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« Escalleclif » : différence entre les versions

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Il s'agit d'un toponyme d'origine scandinave formé sur l'appellatif ''klif'' « hauteur, escarpement, falaise » <ref>L'ancien scandinave ''klif'' « hauteur, escarpement, falaise » est issu du germanique commun °''klibam'' (cf. ancien anglais ''clif'', anglais moderne ''cliff''), d’origine inconnue.</ref>, attesté dans plusieurs autres noms de lieux normands  : cf. par exemple Mesnil-Verclives dans l'Eure, qui en représente peut-être une variante anglo-scandinave. En tant que premier élément, on pense le retrouver dans les noms de Clébec (Calvados), Cléville (Manche, Calvados, Seine-Maritime) et Clairefougère (Orne; ''Clivefeugeriam'' 1133).
Il s'agit d'un toponyme d'origine scandinave formé sur l'appellatif ''klif'' « hauteur, escarpement, falaise » <ref>L'ancien scandinave ''klif'' « hauteur, escarpement, falaise » est issu du germanique commun °''klibam'' (cf. ancien anglais ''clif'', anglais moderne ''cliff''), d’origine inconnue.</ref>, attesté dans plusieurs autres noms de lieux normands  : cf. par exemple Mesnil-Verclives dans l'Eure, qui en représente peut-être une variante anglo-scandinave. En tant que premier élément, on pense le retrouver dans les noms de Clébec (Calvados), Cléville (Manche, Calvados, Seine-Maritime) et Clairefougère (Orne; ''Clivefeugeriam'' 1133).


Selon François de Beaurepaire, le premier élément d’''Escalleclif'' serait l'[[anthroponyme]] scandinave masculin ''Skalli'', d'où le sens global de « mont de Skalli » <ref name = NCM/>. De fait, il semble que l'on retrouve ce nom sur le territoire de la commune contiguë, [[Saint-Sauveur-de-Pierrepont]], où s'élève le manoir d'Escolleville (''Escauleville'' 15{{e}} s.) <ref name = NCM/>. Ce dernier toponyme est apparemment formé de ''Skalli'' + ''[[élément -ville|-ville]]'' (élément issu du [[gallo-roman]] <small>VILLA</small> « domaine rural »), soit « le domaine de Skalli ».
Selon François de Beaurepaire, le premier élément d’''Escalleclif'' serait l'[[anthroponyme]] scandinave masculin ''Skalli'', d'où le sens global de « mont de Skalli » <ref name = NCM/>. De fait, il semble que l'on retrouve ce nom sur le territoire de la commune contiguë, [[Saint-Sauveur-de-Pierrepont]], où s'élève le manoir d'Escolleville (''Escauleville'' 15{{e}} s.) <ref name = NCM/>. Ce dernier toponyme est apparemment formé de ''Skalli'' + ''[[élément -ville|-ville]]'' (élément issu du [[gallo-roman]] <small>VILLA</small> « domaine rural »), soit « le domaine de Skalli » <ref>Il semble cependant qu'il ne faille pas exclure pour ce premier élément la possibilité d'y voir l'ancien scandinave ''skali'' « habitation temporaire », voire l'ancien anglais ''scale'', de même sens (et donc une formation anglo-scandinave en ''scale'' + ''clif''). Cet élément est à l'origine, en Seine-Maritime, des noms d'Écalles (''Scalis'' fin 12{{e}} s.; aujourd'hui Estouteville-Écalles), Écalles-Alix (''Escales'' fin 12{{e}} s., ''Esqualles Aelicie'' 1281) et Écalles-sur-Villers (''Escalis'' 12{{e}} s.; aujourd'hui Villers-Écalles). Dans cette hypothèse, on aurait affaire à une « hauteur de la cabane ».</ref>.


On aurait donc ici affaire à une configuration déjà évoquée dans l'analyse du nom de [[La Chaise-Baudouin]], désignant le manoir seigneurial de Baudouin de Meulles dont le nom figure dans les anciennes appellations de deux paroisses voisines : ''la Trinité du Bois Baudouin'', actuellement [[La Trinité]], et ''Saint Nicolas du Boys Baudouin'', aujourd'hui [[Saint-Nicolas-des-Bois]]. On notera aussi dans l'Orne Maison-Maugis, contigu à Boissy-Maugis, ou encore Échauménil « le manoir de Scalco » contigu à Échauffour « le hêtre de Scalco ». Dans tous les cas, il s'agit de l'évocation d'un manoir ou d'une résidence seigneuriale, contiguë à un domaine non bâti.
On aurait donc ici affaire à une configuration déjà évoquée dans l'analyse du nom de [[La Chaise-Baudouin]], désignant le manoir seigneurial de Baudouin de Meulles dont le nom figure dans les anciennes appellations de deux paroisses voisines : ''la Trinité du Bois Baudouin'', actuellement [[La Trinité]], et ''Saint Nicolas du Boys Baudouin'', aujourd'hui [[Saint-Nicolas-des-Bois]]. On notera aussi dans l'Orne Maison-Maugis, contigu à Boissy-Maugis, ou encore Échauménil « le manoir de Scalco » contigu à Échauffour « le hêtre de Scalco ». Dans tous les cas, il s'agit de l'évocation d'un manoir ou d'une résidence seigneuriale, contiguë à un domaine non bâti.

