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'''Alexandre Avoyne''', {{date naissance|20|8|1899|Sauxemesnil}}, mort {{date décès|1|10|1942}}, est un résistant de la [[Manche]].
[[Fichier:Avoyne.jpg|thumb|Portrait d'Alexandre Avoyne]]
'''Alexandre''' Auguste Léon '''Avoyne''', {{date naissance|20|8|1899|Saussemesnil}} <ref name=EC1>[https://www.archives-manche.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo1OntzOjEwOiJ0eXBlX2ZvbmRzIjtzOjExOiJmYWNldHRlc19lcyI7czo0OiJyZWYxIjtpOjI7czo0OiJyZWYyIjtzOjc6IjJfMjEzMDYiO3M6NDoicmVmMyI7czoyOiIxNCI7czo5OiJzb3J0QXJyYXkiO2E6Mzp7aTowO3M6MTE6IlNhdXhlbWVzbmlsIjtpOjE7czo0OiIxODkzIjtpOjI7czoyMjoiYWQ1MF9ldGF0Y2l2aWwjMl8yMTMwNiI7fX0%3D&altoInput=#uielem_move=-144%2C-434&uielem_rotate=F&uielem_islocked=0&uielem_zoom=82 – Tables décennales – Page 1/16].</ref> et mort {{date décès|1|10|1942}}, est un résistant de la [[Manche]], « Mort pour la France ».


== La souffrance et la fierté d’une famille de résistants ==
== La souffrance et la fierté d’une famille de résistants ==
Il faut écouter le témoignage de [[Marguerite Avoyne]], née en [[1922]] et décédée en [[2006]] sur la mort de son père, Alexandre, fusillé par les Allemands le 1{{er}} octobre 1942, sur la déportation en Allemagne de sa mère, [[Marie Fossey|Marie]], de sa sœur, [[Louise Avoyne|Louise]] et d’elle-même pour bien comprendre et mesurer à la fois la grandeur du travail de fourmi de la résistance qui, en 1942, en était à ses débuts d’organisation et l’horreur de la répression menée, comme tient à le souligner Marguerite Avoyne, par la police… française qui les a, littéralement, livrés aux Allemands.[[Fichier:PN_47_TRELLY_2020.JPG|200px|thumb|right|''PN 47 Trelly (2020)'']]


Il faut écouter le témoignage de Marguerite Avoyne, née en [[1922]] et décédée en [[2006]] sur la mort de son père, Alexandre, fusillé par les Allemands le 1{{er}} octobre 1942, sur la déportation en Allemagne de sa mère, [[Marie Fossey|Marie]], de sa sœur, Louise et d’elle-même pour bien comprendre et mesurer à la fois la grandeur du travail de fourmi de la résistance qui, en 1942, en était à ses débuts d’organisation et l’horreur de la répression menée, comme tient à le souligner Marguerite Avoyne, par la police… française qui les a, littéralement, livrés aux Allemands.
En 1942, la famille Avoyne vit à [[Trelly]], près de [[Cérences]], au passage à niveau 47 de la [[Ligne ferroviaire Caen-Rennes|ligne Lison-Lamballe]]. Le père, Alexandre est cheminot (sous-chef de canton à la brigade de [[Hyenville]]) et travaille sur les voies. La mère, [[Marie Fossey|Marie]] née Fossey le [[4 juin]] [[1898]], est garde-barrière. Les deux filles, [[Marguerite Avoyne|Marguerite]], 20 ans, née le [[13 avril]] [[1922]], et [[Louise Avoyne|Louise]], 19 ans née le [[24 mars]] [[1923]], travaillent comme couturières à domicile.  
 
En 1942, la famille Avoyne vit à [[Trelly]], près de [[Cérences]], au passage à niveau 47 de la [[ligne Lison-Lamballe]]. Le père, Alexandre est cheminot (sous-chef de canton à la brigade de [[Hyenville]]) et travaille sur les voies. La mère, [[Marie Fossey|Marie]] née Fossey le [[4 juin]] [[1898]], est garde-barrière. Les deux filles, [[Marguerite Avoyne|Marguerite]], 20 ans, née le [[13 avril]] [[1922]], et [[Louise Avoyne|Louise]], 19 ans née le [[24 mars]] [[1923]], travaillent comme couturières à domicile.


