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[[Image:Crane de Saint Aubert.jpg|thumb|Crâne supposé de saint Aubert. Reliquaire en la [[Basilique Saint-Gervais]] à [[Avranches]]]]
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[[Fichier:Troisième apparition de saint Michel à saint Aubert en 706.jpg|thumb|''Troisième apparition de saint Michel à saint Aubert'']]
[[Fichier:Troisième apparition de saint Michel à saint Aubert en 706.jpg|thumb|''Troisième apparition de saint Michel à saint Aubert''.]]
'''Saint Aubert''' est une personnalité ecclésiastique et saint de la Manche, [[Liste des évêques d'Avranches|évêque d'Avranches]] et fondateur de l'[[Abbaye du Mont-Saint-Michel]].
'''Saint Aubert''' est une personnalité ecclésiastique et saint de la Manche, [[Liste des évêques d'Avranches|évêque d'Avranches]] et fondateur de l'[[Abbaye du Mont-Saint-Michel]].


== Hagiographie ==
Parvenu à la tête de l'épiscopat avranchin sous le règne du roi Childebert III (695-711), [[saint Aubert]] aurait rêvé à trois reprises de l'archange qui lui ordonne de lui consacrer un sanctuaire au  sommet du [[Le Mont-Saint-Michel|mont Tombe]], à l'instar du mont Gargan en Italie, créé au V{{e}} siècle. Hésitant par crainte d’être le jouet d’une illusion du Malin, l'homme est convaincu par la troisième apparition de l'archange qui sermonne l'évêque, lui répète l’ordre du ciel. La forte pression (« pulsatur hausterius ») évoqué dans le ''Revelatio'' se traduit dans la légende par le doigt angélique qui laisse une cicatrice profonde à la tête et un trou sur la face postérieure, du côté droit, de la relique du crâne, conservé à la [[basilique Saint-Gervais]] d'[[Avranches]] <ref name=poulle>[[Emmanuel Poulle]], « Fondation d'un lieu de culte : le Mont-Saint-Michel - 16 octobre 708 », ''www.archivesdefrance.culture.gouv.fr'', 2008.</ref>.
L'essentiel des sources concernant Aubert proviennent de la ''Revelatio ecclesiae sancti Michaelis in monte Tumba'', récit légendaire de la fondation du sanctuaire consacré à saint Michel, rédigé au début du IX{{e}} siècle à partir de la tradition orale <ref name=poulle>[[Emmanuel Poulle]], « Fondation d'un lieu de culte : le Mont-Saint-Michel - 16 octobre 708 », ''www.archivesdefrance.culture.gouv.fr'', 2008 [http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/2008/vie-politique-et-institutions/fondation-d-un-lieu-de-culte-le-mont-saint-michel/ ''(lire en ligne)''].</ref>.
 
Aubert est né à l'époque mérovingienne près d'Avranches, dans une famille pieuse et fort considérée, soit à [[Genêts]], soit à [[Huisnes-sur-Mer]].
 
À la mort des siens, il distribue son héritage aux pauvres et se fait prêtre. Prélat charitable et sage, il est tout naturellement élu douzième [[évêque d'Avranches]]. Pieux et solitaire, saint Aubert a coutume de se retirer au [[Mont-Saint-Michel|Mont Tombe]] pour se recueillir dans l’oraison et échanger avec les solitaires qui y mènent une vie érémitique.
 
Parvenu à la tête de l'épiscopat avranchin sous le règne du roi Childebert III (695-711), il aurait rêvé à trois reprises de l'archange qui lui ordonne de lui consacrer un sanctuaire au  sommet du mont Tombe, à l'instar du mont Gargan en Italie, créé au V{{e}} siècle. Hésitant par crainte d’être le jouet d’une illusion du Malin, l'homme est convaincu par la troisième apparition de l'archange qui sermonne l'évêque, lui répète l’ordre du ciel. La forte pression (« pulsatur hausterius ») évoqué dans le ''Revelatio'' se traduit dans la légende par le doigt angélique qui laisse une cicatrice profonde à la tête et un trou sur la face postérieure, du côté droit, de la relique du crâne, conservé à la [[basilique Saint-Gervais]] d'[[Avranches]]<ref name=poulle/>.
   
