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Cathédrale Saint-André (Avranches)

De Wikimanche

La cathédrale dans son environnement.
Les ruines.
Vue latérale.
La cathédrale et l'évêché.
Plan de la cathédrale
par Émile-Auber Pigeon,
réalisé en 1888
Représentation de la façade occidentale de la cathédrale d'Avranches

La cathédrale Saint-André est un ancien édifice catholique de la Manche, situé à Avranches.

Elle est détruite aux 18e et 19e siècles. Elle est surnommée « la belle Andrine », nom donné à une rue de la cité.

Histoire

On trouve la trace de la cathédrale dans les textes pour la première fois en 1025 [1] au moment de sa reconstruction sous l'épiscopat de Maugis (1022-1026) [2], mais l'emplacement, à l'ouest de la vieille ville, est occupé déjà depuis plusieurs siècles.

Les fouilles entreprises par Daniel Levalet de 1972 à 1977 révèlent que quatre niveaux d'occupation se sont relayés sur le site :

  • des portions de murs, dont un de 0,65 cm de largeur, orienté nord-sud, construit directement sur la roche, daté du Haut-Empire romain grâce aux tessons de céramique. Sa destination religieuse (un fanum) est probable sans être certaine.[3] En 2019, les archéologues pensent qu'il s'agit d'un sanctuaire lié au culte de l'eau[4].
  • un autre bâtiment rectangulaire de 12 mètres sur plus de 20 mètres, au sol bétonné rosâtre, aurait été élevé à la fin du IIIe siècle pour servir de basilique civile et serait devenu après d'autres transformations postérieures, la première église chrétienne intra-muros d'Avranches au IVe ou Ve siècle[3]. Elle subsiste, avec des restaurations jusqu'au IXe siècle[4].
  • un vaste édifice à trois nefs, la cathédrale carolingienne, édifiée aux alentours de 850[4].
  • la cathédrale romane : l'évêque Maugis semble être à l'origine de la construction au XIe siècle de la cathédrale. Les travaux s'échelonnent sur près d'un siècle[2] avec possiblement deux campagnes de construction. Le 17 septembre 1121, la cathédrale est consacrée par l'évêque Turgis[2], en présence du roi Henri Ier d'Angleterre.

Le 21 mai 1172, sur le seuil de la cathédrale Saint-André, le roi Henri II d'Angleterre, déchu, fait amende honorable et implore le pardon de l'Église représentée par deux émissaires pontificaux : sa colère avait incité quatre chevaliers à assassiner Thomas Becket.

Armand-Bernardin Lefèbvre, ingénieur des Ponts et Chaussées de la généralité de Caen, élabore un plan de la cathédrale vers 1775 qui servira plus tard de modèle au très détaillé plan du chanoine Pigeon, conservé à la bibliothèque patrimoniale d'Avranches, qui lui-même servit de base à la gravure publiée en 1888 dans Le Diocèse d'Avranches[2]. Le plan du chanoine Pigeon permet donc de se faire une idée de la façon dont est construite la cathédrale mais il n'apporte pas de certitudes puisqu'il est postérieur à la destruction de cette dernière.

Sur la base de ces plans, on observe que la cathédrale n'a pas de transept, que la nef a douze travées, le chœur cinq chapelles à la fois carrées et en forme de demi-cercle[2]. Deux tours se dressent sur sa façade ouest[2]. L'absence de transept et de tour-lanterne se retrouve à la collégiale Saint-Évroult de Mortain[2].

La cathédrale romane est embellie aux XIIIe et XVe siècles, mais peu avant la fin de la Guerre de Cent Ans, le siège de la ville en mai 1450, par François Ier de Bretagne, allié du roi de France, met la cathédrale à mal. Lors de la Ligue, un siège de deux mois durant l’hiver 1590-1591, mené par le duc de Montpensier pour qu'Avranches reconnaisse le roi Henri IV, endommage à nouveau la Belle Andrine.

Rabaissée au rang de simple église paroissiale par la Révolution, la cathédrale est gravement endommagée le 10 avril 1794 par un écroulement d'une partie des voûtes et du chœur : le curé constitutionnel, Rioult de Montbray fait malencontreusement supprimer le jubé en pierre qui servait de soutènement.

Scipion-Jérôme Brigeat de Lambert en est le dernier grand doyen.

Entre 1799 et 1812 la tour nord accueille le télégraphe Chappe.

En 1802, le conseil municipal décide d'abattre les derniers murs de la nef et la tour horloge, dont l'état délabré menace la sécurité publique. Il ne reste plus alors, par la volonté du maire Victor Tesnière de Brémesnil, que les deux tours en façade qui seront détruites le 4 mai 1812 sous le mandat de Jean-Auguste Belle-Étoile du Mottet[1]. Un des derniers piliers subit le même sort en 1835.