Alexandre Avoyne, adhère, après contact avec [[André Defrance]], au réseau [[Front national (Résistance) dans la Manche|Front National]] d’obédience communiste et a pour mission d’héberger des clandestins qui sont souvent des délégués départementaux ou régionaux d’un réseau qui prend de plus en plus d’importance.
Alexandre Avoyne, adhère, après contact avec [[André Defrance]], au réseau [[Front national (Résistance) dans la Manche|Front National]] d’obédience communiste et a pour mission d’héberger des clandestins qui sont souvent des délégués départementaux ou régionaux d’un réseau qui prend de plus en plus d’importance.


Depuis plusieurs semaines, le réseau « Front National » a causé beaucoup de soucis aux Allemands mais à l’occasion d’une découverte fortuite d’une cache d’armes à Cherbourg, un premier membre du réseau est arrêté le [[3 juillet]]. Le lendemain, la police française dirigée par le commissaire Laniez arrive vers 11 heures au PN 47. Marguerite y est seule avec deux résistants Maurice Lemaire, père, et [[Maurice Lemaire (fils)|Maurice (Arthur) Lemaire fils]]. Ils s’enfuient par la fenêtre, la police tire puis, avec le concours de la gendarmerie locale, les arrête dans une ferme voisine.
Depuis plusieurs semaines, le réseau Front National a causé beaucoup de soucis aux Allemands mais à l’occasion d’une découverte fortuite d’une cache d’armes à Cherbourg, un premier membre du réseau, [[Gustave Jurczyszyn]], est arrêté le [[3 juillet]]. Le lendemain, la police française dirigée par le commissaire [[Henri Laniez]] arrive vers 11 heures au PN 47. Marguerite y est seule avec deux résistants [[Maurice Lemaire (1897)|Maurice Lemaire (Joseph) père]], et [[Maurice Lemaire (fils)|Maurice (Arthur) Lemaire fils]]. Ils s’enfuient par la fenêtre, la police tire puis, avec le concours de la gendarmerie locale, les arrête dans une ferme voisine.


Pendant ce temps, Alexandre Avoyne qui a entendu les coups de feu revient chez lui et avec sa fille, essaient en quelques minutes de cacher les multiples traces de la présence des résistants.
Pendant ce temps, Alexandre Avoyne qui a entendu les coups de feu revient chez lui et avec sa fille, essaient en quelques minutes de cacher les multiples traces de la présence des résistants.


La police et la gendarmerie de [[Montmartin-sur-Mer]], de retour au PN 47 arrêtent Alexandre, Marguerite et sa sœur Louise, revenue manger. Marie, l’épouse, partie au marché à [[Avranches]], est arrêtée à sa descente du train à [[Quettreville-sur-Sienne]]. C'est alors [[Coutances]] et la prison de la Verjusière, puis le lendemain [[5 juillet]], [[Cherbourg]] jusqu’au [[18 juillet]]. À cette date, précise Marguerite Avoyne « la police française nous a remis aux autorités allemandes et conduits à la prison de Saint-Lô ».
La police et la gendarmerie de [[Montmartin-sur-Mer]], de retour au PN 47, arrêtent Alexandre, Marguerite et sa sœur Louise, revenue manger. Marie, l’épouse, partie au marché à [[Avranches]], est arrêtée à sa descente du train à [[Quettreville-sur-Sienne]]. C'est alors [[Coutances]] et la prison de la Verjusière, puis le lendemain [[5 juillet]], [[Cherbourg]] jusqu’au [[18 juillet]]. À cette date, précise Marguerite Avoyne « la police française nous a remis aux autorités allemandes et conduits à la prison de Saint-Lô ».


