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Jersey

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Révision datée du 24 avril 2009 à 21:57 par Dominique fournier (discussion | contributions) (toponymie (suite))

Jersey est une île Anglo-Normande située dans la Manche, à l'ouest du Cotentin. Avec une superficie de 116 km2, elle est la plus vaste des îles anglo-normandes. Elle dépend de la couronne britannique depuis le 13e siècle, après avoir été longtemps normande.

Sa capitale est Saint-Hélier.

L'île compte 91 084 habitants, appelés Jersiais. Au recensement de 2001, 52 % étaient nés sur l'île.

Toponymie

Attestations anciennes

  • Andium (?) 4e s. [1].
  • insula Gersoi 1022/1026 [2].
  • insula Gerseii, var. Gersey, Gersei, Gersoii 1042 [3].
  • insula Gersoi 1037/1046 [4].
  • Giriacensis insula ~1050/1066 [5].
  • insula Gersoii 1056/1066 [6].
  • in Gersoio 1063/1066 [7].
  • insula de Gersoi 1066 [8].
  • Gersus ~1070 [9].
  • insula de Gerzoi 1080/~1082 [10].
  • insula de Gersoi 1066/1083 [11].
  • insula Gersoi 1066/1083 [12].
  • Gersui ~1170 [13].
  • in Gersoio 1223/1236 [14].
  • insula de Jersey 1372 [15].
  • insula de Jereseye 1372 [16].
  • insula de Jeresey 1375 [17].
  • insula de Jersey 1385 [18].
  • insula de Gersey 1386 [19].
  • insula […] de Jersey 1419 [20].
  • Isle de Gersey 1753/1785 [21].
  • Ile de Jersey 1854 [22].

Étymologie

La première attestation du nom de l'île de Jersey se trouve dans l'Itinéraire d'Antonin, texte latin du 4e siècle consistant en une liste d'étapes dans les différentes régions de l'empire romain. Les noms des îles anglo-normandes y figurent, mais aucun ne correspond aux appellations actuelles : ce sont Sarmia, Caesarea, Barsa, Silia et Andium. Leur identification a causé de nombreuses discussions, qui ne sont pas entièrement closes. La tradition a vu dans Caesarea le nom de Jersey, sur la foi d'une vague ressemblance phonétique, mais il semblerait néanmoins qu' Andium soit l'appellation véritable, si l'on considère que ces noms sont d'origine gauloise, ce qui est assez vraisemblable. Dans ce cas, Andium se rattache au radical gaulois and- (variantes combinatoires ande-, ando-), particule intensive que l'on rend généralement par « très », « beaucoup », « grand », etc. [23]. Le sens d' Andium, latinisation du gaulois °Andion, serait alors « la grande (île) », ce qui caractérise parfaitement Jersey, la plus grande des îles anglo-normandes.

L'étymologie du nom actuel de l'île de Jersey n'a jamais fait, et ne fait toujours pas, l'unanimité parmi les spécialistes.

La plupart d'entre eux s'accordent cependant à penser que la finale -ey, que l'on retrouve dans Guernesey, Aurigny (anglais Alderney), Chausey, Orkney, etc., est d'origine scandinave, et représente l'ancien norois ey "île".

Géographie

Jersey se situe à 25 km de la côte Ouest de la Manche, au large de Barneville-Carteret.
Elle est séparée du continent depuis environ 8 000 ans.
Elle mesure 19 km de long sur une largeur moyenne de 9 km.

Histoire

Jersey appartient à l'Angleterre depuis le 13e siècle, après avoir été normande depuis l'an 933. Mais elle restée longtemps de tradition et d'expression normandes. L'anglais n'y est devenu prédominant qu'au début du 20e siècle, après qu'on y a autorisé son emploi, en 1900, dans les débats parlementaires [24].

L'île aurait été évangélisée par saint Hélier, au 6e siècle.

