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Le '''Thar''' est un fleuve côtier de la [[Manche]], long de 24,8 km.
Le '''Thar''' est un fleuve côtier de la [[Manche]], long de 24,8 km.


Il prend sa source à l'est de [[La Haye-Pesnel]], traverse 11 communes ainsi que la [[mare de Bouillon]]. Il se jette dans la mer au niveau de [[Kairon]] (commune de [[Saint-Pair-sur-Mer]]) et à cet endroit, ses méandres sur la [[Kairon-Plage (Saint-Pair-sur-Mer)|plage]] peuvent provoquer quelques frayeurs aux imprudents à [[marée]] montante. Trois ruisseaux se jettent dans le Thar : il s'agit du [[Nélet]], de l'[[Allemagne (rivière)|Allemagne]] et du ruisseau de [[Laune]].
Il prend sa source à l'est de [[La Haye-Pesnel]], traverse 11 communes ainsi que la [[mare de Bouillon]]. Il se jette dans la mer au niveau de [[Kairon]] (commune de [[Saint-Pair-sur-Mer]]) et à cet endroit, ses méandres sur la [[Kairon-Plage (Saint-Pair-sur-Mer)|plage]] peuvent provoquer quelques frayeurs aux imprudents à [[marée]] montante. Trois ruisseaux se jettent dans le Thar : il s'agit du [[Nélet]], de l'[[Allemagne (rivière)|Allemagne]] et du ruisseau de [[Laune]].


==Histoire==
== Hydronymie ==
La rivière a servi de frontière aux [[diocèse de Coutances|diocèses de Coutances]] et [[diocèse d'Avranches|d'Avranches]] jusqu'en [[1790]].
==== Attestations anciennes ====
 
Depuis le XII{{e}} siècle, l'[[Abbaye Sainte-Trinité (La Lucerne-d'Outremer)|abbaye de la Lucerne]] est établie dans la vallée du Thar inscrite parmi les sites à préserver depuis [[1979]]<ref name = Dreal>Dreal de Basse-Normandie, « Site inscrit n° 50036 », Caen, septembre 2013 [http://www.donnees.normandie.developpement-durable.gouv.fr/pdf/SITES/50036f.pdf ''(lire en ligne)''].</ref>. Sont concernées les communes de [[La Lucerne-d'Outremer]], [[Saint-Jean-des-Champs]] et [[Saint-Pierre-Langers]] <ref name = Dreal/>.
 
Depuis [[2019]], c'est dans le Thar que l'eau est prélevée pour alimenter l'[[usine de production d'eau potable de Saint-Pair-sur-Mer]].
 
==Hydronymie==
 
====Attestations anciennes====
 
* ''fluviolus Tarn'' ~1025 <ref>Jean Adigard des Gautries, « Les noms de lieux de la Manche attestés entre 911 et 1066 », in Annales de Normandie I (1951), p. 39.</ref>.
* ''fluviolus Tarn'' ~1025 <ref>Jean Adigard des Gautries, « Les noms de lieux de la Manche attestés entre 911 et 1066 », in Annales de Normandie I (1951), p. 39.</ref>.
* ''flumen Thar'' 1056 <ref>''Ibid.'', p. 40.</ref>.
* ''flumen Thar'' 1056 <ref>''Ibid.'', p. 40.</ref>.
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* ''le Thar'' 2007, 2012 <ref name = IGNb>Carte IGN au 1 : 25 000.</ref>.
* ''le Thar'' 2007, 2012 <ref name = IGNb>Carte IGN au 1 : 25 000.</ref>.


====Étymologie====
==== Étymologie ====
 
Les premières attestations de cet hydronyme montrent qu'il est identique au nom du ''Tarn'', affluent de la Garonne, et qu'il s'apparente à celui du ''Tarnon'' (Lozère, affluent du Tarn).
Les premières attestations de cet hydronyme montrent qu'il est identique au nom du ''Tarn'', affluent de la Garonne, et qu'il s'apparente à celui du ''Tarnon'' (Lozère, affluent du Tarn).