Documents graphiques

On remarque que les dessins présentés sur cette page sont peu compatibles entre eux. Et pour cause : pour la plupart ils sont réalisés de mémoire après démolition. Seul le dessin de la façade ouest et le plan sont contemporains de l'édifice[5].

Précisément ces deux dessins sont incompatibles, notamment à propos du portail…

Après la cathédrale

La destruction de la cathédrale et l'essor démographique au 19e siècle provoquent la reconstruction des trois églises paroissiales d'Avranches : l'église Saint-Gervais, l'église Notre-Dame-des-Champs et l'église Saint-Saturnin. Cette vague de construction se répand dans l'Avranchin où s'élèvent une vingtaine d'églises néo-gothiques, comme au Teilleul, au Grand-Celland, à Sartilly, Barenton, Saint-Hilaire-du-Harcouët, Brécey, Juvigny-le-Tertre, Sourdeval, Saint-Laurent-de-Terregate, La Haye-Pesnel...

Aujourd'hui

Le square Thomas-Becket, longtemps appelé la plateforme, est aménagé à l'emplacement de l'ancienne cathédrale. Sur place, il ne reste de l'ancienne cathédrale que la pierre de Henri-II.

Le 10 juin 2002, les 400 élèves de l'école Pierre-Mendès-France forment une chaîne en se tenant par la main pour marquer le périmètre de la cathédrale disparue[1].

En 2018, le square Thomas-Becket est réaménagé : des bordures en granite dessinent les contours de la cathédrale disparue, des mâts culminant à 33 mètres symbolisent les tours et une triple arche en métal occupe l'emplacement du portail occidental.

Bibliographie

  • Abbé Émile-Aubert Pigeon, Vie de M. Artur de La Villarmois, grand doyen de la cathédrale d'Avranches, vicaire général, Caen, éd. H. Delesques , 1891
  • Félix Jourdan, « Avranches, ses rues et places... pendant la Révolution :  », Revue de l'Avranchin, éd. J.Durand, Avranches, 1906, p. 29-40 (lire en ligne)
  • Ch.-A. de Beaurepaire, « L'Ancienne cathédrale d'Avranches », Annuaire des cinq départements de la Normandie , R. P. Colas, Bayeux, 1936, p. 64-75 (lire en ligne)
  • Daniel Levalet, « La cathédrale Saint-André et les origines chrétiennes d'Avranches », Archéologie médiévale, volume 12, 1982, p. 107-153, (lire en ligne).
  • Daniel Levalet, « L'église paléochrétienne d'Avranches », Les Dossiers de l'archéologie. La Normandie chrétienne : l'évangélisation de la Normandie, n° 144, janv. 1990, pp. 68-71
  • Daniel Levalet, « Avranches : église Saint-André », Atlas archéologique de la France. Tome 3, Ouest, Nord et Est., éd. Picard, Paris, 1998, pp. 298-301
  • Richard Allen, « Les reliques de la cathédrale d'Avranches », Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, Recueil d'études offert en hommage à Emmanuel Poulle, tome 87, année 2010, fasc.425, pages 501 à 535.
  • François Saint-James et David Nicolas-Méry, « Quelques observations sur la cathédrale Saint-André d'Avranches », Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, tome 90, n° 434, mars 2013
  • François Saint-James, Erik Follain et David Nicolas-Méry, « La cathédrale Saint-André d'Avranches. Renaissance d'un édifice perdu », Patrimoine normand, n° 93, avril-mai-juin 2015
  • François Saint-James, « La cathédrale d'Avranches : réflexions sur un monument disparu », Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, tome 96, n° 460, septembre 2019, p.223-232
  • Marie Casset, Claude Groud-Cordray et Yves Murie, « La cathédrale d'Avranches, ses évêques et son diocèse : éléments de bibliographie », Revue de l'Avranchin et du pays de Granville, tome 96, n° 460, septembre 2019, p.233-245

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 David Nicolas-Méry, Avranches, capitale du pays du Mont-Saint-Michel, éd. Orep, 2011.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 François Saint-James, Erik Follain et David Nicolas-Méry, « La cathédrale Saint-André d'Avranches, Renaissance d'un édifice perdu », Patrimoine normand, n° 93, avril-mai-juin 2015.
  3. 3,0 et 3,1 Archéologie médiévale, tome 5, CRAHM, 1975.
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Panneau d'information signé Daniel Levalet, faisant partie d'une exposition, sur le site en 2019, consacrée à ses fouilles
  5. La Manche Libre - Avranches - 10-11-2012 (lire en ligne).

Lien interne

Liens externes