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Jean Féret

De Wikimanche

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Jean Feret, né à Toutainville (Eure) en 1931 et décédé à Saint-Lô le 23 octobre 1987, est une personnalité de la Manche.

Mort aux fourneaux, comme Molière sur scène

Dans ce dictionnaire des Personnages Remarquables de la Manche, vous pouvez découvrir des politiques, des militaires, des religieux, des scientifiques, des artistes aussi mais jusqu’à présent, si l’on excepte la légendaire Annette Boutiaut, alias Mère Poulard, pas de grand cuisinier, de vrai « chef » et pourtant notre patrimoine à l’égal de son terroir en est riche. Seule la mémoire n’en a pas gardé la trace. À tort… parce que la cuisine est aussi un art !

Honneur à Jean Féret qui, en moins de vingt ans, de 1969 à 1988, a fait du Marignan à Saint-Lô l’une des tables qui comptait en Normandie.

Jean Féret est apprenti boulanger au Vaudreuil et à Rouen, puis dans l’excellent restaurant « La Marine » à Caudebec-en-Caux et enfin à la pâtisserie Boquet à Rouen. Que des bonnes adresses.

Le Ministère de l’Aviation le recrute pendant son service militaire au mess des officiers et à Louveciennes. Au retour à la vie civile, il poursuit son « apprentissage » à « l’Hôtel de la Poste » à Louviers ; l’« Albert 1er » à Rouen, « Les Saisons » à Vironvay jusqu’en 1969 où il arrive à Saint-Lô pour reprendre à son compte une affaire en difficulté, l’Hôtel de la Gare.

Après s'être vu refuser le nom de Grimaldi, il donne le nom de Marignan à l’établissement parce que le numéro de téléphone était le 57.15.15 !

Le président Jozeau-Marigné qui ne manquait pas une occasion d’y inviter les hôtes du département signe le livre d’or d’un de ses bons mots : «  Si Marignan fut une victoire des temps passés, à Saint-Lô le Marignan est une victoire des temps présents ».

En quelques années, Jean Féret fait de son restaurant un passage obligé. Jean Marais, Fernand Ledoux, Jacques Faizant, des ambassadeurs et bien d’autres apprécient cette cuisine de qualité avec des produits d’un terroir normand qu’il vante et utilise en permanence.

Le canard au sang (de sa formation rouennaise), le homard bleu des côtes manchoises, le Koulibiac de saumon, la crème onctueuse du bocage et ses pâtisseries au chocolat font l’unanimité. Il est aussi celui qui incite les agriculteurs de la région à produire le fois gras et le met à sa table.

Mais survient le dimanche 23 octobre 1987, alors qu’il préparait le déjeuner des « maîtres-cuisiniers » de France invités du concours gastronomique qui se tient ce week-end là à Saint-Lô, un drame inattendu : Jean Féret, devant ses fourneaux, en présence de ses invités, meurt à 57 ans d’une crise cardiaque, comme Molière sur scène.

Jean Féret rejoint les étoiles qu’il n’a pas eu le temps de recevoir au Marignan. Son épouse et ses enfants, avec classe et dignité, ont fait servir le repas à tous ses collègues : un grand moment de confraternité et de rassemblement autour du dernier canard au sang de Jean Féret.

Source

Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 4, Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, ISBN : 2-914 541 56 2

Plus d’infos

Éditions Eurocibles, Marigny