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'''Gustave''' Geoges Joseph '''Heslouin''', {{date naissance|5|5|1880|Saint-Hilaire-du-Harcouët}}, est une personnalité économique de la [[Manche]].
'''Gustave''' Georges Joseph '''Heslouin''', {{date naissance|5|5|1880|Saint-Hilaire-du-Harcouët}} <ref name=ad50>Naissance : « Acte n° 109 » — {{Source AD50 | Commune ou paroisse=Saint-Hilaire-du-Harcouët | BMS ou NMD=NMD | Période=1878-1882 | Cote=3E 484/15 | Permalien=https://www.archives-manche.fr/ark:/57115/s005e5e38678d7a6/5e5e38723ee43.ef=2&s=14 | Vue=233/578 | Quadrant=a }}</ref> et mort à Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Inférieure) {{date décès|5|12|1935}}, est une personnalité économique de la [[Manche]].


==L’affaire des « pare-balles »==
== L’affaire des « pare-balles » ==
Au début du siècle dernier, le Saint-Hilairien Gustave Heslouin est au centre d’une affaire qui a un retentissement national et même international. Il s’agit de la troublante affaire dite des « pare-balles » que relate en [[1965]] l’historien local Claude Cheval dans la ''Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville'' <ref name=dico>''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', tome  3, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier.</ref>.
Au début du siècle dernier, le Saint-Hilairien Gustave Heslouin est au centre d’une affaire qui a un retentissement national et même international. Il s’agit de la troublante affaire dite des « pare-balles » que relate en [[1965]] l’historien local Claude Cheval dans la ''Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville'' <ref name=dico> René Gautier (dir.), ''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', tome  3. </ref>.


Alors qu’il est tout jeune chef de cabinet du préfet du Finistère, Gustave Heslouin effectue au début de l’année [[1905]] plusieurs voyages en France et à l’étranger pour faire connaître la découverte d’un Breton, un certain Brélivet, maire de Locronan (Finistère), qui a mis au point un tissu d’une solidité à toute épreuve pour protéger les arbres fruitiers contre les bestiaux <ref name=dico/>.  
Alors qu’il est tout jeune chef de cabinet du préfet du Finistère, Gustave Heslouin effectue au début de l’année [[1905]] plusieurs voyages en France et à l’étranger pour faire connaître la découverte d’un Breton, un certain Brélivet, maire de Locronan (Finistère), qui a mis au point un tissu d’une solidité à toute épreuve pour protéger les arbres fruitiers contre les bestiaux <ref name=dico/>.  
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Flairant la bonne affaire, Gustave Heslouin rachète son invention à monsieur Brélivet et s’associe avec un ancien fabricant de papier et un ingénieur des poudres pour perfectionner la trouvaille et en faire un gilet pare-balles composé d’une plaque de métal en acier chromé recouverte de plusieurs couches du fameux tissu <ref name=dico/>.
Flairant la bonne affaire, Gustave Heslouin rachète son invention à monsieur Brélivet et s’associe avec un ancien fabricant de papier et un ingénieur des poudres pour perfectionner la trouvaille et en faire un gilet pare-balles composé d’une plaque de métal en acier chromé recouverte de plusieurs couches du fameux tissu <ref name=dico/>.


Les premiers essais se révélent, dit-on, fort concluants car la nouvelle cuirasse résiste aux balles des fusils Lebel. Gustave Heslouin propose d’abord le gilet protecteur au ministère de la Guerre qui déclina l’offre. Il a en revanche plus de succès auprès des Russes en guerre contre le Japon. Il est reçu par le ministre de la Guerre russe puis par le tsar Nicolas II en personne. Un fabuleux contrat est signé en février [[1905]]. Contre une somme de plus de deux millions de roubles, Heslouin s’engage à fournir cent mille « pare-balles » à l’artillerie russe. Et il est bien précisé que chaque cuirasse ne doi pas excéder le poids de 4,100 kg <ref name=dico/>.
Les premiers essais se révèlent, dit-on, fort concluants car la nouvelle cuirasse résiste aux balles des fusils Lebel. Gustave Heslouin propose d’abord le gilet protecteur au ministère de la Guerre qui déclina l’offre. Il a en revanche plus de succès auprès des Russes en guerre contre le Japon. Il est reçu par le ministre de la Guerre russe puis par le tsar Nicolas II en personne. Un fabuleux contrat est signé en février [[1905]]. Contre une somme de plus de deux millions de roubles, Heslouin s’engage à fournir cent mille « pare-balles » à l’artillerie russe. Et il est bien précisé que chaque cuirasse ne doit pas excéder le poids de 4,100 kg <ref name=dico/>.


