etnologiju'', t. III, 1925, p. 1-116; voir en particulier, p. 16.</ref>. Dauzat en fait état en tant que racine hydronymique pour expliquer par exemple le nom de l’Ante, affluent de l’Aisne dans la Marne (''Antre'' 1153), et affluent de la Dives dans le Calvados <ref>Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, ''op. cit.'', p. 20b.</ref>. Cet élément apparaît fréquemment en France sous la forme °''ant-ia'' (avec une désinence probablement celtique, représentant un ajout plus tardif), soit seul (°''Antia'' > Ance, nom de trois rivières du centre de la France), soit en tant que suffixe ou second élément d’un composé, avec le sens probable de « rivière, cours d’eau » : ainsi, °''-ant-ia'' > ''-ance'', ''-ence'' dans les hydronymes français Alance, Aurance, Auzance, Avance, Calence, Colance, Couzance, Cuisance, Druance, Durance, Irance, Semence, etc.).


* Le radical ''Bér-'', quant à lui, pourrait représenter l'élément °''ber-'' qu'Albert Dauzat qualifie de « radical hydronymique obscur » <ref>Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, ''op. cit.'', p. 28a.</ref> : autant dire que le respectable toponymiste n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pouvait représenter. Il y rattache néanmoins les noms de cours d'eau français Béron, Béronne, Béronnelle, Berre, Berron, Berrou, Barron, etc. Cette vision des choses est reprise peu ou prou par Ernest Nègre, qui pose une racine hydronymique préceltique °''berr-'' par laquelle il explique les noms précédents ainsi que quelques autres <ref>Ernest Nègre, ''op. cit.'', t. I, p. 32, § 1031.</ref>, sans toutefois proposer d'analyse pour cet élément.
* Le radical ''Bér-'', quant à lui, pourrait représenter l'élément °''ber-'' qu'Albert Dauzat qualifie de « radical hydronymique obscur » <ref>''Ibid.'', p. 28a.</ref> : autant dire que le respectable toponymiste n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pouvait représenter. Il y rattache néanmoins les noms de cours d'eau français Béron, Béronne, Béronnelle, Berre, Berron, Berrou, Barron, etc. Cette vision des choses est reprise peu ou prou par Ernest Nègre, qui pose une racine hydronymique préceltique °''berr-'' par laquelle il explique les noms précédents ainsi que quelques autres <ref>Ernest Nègre, ''op. cit.'', t. I, p. 32, § 1031.</ref>, sans toutefois proposer d'analyse pour cet élément.
 
Ceci dit, la finale ''-antia'' ayant été employée à l'époque celtique, nous ne voyons pas pourquoi on ne pourrait pas avoir affaire ici au radical celtique °''ber-'', °''bir-'' « eau, source; ruisseau » (cf. ancien irlandais ''bir'') <ref>Ce radical semble représenter le celtique commun °''beru-s'', reposant sur la racine indo-européenne °'''bʰer(u)-''' « source ».</ref>. Cet élément est attesté par exemple dans les toponymes irlandais Birr [comté d’Offaly] et Birra [comté de Donegal] < ancien irlandais ''biorra'' « eau, cours d’eau; plein d’eau, marécageux » <ref>Jules Vendryes, ''Lexique Étymologique de l’Irlandais Ancien'', Dublin Institute for Advances Studies, Dublin, en fascicules à partir de 1959 (réédition à partir de 1981, complétée par E. Bachellery et Pierre-Yves Lambert), p. B-52.</ref>. Le radical °''ber-'' est par ailleurs à l'origine du gaulois ''berula'' « cresson d’eau (''Sium angustifolium'', ''Sium nodiflorum'') », mot sur lequel repose en dernier lieu le nom de [[La Beslière]], « la cressonnière ».
 
Dans cette dernière hypothèse, le nom de la Bérence pourrait donc être issu d'une formation gauloise °''ber-antia'' > [[gallo-roman]] °<small>BERANTIA</small>, peut-être avec le sens de « cours d'eau marécageux » (vers son confluent avec la Sienne), ou représentant simplement une composition tautologique (les deux éléments signifiant à peu près la même chose).
 
{{Notes et références}}


== Notes et références ==
==Lien interne==
* [[Liste des cours d'eau de la Manche]]


<small><references/></small>


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[[Catégorie:Cours d'eau de la Manche]]
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[[Catégorie:Hydronymie]]
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[[Catégorie:Hydronyme contenant un élément d'origine pré-latine]]
[[Catégorie:Hydronyme contenant un élément d'origine pré-latine]]
[[Catégorie:Hydronyme contenant un élément celtique]]
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Dernière version du 24 février 2024 à 20:35

La Bérence est un cours d'eau de la Manche.

Description

Cette rivière, longue de 11,4 km, est un affluent rive gauche de la Sienne à Gavray. Elle prend sa source vers le hameau de l’Hôtel Troussel à Fleury.

Elle traverse La Bloutière, délimite Le Mesnil-Hue et La Bloutière, Le Mesnil-Hue et Le Mesnil-Garnier, ce dernier de Montaigu-les-Bois, puis traverse Le Mesnil-Bonant avant de rejoindre la Sienne.