Le procès dure du [[14 septembre|14]] au [[18 septembre]] et le tribunal prononcera 13 condamnations à mort dont Alexandre et Marie Avoyne qui est finalement graciée et voit sa peine commuée en travaux forcés. Les deux filles, Louise et Marguerite, sont condamnées respectivement à un an et quatre ans de déportation. Alexandre Avoyne sera fusillé le 1{{er}} octobre 1942. Marie est libérée le [[29 avril]] [[1945]]. Louise et Marie seront déportées en Allemagne : Louise sera libérée le [[29 septembre]] [[1943]] et Marguerite le [[3 avril]] [[1945]] par la III{{e}} armée de [[George Patton|Patton]].
Le procès dure du [[14 septembre|14]] au [[18 septembre]]. Le tribunal prononce 13 condamnations à mort dont Alexandre et Marie Avoyne qui est finalement graciée et voit sa peine commuée en travaux forcés. Les deux filles, Louise et Marguerite, sont condamnées respectivement à un an et quatre ans de déportation. Alexandre Avoyne sera fusillé le 1{{er}} octobre 1942. Marie est libérée le [[29 avril]] [[1945]]. Louise et Marie seront déportées en Allemagne : Louise sera libérée le [[29 septembre]] [[1943]] et Marguerite le [[3 avril]] [[1945]] par la III{{e}} armée de [[George Patton|Patton]].


La commune de [[Trelly]], à l’initiative de son maire, le docteur Boizard, a publié un long texte émouvant de Marguerite Avoyne, et les [[Archives départementales de la Manche]] ont également enregistré son témoignage, toujours aussi vivace, cohérent et passionné à soixante ans de distance. Une vraie leçon de patriotisme par une famille, modeste, prise dans l’infernal engrenage de la répression où polices française et allemande ne faisaient qu’un.
La commune de [[Trelly]], à l’initiative de son maire, le docteur Boizard, a publié un long texte émouvant de Marguerite Avoyne, et les [[Archives départementales de la Manche]] ont également enregistré son témoignage, toujours aussi vivace, cohérent et passionné à soixante ans de distance. Une vraie leçon de patriotisme par une famille, modeste, prise dans l’infernal engrenage de la répression où polices française et allemande ne faisaient qu’un.
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Une grande preuve d’amour et de fierté aussi, d’une fille à l’égard de son père.
Une grande preuve d’amour et de fierté aussi, d’une fille à l’égard de son père.


* ''Source : René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, t. 4, éd. Eurocibles, Marigny.''
==Distinctions==
* Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume en date du [[11 mars]] [[1953]]
* Médaille de la résistance en date du [[13 mars]] 1953
* Cité à l'ordre de la Division à titre posthume avec attribution de la Croix de guerre avec palme le [[20 mars]] [[1946]]
* Cité à l'Ordre de la SNCF le [[1er juillet]] [[1947]]
 
==Hommages==
* Son nom est mentionné sur les monuments commémoratifs suivants :
** [[Monument aux morts de Trelly]]
** Plaque commémorative dans l'[[Église Saint-Germain (Trelly)|église]] de [[Trelly]]
** Plaque commémorative S.N.C.F. 1939-1945 à la [[gare de Coutances]]
** [[Prison de Saint-Lô|Monument commémoratif 1939-1945]] à [[Saint-Lô]]
 
* Le [[Quai Avoyne (Saint-Lô)|Quai Avoyne]] perpétue la mémoire de la famille à [[Saint-Lô]].
 
{{Notes et références}}
 
==Source==
* [[René Gautier]] (dir.), ''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', t. 4, éd. Eurocibles, Marigny.''


== Voir aussi ==
==Articles connexes==
* « L'affaire »[[Gustave Jurczyszyn|Jurczyszyn]].
*[[Avoyne]]
* « L'affaire » [[Gustave Jurczyszyn|Jurczyszyn]].
* [[Liste des résistants PCF et FN-FTP de la Manche]]


{{DEFAULTSORT:Avoyne, Alexandre}}
{{CLEDETRI:Avoyne, Alexandre}}


[[Catégorie:Biographie]
[[Catégorie:Biographie]]
[[Catégorie:Décès à 48 ans]]
[[Catégorie:Mort pour la France]]
[[Catégorie:Résistant de la Manche]]
[[Catégorie:Résistant de la Manche]]
[[Catégorie:Titulaire de la Légion d'honneur]]

Dernière version du 26 janvier 2024 à 21:29

Portrait d'Alexandre Avoyne

Alexandre Auguste Léon Avoyne, né à Saussemesnil le 20 août 1899 [1] et mort le 1er octobre 1942, est un résistant de la Manche, « Mort pour la France ».

