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'''Jean Hamon''', né à [[Cherbourg-Octeville|Cherbourg]] le [[2 janvier]] [[1618]], mort à Paris le [[22 février]] [[1687]], est un médecin de la [[Manche]].
'''Jean Hamon''', né à [[Cherbourg-Octeville|Cherbourg]] le [[2 janvier]] [[1618]], mort à Paris le [[22 février]] [[1687]], est un médecin de la [[Manche]].


Il a exercé à Port-Royal des Champs. Il a écrit de nombreux livres médicaux et religieux.  
Il exerce à Port-Royal des Champs, où il a Racine pour élève. Il a écrit de nombreux livres médicaux et religieux.  


==Biographie==
==Biographie==
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Né dans la paroisse Sainte-Trinité de [[Cherbourg-Octeville|Cherbourg]], Jean Hamon est le fils de maître René Hamon, sieur des Fontaines, avocat et bourgeois de la ville <ref name="lesaulnier">Jean Lesaulnier, « Les Jeunes années de Jean Le Normand », ''Monsieur Hamon, médecin, écrivain et solitaire : 1618-1687''. Paris : Société des amis de Port-Royal, 1988.</ref>. Il a une sœur, Jeanne, et plusieurs frères.
Né dans la paroisse Sainte-Trinité de [[Cherbourg-Octeville|Cherbourg]], Jean Hamon est le fils de maître René Hamon, sieur des Fontaines, avocat et bourgeois de la ville <ref name="lesaulnier">Jean Lesaulnier, « Les Jeunes années de Jean Le Normand », ''Monsieur Hamon, médecin, écrivain et solitaire : 1618-1687''. Paris : Société des amis de Port-Royal, 1988.</ref>. Il a une sœur, Jeanne, et plusieurs frères.


Il est envoyé très jeune au collège de [[Valognes]] <ref name="dezobry">Louis Charles Dezobry et Théodore Bachelet, ''Dictionnaire général de biographie et d'histoire''. Paris, Ferdinand Tandou et Cie, 1863. </ref>. Il poursuit ses études au [[Collège d'Harcourt]], où il s'attache à deux [[cotentin]]ois, le proviseur [[Pierre Padet]] et le professeur de philosophie [[Jacques du Chevreuil]] <ref name="lesaulnier" />. Entré à l'Université de Paris, il devient précepteur du petit-fils d'Achille de Harlay. Reçu docteur en médecine à la faculté de médecine le 10 décembre [[1646]], suivant ainsi son oncle, Pierre Hommest, étudiant à la faculté de médecine entre [[1625]] et [[1631]]. Il commence à exercer dans la paroisse Saint-Merri et acquiert par son habilité ainsi que son éloquence, une grande réputation.
Il est envoyé très jeune au collège de [[Valognes]] <ref name="dezobry">Louis Charles Dezobry et Théodore Bachelet, ''Dictionnaire général de biographie et d'histoire''. Paris, Ferdinand Tandou et Cie, 1863. </ref>. Il poursuit ses études au [[Collège d'Harcourt]], où il s'attache à deux [[cotentin]]ois, le proviseur [[Pierre Padet]] et le professeur de philosophie [[Jacques du Chevreuil]] <ref name="lesaulnier" />. Entré à l'Université de Paris, il devient précepteur du petit-fils d'Achille de Harlay. Reçu docteur en médecine à la faculté de médecine le [[10 décembre]] [[1646]], suivant ainsi son oncle, Pierre Hommest, étudiant à la faculté de médecine entre [[1625]] et [[1631]]. Il commence à exercer dans la paroisse Saint-Merri et acquiert par son habilité ainsi que son éloquence, une grande réputation.


Il y fréquente les jansénistes Antoine Singlin et Antoine Arnauld. En [[1650]], âgé de 33 ans, il refuse alors les largesses que lui propose le magistrat, vend tous ses biens et se retire chez les solitaires de Port-Royal-des-Champs. Il y fait office de jardinier puis de secrétaire d'Arnauld, avant de succéder comme médecin de l'abbaye à Victor Pallu, qui avait été condisciple de son oncle à la faculté de médecine <ref name="lesaulnier" />.
Il y fréquente les jansénistes Antoine Singlin et Antoine Arnauld. En [[1650]], âgé de 33 ans, il refuse alors les largesses que lui propose le magistrat, vend tous ses biens et se retire chez les solitaires de Port-Royal-des-Champs. Il y fait office de jardinier puis de secrétaire d'Arnauld, avant de succéder comme médecin de l'abbaye à Victor Pallu, qui avait été condisciple de son oncle à la faculté de médecine <ref name="lesaulnier" />.