   
Suite à cette troisième apparition, saint Aubert n’hésite plus et se met à pied d’œuvre. De nombreuses légendes viennent enjoliver ces débuts :
Suite à cette troisième apparition, saint Aubert n’hésite plus et se met à pied d’œuvre. De nombreuses légendes, éditées par [[Étienne Dupont]] en 1926, viennent enjoliver ces débuts :
:La légende de l’enfant du notable de Bain.
:La légende de l’enfant du notable de Bain.
:La légende de la rosée du matin.
:La légende de la rosée du matin.
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La tradition veut qu'Aubert célèbre la première messe le 16 octobre [[709]]. Il établit sur le mont une collégiale de 12 chanoines désignés dans son diocèse, pour accueillir les [[Pèlerinage au Mont-Saint-Michel|pèlerins]]. Le mont Tombe prend alors le nom de « Mont Saint-Michel au péril de la mer ».
La tradition veut qu'Aubert célèbre la première messe le 16 octobre [[709]]. Il établit sur le mont une collégiale de 12 chanoines désignés dans son diocèse, pour accueillir les [[Pèlerinage au Mont-Saint-Michel|pèlerins]]. Le mont Tombe prend alors le nom de « Mont Saint-Michel au péril de la mer ».


La présence d'Aubert n'est attestée lors d'aucun concile de cette époque, ce qui a poussé Mgr Duchesne à réfuter la fonction d'évêque à Aubert <ref name=poulle/>.
La présence d'Aubert n'est attestée lors d'aucun concile de cette époque, ce qui a poussé {{Mgr}} Duchesne à réfuter la fonction d'évêque à Aubert <ref name=poulle/>.
 
Aubert meurt en [[725]]. Conformément à son souhait, il aurait été enseveli au Mont, dans l’[[Église Saint-Pierre (Le Mont-Saint-Michel)|église paroissiale Saint-Pierre]], qu’il aurait fait élever <ref name=chroniqueslatines>[https://www.unicaen.fr/services/puc/sources/chroniqueslatines/consult/msBoued/translatione_lat.xml/LATtrans.1.1 De translatione et miraculis beati Autberti / Translation et miracles du bienheureux Aubert], ''Les Chroniques latines du Mont Saint-Michel (IXe-XIIe siècle)'',  Presses universitaires de Caen et le Scriptorial, Ville d’Avranches.</ref>.
 
== Reliques ==
Selon l’''Introductio monachorum'', le chanoine Bernier aurait caché les ossements d’Aubert dans les combles de sa demeure, près de l'oratoire primitif, lors du remplacement des clercs par les bénédictins en [[966]]. Un second récit, ''De translatione et miraculis beati Autberti'', explique que les bénédictins retrouvent les ossements et les placent sur un autel dédié à la Sainte-Trinité, dans le vaisseau occidental de [[Chapelle Notre-Dame-sous-Terre (Le Mont-Saint-Michel)|Notre-Dame-sous-Terre]] ou dans l’[[Abbaye du Mont-Saint-Michel|abbatiale des bénédictins]] du X{{e}} siècle <ref name=chroniqueslatines/>.
 
A partir de cette redécouverte, entre 1009 et 1023, les bénédictins vénèrent ce squelette d’un homme au crâne perforé par un trou pariétal, identifié comme la marque de la pression du doigt de saint Michel sur la tête d'Aubert par une réinterprétation du texte de la ''Revelatio'' <ref name=chroniqueslatines/>.
 
Le bras disparait en même temps que l'Ancien Régime mais subsiste le crâne, grâce au maire, le docteur Guérin, qui le met à l'abri en [[1791]] prétextant un examen médical. Remise à la paroisse après la Révolution, la relique est toujours conservée à Avranches, dans le trésor de la [[Basilique Saint-Gervais et Saint-Protais (Avranches)|basilique Saint-Gervais]] <ref name=poulle/>.
 
Des études au début du XX{{e}} siècle laissent penser à un trou provoqué par une trépanation. On imagine même que le crâne date du néolithique <ref>''La Trépanation Préhistorique christianisée'', Bulletin de la Société préhistorique de France, volume 7, n° 12, 1910.</ref>. Mais, selon les analyses effectuées dans les années 2000, le crâne est celui d'un homme de 60 ans ou plus, ayant vécu dans les temps historiques et ayant survécu à la perforation crânienne due, si ce n'est à la sainte intervention, à un kyste épidermoïde de la voûte, une affection bénigne formant une bosse du vivant du malade. L'état de conservation laisse supposer que le corps a été inhumé dans un sarcophage <ref>[[David Nicolas-Méry]], ''Avranches,  capitale du Mont Saint-Michel'', éd.Orep, 2011, pages 24-25.</ref>.
 
