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'''Hélène Viel''', dite '''Mercédès Para''', née aux Sables-d'Olonne (Vendée) le [[31 mars]] [[1895]]<ref name=Hamel>Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', tome  3, [http://www.normandiffusion.com/ Éditions Eurocibles],, ISBN 2914541171</ref>, morte à [[Saint-Lô]] <ref name=Hamel/>  le [[4 juillet]] [[1973]], est une personnalité journalistique de la [[Manche]].
'''Hélène Viel''', dite '''Mercédès Para''', née aux Sables-d'Olonne (Vendée) le [[31 mars]] [[1895]]<ref name=Hamel>Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ''Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche'', tome  3, Éditions Eurocibles].</ref>, morte à [[Saint-Lô]] <ref name=Hamel/>  le [[4 juillet]] [[1973]], est une personnalité journalistique de la [[Manche]].


==Biographie==
==Biographie==
[[Fichier:Para-1942-12-24.jpg|thumb|right||Éditorial du 24 décembre 1942 dans ''Cherbourg-Éclair''.]]
[[Fichier:Para-1942-12-24.jpg|thumb|right||Éditorial du 24 décembre 1942 dans ''Cherbourg-Éclair''.]]
À vingt ans, elle emménage à Paris est se lance dans le journalisme<ref>Frédéric Patard, ''Une ville, un pays en guerre'', Isoète, 2004, p.158</ref>.
À vingt ans, elle emménage à Paris et se lance dans le journalisme<ref>Frédéric Patard, ''Une ville, un pays en guerre'', Isoète, 2004, p. 158.</ref>.


Après le décès de son mari, également journaliste, en [[1930]], elle s'installe en [[1939]] à Saint-Lô, où elle possède de la famille et où elle a travaillé un temps à la Trésorerie Générale<ref name=Hamel/>. Elle entre au ''[[Courrier de la Manche]]'' dans lequel elle tient, après l'armistice, la rubrique des informations militaires fournies par l'armée allemande<ref name="1jour">« Un jour, une femme : Mercédès Para », ''La Presse de la Manche'', 1{{er}} juin 2009</ref>.  
Après le décès de son mari, également journaliste, en [[1930]], elle s'installe en [[1939]] à Saint-Lô, où elle possède de la famille et où elle a travaillé un temps à la Trésorerie générale<ref name=Hamel/>. Elle entre au ''[[Le Courrier de la Manche|Courrier de la Manche]]'' dans lequel elle tient, après l'armistice, la rubrique des informations militaires fournies par l'armée allemande<ref name="1jour">« Un jour, une femme : Mercédès Para », ''La Presse de la Manche'', 1{{er}} juin 2009.</ref>.  


Elle est incarcérée huit jours<ref name=Hamel/> pour avoir soutenu publiquement [[Charles de Gaulle|De Gaulle]]<ref name=1jour/>, qu'elle qualifie plus tard de « thuriféraire de Staline »<ref>[[Michel Besnier]], ''Cherbourg'', éditions Champ Vallon, 1986, p.102</ref>.  
Elle est incarcérée huit jours<ref name=Hamel/> pour avoir soutenu publiquement [[Charles de Gaulle|De Gaulle]]<ref name=1jour/>, qu'elle qualifie plus tard de « thuriféraire de Staline »<ref>[[Michel Besnier]], ''Cherbourg'', éditions Champ Vallon, 1986, p. 102.</ref>.  