Là-bas, il adopte une vie modeste, sans ménagement, mangeant peu et jeunant régulièrement comme signe de pénitence. Il donne des cours aux Petites écoles et soigne les pauvres de la région. Suite à la controverse janséniste, il est autorisé à rester à Port-Royal où il exerce jusqu'en [[1669]].
Il adopte une vie humble, sans ménagement, « à ne manger que du pain de son et ne boire que de l'eau » <ref>d'après l'épitaphe en avant-propos de son ''Traité sur la piété''. Amsterdam, Nicolas Potgieter, 1727.</ref>, à jeuner régulièrement comme signe de pénitence. Il donne des cours aux Petites écoles et soigne les pauvres de la région. Il visite es pauvres des environs « monté sur un âne et un livre à la main » <ref name=LA1>Jules Lemaître, « L'enfance de Jean Racine à Port-Royal », ''Les Annales'', n° 1375, 31 octobre 1909. </ref>. « C'était un mystique au cœur tendre et à l'imagination fleurie », affirme Jules Lemaître ([[1853]]-[[1914]]) <ref name=LA1/>. Tolérant, il participe peu aux controverses qui ébranlent l'abbaye face aux autorités religieuses. En [[1664]], alors que la plupart des solitaires doivent quitter Port-Royal, lui est autorisé à rester, et y exerce jusqu'en [[1669]], devenant « le véritable directeur spirituel de Port-Royal »<ref name="dezobry" />. Pour communiquer avec les religieuses de l'abbaye et contrer la censure qui entoure ce sanctuaire du jansénisme, il prend le pseudonyme de Jean Le Normand.
 
Il adopte une vie humble, sans ménagement, « à ne manger que du pain de son et ne boire que de l'eau » <ref>d'après l'épitaphe en avant-propos de son ''Traité sur la piété''. Amsterdam, Nicolas Potgieter, 1727.</ref>, à jeuner régulièrement comme signe de pénitence. Il donne des cours aux Petites écoles et soigne les pauvres de la région. Tolérant, il participe peu aux controverses qui ébranlent l'abbaye face aux autorités religieuses. En [[1664]], alors que la plupart des solitaires doivent quitter Port-Royal, lui est autorisé à rester, et y exerce jusqu'en [[1669]], devenant « le véritable directeur spirituel de Port-Royal »<ref name="dezobry" />. Pour communiquer avec les religieuses de l'abbaye et contrer royale la censure qui entoure ce sanctuaire du jansénisme, il prend le pseudonyme de Jean Le Normand.


Il écrit plusieurs beaux ouvrages de réflexion. Boileau écrit sur lui :
Il écrit plusieurs beaux ouvrages de réflexion. Boileau écrit sur lui :
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:''Des travaux de la pénitence''
:''Des travaux de la pénitence''


Ayant eu Racine pour élève, celui-ci a énoncé le vœu dans son testament : « Je désire qu'après ma mort, mon corps soit porté à Port-Royal-des-Champs, et qu'il soit inhumé dans le cimetière au pied de la fosse de M Hamon ». Quand Port-Royal fut rasé à la demande de Louis XIV en [[1711]], les cendres du dramaturge sont transférées par sa famille tandis que les restes d'Hamon sont jetés avec les autres corps dans la fosse commune du cimetière Saint-Lambert.
Il a Racine pour élève, et devient même son seul professeur à partir de mars [[1656]] quand les autres professeurs sont dispersés, et jusqu'au départ de l'illustre élève en octobre [[1658]] <ref name=LA1/>. Dans son testament, Racine émet le vœu suivant : « Je désire qu'après ma mort, mon corps soit porté à Port-Royal-des-Champs, et qu'il soit inhumé dans le cimetière au pied de la fosse de M. Hamon ».
 
Quand Port-Royal est rasé à la demande de Louis XIV en [[1711]], les cendres du dramaturge sont transférées par sa famille tandis que les restes d'Hamon sont jetés avec les autres corps dans la fosse commune du cimetière Saint-Lambert.
 
Sainte-Beuve ([[1804]]-[[1869]]) dit de lui : « Il avait le don de la spiritualité morale, le sens des emblèmes, et il marchait dans le monde comme dans une forêt enchantée, où chaque objet qu'on rencontre en recèle un autre plus vrai et cache une merveille <ref name=LA1/>.  