À Saint-Hilaire-du-Harcouët, Heslouin transforme une ancienne minoterie en usine pour la fabrication des gilets <ref name=dico/>. Venus pour la plupart de Fougères, quatre-cents ouvriers sont recrutés <ref name=dico/>. Et les ateliers tournent bientôt à plein régime. Il faut même embaucher cent cinquante ouvriers supplémentaires. Hélas, la visite, en juin, d’un officier supérieur de l’artillerie russe ruine brutalement les espoirs de Gustave Heslouin <ref name=dico/>. Cet officier découvre immédiatement que les cuirasses pèsent plus lourd que prévu et que les poids des balances sont revêtus d’un faux poinçon <ref name=dico/>. Les Russes déposent plainte auprès du parquet de [[Mortain]]. Gustave Heslouin perd son procès deux ans plus tard <ref name=dico/>. Et les Russes ont perdu la guerre contre les Japonais.  
À Saint-Hilaire-du-Harcouët, Heslouin transforme une ancienne minoterie en usine pour la fabrication des gilets <ref name=dico/>. Venus pour la plupart de Fougères (Ille-et-Vilaine), quatre cents ouvriers sont recrutés <ref name=dico/>. Et les ateliers tournent bientôt à plein régime. Il faut même embaucher cent cinquante ouvriers supplémentaires. Hélas, la visite, en juin, d’un officier supérieur de l’artillerie russe ruine brutalement les espoirs de Gustave Heslouin <ref name=dico/>. Cet officier découvre immédiatement que les cuirasses pèsent plus lourd que prévu et que les poids des balances sont revêtus d’un faux poinçon <ref name=dico/>. Les Russes déposent plainte auprès du parquet de [[Mortain]]. Gustave Heslouin perd son procès deux ans plus tard <ref name=dico/>. Et les Russes perdent la guerre contre les Japonais.  


L’usine des « pare-balles » ferme ses portes en septembre [[1905]] <ref name=dico/>. Le stock des gilets y reste jusqu’en [[1914]] <ref name=dico/>. Gustave Heslouin parvient à le vendre à l’armée française, mais les poilus rechignent à utiliser ces « cuirasses » trop encombrantes <ref name=dico/>. Il reçoit pourtant une nouvelle commande de plusieurs millions de francs un an plus tard <ref name=dico/>. Elle est exécutée aux États-Unis. On perd ensuite la trace de Gustave Heslouin…
L’usine des « pare-balles » ferme ses portes en septembre [[1905]] <ref name=dico/>. Le stock des gilets y reste jusqu’en [[1914]] <ref name=dico/>. Gustave Heslouin parvient à le vendre à l’armée française, mais les poilus rechignent à utiliser ces « cuirasses » trop encombrantes <ref name=dico/>. Il reçoit pourtant une nouvelle commande de plusieurs millions de francs un an plus tard <ref name=dico/>. Il se présente sans succès aux législatives de 1910.
 
== Missions gouvernementales ==
En [[1915]], il est envoyé en mission à New-York ([[États-Unis]]). Pendant cette mission, malgré qu'il soit classé apte au service militaire par le conseil de révision, il ne se présente pas à son régiment <ref name=mil>Recrutement militaire : « Matricule n° 1060 » — {{Source AD50 | Commune ou paroisse=Bureau de Granville, | BMS ou NMD=Registre matricule | Période=classe 1900 | Cote=1 R 2/102 - 1 R 2/105 | Permalien=https://www.archives-manche.fr/ark:/57115/s005e5fb69ed4c9b/5e5fb6af4367a.ef=5&s=68 | Vue=550 et 551/966 | Quadrant=a }}</ref>. Il est déclaré insoumis au service militaire pour raisons de santé en [[1917]] <ref name=mil/>. Il séjourne ensuite à Istanbul (Turquie) où vit son frère, Pierre Heslouin. Il y est emprisonné sur accusation d'espionnage.
 
== Condamnations ==
Il revient en France vers la fin des années 1920. Il est condamné pour plusieurs motifs (escroquerie, abus de confiance, émission de chèque sans provision) <ref name=mil/> dont un à l'encontre de Joséphine Baker. Sorti de prison, il ne réussit pas à se réinsérer et se donne la mort le 5 décembre 1935 à Caudebec-lès-Elbeuf.


{{Notes et références}}
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== Voir aussi ==
== Article connexe ==
* [[Heslouin]]
* [[Heslouin]]


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[[Catégorie:Biographie]]
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[[Catégorie:Décès à 55 ans]]
[[Catégorie:Personnalité économique de la Manche]]
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Dernière version du 30 novembre 2023 à 23:48

Gustave Georges Joseph Heslouin, né à Saint-Hilaire-du-Harcouët le 5 mai 1880 [1] et mort à Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Inférieure) le 5 décembre 1935, est une personnalité économique de la Manche.