Version du 3 janvier 2012 à 12:27

Escalleclif est un ancien toponyme de la Manche, nom alternatif de Doville du 12e au 15e siècle.

Toponymie

En effet, le site de Doville possède la particularité, comme quelques autres lieux de la Manche, d'avoir été connu au Moyen Âge sous deux appellations alternatives et concurrentes : Doville, étudié à la page correspondante, et Escalleclif, commenté ci-dessous.

Attestations anciennes

  • Sanctus Martinus de Escalleclif 12e s. [1].
  • Sanctus Martinus Callis Clivi 12e s. [1].
  • Escauleclive 1190 [2].
  • Escaulleclif 1213 [2].
  • Sanctus Martinus de Escalleclif 1213/1220 [2].
  • Escaulleclive 1227 [2].
  • Escaulequin 1499 [2].

Étymologie

Il s'agit d'un toponyme d'origine scandinave formé sur l'appellatif klif « hauteur, escarpement, falaise » [3], attesté dans plusieurs autres noms de lieux normands  : cf. par exemple Mesnil-Verclives dans l'Eure, qui en représente peut-être une variante anglo-scandinave. En tant que premier élément, on pense le retrouver dans les noms de Clébec (Calvados), Cléville (Manche, Calvados, Seine-Maritime) et Clairefougère (Orne; Clivefeugeriam 1133).

Selon François de Beaurepaire, le premier élément d’Escalleclif serait l'anthroponyme scandinave masculin Skalli, d'où le sens global de « mont de Skalli » [2]. De fait, il semble que l'on retrouve ce nom sur le territoire de la commune contiguë, Saint-Sauveur-de-Pierrepont, où s'élève le manoir d'Escolleville (Escauleville 15e s.) [2]. Ce dernier toponyme est apparemment formé de Skalli + -ville (élément issu du gallo-roman VILLA « domaine rural »), soit « le domaine de Skalli » [4].

On aurait donc ici affaire à une configuration déjà évoquée dans l'analyse du nom de La Chaise-Baudouin, désignant le manoir seigneurial de Baudouin de Meulles dont le nom figure dans les anciennes appellations de deux paroisses voisines : la Trinité du Bois Baudouin, actuellement La Trinité, et Saint Nicolas du Boys Baudouin, aujourd'hui Saint-Nicolas-des-Bois. On notera aussi dans l'Orne Maison-Maugis, contigu à Boissy-Maugis, ou encore Échauménil « le manoir de Scalco » contigu à Échauffour « le hêtre de Scalco ». Dans tous les cas, il s'agit de l'évocation d'un manoir ou d'une résidence seigneuriale, contiguë à un domaine non bâti.

Notes et références

  1. 1,0 et 1,1 Léopold Delisle, « Dictionnaire géographique », 1859, recommandations pour l’élaboration des futurs dictionnaires topographiques reproduites dans Xavier Charmes, Le comité des travaux historiques et scientifiques (histoire et documents), Imprimerie nationale, Paris, 1886, p. 487.
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 111-112.
  3. L'ancien scandinave klif « hauteur, escarpement, falaise » est issu du germanique commun °klibam (cf. ancien anglais clif, anglais moderne cliff), d’origine inconnue.
  4. Il semble cependant qu'il ne faille pas exclure pour ce premier élément la possibilité d'y voir l'ancien scandinave skali « habitation temporaire », voire l'ancien anglais scale, de même sens (et donc une formation anglo-scandinave en scale + clif). Cet élément est à l'origine, en Seine-Maritime, des noms d'Écalles (Scalis fin 12e s.; aujourd'hui Estouteville-Écalles), Écalles-Alix (Escales fin 12e s., Esqualles Aelicie 1281) et Écalles-sur-Villers (Escalis 12e s.; aujourd'hui Villers-Écalles). Dans cette hypothèse, on aurait affaire à une « hauteur de la cabane ».