==Œuvres==
==Œuvres==
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==Bibliographie==
==Bibliographie==
* ''Monsieur Hamon, médecin, écrivain et solitaire : 1618-1687''. Paris, Société des amis de Port-Royal, 1988 - ISSN 0529-4975
* ''Monsieur Hamon, médecin, écrivain et solitaire : 1618-1687'', Société des amis de Port-Royal, Paris, 1988 - ISSN 0529-4975
* Jean Le Pichon, « À propos de Jean Hamon, Cherbourgeois, “Solitaire” de Port-Royal » ''Mémoires de la [[Société nationale académique de Cherbourg]]'', vol. 31, 1995
* Jean Le Pichon, « À propos de Jean Hamon, Cherbourgeois, “Solitaire” de Port-Royal” » ''Mémoires de la [[Société nationale académique de Cherbourg]]'', vol. 31, 1995
* Jean Lesaulnier, « Un Cherbourgeois à Port-Royal : le médecin Jean Hamon », ''Revue du département de la Manche'', n° 179, 2003
* Jean Lesaulnier, « Un Cherbourgeois à Port-Royal : le médecin Jean Hamon », ''Revue du département de la Manche'', n° 179, 2003



Version du 25 février 2014 à 17:18

Portrait de Jean Hamon, par Etienne-Jehandier Desrochers.

Jean Hamon, né à Cherbourg le 2 janvier 1618, mort à Paris le 22 février 1687, est un médecin de la Manche.

Il exerce à Port-Royal des Champs, où il a Racine pour élève. Il a écrit de nombreux livres médicaux et religieux.

Biographie

Plaque commémorative à la Maison des solitaires de Port-Royal.

Né dans la paroisse Sainte-Trinité de Cherbourg, Jean Hamon est le fils de maître René Hamon, sieur des Fontaines, avocat et bourgeois de la ville [1]. Il a une sœur, Jeanne, et plusieurs frères.

Il est envoyé très jeune au collège de Valognes [2]. Il poursuit ses études au Collège d'Harcourt, où il s'attache à deux cotentinois, le proviseur Pierre Padet et le professeur de philosophie Jacques du Chevreuil [1]. Entré à l'Université de Paris, il devient précepteur du petit-fils d'Achille de Harlay. Reçu docteur en médecine à la faculté de médecine le 10 décembre 1646, suivant ainsi son oncle, Pierre Hommest, étudiant à la faculté de médecine entre 1625 et 1631. Il commence à exercer dans la paroisse Saint-Merri et acquiert par son habilité ainsi que son éloquence, une grande réputation.

Il y fréquente les jansénistes Antoine Singlin et Antoine Arnauld. En 1650, âgé de 33 ans, il refuse alors les largesses que lui propose le magistrat, vend tous ses biens et se retire chez les solitaires de Port-Royal-des-Champs. Il y fait office de jardinier puis de secrétaire d'Arnauld, avant de succéder comme médecin de l'abbaye à Victor Pallu, qui avait été condisciple de son oncle à la faculté de médecine [1].

Il adopte une vie humble, sans ménagement, « à ne manger que du pain de son et ne boire que de l'eau » [3], à jeuner régulièrement comme signe de pénitence. Il donne des cours aux Petites écoles et soigne les pauvres de la région. Il visite es pauvres des environs « monté sur un âne et un livre à la main » [4]. « C'était un mystique au cœur tendre et à l'imagination fleurie », affirme Jules Lemaître (1853-1914) [4]. Tolérant, il participe peu aux controverses qui ébranlent l'abbaye face aux autorités religieuses. En 1664, alors que la plupart des solitaires doivent quitter Port-Royal, lui est autorisé à rester, et y exerce jusqu'en 1669, devenant « le véritable directeur spirituel de Port-Royal »[2]. Pour communiquer avec les religieuses de l'abbaye et contrer la censure qui entoure ce sanctuaire du jansénisme, il prend le pseudonyme de Jean Le Normand.