Dans la nuit du 6 janvier 1781, le baron de Rullecourt, major-général des volontaires de Nassau, avec 1 200 hommes de la légion du chevalier de Luxembourg, tenta de s'emparer de l'île. Un capitaine de vaisseau marchand, nommé Regnier, de Blainville, commandait les navires du débarquement. À 3 heures de l'après-midi, les troupes s'embarquèrent des îles de Chausey. Elles arrivèrent en 6 heures ; mais il ne descendit qu'environ 300 hommes, à la tête desquels le baron de Rullecourt gagna la ville de Saint-Hélier dont il s'empara. Le gouverneur surpris et saisi dans sa maison, signa une capitulation sur la place du marché, avec les principaux habitants. Cela pris du temps, et les assaillant ne s'étaient point assurés du port ni du château qui le protège. Cependant la milice se rassembla et se mit en possession d'une éminence d'où elle foudroya la petite troupe de M. de Rullecourt. C'était 4 000 contre 300 : toutefois le combat dura trois heures, le baron reçut plusieurs coups de feu, et mourut bientôt après, sans être secouru par le reste, de sa troupe, qui était avec tous les bagages et les munitions sous la conduite du major d'Herville, et qui ne débarqua, point. Dans le fait, la côte était très difficile. Il paraît que ce moment avait été choisi , parce que les insulaires ont l'usage, en cette nuit , de se livrer à la bonne chère et de s'enivrer. Les habitants revenus de leur frayeur, érigèrent sur la tombe du baron de Rullecourt, une colonne avec cette inscription :

« Ci-gît le corps de M. le baron de Rullecourt , officier général François qui, dans la nuit du 6 janvier, envahit cette île à tête de 1 200 hommes, surprit le gouverneur et les magistrats , et les fit prisonniers de guerre. Heureusement qu'au point du jour , les François attaqués par la garnison et la milice aux ordres du brave major Person, qui perdit la vie dans cette glorieuse entreprise, furent totalement mis en déroute. Le gouverneur et les magistrats recouvrèrent leur liberté , et l'île fut délivrée par la destruction et par la captivité des envahisseurs. Le baron de Rullecourt succomba, et cette pyramide est moins un monument érigé à la mémoire d'un ennemi , qu'elle n'est , ô Jersey ! un avertissement pour vous et pour vos enfants , de donner à l'avenir plus d'attention à votre sûreté. »

Des 300 hommes quelques-uns furent tués, d'autres s'échappèrent , et le reste fut fait prisonnier.

Jersey fut occupée par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

Administration

Jersey est une dépendance de la couronne britannique, qui y est représentée par un lieutenant-gouverneur. La reine d'Angleterre y règne en tant que duc de Normandie.
Jersey a sa constitution proche. Elle est dirigée par un bailli, secondé par un parlement, les États de Jersey (53 membres élus).
Jersey ne fait pas partie du Royaume Uni, mais en dépend pour ses affaires extérieures. Elle ne fait pas partie de l'Union européenne : elle y est simplement associée.
Le bailliage de Jersey étend son autorité sur l'île elle-même, ainsi que sur les rochers des Écréhou et des Minquiers et sur quelques récifs mineurs.

Jersey est divisée en 12 paroisses. Chacune d'elles est représentée aux États de Jersey par un « connétable ».

Nationalité

Il faut résider treize années sur l'île pour pouvoir prétendre à la nationalité jersiaise. En réalité, des accommodements sont posssibles. Le paiement d'une taxe spéciale, négociée avec le gouvernement, permet d'accélérer le processus [25].

Lieux et monuments

  • Fort Regent, à Saint-Hélier
  • Château Elizabeth à Saint-Hélier
  • Le Rocher des proscrits, à Saint-Hélier : là où Victor Hugo et ses amis avaient l'habitude de se retrouver
  • Marine Terrace, à Saint-Hélier : Victor Hugo y habita de 1852 à 1855.
  • Château de Mont-Orgueil (13e / 14e), sur la côte Est
  • Baie de Bouley, sur la côte Nord : falaises de 120 m
  • Trou du Diable (Devil's hole), sur la côte Nord

Personnalités liées à l'île

  • Wace (12e siècle), poète
  • George Carteret (ca. 1600-1680), amiral
  • Jean Martel (1694-1753), fondateur des cognacs Martell
  • Victor Hugo (1802-1885), l'écrivain français a séjourné sur l'île, en exil de 1852 à 1855
  • La famille Lecaudey de Montpinchon y émigre avant de s'expatrier aux Amériques. William Frederick Cody dit Buffalo Bill est issu de cette famille.
  • Robert Pipon-Marett (1820-1884), connétable de Saint-Hélier, écrivain
  • Augustus Asplet Le Gros (1840-1884), concepteur du premier glossaire de jersiais
  • George Le Feuvre (1891-1984), écrivain patoisant
  • Frank Le Maistre (1910-2002), dialectologue, auteur du dictionnaire jersiais-français (1966)
  • Les Beatles : le groupe a passé une semaine de vacances dans l'île en août 1963

Économie

Jersey dépend essentiellement du tourisme. Elle accueille annuellement environ 750 000 visiteurs.