L’affaire des « pare-balles »

Au début du siècle dernier, le Saint-Hilairien Gustave Heslouin est au centre d’une affaire qui a un retentissement national et même international. Il s’agit de la troublante affaire dite des « pare-balles » que relate en 1965 l’historien local Claude Cheval dans la Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville [2].

Alors qu’il est tout jeune chef de cabinet du préfet du Finistère, Gustave Heslouin effectue au début de l’année 1905 plusieurs voyages en France et à l’étranger pour faire connaître la découverte d’un Breton, un certain Brélivet, maire de Locronan (Finistère), qui a mis au point un tissu d’une solidité à toute épreuve pour protéger les arbres fruitiers contre les bestiaux [2].

Flairant la bonne affaire, Gustave Heslouin rachète son invention à monsieur Brélivet et s’associe avec un ancien fabricant de papier et un ingénieur des poudres pour perfectionner la trouvaille et en faire un gilet pare-balles composé d’une plaque de métal en acier chromé recouverte de plusieurs couches du fameux tissu [2].

Les premiers essais se révèlent, dit-on, fort concluants car la nouvelle cuirasse résiste aux balles des fusils Lebel. Gustave Heslouin propose d’abord le gilet protecteur au ministère de la Guerre qui déclina l’offre. Il a en revanche plus de succès auprès des Russes en guerre contre le Japon. Il est reçu par le ministre de la Guerre russe puis par le tsar Nicolas II en personne. Un fabuleux contrat est signé en février 1905. Contre une somme de plus de deux millions de roubles, Heslouin s’engage à fournir cent mille « pare-balles » à l’artillerie russe. Et il est bien précisé que chaque cuirasse ne doit pas excéder le poids de 4,100 kg [2].

À Saint-Hilaire-du-Harcouët, Heslouin transforme une ancienne minoterie en usine pour la fabrication des gilets [2]. Venus pour la plupart de Fougères (Ille-et-Vilaine), quatre cents ouvriers sont recrutés [2]. Et les ateliers tournent bientôt à plein régime. Il faut même embaucher cent cinquante ouvriers supplémentaires. Hélas, la visite, en juin, d’un officier supérieur de l’artillerie russe ruine brutalement les espoirs de Gustave Heslouin [2]. Cet officier découvre immédiatement que les cuirasses pèsent plus lourd que prévu et que les poids des balances sont revêtus d’un faux poinçon [2]. Les Russes déposent plainte auprès du parquet de Mortain. Gustave Heslouin perd son procès deux ans plus tard [2]. Et les Russes perdent la guerre contre les Japonais.

L’usine des « pare-balles » ferme ses portes en septembre 1905 [2]. Le stock des gilets y reste jusqu’en 1914 [2]. Gustave Heslouin parvient à le vendre à l’armée française, mais les poilus rechignent à utiliser ces « cuirasses » trop encombrantes [2]. Il reçoit pourtant une nouvelle commande de plusieurs millions de francs un an plus tard [2]. Il se présente sans succès aux législatives de 1910.

Missions gouvernementales

En 1915, il est envoyé en mission à New-York (États-Unis). Pendant cette mission, malgré qu'il soit classé apte au service militaire par le conseil de révision, il ne se présente pas à son régiment [3]. Il est déclaré insoumis au service militaire pour raisons de santé en 1917 [3]. Il séjourne ensuite à Istanbul (Turquie) où vit son frère, Pierre Heslouin. Il y est emprisonné sur accusation d'espionnage.

Condamnations

Il revient en France vers la fin des années 1920. Il est condamné pour plusieurs motifs (escroquerie, abus de confiance, émission de chèque sans provision) [3] dont un à l'encontre de Joséphine Baker. Sorti de prison, il ne réussit pas à se réinsérer et se donne la mort le 5 décembre 1935 à Caudebec-lès-Elbeuf.

Notes et références

  1. Naissance : « Acte n° 109 » — Archives de la Manche ­— (NMD) Saint-Hilaire-du-Harcouët 1878-1882 (3E 484/15) — Vue : 233/578
  2. 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 2,10 2,11 et 2,12 René Gautier (dir.), Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3.
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Recrutement militaire : « Matricule n° 1060 » — Archives de la Manche ­— (Registre matricule) Bureau de Granville, classe 1900 (1 R 2/102 - 1 R 2/105) — Vue : 550 et 551/966

Article connexe