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Hervé de Tocqueville

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Hervé de Tocqueville.

Hervé Louis François Joseph Bonaventure Clérel, comte de Tocqueville, chevalier, seigneur de Tocqueville et de Tourlaville, né à Menou (Nièvre) le 3 août 1772, mort à Clairoix (Oise) le 9 juin 1856, est un homme politique de la Manche.

Il est le père d'Alexis de Tocqueville (1805-1859).

Biographie

Hervé est le fils de Bernard Bonaventure Clérel (1730-1776), chevalier, comte de Tocqueville, seigneur et patron de Tocqueville, Anville et autres lieux, mestre de camp de cavalerie, major de régiment du commissaire général de la cavalerie, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de Catherine-Antoinette de Damas-Crux (1749-1786), fille de Louis-Alexandre, comte de Damas, baron de Denain et de Souhey, et de Marie-Louis de Menou. Deuxième enfant du couple (l'aîné, Bernard, officier, meurt durant la Guerre de Sept ans), Hervé naît trois ans après leur union [1].

Orphelin à 13 ans, il reçoit l'éducation d'un précepteur particulier, l'abbé Lesueur, et entre dans l'armée comme lieutenant de remplacement au régiment de Vexin en 1787 [2].

Favorable aux premières idées de la Révolution française jusqu'à l'instauration de la Terreur, il émigre à Bruxelles pour un mois, puis revient à Paris comme soldat dans la garde constitutionnelle de Louis XVI [2].

Hervé de Tocqueville et son fils Alexis.

Il se marie le 12 mars 1793 avec Louise Madeleine Marguerite Le Peletier de Rosanbo (1772-1836), fille de Louis Le Peletier, marquis de Rosanbo (1747-1794), président à mortier au Parlement de Paris, et de Marguerite Thérèse de Lamoignon de Malesherbes (1756-1794), elle-même enfant de Chrétien Guillaume Lamoignon de Malesherbes (1721-1794), avocat de Louis XVI. Ensemble, ils ont trois enfants : Hippolyte de Tocqueville (1797-1877), Édouard de Tocqueville (1800-1874) et Alexis de Tocqueville (1805-1859) [1].

Chrétien Guillaume de Malesherbes, ses enfants et petits-enfants sont arrêtés le 17 décembre 1793 et emprisonnés à Port-Royal. Louis de Rosanbo est guillotiné le 20 avril 1794. Le 22, c'est le tour de M. de Malesherbes, de sa fille Marguerite de Rosanbo, de sa petite fille Aline de Rosanbo (1771-1794) et du mari de celle-ci, Jean-Baptiste de Chateaubriand (1759-1794), frère de l'écrivain. Hervé de Tocqueville, sa femme Louise, sa belle-sœur Mme d'Aunay et son beau-frère Louis de Rosanbo (1777-1856) demeurent en prison. Ils échappent à l'échafaud grâce à la chute de Robespierre, le 9 thermidor, la veille de la date prévue pour leur exécution [1].

Libérés le 20 octobre 1794, Hervé et Louise s'installent au château de Verneuil-sur-Seine (auj. Yvelines), dont Hervé devient maire à partir de 1804 malgré son hostilité à l'Empire [3]. Avec leurs trois garçons, ils élèvent leurs neveux Louis (1790-1873) et Christian de Chateaubriand (1791-1843), les fils de Jean-Baptiste et d'Aline de Chateaubriand [4].

Bonaparte le nomme maire de Verneuil-sur-Seine (Yveline) en 1804, il occupe la fonction jusqu'en 1814. À la chute de Napoléon Ier, il participe avec son fils Hippolyte, au sein de la garde à cheval, aux manifestations royalistes en faveur de la restauration des Bourbons. Le 18 juin 1814, il est nommé préfet de Maine-et-Loire. Destitué au retour de l'Empereur, il est nommé, à l'issue des Cent-jours, préfet de l'Oise le 13 juillet 1815, puis de la Côte-d'Or le 31 janvier 1816, de la Moselle le 25 mars 1817, de la Somme le 27 juin 1823 et de Seine-et-Oise le 14 juin 1826 [3].

Il est nommé pair de France le 4 novembre 1827, ce qui l'oblige à quitter la préfectorale et à rejoindre la Chambre des pairs où il intervient régulièrement dans les débats. Il est exclu de la pairie en 1830 lors de l'instauration de la Monarchie de Juillet [3].

Après la mort de sa femme en 1836, il quitte la vie publique pour se retirer à Clairoix (Oise), aux côtés d'une nouvelle compagne, Mme Guermarquer, son ancienne gouvernante, qu'il finit par épouser [5].

Dans les années 1840, son nom apparaît parmi les « Boutons » (membres) du Rallye-Bourgogne, célèbre société de vénerie présidée par Charles-Marie de Mac Mahon, frère aîné du futur maréchal de France, duc de Magenta et premier président de la IIIe république.

Hervé de Tocqueville publie De la Charte provinciale (1829), Pétition aux deux chambres, relatives à Mme la duchesse de Berri (1832), Du crédit agricole (1838), Histoire philosophique du règne de Louis XV (1846) et Coup d'œil sur le règne de Louis XVI (1850) [6]. Il a également écrit des mémoires[3], publiées dans leur intégralité par Jean-Louis Benoît, Nicole Fréret et Christian Lippi, sur le site internet des Classiques des sciences sociales de l'Université du Québec à Chicoutimi en 2018 [7].

Distinctions

Il est chevalier de la Légion d'honneur (1814), puis officier (1821), commandeur de l'Aigle rouge de Prusse (1817) et commandeur du Mérite civil de Bavière (1820) [8].

Bibliographie

  • Hervé de Tocqueville, Mémoires d'Hervé Clérel, comte de Tocqueville 1772-1856, Archives départementales de la Manche, 2019

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Emmanuel de Blic, « Hervé Clérel comte de Tocqueville », Imp. Darantière, Dijon, 1951.
  2. 2,0 et 2,1 « Hervé de Tocqueville : sa jeunesse ou "l'expérience du malheur" », tocqueville.culture.gouv.fr, ministère de la Culture et de la Communication avec les Archives départementales de la Manche, 2005 (lire en ligne).
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 « Son père, Hervé de Tocqueville : un grand serviteur de l'État sous la Restauration », tocqueville.culture.gouv.fr, ministère de la Culture et de la Communication avec les Archives départementales de la Manche, 2005 (lire en ligne).
  4. Alexis de Tocqueville, Souvenirs, Gallimard-Folio, 1978, p. 481.
  5. « Son père, Hervé de Tocqueville : un chef de famille] », tocqueville.culture.gouv.fr, ministère de la Culture et de la Communication avec les Archives départementales de la Manche, 2005 (lire en ligne).
  6. Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français de 1789 à 1889, 1889-1891.
  7. Mémoires d’Hervé Clérel, comte de Tocqueville, 1772-1856, préfet et 1814 à 1827, pair de France de 1827 à 1830, Chicoutimi: Livre inédit, Les Classiques des sciences sociales, 2018, (lire en ligne).
  8. Les décorations sont détaillées dans le dossier de la légion d'honneur (base Leonore).

Article connexe

Liens externes