L'activité financière est une autre source importante de revenus pour l'île. Elle emploie 12 000 personnes.

L'agriculture reste une activité traditionnelle, la culture des primeurs notamment.

La philatélie procure également d'intéressantes recettes fiscales.

Le salaire moyen des Jersiais se situe entre 15 000 et 18 000 £ (16 000 et 19 500 €).


Transports

Jersey bénéficie de liaisons fréquentes, tant aériennes que maritimes, avec l'Angleterre et la France.
Par mer, il est possible de gagner l'île à partir de Carteret et de Granville, et aussi de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

Il a existé des liaisons maritimes à partir de Portbail (Compagnie Côte des Isles).

Par mer depuis Carteret

La première liaison et ouverte en 1881, à l'initiative de la Compagnie rouennaise de navigation [26].

Au début du 20e siècle, les relations avaient lieu par bateau à vapeur, comme le SS Au Revoir (500 cv), qui mettait 1 h 20 pour faire la traversée.

Carteret offre une liaison estivale avec le port de Gorey. Compter 70 mn.

Bibliographie

Livres
  • Ch. Nourry, Géologie de Jersey, Paris, 1886
  • Charles Frémine, Aristide Frémine, Les Français dans les îles de la Manche, Picard & Kahn, 1888
  • Frank Le Maistre, Dictionnaire jersiais-français (avec vocabulaire français-jersiais par Albert L. Carré), Don Balleine Trust, 1966
  • Michel Montell, L'Immigration française vers Jersey 1850-1950, Publications de l'université de Provence, 2005
Articles
  • Joseph Toussaint, « Le clergé de Coutances déporté à Jersey », Revue du département de la manche, n° 76, 1977

Références

  1. Itinéraire d’Antonin, 4e s.
  2. Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie (911-1066), Mémoire de la Société des Antiquaires de Normandie XXXVI, Caen, 1961, p. 161, § 49.
  3. ibid., p. 255, § 99.
  4. ibid., p. 271, § 110.
  5. ibid., p. 386, § 198.
  6. ibid., p. 407, § 214.
  7. ibid., p. 430, § 224.
  8. ibid., p. 444, § 231.
  9. Adrian Broom, Dictionary of place names in the British Isles, Bloomsbury, London, 1988, p. 188.
  10. Lucien Musset, Les actes de Guillaume le Conquérant et de la Reine Mathilde pour les abbayes caennaises, Mémoires de la société des Antiquaires de Normandie XXXVII, Caen, 1967, p. 84, § 8.
  11. ibid., p. 94, § 11.
  12. ibid., p. 97, § 12.
  13. Adrian Broom, loc. cit.
  14. Julie Fontanel, Le cartulaire du chapitre cathédral de Coutances, Archives départementales de la Manche, Saint-Lô, 2003, p. 411, § 273.
  15. Rôles Normands et Français et autres pièces tirées des archives de Londres par Bréquigny en 1764, 1765 et 1766, Mémoires de la société des Antiquaires de Normandie XXIII (3e série, 3e volume), 1re partie, Paris, 1858, p. 4b, § 42.
  16. ibid., p. 4b, § 46.
  17. ibid., p. 5a, § 52.
  18. ibid., p. 5b, § 59.
  19. ibid., p. 5b, § 61.
  20. ibid., p. 72a, § 393.
  21. Carte de Cassini.
  22. V. Lavasseur, Atlas National Illustré des 86 départements et des possessions de la France, A. Combette éditeur, Paris, 1854.
  23. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2001, p. 39.
  24. Le vote est acquis le 8 février par 26 voix contre 15.
  25. Aude Carasco, « Des habitants de Jersey espèrent la fin du paradis fiscal », La Croix, 16 mars 2009.
  26. La Manche au passé et au présent, éd. Manche-Tourisme, 1984.

Liens externes