Il écrit plusieurs beaux ouvrages de réflexion. Boileau écrit sur lui :

Tout brillant de savoir, d'esprit et d'éloquence,
Il courut au désert chercher l'obscurité ;
Aux pauvres consacra son bien et sa science,
Et trente ans dans le jeûne et dans l'austérité
Fit son unique volupté
Des travaux de la pénitence

Il a Racine pour élève, et devient même son seul professeur à partir de mars 1656 quand les autres professeurs sont dispersés, et jusqu'au départ de l'illustre élève en octobre 1658 [4]. Dans son testament, Racine émet le vœu suivant : « Je désire qu'après ma mort, mon corps soit porté à Port-Royal-des-Champs, et qu'il soit inhumé dans le cimetière au pied de la fosse de M. Hamon ».

Quand Port-Royal est rasé à la demande de Louis XIV en 1711, les cendres du dramaturge sont transférées par sa famille tandis que les restes d'Hamon sont jetés avec les autres corps dans la fosse commune du cimetière Saint-Lambert.

Sainte-Beuve (1804-1869) dit de lui : « Il avait le don de la spiritualité morale, le sens des emblèmes, et il marchait dans le monde comme dans une forêt enchantée, où chaque objet qu'on rencontre en recèle un autre plus vrai et cache une merveille [4].

Œuvres

  • Apologia Patris Cellotii (1648)
  • Écrit touchant l'excommunication, composé par M. Hamon, vers l'année 1665, à l'occasion des troubles excités dans l'Eglise, par rapport au Formulaire, 1665
  • Traités de piété, (2 vol, 1675)
  • Traitez de morale de S. Augustin pour tous les états qui composent le corps de l'Église, (traduits du latin, 1680)
  • Aegrae animae et dolorem suum lenire conantis pia in psalmum centesimum decimum octavum soliloquia (Amsterdam, 1684 ; traduit en français par Fontaine en 1685 et Goujet en 1732)
  • Sur la morale et les devoirs des pasteurs (2 vol, 1689)
  • Pratique de la prière continuelle ou Sentiments d'un âme vivement touchée de Dieu (1702)
  • Explication du Cantique de Cantiques (4 vol, 1708)
  • Instruction pour les religieuses de Port-Royal (2 vol, 1727-30)
  • Les Gémissements d'un cœur chrétien, exprimés dans les paroles du psaume CXVIII (1731)
  • Recueil de lettres (2 volumes, 1734)
  • De la solitude (1734)
  • Explication de l'oraison dominicale (1738)
  • L'Horloge de la passion, qui servoit de sujet de méditation aux Religieuses de Port-Royal pendant l'adoration du très-saint-Sacrement avec des oraisons tirées de M. Hamon, 1739
  • Entretiens d'une âme avec Dieu... Avignon : aux dépens de la Société, 1740
  • Abrégé de la vie de la révérende mère Marie-Angelique Arnauld, abbesse & réformatrice de Port-Royal, dans Entretiens ou conferences de la révérende mère Marie-Angélique Arnauld, abbesse & réformatrice de Port-Royal, 1757

Il a traduit du latin Le Bonheur conjugal de Saint Augustin, a rédigé la plupart des épitaphes latines du Nécrologe de Port-Royal, a écrit plusieurs ouvrages médicaux non imprimés, dont Dictionarium Medicum graeco-latinum et Medicinae principia.

Bibliographie

  • Monsieur Hamon, médecin, écrivain et solitaire : 1618-1687, Société des amis de Port-Royal, Paris, 1988 - ISSN 0529-4975
  • Jean Le Pichon, « À propos de Jean Hamon, Cherbourgeois, “Solitaire” de Port-Royal” » Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. 31, 1995
  • Jean Lesaulnier, « Un Cherbourgeois à Port-Royal : le médecin Jean Hamon », Revue du département de la Manche, n° 179, 2003

Notes et références

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Jean Lesaulnier, « Les Jeunes années de Jean Le Normand », Monsieur Hamon, médecin, écrivain et solitaire : 1618-1687. Paris : Société des amis de Port-Royal, 1988.
  2. 2,0 et 2,1 Louis Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire. Paris, Ferdinand Tandou et Cie, 1863.
  3. d'après l'épitaphe en avant-propos de son Traité sur la piété. Amsterdam, Nicolas Potgieter, 1727.
  4. 4,0 4,1 4,2 et 4,3 Jules Lemaître, « L'enfance de Jean Racine à Port-Royal », Les Annales, n° 1375, 31 octobre 1909.

Sources

  • Victor Le Sens, Biographie de Jean Hamon, Annuaire du département de la Manche. Saint-Lô, Elie fils, 1844
  • Jean Hamon (1618-1687), Société des Amis de Port-Royal, juin 2007