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Léon Jozeau-Marigné

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Léon Jozeau-Marigné.

Léon Jean Louis Jozeau-Marigné, né à Angers (Maine-et-Loire) le 21 juillet 1909 [1] et mort à Avranches le 18 juillet 2003 [2], est un homme politique de la Manche.

Biographie

Fils d'un fonctionnaire des Postes à Angers, il obtient en 1942 un doctorat en droit à la faculté de Caen. Le sujet de sa thèse est « L'autorisation préfectorale et les ventes judiciaires d'immeubles » [3].

C’est en 1935 qu’il ouvre un cabinet d’avoué à Avranches où il prend rapidement racine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, lieutenant de réserve, il combat à Dunkerque avant de s'embarquer pour l'Angleterre [4]. De retour à Avranches, il y commence modestement sa longue carrière politique comme conseiller municipal sous l’Occupation allemande. Nommé troisième adjoint dans le conseil municipal en 1941 par le gouvernement de Vichy [4], Louis Cornille étant nommé deuxième adjoint, il « démissionne » de son poste en décembre 1943 [5], en refusant la moindre compromission avec les Allemands [6]. Toutefois, l'historien Michel Boivin ne mentionne pas cette démission et parle de révocation à la Libération [6][7]. Après les bombardements américains du 7 juillet 1944 sur Avranches, le maire, le docteur Jean Simonin, étant blessé, il improvise un conseil municipal des réfugiés, basé à Saint-Senier-sous-Avranches, « dirigeant son monde comme un militaire » [8].

Après la Libération, il retrouve sa place au conseil municipal d'Avranches [9], membre de la liste de François Brière, patronnée par le comité de la Résistance [10]. En 1945, candidat sur la liste du commandant Bindel, il est le mieux élu [10] et devient maire-adjoint, puis maire de 1953 à 1983 [4].

Il débute en politique en 1948 en se faisant élire au Sénat, sous l’étiquette du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), affichant ainsi son choix pour la droite modérée et conservatrice. En 1951, le président René Coty le nomme vice-président de la commission nationale de la Reconstruction au Sénat [8]. Il siège sans discontinuer au Palais du Luxembourg jusqu’en 1983 [9]. À la chambre haute, il est président de la commission de la reconstruction du Conseil de la République, puis, après le rétablissement du Sénat, il est nommé vice-président d’octobre 1962 à octobre 1965 [9], et préside la commission des Lois entre 1971 et 1983.

En 1967, il vote contre la loi Neuwirth au nom d'Henri Cornat [11][12], étant lui-même père de six enfants [13].

Localement, il s'impose dans le canton d'Avranches, devenant le conseiller général en 1951, maire du chef-lieu en 1953 [14], puis devient peu à peu l'homme fort du département de la Manche, en présidant le Conseil général de la Manche pendant vingt ans, à partir de 1968 [14], et le Conseil régional de Basse-Normandie de 1974 à janvier 1978 et de nouveau de 1982 à 1983 [14].

Le lundi 11 février 1985, présidant une séance du conseil général, alors qu'il est membre du Conseil constitutionnel, il fait voter, à l'unanimité, une motion du sénateur Jean-Pierre Tizon pour honorer la mémoire d'Henri Cornat et instaure une minute de silence pour se recueillir en son honneur. Il estime qu'un hebdomadaire parisien [15] a publié un « article diffamatoire » peu avant, sous le titre « Un lycée au nom sulfureux » [16][17].

Alain Poher, président du Sénat, le nomme pour neuf ans au Conseil constitutionnel le 21 février 1983, l'obligeant à abandonner ses mandats, à l'exception de la présidence du département, qu'il perd en 1988 au profit de Pierre Aguiton. À la fin de son mandat au Conseil constitutionnel, il est nommé membre honoraire du Parlement.

Sa spectaculaire et inattendue défaite aux élections cantonales de 1988 face à Philippe Durand le laisse un peu amer. Mais il n'en montre rien. « Je vais très bien, je prends très bien ce qui m'arrive », confie-t-il à Radio-France Cherbourg au lendemain de son éviction [18]. Reprenant le mot de Pierre Mendès France, il estime qu'il a été victime « d'un accident du travail » [18]. Et de rappeler « J'ai passé cinquante ans de ma vie au service du département. J'ai ouvert ma porte à tout le monde, quelle que soit l'appartenance politique. Certains l'ont oublié » [18].