Est-ce ce séjour derrière les barreaux ou le suicide d’un ouvrier d’imprimerie, mis au chômage par la suspension du journal, qui fait tourner casaque à Hélène Viel ? Toujours est-il que sous le pseudonyme de Mercédès Para, elle reprend du service au ''Courrier de la Manche'', en rédigeant des articles de plus en plus favorables à la politique de collaboration de l’Allemagne. Remarquée par les services de la ''Propagandastaeffel'', elle se voit proposer la chronique politique de ''[[Cherbourg-Éclair]]'' en janvier [[1942]]. Tout en continuant à écrire pour ''Le Courrier de la Manche'', Mercédès Para va signer des éditoriaux quotidiens pour Cherbourg-Éclair jusqu’au débarquement des Alliés en Normandie, stigmatisant tour à tour gaullistes ou communistes, chantant les louanges de l’Allemagne nazie, de la LVF ou de la Milice, ou vilipendant violemment les Juifs<ref name=Hamel/>.  
Est-ce ce séjour derrière les barreaux ou le suicide d’un ouvrier d’imprimerie, mis au chômage par la suspension du journal, qui fait tourner casaque à Hélène Viel ? Toujours est-il que sous le pseudonyme de Mercédès Para, elle reprend du service au ''Courrier de la Manche'', en rédigeant des articles de plus en plus favorables à la politique de collaboration de l’Allemagne. Remarquée par les services de la ''Propagandastaeffel'', elle se voit proposer la chronique politique de ''[[Cherbourg-Éclair]]'' en janvier [[1942]]. Tout en continuant à écrire pour ''Le Courrier de la Manche'', Mercédès Para va signer des éditoriaux quotidiens pour ''Cherbourg-Éclair'' jusqu’au débarquement des Alliés en Normandie, stigmatisant tour à tour gaullistes ou communistes, chantant les louanges de l’Allemagne nazie, de la LVF ou de la Milice, ou vilipendant violemment les Juifs<ref name=Hamel/>. Elle signe son dernier éditorial le [[3 juin]].


Voilà pour une partie visible de l’iceberg Mercédès Para. Mais ses revenus de journaliste ne suffisant pas à étancher les nombreuses additions qu’elle accumule dans tous les bistrots de Cherbourg, elle émarge dès son arrivée dans le Nord-Cotentin, comme indicatrice des Renseignements généraux. Première mission : fournir des renseignements sur les partis politiques collaborationnistes dont elle est elle-même membre, le Mouvement social révolutionnaire et le Parti populaire français. Et comme ça ne suffit pas encore, la [[Gestapo dans la Manche|Gestapo]] lui demande à son tour de lui fournir des informations sur l’état d’esprit de la population à l’égard de l’armée allemande et des évènements militaires ! Remords ou suprême calcul, elle ne donnera semble-t-il, que des renseignements insignifiants aux Allemands, et profitera même de leur confiance pour mettre au courant la police française des intentions de la Gestapo : plusieurs magistrats saint-lois devant être arrêtés quelques jours avant le Débarquement, seront ainsi prévenus juste  temps pour se mettre à l’abri<ref name=Hamel/>.
Voilà pour une partie visible de l’iceberg Mercédès Para. Mais ses revenus de journaliste ne suffisant pas à étancher les nombreuses additions qu’elle accumule dans tous les bistrots de Cherbourg, elle émarge dès son arrivée dans le Nord-Cotentin, comme indicatrice des Renseignements généraux. Première mission : fournir des renseignements sur les partis politiques collaborationnistes dont elle est elle-même membre, le Mouvement social révolutionnaire et le Parti populaire français. Et comme ça ne suffit pas encore, la [[Gestapo dans la Manche|Gestapo]] lui demande à son tour de lui fournir des informations sur l’état d’esprit de la population à l’égard de l’armée allemande et des évènements militaires ! Remords ou suprême calcul, elle ne donnera semble-t-il, que des renseignements insignifiants aux Allemands, et profitera même de leur confiance pour mettre au courant la police française des intentions de la Gestapo : plusieurs magistrats saint-lois devant être arrêtés quelques jours avant le Débarquement, seront ainsi prévenus juste  temps pour se mettre à l’abri<ref name=Hamel/>.
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Version du 4 octobre 2015 à 17:27

Hélène Viel, dite Mercédès Para, née aux Sables-d'Olonne (Vendée) le 31 mars 1895[1], morte à Saint-Lô [1] le 4 juillet 1973, est une personnalité journalistique de la Manche.

Biographie

Éditorial du 24 décembre 1942 dans Cherbourg-Éclair.

À vingt ans, elle emménage à Paris et se lance dans le journalisme[2].

