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Collision ferroviaire à Bricquebec (1914)

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Une collision ferroviaire se produit le 4 août 1914 à Bricquebec. Un train militaire venant de Coutances et un autre venant de Cherbourg se percutent de plein fouet, non loin de la gare de Bricquebec. L'accident fait 17 morts et de nombreux blessés.


Les faits

Le train 3433 comprend 24 wagons, qui transportent des centaines de réservistes convoqués à Cherbourg dans le cadre de la mobilisation générale, première étape de la guerre qui commence. La plupart sont originaires des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor)[1]. Seuls les trains liés à la mobilisation (supplémentaires principalement) sont autorisés à circuler, ce qui rend plus difficile la gestion des convois. Normalement, du fait de la voie unique, les trains auraient dû se croiser devant la gare de Bricquebec mais le 3433 a du retard, ayant dû charger des réservistes dans plus de gares que prévu, et les employés de Bricquebec croient comprendre qu'il a été annulé. Pour ne rien arranger, la visibilité est mauvaise en raison de la nuit, d'un orage et de la courbure de la ligne avant l'entrée en gare. Enfin, le conducteur et le mécanicien n'ont jamais circulé sur cette voie.

Le train 3434 vient, lui, de Cherbourg. Il s'agit d'un train de matériel, circulant à vide.

Le conducteur du 3433 n'aperçoit l'autre train que lorsque celui-ci n'est plus qu'à 60 mètres. Il renverse immédiatement la vapeur, mais il est trop tard. La collision a lieu à 0 h 39, à 600 m de la gare de Bricquebec, près du passage à niveau du pont d'Aisy. La locomotive du 3433 recule de quinze mètres, deux wagons sont broyés et deux autres déraillent.

L'accident tue 9 militaires sur le coup et fait 42 blessés. Parmi ceux-ci, trois vont mourir à l'hospice de Bricquebec et cinq autres à l'hôpital maritime de Cherbourg, soit 17 décès en tout.

Liste des soldats morts à Bricquebec
  • Léon Conan de Saint-Brandan (Côte-du-Nord)
  • Alexis Daniel de Saint-Gilles-du-Mené (Côte-du-Nord)
  • Alexis Gaborel de Saint-Vran (Côte-du-Nord)
  • François Joly d'Hillion (Côte-du-Nord)
  • Léon Langlais d'Évran (Côte-du-Nord)
  • Emmanuel Lucas de Saint-Gilles-du-Mené (Côte-du-Nord)
  • François Mautray de Mérillac (Côte-du-Nord)
  • Joseph Méleuc de Gomené (Côte-du-Nord)
  • Toussaint Pasco de Saint-Gouéno (Côte-du-Nord)
  • Eugène Presse de Gouarec (Côte-du-Nord)
  • Mathurin Sérandour de Caurel (Côte-du-Nord)
  • Joseph Talibart d'Hillion (Côte-du-Nord)
Liste des soldats morts à l'hôpital maritime de Cherbourg
  • Joseph Carré de Corlay (Côte-du-Nord)
  • François Fontaine de Mérillac (Côte-du-Nord)
  • Joseph Heuzé de Saint-Martin-de-Sallen (Calvados)
  • Julien Rondouin de Saint-Just (Ille-et-Vilaine)
  • Jean-Baptiste Sagory de Saint-Gilles-du-Mené (Côte-du-Nord)

Trois mois plus tard, le Conseil de guerre siégeant à Rennes (Ille-et-Vilaine) condamne le chef de gare de Bricquebec et le facteur enregistrant [2] à respectivement 1 000 F et 500 F d'amende pour avoir, par négligence, imprudence ou inobservation du règlement, causé involontairement la mort de quinze personnes [3].

Hommages

Le 6 août 1914, les douze victimes mortes à Bricquebec sont inhumées dans le cimetière de la commune.

Le 4 août 1994, suite à une recherche menée par l'association Les Amis du donjon, la municipalité invite les familles des victimes et la population bricquebétaise à inaugurer une stèle dans le cimetière, honorant la mémoire de ces premiers soldats « morts pour la France ».

En 2014, à l'initiative des Amis du donjon et de la commune de Bricquebec, il est décidé l'érection d'un monument commémorant le drame. Prévu sur la voie verte (ancienne voie ferrée Sottevast-Coutances), non loin du croisement des routes menant à Carteret et Portbail, le projet est présenté sur les lieux mêmes de l'accident le 2 août 2014[4]. L'inauguration a lieu le 11 novembre 2014 en présence de familles de soldats bretons décédés lors de la collision [5].

Bibliographie

  • Marie-Andrée de Trémiolles, « La catastrophe ferroviaire du 4 août 1914 », La Voix du donjon, n° 3, septembre 1994.
  • Michaël Bourlet, « L'accident de Bricquebec, 4 août 1914 », 14-18 Magazine, n° 58, août 2012.
  • Rémi Pézeril, « Train 3433 n'a pas lieu - 1re partie », La Voix du donjon, n° 79, décembre 2013.
  • Rémi Pézeril et Jacques Blin, « Train 3433 n'a pas lieu - 2e partie », La Voix du donjon, n° 80, mars 2014.
  • Jeannine Bavay, « Train 3433 n'a pas lieu - 3e partie », La Voix du donjon, n° 87, décembre 2015.

Notes et références

  1. En 1914, la 10e région militaire comprend les départements de la Manche, d'Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord. Des jeunes Bretons sont donc convoqués pour compléter les régiments casernés à Cherbourg, mais aussi à Granville et Saint-Lô.
  2. Le facteur enregistrant était un employé des chemins de fer qui avait en principe une activité de gestion, d'écriture, de comptabilité et d'enregistrement des colis. Mais dans les petites gares, il pouvait aussi être amené à s'occuper de l'accueil en gare, voire à partager les tâches relevant de la sécurité : cantonnement téléphonique, gestion des cloches, relations téléphoniques avec les autres gares, etc.
  3. « Au Conseil de guerre », L'Ouest-Éclair, 18 novembre 1914, page 3 (lire en ligne).
  4. « En mémoire de l'accident de train mortel du 4 août 1914 », Ouest-France, 2 août 2014.
  5. « Venus de Bretagne à Bricquebec pour honorer leurs ancêtres », La Presse de la Manche, 13 novembre 2014 ; « Douze Bretons rendent hommage à leurs ancêtres », Ouest-France, 17 novembre 2014.