Elle reçoit le ruisseau Ménard au Mesnil-Hue

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En 2023, elle est l'objet de travaux menés par le Syndicat d’aménagement et d’entretien de la Sienne (SIAES) et visant à rétablir la continuité écologique de la rivière : arasement de chutes verticales, remplacement de buses, installation d'une passerelle à engins, de deux abreuvoirs et pose de 500 m de clôtures [1].

Hydronymie

Attestations anciennes

  • Berence 1689 [2], 1753/1785 [3].
  • Rivière de Berence ~1825 [4].
  • la Bérence 2012 [5].

Étymologie

Le nom de ce cours d'eau est ignoré d'Albert Dauzat [6], François de Beaurepaire [7] et Ernest Nègre [8]. Il est mentionné sans commentaire par Marcel Baudot [9].

En l'absence de formes très anciennes qui pourraient se révéler plus parlantes, on doit se résoudre aux hypothèses suivantes :

  • Ce nom semble se rattacher à la longue série des hydronymes en -ance ou -ence, finale d'origine pré-latine issue d'un suffixe -antia où l'on pense reconnaître un élément pré-indo-européen °ant-. Ce dernier avait été identifié comme tel par Alfredo Trombetti dès 1925, dans la toponymie méditerranéenne [10]. Dauzat en fait état en tant que racine hydronymique pour expliquer par exemple le nom de l’Ante, affluent de l’Aisne dans la Marne (Antre 1153), et affluent de la Dives dans le Calvados [11]. Cet élément apparaît fréquemment en France sous la forme °ant-ia (avec une désinence probablement celtique, représentant un ajout plus tardif), soit seul (°Antia > Ance, nom de trois rivières du centre de la France), soit en tant que suffixe ou second élément d’un composé, avec le sens probable de « rivière, cours d’eau » : ainsi, °-ant-ia > -ance, -ence dans les hydronymes français Alance, Aurance, Auzance, Avance, Calence, Colance, Couzance, Cuisance, Druance, Durance, Irance, Semence, etc.).
  • Le radical Bér-, quant à lui, pourrait représenter l'élément °ber- qu'Albert Dauzat qualifie de « radical hydronymique obscur » [12] : autant dire que le respectable toponymiste n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pouvait représenter. Il y rattache néanmoins les noms de cours d'eau français Béron, Béronne, Béronnelle, Berre, Berron, Berrou, Barron, etc. Cette vision des choses est reprise peu ou prou par Ernest Nègre, qui pose une racine hydronymique préceltique °berr- par laquelle il explique les noms précédents ainsi que quelques autres [13], sans toutefois proposer d'analyse pour cet élément.

Ceci dit, la finale -antia ayant été employée à l'époque celtique, nous ne voyons pas pourquoi on ne pourrait pas avoir affaire ici au radical celtique °ber-, °bir- « eau, source; ruisseau » (cf. ancien irlandais bir) [14]. Cet élément est attesté par exemple dans les toponymes irlandais Birr [comté d’Offaly] et Birra [comté de Donegal] < ancien irlandais biorra « eau, cours d’eau; plein d’eau, marécageux » [15]. Le radical °ber- est par ailleurs à l'origine du gaulois berula « cresson d’eau (Sium angustifolium, Sium nodiflorum) », mot sur lequel repose en dernier lieu le nom de La Beslière, « la cressonnière ».

Dans cette dernière hypothèse, le nom de la Bérence pourrait donc être issu d'une formation gauloise °ber-antia > gallo-roman °BERANTIA, peut-être avec le sens de « cours d'eau marécageux » (vers son confluent avec la Sienne), ou représentant simplement une composition tautologique (les deux éléments signifiant à peu près la même chose).

Notes et références

  1. « D’importants travaux sur la rivière Bérence viennent de s’achever », Ouest-France, site internet, 21 novembre 2023.
  2. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BnF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  3. Carte de Cassini.
  4. Cadastre napoléonien, Archives départementales de la Manche.
  5. Carte IGN au 1 : 25.000.
  6. Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, Klincksieck, Paris, 1978.
  7. François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986.
  8. Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, t. II et III, 1991.
  9. Marcel Baudot, « Stratigraphie hydronymique de la Normandie », in Proceedings of the 9th international congress of onomastic sciences, Londres , 1966, p. 134-150; reproduit dans Marcel Baudot, Études d'onomastique et d'histoire normande, Société parisienne d'histoire et d'archéologie normandes, Nogent-sur-Marne, 1982, 81-97.
  10. Alfredo Trombetti, « Saggio di antica onomastica mediterranea », Arkiv za arbanasku starinu, jesik i etnologiju, t. III, 1925, p. 1-116; voir en particulier, p. 16.
  11. Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, op. cit., p. 20b.
  12. Ibid., p. 28a.
  13. Ernest Nègre, op. cit., t. I, p. 32, § 1031.
  14. Ce radical semble représenter le celtique commun °beru-s, reposant sur la racine indo-européenne °bʰer(u)- « source ».
  15. Jules Vendryes, Lexique Étymologique de l’Irlandais Ancien, Dublin Institute for Advances Studies, Dublin, en fascicules à partir de 1959 (réédition à partir de 1981, complétée par E. Bachellery et Pierre-Yves Lambert), p. B-52.

Lien interne