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L'hypothèse la plus récente à ce sujet est celle de Xavier Delamarre <ref name = DLG>Xavier Delamarre, ''Dictionnaire de la langue gauloise'', Errance, Paris, 2{{e}} éd., 2003, p. 438.</ref>, qui permet d'attribuer une signification précise à certains de ces noms. L'auteur les rattache en effet au radical gaulois °''taro-'' « qui traverse » <ref>''Ibid.'', p. 290; de l'indo-européen '''°tr̥ə₂-o-''' < '''°tr̥h₂-o-''', formé sur '''°terə₂-''' < '''°terh₂-''' « traverser », à l'origine par exemple du latin ''trans'' ou de l'anglais ''through'' « à travers ».</ref>, qui semble présent dans divers anthroponymes dont par exemple ''Tarinus'' ou encore ''Brogi-taros'' « qui traverse la marche-frontière », ainsi que plusieurs toponymes. Côté hydronymie, l'auteur pose les étymons °''taronā'', °''teronā'', °''tarnā'', « rivières qui traversent (un pagus) » <ref name = DLG/>, sens que l'on pourrait peut-être élargir en « rivières qui traversent (une frontière) », voire « rivières-frontières, que l'on doit traverser » (pour se rendre d'un territoire à un autre). Par ces étymons, Xavier Delamarre explique les noms du Thar, du Tarn, du Tarnon, du Thérain et de la Taronne, déjà cités. Le fait que le Thar a longtemps constitué la frontière entre les [[Diocèse d'Avranches|diocèses d'Avranches]] et de [[Diocèse de Coutances|Coutances]], héritiers des territoires des [[Abrincates]] et des [[Unelles]], semble conforter cette dernière hypothèse. Voir également l'article consacré à la [[Terrette]], dont le nom semble apparenté.
L'hypothèse la plus récente à ce sujet est celle de Xavier Delamarre <ref name = DLG>Xavier Delamarre, ''Dictionnaire de la langue gauloise'', Errance, Paris, 2{{e}} éd., 2003, p. 438.</ref>, qui permet d'attribuer une signification précise à certains de ces noms. L'auteur les rattache en effet au radical gaulois °''taro-'' « qui traverse » <ref>''Ibid.'', p. 290; de l'indo-européen '''°tr̥ə₂-o-''' < '''°tr̥h₂-o-''', formé sur '''°terə₂-''' < '''°terh₂-''' « traverser », à l'origine par exemple du latin ''trans'' ou de l'anglais ''through'' « à travers ».</ref>, qui semble présent dans divers anthroponymes dont par exemple ''Tarinus'' ou encore ''Brogi-taros'' « qui traverse la marche-frontière », ainsi que plusieurs toponymes. Côté hydronymie, l'auteur pose les étymons °''taronā'', °''teronā'', °''tarnā'', « rivières qui traversent (un pagus) » <ref name = DLG/>, sens que l'on pourrait peut-être élargir en « rivières qui traversent (une frontière) », voire « rivières-frontières, que l'on doit traverser » (pour se rendre d'un territoire à un autre). Par ces étymons, Xavier Delamarre explique les noms du Thar, du Tarn, du Tarnon, du Thérain et de la Taronne, déjà cités. Le fait que le Thar a longtemps constitué la frontière entre les [[Diocèse d'Avranches|diocèses d'Avranches]] et de [[Diocèse de Coutances|Coutances]], héritiers des territoires des [[Abrincates]] et des [[Unelles]], semble conforter cette dernière hypothèse. Voir également l'article consacré à la [[Terrette]], dont le nom semble apparenté.


==Notes et références==
== Histoire ==
<small><references/></small>
La rivière a servi de frontière aux [[diocèse de Coutances|diocèses de Coutances]] et [[diocèse d'Avranches|d'Avranches]] jusqu'en [[1790]], héritiers des territoires gaulois des [[Unelles]] et des [[Abrincates]].
 
Depuis le {{12e}} siècle, l'[[Abbaye Sainte-Trinité (La Lucerne-d'Outremer)|abbaye de la Lucerne]] est établie dans la vallée du Thar inscrite parmi les sites à préserver depuis [[1979]]<ref name = Dreal>Dreal de Basse-Normandie, « Site inscrit n° 50036 », Caen, septembre 2013 [http://www.donnees.normandie.developpement-durable.gouv.fr/pdf/SITES/50036f.pdf ''(lire en ligne)''].</ref>. Sont concernées les communes de [[La Lucerne-d'Outremer]], [[Saint-Jean-des-Champs]] et [[Saint-Pierre-Langers]] <ref name = Dreal/>.
 