Après le décès de son mari, également journaliste, en 1930, elle s'installe en 1939 à Saint-Lô, où elle possède de la famille et où elle a travaillé un temps à la Trésorerie générale[1]. Elle entre au Courrier de la Manche dans lequel elle tient, après l'armistice, la rubrique des informations militaires fournies par l'armée allemande[3].

Elle est incarcérée huit jours[1] pour avoir soutenu publiquement De Gaulle[3], qu'elle qualifie plus tard de « thuriféraire de Staline »[4].

Est-ce ce séjour derrière les barreaux ou le suicide d’un ouvrier d’imprimerie, mis au chômage par la suspension du journal, qui fait tourner casaque à Hélène Viel ? Toujours est-il que sous le pseudonyme de Mercédès Para, elle reprend du service au Courrier de la Manche, en rédigeant des articles de plus en plus favorables à la politique de collaboration de l’Allemagne. Remarquée par les services de la Propagandastaeffel, elle se voit proposer la chronique politique de Cherbourg-Éclair en janvier 1942. Tout en continuant à écrire pour Le Courrier de la Manche, Mercédès Para va signer des éditoriaux quotidiens pour Cherbourg-Éclair jusqu’au débarquement des Alliés en Normandie, stigmatisant tour à tour gaullistes ou communistes, chantant les louanges de l’Allemagne nazie, de la LVF ou de la Milice, ou vilipendant violemment les Juifs[1]. Elle signe son dernier éditorial le 3 juin.

Voilà pour une partie visible de l’iceberg Mercédès Para. Mais ses revenus de journaliste ne suffisant pas à étancher les nombreuses additions qu’elle accumule dans tous les bistrots de Cherbourg, elle émarge dès son arrivée dans le Nord-Cotentin, comme indicatrice des Renseignements généraux. Première mission : fournir des renseignements sur les partis politiques collaborationnistes dont elle est elle-même membre, le Mouvement social révolutionnaire et le Parti populaire français. Et comme ça ne suffit pas encore, la Gestapo lui demande à son tour de lui fournir des informations sur l’état d’esprit de la population à l’égard de l’armée allemande et des évènements militaires ! Remords ou suprême calcul, elle ne donnera semble-t-il, que des renseignements insignifiants aux Allemands, et profitera même de leur confiance pour mettre au courant la police française des intentions de la Gestapo : plusieurs magistrats saint-lois devant être arrêtés quelques jours avant le Débarquement, seront ainsi prévenus juste temps pour se mettre à l’abri[1].

Fin mai 1944, elle s’engage au sein des services de renseignement allemands pour être formée à l’espionnage. Destinée à être parachutée derrière les lignes alliées après le Débarquement, elle reste finalement à Paris après la libération de la capitale, chargée d’une ultime mission d’espionnage pour les Allemands. C’est là qu’elle est démasquée par un policier cherbourgeois en septembre 1944. Transférée à Cherbourg en avril 1945, elle est jugée par la Cour de Justice de la Manche le 6 juin (ironie de l’histoire) 1946[1].

Dans le box des accusés, Mercédès Para se défend de ses écrits passés[1]. Interrogée sur son activité journalistique pendant l'Occupation, elle soutient avoir voulu, « en faisant preuve d'une germanophilie excessive, dépasser le but qui lui était assigné, et n'être pas prise au sérieux » [5].

L’argument ne sera pas entendu par la Cour de Justice qui condamnera Hélène Viel, alias Mercédès Para, à dix ans de travaux forcés, dix ans d’interdiction de séjour et à l’indignité nationale[1].

Notes et références

  1. 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 et 1,8 Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3, Éditions Eurocibles].
  2. Frédéric Patard, Une ville, un pays en guerre, Isoète, 2004, p. 158.
  3. 3,0 et 3,1 « Un jour, une femme : Mercédès Para », La Presse de la Manche, 1er juin 2009.
  4. Michel Besnier, Cherbourg, éditions Champ Vallon, 1986, p. 102.
  5. « 120 ans en Cotentin 1889-2009 », La Presse de la Manche, hors-série, novembre 2009.

Lien interne