La souffrance et la fierté d’une famille de résistants

Il faut écouter le témoignage de Marguerite Avoyne, née en 1922 et décédée en 2006 sur la mort de son père, Alexandre, fusillé par les Allemands le 1er octobre 1942, sur la déportation en Allemagne de sa mère, Marie, de sa sœur, Louise et d’elle-même pour bien comprendre et mesurer à la fois la grandeur du travail de fourmi de la résistance qui, en 1942, en était à ses débuts d’organisation et l’horreur de la répression menée, comme tient à le souligner Marguerite Avoyne, par la police… française qui les a, littéralement, livrés aux Allemands.

PN 47 Trelly (2020)

En 1942, la famille Avoyne vit à Trelly, près de Cérences, au passage à niveau 47 de la ligne Lison-Lamballe. Le père, Alexandre est cheminot (sous-chef de canton à la brigade de Hyenville) et travaille sur les voies. La mère, Marie née Fossey le 4 juin 1898, est garde-barrière. Les deux filles, Marguerite, 20 ans, née le 13 avril 1922, et Louise, 19 ans née le 24 mars 1923, travaillent comme couturières à domicile.

Alexandre Avoyne, adhère, après contact avec André Defrance, au réseau Front National d’obédience communiste et a pour mission d’héberger des clandestins qui sont souvent des délégués départementaux ou régionaux d’un réseau qui prend de plus en plus d’importance.

Depuis plusieurs semaines, le réseau Front National a causé beaucoup de soucis aux Allemands mais à l’occasion d’une découverte fortuite d’une cache d’armes à Cherbourg, un premier membre du réseau, Gustave Jurczyszyn, est arrêté le 3 juillet. Le lendemain, la police française dirigée par le commissaire Henri Laniez arrive vers 11 heures au PN 47. Marguerite y est seule avec deux résistants Maurice Lemaire (Joseph) père, et Maurice (Arthur) Lemaire fils. Ils s’enfuient par la fenêtre, la police tire puis, avec le concours de la gendarmerie locale, les arrête dans une ferme voisine.

Pendant ce temps, Alexandre Avoyne qui a entendu les coups de feu revient chez lui et avec sa fille, essaient en quelques minutes de cacher les multiples traces de la présence des résistants.

La police et la gendarmerie de Montmartin-sur-Mer, de retour au PN 47, arrêtent Alexandre, Marguerite et sa sœur Louise, revenue manger. Marie, l’épouse, partie au marché à Avranches, est arrêtée à sa descente du train à Quettreville-sur-Sienne. C'est alors Coutances et la prison de la Verjusière, puis le lendemain 5 juillet, Cherbourg jusqu’au 18 juillet. À cette date, précise Marguerite Avoyne « la police française nous a remis aux autorités allemandes et conduits à la prison de Saint-Lô ».

Le procès dure du 14 au 18 septembre. Le tribunal prononce 13 condamnations à mort dont Alexandre et Marie Avoyne qui est finalement graciée et voit sa peine commuée en travaux forcés. Les deux filles, Louise et Marguerite, sont condamnées respectivement à un an et quatre ans de déportation. Alexandre Avoyne sera fusillé le 1er octobre 1942. Marie est libérée le 29 avril 1945. Louise et Marie seront déportées en Allemagne : Louise sera libérée le 29 septembre 1943 et Marguerite le 3 avril 1945 par la IIIe armée de Patton.

La commune de Trelly, à l’initiative de son maire, le docteur Boizard, a publié un long texte émouvant de Marguerite Avoyne, et les Archives départementales de la Manche ont également enregistré son témoignage, toujours aussi vivace, cohérent et passionné à soixante ans de distance. Une vraie leçon de patriotisme par une famille, modeste, prise dans l’infernal engrenage de la répression où polices française et allemande ne faisaient qu’un.

Une grande preuve d’amour et de fierté aussi, d’une fille à l’égard de son père.

Distinctions

  • Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume en date du 11 mars 1953
  • Médaille de la résistance en date du 13 mars 1953
  • Cité à l'ordre de la Division à titre posthume avec attribution de la Croix de guerre avec palme le 20 mars 1946
  • Cité à l'Ordre de la SNCF le 1er juillet 1947

Hommages

Notes et références

Source

  • René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, t. 4, éd. Eurocibles, Marigny.

Articles connexes