Depuis [[2019]], c'est dans le Thar que l'eau est prélevée pour alimenter l'[[usine de production d'eau potable de Saint-Pair-sur-Mer]].
 
== Tracé ==
[[Fichier:Thar (fleuve) OSM.png|Cours du Thar.]]
 
{{Notes et références}}


==Lien interne==
== Lien interne ==
* [[:Catégorie:Thar (image)|Galerie d'images]]
* [[:Catégorie:Thar (image)|Galerie d'images]]



Version du 20 avril 2022 à 14:10

L'embouchure du Thar à Saint-Pair.
Le Thar à La Haye-Pesnel.
Le Pont Bleu, frontière naturelle entre Jullouville et Saint-Pair-sur-Mer.

Le Thar est un fleuve côtier de la Manche, long de 24,8 km.

Il prend sa source à l'est de La Haye-Pesnel, traverse 11 communes ainsi que la mare de Bouillon. Il se jette dans la mer au niveau de Kairon (commune de Saint-Pair-sur-Mer) et à cet endroit, ses méandres sur la plage peuvent provoquer quelques frayeurs aux imprudents à marée montante. Trois ruisseaux se jettent dans le Thar : il s'agit du Nélet, de l'Allemagne et du ruisseau de Laune.

Hydronymie

Attestations anciennes

  • fluviolus Tarn ~1025 [1].
  • flumen Thar 1056 [2].
  • super Thar 1058 [3].
  • Thar 1689 [4].
  • la Eusarre [sic] 1694 [5].
  • P[ointe] du Thar 1695 [6].
  • Thar ~1700 [7], 1719 [8].
  • Thor 1720 [9].
  • Tour 1720 [10].
  • P[oin]te du Thar 1753 [11].
  • Thar 1757 [12], 1753/1785 [13].
  • Rivière de Tard 1825 [14].
  • le Tar 1880 [15].
  • le Thar 1884 [16].
  • Tard 1926 [17].
  • le Thar 2007, 2012 [18].

Étymologie

Les premières attestations de cet hydronyme montrent qu'il est identique au nom du Tarn, affluent de la Garonne, et qu'il s'apparente à celui du Tarnon (Lozère, affluent du Tarn).

Albert Dauzat [19] avait écarté une explication par le nom du dieu gaulois du tonnerre Taranis et rattaché ces formations à un « thème élargi tar-n- d'un hydronyme pré-latin tar- », interprétation inspirée de celle de Hans Krahe [20], et reprise à son tour par François de Beaurepaire [3]. Ernest Nègre va encore plus loin en postulant une racine hydronymique °tar de sens inconnu, non plus pré-latine mais pré-celtique, et donc plus ancienne [21]. Cet élément °tar-, muni ou non de divers suffixes, permet dans cette optique d'expliquer un grand nombre d'autres hydronymes, tels que le Thérain (Oise), le Taravo (Corse), la Tharonne (Loir-et-Cher), le Tarun (Morbihan), etc. Il restait cependant inexpliqué; or il est toujours frustrant de donner comme étymologie un élément de sens inconnu.

L'hypothèse la plus récente à ce sujet est celle de Xavier Delamarre [22], qui permet d'attribuer une signification précise à certains de ces noms. L'auteur les rattache en effet au radical gaulois °taro- « qui traverse » [23], qui semble présent dans divers anthroponymes dont par exemple Tarinus ou encore Brogi-taros « qui traverse la marche-frontière », ainsi que plusieurs toponymes. Côté hydronymie, l'auteur pose les étymons °taronā, °teronā, °tarnā, « rivières qui traversent (un pagus) » [22], sens que l'on pourrait peut-être élargir en « rivières qui traversent (une frontière) », voire « rivières-frontières, que l'on doit traverser » (pour se rendre d'un territoire à un autre). Par ces étymons, Xavier Delamarre explique les noms du Thar, du Tarn, du Tarnon, du Thérain et de la Taronne, déjà cités. Le fait que le Thar a longtemps constitué la frontière entre les diocèses d'Avranches et de Coutances, héritiers des territoires des Abrincates et des Unelles, semble conforter cette dernière hypothèse. Voir également l'article consacré à la Terrette, dont le nom semble apparenté.