En 1957, il est également membre du Haut Conseil de l´aménagement du territoire, et juge titulaire à la Haute Cour de justice en 1968.

De son vivant, déjà, son nom est donné à une avenue de sa « bonne ville » d’Avranches et au collège d’Isigny-le-Buat. Ces hommages exceptionnels suffisent à attester le poids de la notabilité dont jouissait alors l’homme auquel ils étaient rendus [9].

Ses obsèques sont célébrées le 21 juillet 2003 en l'église Notre-Dame-des-Champs, en présence de Mgrs Jacques Fihey et Bernard Jacqueline qui disent une messe devant plus d'un millier de personnes. Il est inhumé au cimetière d'Avranches [10].

Mandats et fonctions

  • Conseil municipal d'Avranches : adjoint de 1941 au 2 août 1944
  • Conseiller général de la Manche 1951-1988
  • Maire d’Avranches 1953-1983
  • Conseiller de la République 7 novembre 1948- octobre 1958
  • Sénateur de la Manche octobre 1958-3 mars 1983
  • Parlementaire européen 1966-1978 : représentant de la France au Parlement européen
  • Président du Conseil général de la Manche 1968-1988
  • Président du Conseil régional de Basse-Normandie 1974-1978 et 1982-1983
  • Président de l'Assemblée des présidents des conseils généraux de France 1979-1983
  • Président de la Caisse d'épargne d'Avranches et de la commission supérieure des Caisses d'épargne de France [4]
  • Président de la chambre nationale des avoués de première instance de France[4]
  • Juge de la haute cour de justice 1968-1976 [4]
  • Membre du Conseil constitutionnel 1983-1992 [4]

Distinctions

  • Commandeur de la Légion d'honneur
  • Commandeur de l´Ordre national du Mérite
  • Croix de guerre 1939-45
  • Officier des Palmes académiques
  • Chevalier du Mérite agricole
  • Médaille d'or de l'American Legion

Hommages

Un boulevard porte son nom à Avranches, ainsi que le collège d'Isigny-le-Buat.

Bibliographie

  • Michel Boivin, Léon Jozeau-Marigné : Le notable de province, Paradigme cpu, 1990

Notes et références

  1. « Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 2003.
  2. « Acte de décès n° 216 - État-civil d'Avranches - Fichier des personnes décédées », data.gouv.fr, Insee, année 2003.
  3. Thèse de doctorat, Caen, Université de Caen, 1942
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 et 4,6 « Léon Jozeau-Marigné : il incarna et il aima la Manche », Manche Informations, n° 42, décembre 2003.
  5. « Il était une fois », La Manche Libre, 9 juillet 2022, page 52.
  6. 6,0 et 6,1 Référence nécessaire.
  7. Le 2 août 1944, le conseil municipal est révoqué par le nouveau préfet Édouard Lebas, page 21 du livre de Michel Boivin, « Léon Jozeau-Marigné, Le notable de province », Éditions Paradigme, Caen 1990.
  8. 8,0 et 8,1 « Cinquantenaire de la Libération : l'épisode historique avranchinais », Avranches communication, bulletin municipal, hors série, mai 1994.
  9. 9,0 9,1 9,2 et 9,3 Jean-François Hamel, sous la direction de René Gautier, Dictionnaire des personnages remarquables de la Manche, tome 3, éd. Eurocibles.
  10. 10,0 10,1 et 10,2 « Hommage : Léon Jozeau-Marigné », Avranches communication, n° 48, automne 2003.
  11. « Henri Cornat », site internet du Sénat, consulté le 14 septembre 2019 (lire en ligne).
  12. « Loi Neuwirth autorisant la contraception », 8 mars info, site internet, consulté le 14 septembre 2019 (lire en ligne).
  13. Propos recueillis par Daniel Yonnet, Ouest-France, 2 janvier 1987.
  14. 14,0 14,1 et 14,2 « Tout sur la Manche », Revue du département de la Manche, tome 29, n° 113-114-115, 1987.
  15. L'Événement du Jeudi, rappelant le passé vichyste d'Henri Cornat, lui-même ayant accepté sa nomnation par Vichy au conseil municipal d'Avranches.
  16. Conseil général, Procès verbal des délibérations, Session du premier trimestre 1985, Tome I.
  17. Adrien Séquard est secrétaire de séance, Pierre Aguiton et Jean-François Le Grand, rapporteurs.
  18. 18,0 18,1 et 18,2 Ouest-France, 4 octobre 1988.

Liens internes

Lien externe