Le [[25 juillet]] [[2019]], des prélèvements sont effectués par des chercheurs du centre Michel de Boüard-Craham de l'université de Caen pour tenter de dater la relique par le carbone 14 ; le 15 septembre suivant, le crâne est exposé lors de la messe dominicale<ref>« Le crâne exposé dimanche », ''La Manche Libre'', 14 septembre 2019.</ref>. Les résultats sont révélés le [[29 janvier]] [2020]] à [[Avranches]] par Pierre Bouet, spécialiste de la Normandie médiévale : selon les études menées par l'université de Lyon et le Centre de recherche sur les isotopes de Groningen (Pays-Bas), le crâne examiné appartient à une personne décédée « entre 660 et 770 », ce qui incline à penser qu'il pourrait bien s'agir de celui de saint Aubert ; d'autant que le polissage dudit crâne montre qu'il a été souvent caressé, ce qui laisse croire qu'il a été l'objet d'un culte <ref>Marie-Anne Richard, « Saint Aubert, “un personnage important” », ''Ouest-France'', 31 janvier 2020. </ref>.
 
==Bibliographie==
* Camille Mauclair, ''Le Mont Saint Michel'', éditions Arthaud, Grenoble / Paris, 1931
* [[Marcel Lelégard]], « Saint Aubert », ''Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel'', t. 1, 1966, p. 29-52
* [[Emmanuel Poulle]] , « Le crâne de saint Aubert entre mythe et histoire », dans ''Revue de l’Avranchin'', t. 76, 1999, p. 167-188.
* Pierre-Léon Thillaud, « Le crâne perforé de Saint-Aubert », ''Dossier Pour la Science'', n° 50, janvier 2006
* [[David Nicolas-Méry]], ''Avranches,  capitale du Mont Saint-Michel'', éd.Orep, 2011, pages 24-25


{{Notes et références}}
{{Notes et références}}


==Lien interne==
{{CLEDETRI:Aubert}}
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==Article connexe==
*[[Aubert]]
 
[[Catégorie:Légende de la Manche|Saint Aubert]]
[[Catégorie:Légende de la Manche|Saint Aubert]]
[[Catégorie:Saint de la Manche|Aubert]]
[[Catégorie:Abbaye du Mont-Saint-Michel|Legende de saint Aubert]]
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[[Catégorie:Évêque d'Avranches]]
[[Catégorie:Moyen Âge dans la Manche]]

Dernière version du 7 juin 2023 à 10:10

Crâne supposé de saint Aubert. Reliquaire en la Basilique Saint-Gervais à Avranches.
Troisième apparition de saint Michel à saint Aubert.

Saint Aubert est une personnalité ecclésiastique et saint de la Manche, évêque d'Avranches et fondateur de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel.

Parvenu à la tête de l'épiscopat avranchin sous le règne du roi Childebert III (695-711), saint Aubert aurait rêvé à trois reprises de l'archange qui lui ordonne de lui consacrer un sanctuaire au sommet du mont Tombe, à l'instar du mont Gargan en Italie, créé au Ve siècle. Hésitant par crainte d’être le jouet d’une illusion du Malin, l'homme est convaincu par la troisième apparition de l'archange qui sermonne l'évêque, lui répète l’ordre du ciel. La forte pression (« pulsatur hausterius ») évoqué dans le Revelatio se traduit dans la légende par le doigt angélique qui laisse une cicatrice profonde à la tête et un trou sur la face postérieure, du côté droit, de la relique du crâne, conservé à la basilique Saint-Gervais d'Avranches [1].

Suite à cette troisième apparition, saint Aubert n’hésite plus et se met à pied d’œuvre. De nombreuses légendes, éditées par Étienne Dupont en 1926, viennent enjoliver ces débuts :

La légende de l’enfant du notable de Bain.
La légende de la rosée du matin.
La légende de la femme d’Astériac .
La légende de la découverte de la source d’eau douce au pied du Mont.

La tradition veut qu'Aubert célèbre la première messe le 16 octobre 709. Il établit sur le mont une collégiale de 12 chanoines désignés dans son diocèse, pour accueillir les pèlerins. Le mont Tombe prend alors le nom de « Mont Saint-Michel au péril de la mer ».

La présence d'Aubert n'est attestée lors d'aucun concile de cette époque, ce qui a poussé Mgr Duchesne à réfuter la fonction d'évêque à Aubert [1].

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Emmanuel Poulle, « Fondation d'un lieu de culte : le Mont-Saint-Michel - 16 octobre 708 », www.archivesdefrance.culture.gouv.fr, 2008.