Histoire

La rivière a servi de frontière aux diocèses de Coutances et d'Avranches jusqu'en 1790, héritiers des territoires gaulois des Unelles et des Abrincates.

Depuis le 12e siècle, l'abbaye de la Lucerne est établie dans la vallée du Thar inscrite parmi les sites à préserver depuis 1979[24]. Sont concernées les communes de La Lucerne-d'Outremer, Saint-Jean-des-Champs et Saint-Pierre-Langers [24].

Depuis 2019, c'est dans le Thar que l'eau est prélevée pour alimenter l'usine de production d'eau potable de Saint-Pair-sur-Mer.

Tracé

Cours du Thar.

Notes et références

  1. Jean Adigard des Gautries, « Les noms de lieux de la Manche attestés entre 911 et 1066 », in Annales de Normandie I (1951), p. 39.
  2. Ibid., p. 40.
  3. 3,0 et 3,1 François de Beaurepaire, Les noms de communes et anciennes paroisses de la Manche, Picard, Paris, 1986, p. 224.
  4. G. Mariette de La Pagerie, cartographe, Unelli, seu Veneli. Diocese de Coutances, divisé en ses quatre archidiaconés, et vint-deux doiennés ruraux avec les Isles de Iersay, Grenesey, Cers, Herms, Aurigny etc., chez N. Langlois, Paris, 1689 [BNF, collection d'Anville, cote 00261 I-IV].
  5. Michel-Antoine Baudrand, La France suivant les nouvelles observations, C. Roussel, Paris, 1694 [BNF, GED-6682].
  6. P. Mortier / H. Jaillot, Le Duché et Gouvernement de Normandie divisée en Haute et Basse Normandie, Amsterdam, 1695.
  7. Gerard Valk, Normannia Ducatus, tum Superior ad Ortum, tum Inferior ad Occasum, Praefectura Generalis […] Anglici Caesarea sive Jarsey…, Amsterdam, ~1700.
  8. Bernard Jaillot, Le Gouvernement général de Normandie divisée en ses trois généralitez, Paris, 1719.
  9. Jean-Baptiste Homann, Tabula Ducatus Britanniæ Gallis / le Gouvernem[en]t General de Bretagne, Nuremberg, 1720.
  10. G. Mariette de la Pagerie, Carte topographique de la Normandie; feuille 3 : Fougères, Vire et Avranches, 1720 [BNF, fonds Cartes et Plans, cote Ge DD 2987 (1009, III) B].
  11. Herman van Loon, D2.me [= Deuxième] carte particuliere des costes de Normandie contenant les costes du Cotentin depuis la Pointe de la Percée Jusqu'a Granville ou sont Comprises les Isles de Jersey, Grenezey, Cers, et Aurigny, avec les Isles de Brehat. Comme elles paroissent a basse Mer dans les grandes marées, Atlas Van Keulen, Amsterdam, 1753 [BnF].
  12. L. Brion de la Tour, Recueil des Côtes Maritimes de France, Desnos, Paris, 1757, carte n° 13.
  13. Carte de Cassini.
  14. Cadastre napoléonien, Archives départementales de la Manche.
  15. Adolphe Joanne, Géographie du département de la Manche, Hachette, Paris, 1880, p. 17.
  16. E.-A. Pigeon, Carte du diocèse d’Avranches, A. Herluison, Orléans, 1884 [BNF, GED-1158].
  17. Carte du département de la Manche, L’Illustration économique et financière, 28 août 1926.
  18. Carte IGN au 1 : 25 000.
  19. Albert Dauzat, Gaston Deslandes et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, Klincksieck, Paris, 1978, p. 87a/b.
  20. Hans Krahe et Ernst Dickenmann, Beiträge zur Namensforschung, vol. 1, Heidelberg, 1950.
  21. Ernest Nègre, Toponymie Générale de la France, Droz, Genève, t. I, 1990, p. 45, § 1071.
  22. 22,0 et 22,1 Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 2e éd., 2003, p. 438.
  23. Ibid., p. 290; de l'indo-européen °tr̥ə₂-o- < °tr̥h₂-o-, formé sur °terə₂- < °terh₂- « traverser », à l'origine par exemple du latin trans ou de l'anglais through « à travers ».
  24. 24,0 et 24,1 Dreal de Basse-Normandie, « Site inscrit n° 50036 », Caen, septembre 2013 (lire en ligne).

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