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Ernest Milcent

De Wikimanche

Pierre Dominique Ernest Milcent, né à Paris le 11 février 1854 [1] et mort à Brix le 10 mars 1909 [2], est une personnalité de la Manche.

Un fidèle disciple d’Albert de Mun

Dans la Manche de la fin du 19e siècle, Ernest Milcent est une grande figure du catholicisme social et du mouvement associatif agricole. Rien ne prédestinait pourtant ce Parisien issu de la meilleure bourgeoise catholique à devenir propriétaire rural, exploitant agricole et industriel dans les environs de Cherbourg.

Arrière petit-fils d’un maître-orfèvre guillotiné juste avant le 7 Thermidor, petit-fils d’un capitaine de la Révolution et de l’Empire blessé sur la Bérézina, il est le fils d’un médecin, Alphonse Milcent, grand ami de Lacordaire qui bénit son mariage. Ce père qui est un des premiers membres de la Société Saint-Vincent de Paul récemment fondée par Ozanam, élève le jeune Ernest dans l’esprit du catholicisme libéral d’Albert de Mun et de la Tour du Pin.

Après les études au lycée Bonaparte (futur lycée Condorcet), à la Sorbonne et au Collège de France, Ernest Milcent décide en 1871 de se consacrer à l’agriculture après avoir subi les cours des Arts et Métiers. Il connaît un peu le Cotentin pour avoir passé des vacances familiales au château de Ravenoville, chez un ami de son père. C’est cette région qu’il choisit pour s’installer en 1873. Le docteur Alphose Milcent vient d’acquérir le manoir du Val, à Brix. Il va en faire une exploitation modèle.

Mais le nouveau paysan ne se contente pas d’exploiter ses terres. Poussé par ses profondes convictions religieuses et sociales, ce disciple d’Albert de Mun ne tarde pas à implanter et à développer l’œuvre des Cercles Catholiques à Cherbourg et à Valognes. Il devient vite la tête de proue du ″parti catholique″. En 1880, il anime une vaste campagne contre les lois Ferry et organise la défense du monastère de Bricquebec lors de la tentative d’expulsion des trappistes. L’année suivante, il s’associe avec un inventeur, le général du Temple, qui, à Cherbourg, vient de mettre au point une chaudière multitubulaire et inexplosible. Ils fondent une entreprise industrielle qui va travailler pour la Marine. Ernest Milcent en est l’administrateur-délégué jusqu’à sa mort et y consacrera une part croissante de son temps. Dans cette usine, il tente d’expérimenter « l’ordre social chrétien » auquel il aspire en y créant une caisse de secours mutuels, une caisse de prévoyance, une caisse de famille, en construisant des habitations à bon marché et en organisant des élections de délégués des ouvriers.

Mu par les mêmes principes, il s’efforce aussi de secouer le conservatisme des milieux paysans en y suscitant l’esprit d’association. Avec le concours d’un autre pionnier, Émile Garnot, il met sur pied, en 1885 et 1886, le Syndicat des agriculteurs de la Manche dont il est le secrétaire général jusqu’à sa mort. Il propose aussi la création de caisses indépendantes des syndicats. Il est ainsi l’instigateur en 1906 de la Caisse de Crédit agricole de Coutances, d’assurances mutuelles, de caisses de retraite pour les ouvriers agricoles, d’écoles ménagères, de l’école d’agriculture de Ducey, etc…

Dans bien des cas, il s’inspire de l’exemple de son frère aîné, Louis Milcent, ancien auditeur du Conseil d’État, qui a fondé le Crédit agricole du Jura. Et, comme son frère Charles, de Flamanville, qui crée à Benoistville la première laiterie coopérative de Normandie, il joue un rôle primordial dans l’organisation du secteur coopératif laitier, notamment à Sottevast.

Il est à noter que chez les Milcent l’esprit de famille n’est pas un vain mot. André Rostand, de Flamanville, neveu par alliance d’Ernest Milcent, marche sur ses traces à la tête du Syndicat des agriculteurs de la Manche et à celle de la Caisse régionale du Crédit agricole mutuel de Basse-Normandie dont il est le premier président en 1927.

À sa mort, Ernest Milcent laisse aussi le souvenir d’un militant chrétien animé d’une foi sans faille. Il anime ainsi de nombreuses œuvres religieuses dans le diocèse de Coutances, est un des fondateurs de la Revue catholique de Normandie et tente de créer une association de journalistes chrétiens.

Notes et références

  1. Né dans le 5e arrondissement.
  2. – Table décennale - Page 26/28.

Source

Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 1, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ISBN 2891454190

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